L’intention prêtée aux dirigeants sénégalais de créer une bourse des valeurs à Dakar ne laisse pas indifférents les spécialistes des marchés financiers. Mais l’un des plus importants d’entre eux, le directeur de CGF Bourse, une société de courtage sénégalaise, M. Gabriel Fal considère que cette volonté des dirigeants sénégalais ne devrait pas signifier la mort de la Bourse régionale des valeurs mobilières, dont le siège est à Abidjan, en Côte d’Ivoire : «Il faut qu’on garde la Brvm, parce que c’est un outil intéressant qui nous a demandé des efforts à mettre en place.» Cependant, cela ne signifie pas que le fonctionnement actuel de cette place financière rencontre son agrément : «Il faut que l’ion voie avec nos amis, comment mieux faire participer tous les pays à la Brvm, et non pas seulement le Sénégal. Après dix ans de fonctionnement, on ne peut pas rester silencieux et dire que tout va bien.». M. Fal, comme bien d’autres interlocuteurs sénégalais, considère que la Brvm pâtit d’une image qui la présente plus comme une bourse ivoirienne qu’autre chose.
Ils font remarquer qu’à ce jour, sur les 38 entreprises côtés à la Brvm, 37 sont ivoiriennes, et une seule, la Sonatel, est sénégalaise. L’ennui, si l’on peut dire, est que la Sonatel fait la moitié de la capitalisation boursière de la place d’Abidjan. C’est d’ailleurs cette conjonction, du peu de visibilité des représentations des autres pays membres de la Brvm, et de la forte présence de la seule entreprise sénégalaise cotée, qui a poussé les Sénégalais, à réfléchir au plus haut niveau à la création d’une Bourse nationale.
Volonte politique
Et un patron d’entreprise sénégalais a montré que l’idée était loin d’être farfelue, que la Bourse de Dakar, ou Dakar Stock Exchange, pourrait même avoir fière allure dans la sous-région.
Car en plus de la Sonatel, qui quitterait la Brvm pour se faire coter ici, la Bourse de Dakar pourrait attirer des industries qui viennent de s’installer au Sénégal, comme Arcelor-Mittal, Jebel Ali Free zone authority (Jafza), ou d’autres qui ont déjà pignon sur rue, mais qui n’ont jamais été attirées par la cotation en bourse.
Gabriel Fal pense que cela se ferait assez facilement : «Ce sont les autorités d’un pays qui donnent de la force à leur bourse. Si, par exemple, le Président Wade veut créér une bourse à Dakar, il peu demander à Mittal et à d’autres entreprises de se mettre à cette bourse. S’il décide que les sociétés cotées en bourse, au lieu de payer 25% d’impôts sur le revenu, n’en paieraient plus que 15 ou 20%, vous verrez toutes les grandes sociétés venir à la Bourse.» En fait, la force ou la faiblesse d’une bourse dépendant de pouvoirs politiques, pourquoi la Brvm souffre-t-elle de manque de visibilité dans la sous-région ?
Le patron d’entreprise contacté juge que c’est parce que les dirigeants de l’Uemoa n’y voient pas leur intérêt. Ils se demandent pour qui ils vont développer la Brvm, si la Côte d’Ivoire est la seule à en profiter. «La Bourse régionale commence à gagner de l’argent depuis 3 ou 4 ans. Mais à Dakar, l’antenne de la Brvm est logée dans un sous-sol de la Chambre de commerce. La Bourse réionale aurait pu investir pour se donner plus de visibilité au Sénégal. L’antenne ne comprend qu’un seul membre du personnel, ce qui pourrait être étoffé.» En plus, font remarquer des fonctionnaires du ministère de l’Economie et des finances, le Sénégal n’a jamais obtenu de poste de directeur ou de Président de conseil d’administration de la Brvm. Tout est accaparé par des Ivoiriens ou des Français.
