Pour rendre réceptive leur activité si lucrative, certains promoteurs s’aventurent même à défendre l’idée selon laquelle la lutte – sans préciser si c’est ‘avec frappe’ ou ‘simple’ – fait partie intégrante de notre patrimoine culturel et sportif, qu’elle est un sport bien de chez nous, national.
Mais une telle aversion si dangereuse et sans fondement solide n’aiderait guère à éclairer la lanterne des Sénégalais sur l’origine véritable de la lutte ‘avec frappe’. Elle serait même sujette à controverse. Nous pouvons admettre la lutte ‘simple’ comme faisant partie de notre patrimoine culturel et sportif, le considérer même comme un sport traditionnel et national.
Par contre, il serait très désabusé de considérer la lutte ‘avec frappe’ comme un sport national. Pire même, la lutte ‘avec frappe’ a de nos jours fini par ensevelir la lutte ‘simple’ à tel point que celle-ci semble agonisante faute de considération. C’est comme s’il y avait un complot à l’égard la lutte ‘simple’ de la part des promoteurs, des sponsors et des médias mais aussi de la part du peuple sénégalais qui semble plus attiré par les sensations fortes.
Des fois, nous avons mal de voir les Sénégalais s’exalter après qu’un lutteur ait été mis K.O ou envoyé chez ‘Ardo’ par son adversaire, ce après l’avoir défiguré et saigné à flots. Nous ne reconnaissons plus notre peuple. Depuis quand est-ce que les Sénégalais sont-ils devenus un peuple sadique ? Voilà une question qui ne cesse de tarauder l’esprit de plus d’un et qui devrait évidemment intéresser les sociologues les plus avertis.
Elle mériterait bien une réponse. Notre surprise est d’autant plus grande lorsque l’attention de tout un peuple est futilement retenue par des après-midi entières lors desquelles des affiches au cachet faramineux et caractérisées ‘du siècle’ ou ‘de l’année’ ne durent que quelques secondes. Avec des saisons bien fournies en affiches alléchantes, le peuple sénégalais a fini par devenir accro à la lutte ‘avec frappe’ qui, d’après le CNG, compte en son sein plus de trois milles licenciés.
Alors que Karl Marx, l’un des plus grands et des plus célèbres penseurs allemands, voyait en la religion « l’opium du peuple », nous dirons que de nos jours la lutte ‘avec frappe’ est malheureusement devenue l’opium du peuple sénégalais. C’est le sport préféré de l’écrasante majorité des Sénégalais. Tout au long de l’année, le peuple est tenu en haleine par des combats épiques dignes des Gladiateurs du Colisée de Rome.
Comme si le Sénégal ne vit que de lutte, les lendemains qui suivent les combats de lutte sont généralement très riches en débats et commentaires houleux partout à travers les rues et autres ‘grand-places’ du pays en plus des chaines et radios nationales qui rivalisent de plateaux. Pour une analyse objective de ce phénomène, le rôle complice tenu par les médias nationaux ne saurait être négligé.
Nous tenons les médias sénégalais - dans leur ensemble – avec le concours du gouvernement bien sûr et du soutien tacite des sponsors pour responsables du développement phénoménal de la lutte ‘avec frappe’ du fait du traitement particulier qui lui est réservé. Il ne se passe pas un jour sans que les médias sénégalais ne traitent de la lutte; les télévisions et les radios rivalisent d’émissions sans oublier les quotidiens dédiés à la lutte qui pullulent comme des larves inondant ainsi le champ médiatique. Elle fait couler beaucoup d’encre et de salive; elle est toujours d’actualité.
C’est dire aussi que le gouvernement sénégalais n’est pas en reste vu que la promotion de la lutte – ‘simple’ ou ‘avec frappe’ – rentre dans le cadre de sa politique d’endormissement ou même d’abrutissement du peuple, plus particulièrement des jeunes gens, pour mieux les détourner de la réalité socio-économique qui ne cesse de compter des mécontents en leur sein.
