leral.net | S'informer en temps réel
Mercredi 12 Avril 2023

Procès des 40 pêcheurs de Cayar et de Mboro: Les mis en cause fixés sur leur sort, ce mercredi


Ils sont 40 pêcheurs de Cayar et de Mboro à comparaître, ce mercredi, devant le tribunal de Thiès. Un procès qui fait suite aux violents affrontements du 2 avril 2023, ayant opposé en mer des membres de la communauté des pêcheurs de la Grande Côte.



Procès des 40 pêcheurs de Cayar et de Mboro: Les mis en cause fixés sur leur sort, ce mercredi
Le procureur de la République du Tribunal de Grande Instance de Thiès, Cheikh Dieng, dans un communiqué du parquet sorti le 6 avril, relève que «ces évènements avec leur extension sur le continent à Mboro puis à Cayar, ont occasionné des violences physiques graves sur des personnes, ainsi que des dégradations de biens dans ces localités».

D'après Seneweb, le procureur Dieng souligne que «des investigations exhaustives ont été immédiatement menées et ont conduit à l’interpellation d’une vingtaine de mis en cause à Cayar et plus d’une dizaine à Mboro». Et que «les procédures ouvertes font l’objet d’un traitement à la mesure de la gravité des actes commis. L’autorité judiciaire, espérant un retour à la normale, adresse néanmoins une mise en demeure ferme aux potentiels contrevenants au respect de la paix publique et à l’intégrité physique des personnes et des biens».

Pour rappel, les populations du village traditionnel de Cayar se sont réveillées, tôt le dimanche 2 avril, dans la confusion totale du fait d’une violente bataille rangée ayant opposé les pêcheurs autochtones de cette localité aux saisonniers de Mboro. Des échauffourées survenues dans la soirée du samedi 1er au dimanche 2 avril, à hauteur de Khondio, à Mboro Ndeund Kat, un autre village de pêcheurs et ayant endommagé des pirogues qui ont été brûlées, occasionné plusieurs blessés de part et d’autre. Ils ont été acheminés, les uns, au centre hospitalier régional El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès, les autres, à l’hôpital Saint-Jean de Dieu et au centre de santé de Mboro.

Les acteurs disent avoir alerté en vain

«Les pêcheurs de Mboro ne font que violer la loi face à interdiction de pratiquer la pêche aux mono-filaments dans les côtes de Cayar. Cela a poussé les jeunes du village traditionnel des pêcheurs d'arraisonner leurs pirogues. Ces gens de la mer continuent de menacer l'activité des pêcheurs cayarois qui font la pêche du jour».

Ces mots sont du président du Conseil local de pêche de Cayar, Mor Mbengue. Il explique : «Depuis un certain temps, nous sommes en conflit avec les pêcheurs de Mboro. À Cayar, non seulement nous avons la culture de ne pas pratiquer cette pêche, mais nous l'interdisons dans nos eaux et ces pêcheurs qui nous viennent de Mboro, en font fi. Nous nous sommes opposés énergétiquement à ces violations et cela a débouché sur un conflit. La semaine dernière, quelque sept pirogues, entre autres matériels de pêche appartenant aux pêcheurs de Mboro, avaient été arraisonnées avant d'être restituées, suite à la méditation de la Commission nationale de la gestion des conflits».

Il précise que «les pêcheurs de Cayar, contrairement à certaines rumeurs, n'ont brûlé aucune pirogue, mais des filets mono-filaments».

Devant une telle situation, pensent les populations de Cayar, «l'État doit réagir pour apporter une solution définitive à ce conflit». Mor Mbengue dit avoir la garantie de la tenue d'une réunion à l'initiative du gouverneur de Thiès pour régler ce problème.

Selon lui, «la pêche aux mono-filaments interdite, mais pratiquée pose problème». Cependant, les deux camps s'accusent mutuellement. Les habitants de Mboro pointent un doigt accusateur sur ceux de Cayar, leur reprochant d'avoir déclenché les hostilités. À les en croire, tout est parti de l’acte d’une cinquantaine de pêcheurs qui, il y a une semaine environ, à bord de leurs pirogues, ont bloqué ceux de Mboro et jeté leurs filets. Les Mbourois qui ont promptement réagi, ont alerté leurs parents qui se sont aussitôt déployés sur les lieux pour leur prêter main forte. Et n’eût été la vigilance des gendarmes, le pire se serait passé. Toutefois, une bataille rangée entre les deux communautés s'est soldée par des blessés dans les deux camps, mais également par la saisie de matériel.

Il s’agit là de deux communautés de pêcheurs qui se regardent en chiens de faïence. Un conflit qui est un vieux serpent de mer et avait refait surface en 2005, occasionnant la mort d’une personne par balle au cours d'une bagarre rangée. Le Comité local de pêche de Cayar alerte les autorités sur le danger que représente la pêche avec les filets mono-filaments interdits par le code, mais qui connaît une résistance.

Ce comité, qui invite l'État à «prendre les dispositions nécessaires avant qu'il ne soit trop tard», regrette «l'entêtement des pêcheurs de Mboro qui persistent dans cette pratique illicite». Alors que «nous avions déjà prévenu toutes les autorités compétentes au niveau régional et national, même le ministre de la Pêche».

Cayar et Mboro s’accusent

Des maisons des pêcheurs guet-ndariens saccagées, des pirogues et des filets de pêche brûlés sur la plage de Cayar, plusieurs jeunes arrêtés et transférés à la Brigade de recherches de la gendarmerie de Thiès.

Au cours d’un point de presse, Momar Talla Niang, porte-parole des pêcheurs de Kayar, revient sur le déroulement des faits : «Ce qui s'est passé, c'est que des adolescents et innocents pêcheurs cayarois ont été victimes d'une agression armée qui a occasionné 27 blessés, dont sept dans un état grave. Cinq sont en réanimation et deux sont admis aux urgences. Les pertes en matériel de pêche sont considérables».

Il rappelle que «ce conflit remonte à 2005», mais, s’offusque-t-il, «malgré toutes les démarches entreprises par les différentes parties antagonistes, aucune solution n'a encore été trouvée jusqu’ici. Pis, tous les ministres qui se sont succédé au département des Pêches ont été incapables de résoudre la crise».

Momar Talla Niang remarque que «la situation a empiré, avec la récente sortie du ministre des Pêches qui a montré ses limites». Aussi, Cayar interpelle le président de la République et l'ensemble des chefs religieux du pays, pour que «justice soit faite dans cette affaire».

Ousmane Wade




Même Catégorie article
< >

Vendredi 22 Novembre 2024 - 23:11 DIC: Le journaliste Adama Gaye gardé à vue




Publicité