La Sonatel, une
societe ivoirienne
Pourquoi alors le Sénégal ne franchit-il pas le pas et met en place sa place boursière ? Gabriel Fal, de Cgf Bourse rappelle que, en matière financière, le Sénégal, comme tous les autres pays de l’Uemoa, ont choisi de faire la promotion de l’intégration. Cette option se défend parfaitement, mais elle demande que tous les pays puissent en tirer des bénéfices, et non pas un seul d’entre eux. Alors qu’aujourd’hui, la Sonatel, qui fait l’essentiel des capitalisations de la Brvm, passe, sur le marché financier international, pour une société ivoirienne. «Imaginez qu’un investisseur américain veuille acheter la Sonatel, où va-t-il virer ses capitaux ? A Abidjan, bien sûr, avec des courtiers ivoiriens. Qui va être son courtier ? Une société ivoirienne. Et où iront les bénéfices de la transaction ? Dans les caisses du Trésor ivoirien.»
Ce genre de paradoxe justifie que des pays de l’autre zone Franc Cfa, la Cemac, aient décidé de mettre en place deux bourses de valeurs, à Douala et à Libreville. Après un certain retard au démarrage, les deux places ont enfin commencé à fonctionner. Les spécialistes pensent que les deux places, du fait de la rivalité politique qui a présidé à leur naissance, pourraient se développer beaucoup plus rapidement que la Brvm, qui préfère dormir sur ses acquis.
Cette considération donne raison à ceux qui, comme ces financiers anglophones, pensent qu’une bourse des valeurs mobilières, «est proche des émetteurs et des investisseurs. En plus, elle donne de la stature à un pays». Dans ces conditions, l’argument de l’intégration régionale tient peu. Gabriel Fal explique que sa société d’intermédiation, fait, «98% de notre action sur la Sonatel. De temps en temps, il nous arrive de faire des titres ivoiriens. Et nos clients, ce ne sont pas des Ivoiriens, mais souvent des fonds de pension anglais ou américains.»
La Brvm, si elle veut donc survivre à la naissance d’une concurrente, doit revoir ses modes de fonctionnement. Elle doit se demander pourquoi elle a perdu deux des sociétés qui étaient cotées, et ce qui pourrait expliquer le nombre des épargnants, depuis l’Opération publique de vente (Opv) de la Sonatel. Même si la dernière Opv de Ecobank Eti pourrait faire remonter le chiffre à la hausse pour un temps. Et surtout, créer un sentiment d’appartenance dans tous les pays de l’Uemoa.
source le quotidien
Ils font remarquer qu’à ce jour, sur les 38 entreprises côtés à la Brvm, 37 sont ivoiriennes, et une seule, la Sonatel, est sénégalaise. L’ennui, si l’on peut dire, est que la Sonatel fait la moitié de la capitalisation boursière de la place d’Abidjan. C’est d’ailleurs cette conjonction, du peu de visibilité des représentations des autres pays membres de la Brvm, et de la forte présence de la seule entreprise sénégalaise cotée, qui a poussé les Sénégalais, à réfléchir au plus haut niveau à la création d’une Bourse nationale.
Volonte politique
Et un patron d’entreprise sénégalais a montré que l’idée était loin d’être farfelue, que la Bourse de Dakar, ou Dakar Stock Exchange, pourrait même avoir fière allure dans la sous-région.
Car en plus de la Sonatel, qui quitterait la Brvm pour se faire coter ici, la Bourse de Dakar pourrait attirer des industries qui viennent de s’installer au Sénégal, comme Arcelor-Mittal, Jebel Ali Free zone authority (Jafza), ou d’autres qui ont déjà pignon sur rue, mais qui n’ont jamais été attirées par la cotation en bourse.