Ce sont ces mêmes jeunes qui, indignés et meurtris du triste sort que leur a réservé le régime dit de l’Alternance, sont allés gonflés les rangs des lutteurs faute de travail. Des fois il est aberrant d’entendre ces promoteurs véreux soutenir l’idée selon laquelle ‘la lutte est un facteur de développent par sa création d’emploi et qu’elle a récupéré ces jeunes gens qui s’adonnaient à des activités peu orthodoxes telles que l’agression, la vente de drogue, le vol etc’.
C’est ainsi que des compétitions de lutte ‘avec frappe’ telles que la CLAF (Championnat de Lutte Avec Frappe) et le tout dernier Aréna Tour ont été initiées. Mais force est de reconnaitre qu’aucun pays au monde ne peut se développer par la lutte ‘simple’ ou ‘avec frappe’. Malheureusement elle ne peut créer que des mastodontes qui feraient de très bons agriculteurs dans les champs du fameux plan REVA ou de la célèbre GOANA initiés par le Président Wade.
S’il y a des personnes à qui la lutte ‘avec frappe’ a profité, c’est bien sûr ces promoteurs à la richesse fulgurante, et suspecte. Cependant, le plus écœurant dans tout cela reste l’association de la lutte ‘avec frappe’ à la banlieue dakaroise, comme si cette partie de la capitale sénégalaise ne compte pas d’hommes valeureux à l’instar de ses nombreux doctorants et maitrisards mais que de géants au physique impressionnant qui ne savent que donner des coups de poing.
Malheureusement, cette partie sensible de la capitale sénégalaise est devenue une terre fertile pour ce sport de fou vu le nombre exorbitant d’écuries ou d’écoles de lutte qu’elle compte en son sein dont tous les membres pratiquement rêvent de devenir un jour une star de la lutte. Pire, la lutte ‘avec frappe’ semble même avoir détrôné le football.
Ce sport noble qui nous a fait tant rêver surtout à la CAN et au mondial de 2002 semble perdre de l’estime des Sénégalais au grand bénéfice de la lutte. La lutte est loin d’être un sport unificateur dans le sens où la spirale de la violence que nous connaissons de nos jours conjuguée à l’animosité notée entre les écuries et écoles de lutte pourraient être perçues comme ses corollaires les plus fâcheux.
Les jeunes gens adeptes de la lutte sont devenus plus que jamais sadiques pour ne pas dire criminels d’autant plus que des expressions telles que ‘yobbou ardo’ ou ‘mettre quatre appuis’ sont intégrées dans leur jargon quotidien. La lutte est incontestablement devenue une menace réelle aussi bien pour l’équilibre que la stabilité du pays; c’est une véritable poudrière par rapport au lot de violence qu’elle engendre.
C’est fort de ce constat que nous nous permettons de proposer ici une politique et des solutions alternatives pour une éradication plus ou moins définitive de ce phénomène qui, si on n’y prend garde, risque de saper définitivement les valeurs de la société sénégalaise avec son cortège de dégâts aussi bien matériels qu’humains que nous connaissons.
La lutte ‘avec frappe’ a fini par abrutir un bon nombre de jeunes gens largement issus des quartiers défavorisés de la banlieue en leur faisant croire qu’elle demeure leur seule voie de salut. Pour ce faire, nous proposons au prochain gouvernement – puisque l’actuel a échoué sur toute la ligne – les solutions suivantes.
Premièrement, le gouvernement issu des joutes électorales de février 2012 devra lister le cas de la lutte ‘avec frappe’ comme l’une de ses priorités. Il devra d’abord, à travers un audit sérieux, procéder à une vérification de l’origine de cette manne financière injectée dans l’arène. Depuis quelque temps et du fait des cachets faramineux qui frisent l’entendement dans un pays où la précarité fait des ravages, l’origine de cet argent ne peut que susciter des interrogations.
