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Lundi 14 Février 2011

Pourquoi le Sénégal n’est pas la Tunisie, ni l’Egypte. Par Amine Kébé


Je dois concéder que mon titre est un peu provocateur, notamment dans un contexte de demande sociale grandissante. Le bruissement de la rue, et des foyers sénégalais s’amplifie en « silence » tous les jours. D’aucuns envisagent même que le printemps du monde arabe puisse s’étendre dans nos pays pour faucher des hiérarques indéboulonnables d’un régime corrompu.



Pourquoi le Sénégal n’est pas la Tunisie, ni l’Egypte.   Par Amine Kébé
Je suggère ici l’opposition qui existe entre la Tunisie, l’Egypte et notre Sénégal. Je soupçonne que la construction identitaire dans notre pays, est plus ethnique, religieuse et confrérique que nationale. Le concept de « nation » dans son extrême polysémie foisonne de peu de sens au travers de nos usages. En cela, mon propos est de questionner le concept de nation à la lumière de nos réalités sociétales et factuelles. L’Afrique de manière générale, offre à la face du monde, une image de lieux géographiques, où sévissent des guerres ethniques, voire même de génocides !
Cela est révélateur d’une divergence fondamentale, d’une orientation idéologique et d’un clivage d’intérêts, et surtout d’un émiettement, incompatibles avec une fonction fédératrice pouvant garantir l’intérêt supérieur de la nation.
Certes, il existe de par le monde des territoires, des nations avec des écarts tant au niveau géographique, ethnique, linguistique et religieux, voire même culturel. Pour autant la construction de l’identité nationale y est plus creusée et plus aboutie.
Nous avons un système, doté de fusibles, en la personne des « seigneurs de la paix sociale ».
Il s’agit de toute l’organisation, patriarche et religieuse qui concourt à la matérialisation d’une identité de groupe. Cette appartenance va suppléer, dans les faits et au-delà des déclaratifs, l’identité nationale.
En cela, il est tentant pour les gouvernants de perpétuer la division et la désunion, pour enfin régner en paix et en toute impunité. Il s’y ajoute, l’immaturité politique dans nos pays et l’égarement identitaire perpétuel, dans lequel nous sommes plongés.
L’Egypte est un pays avec une pléiade de héros nationaux, qui font la fierté nationale. Il s’agit d’un cadre de référence perpétué, enseigné aux enfants et chantés dans les médias. Un sentiment de fierté nationale qui transcende les clivages sociaux.
Il s’agit d’un peuple, fier de sa langue, fier de sa culture et qui magnifie ses héros. Qu’en est-il du Sénégal ? Combien nous sommes à connaitre beaucoup plus, l’histoire de la guerre de Troie, que de ce qui s’est passé le mardi de « Nder » ? Nos enfants sont capables de vous réciter dans le texte, l'Iliade, vous parler de la colère d'Achille, de l'Odyssée, du Cyclope Polyphème, que vous parler de Serigne Touba voire même de Lat-Dior.
Ainsi, j’ose affirmer que s’il est vrai que « le pouvoir ressemble au peuple », cela risque d’être laborieux de mobiliser des foules et bouter dehors, les hordes corrompues du pouvoir. Cela risque d’être laborieux de mobiliser des hommes et des femmes, capables de verser leur sang pour la nation. Cela risque d’être laborieux d’élire des responsables jouissant d’une probité morale et d’une rigueur de gestion.
« Malheur à la nation, dont les hommes raisonnables sont muets, les forts aveugles et les habiles bavards. Malheur à la nation dans laquelle, chaque tribu agit en nation » Jabrane Khalil Jabrane.

Amine KEBE

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