Gabriel Fal pense que cela se ferait assez facilement : «Ce sont les autorités d’un pays qui donnent de la force à leur bourse. Si, par exemple, le Président Wade veut créér une bourse à Dakar, il peu demander à Mittal et à d’autres entreprises de se mettre à cette bourse. S’il décide que les sociétés cotées en bourse, au lieu de payer 25% d’impôts sur le revenu, n’en paieraient plus que 15 ou 20%, vous verrez toutes les grandes sociétés venir à la Bourse.» En fait, la force ou la faiblesse d’une bourse dépendant de pouvoirs politiques, pourquoi la Brvm souffre-t-elle de manque de visibilité dans la sous-région ?
Le patron d’entreprise contacté juge que c’est parce que les dirigeants de l’Uemoa n’y voient pas leur intérêt. Ils se demandent pour qui ils vont développer la Brvm, si la Côte d’Ivoire est la seule à en profiter. «La Bourse régionale commence à gagner de l’argent depuis 3 ou 4 ans. Mais à Dakar, l’antenne de la Brvm est logée dans un sous-sol de la Chambre de commerce. La Bourse réionale aurait pu investir pour se donner plus de visibilité au Sénégal. L’antenne ne comprend qu’un seul membre du personnel, ce qui pourrait être étoffé.» En plus, font remarquer des fonctionnaires du ministère de l’Economie et des finances, le Sénégal n’a jamais obtenu de poste de directeur ou de Président de conseil d’administration de la Brvm. Tout est accaparé par des Ivoiriens ou des Français.
La Sonatel, une
societe ivoirienne
Pourquoi alors le Sénégal ne franchit-il pas le pas et met en place sa place boursière ? Gabriel Fal, de Cgf Bourse rappelle que, en matière financière, le Sénégal, comme tous les autres pays de l’Uemoa, ont choisi de faire la promotion de l’intégration. Cette option se défend parfaitement, mais elle demande que tous les pays puissent en tirer des bénéfices, et non pas un seul d’entre eux. Alors qu’aujourd’hui, la Sonatel, qui fait l’essentiel des capitalisations de la Brvm, passe, sur le marché financier international, pour une société ivoirienne. «Imaginez qu’un investisseur américain veuille acheter la Sonatel, où va-t-il virer ses capitaux ? A Abidjan, bien sûr, avec des courtiers ivoiriens. Qui va être son courtier ? Une société ivoirienne. Et où iront les bénéfices de la transaction ? Dans les caisses du Trésor ivoirien.»
Ce genre de paradoxe justifie que des pays de l’autre zone Franc Cfa, la Cemac, aient décidé de mettre en place deux bourses de valeurs, à Douala et à Libreville. Après un certain retard au démarrage, les deux places ont enfin commencé à fonctionner. Les spécialistes pensent que les deux places, du fait de la rivalité politique qui a présidé à leur naissance, pourraient se développer beaucoup plus rapidement que la Brvm, qui préfère dormir sur ses acquis.
Cette considération donne raison à ceux qui, comme ces financiers anglophones, pensent qu’une bourse des valeurs mobilières, «est proche des émetteurs et des investisseurs. En plus, elle donne de la stature à un pays». Dans ces conditions, l’argument de l’intégration régionale tient peu. Gabriel Fal explique que sa société d’intermédiation, fait, «98% de notre action sur la Sonatel. De temps en temps, il nous arrive de faire des titres ivoiriens. Et nos clients, ce ne sont pas des Ivoiriens, mais souvent des fonds de pension anglais ou américains.»
La Brvm, si elle veut donc survivre à la naissance d’une concurrente, doit revoir ses modes de fonctionnement. Elle doit se demander pourquoi elle a perdu deux des sociétés qui étaient cotées, et ce qui pourrait expliquer le nombre des épargnants, depuis l’Opération publique de vente (Opv) de la Sonatel. Même si la dernière Opv de Ecobank Eti pourrait faire remonter le chiffre à la hausse pour un temps. Et surtout, créer un sentiment d’appartenance dans tous les pays de l’Uemoa.
source le quotidien