Est-elle licite ou illicite ?, à l’Etat d’éclairer notre lanterne avec l’aide de ses instances de contrôle. Toutefois, l’Etat, tel un donneur d’exemple, se devra aussi d’interdire à ses ministres, députés, DG et tout ce beau monde qui s’y rattache, d’être les parrains des combats de lutte. Il devra sévir contre tout parrainage qui mènerait à des dérapages budgétaires orchestrés par ces derniers.
L’Etat devra aussi bouder les écuries hors des enceintes des écoles élémentaires ou secondaires que les lutteurs ont érigées en lieu d’entrainement. Ces temples du savoir ne devraient pas être érigés en terrains d’entrainement de peur de détourner cette couche fragile de la société formée par les potaches. C’est une des raisons pour lesquelles les élèves n’ont plus rien en tête que la lutte, la danse et les jeux dangereux à l’image de ce que leur offre la télévision à travers des émissions dédies à la lutte ‘avec frappe’ qui a même fini par les envahir.
D’ailleurs les repères ou idoles pour ces jeunes écoliers ne sont plus les pères fondateurs de notre chère patrie que sont entre autres Mamadou Dia, Léopold S. Senghor, Galandou Diouf, Lamine Guèye, ou Cheikh Anta Diop…, mais plutôt ces montagnes de muscle au niveau scolaire critique. Plus grave, les images de ces derniers sont même inscrites sur leurs sacs à dos des écoliers. Incontestablement, les lutteurs sont devenus les nouveaux chouchous de tout un peuple et plus particulièrement des potaches.
Deuxièmement, le prochain gouvernement devra être en mesure de créer des emplois allant dans le sens de récupérer ces milliers de lutteurs afin de les insérer activement dans des usines pour booster l’économie du pays. Tout comme la lutte a facilité la soi-disant récupération de ces milliers de jeunes gens et à leur insertion ‘professionnelle’ – comme aiment le dire ces promoteurs véreux – le gouvernement à venir devra prendre à bras le corps le problème de la lutte ‘avec frappe’.
Le recyclage de tout ce beau monde dans des usines et autres activités professionnelles allant dans le sens d’affaiblir la lutte ‘avec frappe’ devra dès lors occuper une place de choix dans l’agenda dudit gouvernement. Une fois ces mesures prises, nous serons dès lors en mesure d’espérer assister à une mort effective du phénomène de la lutte ‘avec frappe’, ce sport rétrograde; malgré son ancrage dans la société sénégalaise.
Quant à la lutte ‘simple’, beaucoup plus civilisée et mondialement reconnue comme la lutte gréco-romaine, elle devra par contre être promue et élever au rang de sport de prestige érigé en matière sportive à tous les niveaux de l’enseignement. Nous lançons ici un appel solennel à l’égard du chef du prochain gouvernement pour la faire sortir du gouffre dans lequel elle se trouve et de la promouvoir en l’intégrant dans nos grandes écoles et universités.
C’est ainsi qu’elle pourra intégrer le monde du ‘sport-étude’ à l’instar des pays développés où des bourses d’excellence sont allouées aux meilleurs qui iront représenter dignement leur pays lors de meetings et tournois internationaux tels que les Jeux Olympiques par exemple. Au lieu de participer à l’abrutissement des générations entières, le prochain gouvernement fera mieux de mettre l’accent sur nos valeurs morales et civiques tout en promouvant les principes du prestige, du culte du savoir et de l’excellence.
L’essentiel est ailleurs mais pas dans la lutte ‘avec frappe’. Puisqu’évidemment tout le monde ne peut pas devenir lutteur, il faudra repenser la notion de réussite qui ne peut aucunement être centrée sur la lutte ‘avec frappe’, contrairement à ce que laissent apparaitre les ténors de l’arène. De toute façon le gouvernement à venir aura beaucoup à faire par rapport à ce phénomène qu’est la lutte ‘avec frappe’ qui ne cesse de gagner du terrain et qui, à coup sûr, risque de saper tout ce dont le Sénégal dispose comme valeurs humaines. Ne dit-on pas souvent un esprit sain dans un corps sain ?
