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Pôle de Gauche au sein de Benno Bokk Yakaar : De ténors à faiseurs de roi...

La question du choix du candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), semble avoir été entérinée à la place des forces progressistes PS, AFP, LD, au sein de la coalition au pouvoir qui, plus que des partis alliés, semblent être devenues des partis alignés sur l’Alliance pour la République. Aucun des candidats désignés dans la short-list, n’est issu des forces de gauche, qui apparaissent désormais comme des chambres d’enregistrement de l’APR. "EnQuête"


Rédigé par leral.net le Mardi 10 Octobre 2023 à 10:57 | | 0 commentaire(s)|

La volonté affichée par Jean Baptiste Diouf, maire socialiste de Biscuiterie-Grand Dakar, de se présenter à la Présidentielle, apparaît comme un coup d’épée dans l’eau. La secrétaire générale du Parti socialiste, Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Haut conseil des collectivités territoriales (HCCT) dans l’émission “Point de Vue” de la Radiotélévision sénégalaise (RTS) dimanche dernier, a bien réaffirmé son soutien total au choix du chef de l’État, Macky Sall.

D’après nos sources, des responsables socialistes tentent de faire revenir le maire Jean Baptiste Diouf dans les rangs, même s’il a réaffirmé, jeudi dernier, sa volonté de se présenter à la Présidentielle.

Moustapha Niasse, secrétaire général de l’AFP et vice-président de la Conférence des leaders de BBY, apparaît aussi comme une caution, devant faire croire que le choix porté sur Amadou Bâ découle de la coalition plutôt que de l’APR.

Le patron des progressistes, qui a auditionné les prétendants à la succession de Macky Sall, apparaît comme un lot de consolation aux partis alliés, qui peinent à exister au sein de Benno.

Ce déclin progressif des forces de gauche à la remorque de l’APR, semble être le fruit du long compagnonnage avec les marron-beige, qui a finalement érodé la capacité de mobilisation et de représentativité des partis de gauche, PS, AFP, LD, AJ/PADS, PIT, issus de la dynamique Benno Siggil Sénégal de 2008.

Une gauche en perte d'idéologie et d’identité

Si, pendant un temps, des personnalités de gauche, dont feu Amath Dansokho, feu Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse, Abdoulaye Bathily et Landing Savané, ont joué les premiers rôles au sein de la mouvance présidentielle, au fil des années, la volonté hégémonique de l’APR a fini par les cantonner à un rôle de chambre d’enregistrement du parti au pouvoir.

Des partis alignés qui se contentent désormais de préserver leurs quotas de postes ministériels ou de nominations dans les institutions de la République. Niasse (Assemblée nationale) et Aminata Mbengue Ndiaye (HCCT).

Cette état de fait pousse un leader de la gauche, à souligner que les forces progressistes ont troqué les idéologies au profit des postes ministériels. L’ouverture vers d’autres forces issues de la galaxie libérale, comme le PLD/Suxali Sénégal d’Oumar Sarr et Cie, l’Union des centristes du Sénégal (UCS) d’Abdoulaye Baldé et Rewmi d’Idrissa Seck, ont accentué ce sentiment de marginalisation au sein de la nouvelle majorité présidentielle élargie depuis 2020.

L’entrée du parti d'Aïssata Tall Sall (Osez l’avenir), d’obédience socialiste, ne réussit pas à contrebalancer ce sentiment ambiant d’une sorte de retrouvailles de la grande famille libérale.

La nomination d’Amadou Bâ comme futur candidat de Benno en 2024, marquera l’histoire politique de notre pays, depuis la première alternance. Ainsi, pour un second scrutin présidentiel, les grands partis de gauche comme la LD, le PS et l’AFP ne présenteront pas de candidats. Ce qui risque de provoquer un assèchement du terreau idéologique et programmatique au sein de ces partis.

Ainsi, sans champion capable de mettre en avant les idées de progrès et de justice sociale, ces partis de gauche sont obligés d’être à la remorque de l’agenda néolibéral défendu par l’APR, autour de son Plan Sénégal émergent (PSE). Ce rôle de faire-valoir les a empêchés de constituer un pôle de changement au service d’une politique plus sociale.

Même si le dernier gouvernement d’Amadou Bâ a connu une inflexion sociale, avec l’accent mis sur le volet du pouvoir d’achat, la baisse du loyer et l’emploi, le substrat libéral figure toujours en bonne place dans la politique économique du régime de Macky Sall.

Selon Moussa Diaw, enseignant chercheur à l’université Gaston Berger, l’absence de la gauche dans le débat concernant la hausse des prix des denrées de première nécessité et de la demande sociale, démontre l’état de déliquescence des forces de gauche au Sénégal, incapables de s’imposer comme alternatives en 2024.

La guerre des couleurs entre le Parti socialiste et Taxawu Sénégal

Ce manque d’ambition politique dans une coalition aussi hétéroclite, a poussé de jeunes leaders issus de cette mouvance socialiste et progressiste à vouloir prendre leurs distances. De ce fait, les scissions de Taxawu Sénégal et Osez l’avenir du PS, du Grand parti de l’AFP et de la LD/Debout de la LD, témoignent d’une perte d’identité de la gauche.

La gauche sénégalaise est largement plurielle, avec diverses obédiences, allant du socialisme progressiste au trotskisme, en passant par le panafricanisme. Fort de ce constat, une candidature de Khalifa Sall à la Présidentielle, pourrait s’avérer désastreuse pour le Parti socialiste (PS), en récupérant une partie de son électorat.

Consciente du danger, la patronne des Socialistes, Aminata Mbengue Ndiaye, a décidé de déclencher les hostilités autour des couleurs de Taxawu Sénégal. Pour elle, le vert et le rouge sont l’apanage du Parti socialiste. Elle ne va pas tolérer que Khalifa Sall et ses camarades, considérés comme des dissidents du PS, s’approprient les couleurs socialistes en vue du scrutin de février 2024, a-t-elle fait savoir sur le plateau de “Point de Vue” de la RTS.

Ces batailles de clocher ont-elles un impact sur la nouvelle génération des militants de gauche, qui se sont plus reconnus dans des mouvements comme Taxawu Sénégal de Khalifa Sall (PS), Grand parti (AFP) et LD/Debout ?

Extraits de "EnQuête"