Madame la Présidente,
La loi 2014-17 instituant la déclaration de patrimoine vous impose d’agir et non de parler car « le processus de la déclaration de patrimoine revêt un caractère confidentiel. Toute personne concourant à sa mise en œuvre est astreinte au secret professionnel » (article 9).
La loi impose à six catégories de personnes à déclarer leur patrimoine : le président de l’Assemblée nationale et son Premier questeur, le Premier ministre, les ministres, le président du Conseil économique et les gestionnaires de fonds supérieurs ou égaux à un milliard (article 2), « dans les trois mois » (article 8).
Vous vous plaignez qu’à ce jour, pas plus que le président de l’Assemblée nationale et son questeur, ainsi qu’un seul et unique ministre ne se sont soumis à l’exercice. Pourtant, le président de la République en personne avait invité tout le monde à le faire depuis le mois de mai 2014 et avait fixé, le 23 décembre 2014, un ultimatum au 31 décembre pour que toutes ces hautes autorités se conforment à la loi. En vain. La parole du président de la république n’est-elle que du vent et la loi ne devrait-elle être respectée que par les pauvres et les faibles pendant que les hauts d’en-haut la narguent ostensiblement ? Aucun pays ne peut émerger ainsi. L’Etat de droit, c’est l’égalité de tous devant la loi.
On peut comprendre vos sorties dans la presse qui rappellent à ces hautes autorités qu’elles violent la loi de la République. Mais vous violez vous-même votre obligation de réserve et de confidentialité alors que Dieu sait que vous n’en avez point besoin car la loi vous offre amplement de quoi la faire respecter : blocage du quart du salaire du récalcitrant et demande de son limogeage par le président de la République (article 8). Pourquoi ne l’avez-vous jamais fait ? Avez-vous peur de poser de tels actes ? Parler, encore parler, beaucoup parler, toujours parler sans que les paroles ne soient jamais suivies d’actions fortes sont bien des faiblesses de chez nous. Chez ceux qui émergent, on agit beaucoup plus que l’on ne parle.
Vos états d’âme étalés dans la presse sont inutiles et fragilisent l’OFNAC en le rendant banal.
Du reste, juste parler alors que l’on peut agir efficacement est signe de faiblesse ou de complicité.
Veuillez agréer, Madame la Présidente, l’expression de nos sentiments patriotiques.
Mamadou Sy Tounkara, Présentateur de « Senegaal ca kanam »