M. Alassane DÈME
Maitrisard en Humanities & Area Studies
Université Mohamed 1er d’Oujda, Maroc.
E-mail: alloudeme@yahoo.fr
Mais une telle aversion si dangereuse et sans fondement solide n’aiderait guère à éclairer la lanterne des Sénégalais sur l’origine véritable de la lutte ‘avec frappe’. Elle serait même sujette à controverse. Nous pouvons admettre la lutte ‘simple’ comme faisant partie de notre patrimoine culturel et sportif, le considérer même comme un sport traditionnel et national.
Par contre, il serait très désabusé de considérer la lutte ‘avec frappe’ comme un sport national. Pire même, la lutte ‘avec frappe’ a de nos jours fini par ensevelir la lutte ‘simple’ à tel point que celle-ci semble agonisante faute de considération. C’est comme s’il y avait un complot à l’égard la lutte ‘simple’ de la part des promoteurs, des sponsors et des médias mais aussi de la part du peuple sénégalais qui semble plus attiré par les sensations fortes.
Des fois, nous avons mal de voir les Sénégalais s’exalter après qu’un lutteur ait été mis K.O ou envoyé chez ‘Ardo’ par son adversaire, ce après l’avoir défiguré et saigné à flots. Nous ne reconnaissons plus notre peuple. Depuis quand est-ce que les Sénégalais sont-ils devenus un peuple sadique ? Voilà une question qui ne cesse de tarauder l’esprit de plus d’un et qui devrait évidemment intéresser les sociologues les plus avertis.
Elle mériterait bien une réponse. Notre surprise est d’autant plus grande lorsque l’attention de tout un peuple est futilement retenue par des après-midi entières lors desquelles des affiches au cachet faramineux et caractérisées ‘du siècle’ ou ‘de l’année’ ne durent que quelques secondes. Avec des saisons bien fournies en affiches alléchantes, le peuple sénégalais a fini par devenir accro à la lutte ‘avec frappe’ qui, d’après le CNG, compte en son sein plus de trois milles licenciés.
Alors que Karl Marx, l’un des plus grands et des plus célèbres penseurs allemands, voyait en la religion « l’opium du peuple », nous dirons que de nos jours la lutte ‘avec frappe’ est malheureusement devenue l’opium du peuple sénégalais. C’est le sport préféré de l’écrasante majorité des Sénégalais. Tout au long de l’année, le peuple est tenu en haleine par des combats épiques dignes des Gladiateurs du Colisée de Rome.
Comme si le Sénégal ne vit que de lutte, les lendemains qui suivent les combats de lutte sont généralement très riches en débats et commentaires houleux partout à travers les rues et autres ‘grand-places’ du pays en plus des chaines et radios nationales qui rivalisent de plateaux. Pour une analyse objective de ce phénomène, le rôle complice tenu par les médias nationaux ne saurait être négligé.
Nous tenons les médias sénégalais - dans leur ensemble – avec le concours du gouvernement bien sûr et du soutien tacite des sponsors pour responsables du développement phénoménal de la lutte ‘avec frappe’ du fait du traitement particulier qui lui est réservé. Il ne se passe pas un jour sans que les médias sénégalais ne traitent de la lutte; les télévisions et les radios rivalisent d’émissions sans oublier les quotidiens dédiés à la lutte qui pullulent comme des larves inondant ainsi le champ médiatique. Elle fait couler beaucoup d’encre et de salive; elle est toujours d’actualité.
C’est dire aussi que le gouvernement sénégalais n’est pas en reste vu que la promotion de la lutte – ‘simple’ ou ‘avec frappe’ – rentre dans le cadre de sa politique d’endormissement ou même d’abrutissement du peuple, plus particulièrement des jeunes gens, pour mieux les détourner de la réalité socio-économique qui ne cesse de compter des mécontents en leur sein.
Ce sont ces mêmes jeunes qui, indignés et meurtris du triste sort que leur a réservé le régime dit de l’Alternance, sont allés gonflés les rangs des lutteurs faute de travail. Des fois il est aberrant d’entendre ces promoteurs véreux soutenir l’idée selon laquelle ‘la lutte est un facteur de développent par sa création d’emploi et qu’elle a récupéré ces jeunes gens qui s’adonnaient à des activités peu orthodoxes telles que l’agression, la vente de drogue, le vol etc’.
C’est ainsi que des compétitions de lutte ‘avec frappe’ telles que la CLAF (Championnat de Lutte Avec Frappe) et le tout dernier Aréna Tour ont été initiées. Mais force est de reconnaitre qu’aucun pays au monde ne peut se développer par la lutte ‘simple’ ou ‘avec frappe’. Malheureusement elle ne peut créer que des mastodontes qui feraient de très bons agriculteurs dans les champs du fameux plan REVA ou de la célèbre GOANA initiés par le Président Wade.
S’il y a des personnes à qui la lutte ‘avec frappe’ a profité, c’est bien sûr ces promoteurs à la richesse fulgurante, et suspecte. Cependant, le plus écœurant dans tout cela reste l’association de la lutte ‘avec frappe’ à la banlieue dakaroise, comme si cette partie de la capitale sénégalaise ne compte pas d’hommes valeureux à l’instar de ses nombreux doctorants et maitrisards mais que de géants au physique impressionnant qui ne savent que donner des coups de poing.
Malheureusement, cette partie sensible de la capitale sénégalaise est devenue une terre fertile pour ce sport de fou vu le nombre exorbitant d’écuries ou d’écoles de lutte qu’elle compte en son sein dont tous les membres pratiquement rêvent de devenir un jour une star de la lutte. Pire, la lutte ‘avec frappe’ semble même avoir détrôné le football.
Ce sport noble qui nous a fait tant rêver surtout à la CAN et au mondial de 2002 semble perdre de l’estime des Sénégalais au grand bénéfice de la lutte. La lutte est loin d’être un sport unificateur dans le sens où la spirale de la violence que nous connaissons de nos jours conjuguée à l’animosité notée entre les écuries et écoles de lutte pourraient être perçues comme ses corollaires les plus fâcheux.
Les jeunes gens adeptes de la lutte sont devenus plus que jamais sadiques pour ne pas dire criminels d’autant plus que des expressions telles que ‘yobbou ardo’ ou ‘mettre quatre appuis’ sont intégrées dans leur jargon quotidien. La lutte est incontestablement devenue une menace réelle aussi bien pour l’équilibre que la stabilité du pays; c’est une véritable poudrière par rapport au lot de violence qu’elle engendre.
C’est fort de ce constat que nous nous permettons de proposer ici une politique et des solutions alternatives pour une éradication plus ou moins définitive de ce phénomène qui, si on n’y prend garde, risque de saper définitivement les valeurs de la société sénégalaise avec son cortège de dégâts aussi bien matériels qu’humains que nous connaissons.
La lutte ‘avec frappe’ a fini par abrutir un bon nombre de jeunes gens largement issus des quartiers défavorisés de la banlieue en leur faisant croire qu’elle demeure leur seule voie de salut. Pour ce faire, nous proposons au prochain gouvernement – puisque l’actuel a échoué sur toute la ligne – les solutions suivantes.
Premièrement, le gouvernement issu des joutes électorales de février 2012 devra lister le cas de la lutte ‘avec frappe’ comme l’une de ses priorités. Il devra d’abord, à travers un audit sérieux, procéder à une vérification de l’origine de cette manne financière injectée dans l’arène. Depuis quelque temps et du fait des cachets faramineux qui frisent l’entendement dans un pays où la précarité fait des ravages, l’origine de cet argent ne peut que susciter des interrogations.
Est-elle licite ou illicite ?, à l’Etat d’éclairer notre lanterne avec l’aide de ses instances de contrôle. Toutefois, l’Etat, tel un donneur d’exemple, se devra aussi d’interdire à ses ministres, députés, DG et tout ce beau monde qui s’y rattache, d’être les parrains des combats de lutte. Il devra sévir contre tout parrainage qui mènerait à des dérapages budgétaires orchestrés par ces derniers.
L’Etat devra aussi bouder les écuries hors des enceintes des écoles élémentaires ou secondaires que les lutteurs ont érigées en lieu d’entrainement. Ces temples du savoir ne devraient pas être érigés en terrains d’entrainement de peur de détourner cette couche fragile de la société formée par les potaches. C’est une des raisons pour lesquelles les élèves n’ont plus rien en tête que la lutte, la danse et les jeux dangereux à l’image de ce que leur offre la télévision à travers des émissions dédies à la lutte ‘avec frappe’ qui a même fini par les envahir.
D’ailleurs les repères ou idoles pour ces jeunes écoliers ne sont plus les pères fondateurs de notre chère patrie que sont entre autres Mamadou Dia, Léopold S. Senghor, Galandou Diouf, Lamine Guèye, ou Cheikh Anta Diop…, mais plutôt ces montagnes de muscle au niveau scolaire critique. Plus grave, les images de ces derniers sont même inscrites sur leurs sacs à dos des écoliers. Incontestablement, les lutteurs sont devenus les nouveaux chouchous de tout un peuple et plus particulièrement des potaches.
Deuxièmement, le prochain gouvernement devra être en mesure de créer des emplois allant dans le sens de récupérer ces milliers de lutteurs afin de les insérer activement dans des usines pour booster l’économie du pays. Tout comme la lutte a facilité la soi-disant récupération de ces milliers de jeunes gens et à leur insertion ‘professionnelle’ – comme aiment le dire ces promoteurs véreux – le gouvernement à venir devra prendre à bras le corps le problème de la lutte ‘avec frappe’.
Le recyclage de tout ce beau monde dans des usines et autres activités professionnelles allant dans le sens d’affaiblir la lutte ‘avec frappe’ devra dès lors occuper une place de choix dans l’agenda dudit gouvernement. Une fois ces mesures prises, nous serons dès lors en mesure d’espérer assister à une mort effective du phénomène de la lutte ‘avec frappe’, ce sport rétrograde; malgré son ancrage dans la société sénégalaise.
Quant à la lutte ‘simple’, beaucoup plus civilisée et mondialement reconnue comme la lutte gréco-romaine, elle devra par contre être promue et élever au rang de sport de prestige érigé en matière sportive à tous les niveaux de l’enseignement. Nous lançons ici un appel solennel à l’égard du chef du prochain gouvernement pour la faire sortir du gouffre dans lequel elle se trouve et de la promouvoir en l’intégrant dans nos grandes écoles et universités.
C’est ainsi qu’elle pourra intégrer le monde du ‘sport-étude’ à l’instar des pays développés où des bourses d’excellence sont allouées aux meilleurs qui iront représenter dignement leur pays lors de meetings et tournois internationaux tels que les Jeux Olympiques par exemple. Au lieu de participer à l’abrutissement des générations entières, le prochain gouvernement fera mieux de mettre l’accent sur nos valeurs morales et civiques tout en promouvant les principes du prestige, du culte du savoir et de l’excellence.
L’essentiel est ailleurs mais pas dans la lutte ‘avec frappe’. Puisqu’évidemment tout le monde ne peut pas devenir lutteur, il faudra repenser la notion de réussite qui ne peut aucunement être centrée sur la lutte ‘avec frappe’, contrairement à ce que laissent apparaitre les ténors de l’arène. De toute façon le gouvernement à venir aura beaucoup à faire par rapport à ce phénomène qu’est la lutte ‘avec frappe’ qui ne cesse de gagner du terrain et qui, à coup sûr, risque de saper tout ce dont le Sénégal dispose comme valeurs humaines. Ne dit-on pas souvent un esprit sain dans un corps sain ?
M. Alassane DÈME
Maitrisard en Humanities & Area Studies
Université Mohamed 1er d’Oujda, Maroc.
E-mail: alloudeme@yahoo.fr