Tel est le propos substantiel et pathétique du président Abdoulaye WADE, tenu dans le cadre d’une interview récente, accordée à Radio France Internationale (RFI), pour justifier son « impuissance » dans le traitement du « problème casamançais ».
En fait, telle une girouette, le président WADE n’a fait, ici, qu’investir les traces de Chérif Ahmed DIEME, alias docteur Apakena, qui vient de s’illustrer bassement dans la revendication des derniers attentats enregistrés en Casamance contre des positions de l’armée et de la gendarmerie nationales, au nom du Cercle des intellectuels et universitaires du MFDC, non sans les avoir indûment attribués, au détour d’une argumentation laborieuse, à la faction de Salif SADIO, quant à leur exécution. Ce que, bien évidemment, le N°2 de la dite faction, Ibrahima SANE, s’empressa de nier, de dénoncer et de condamner avec autorité.
Or, aux yeux éminemment complices, sinon coupables, de certains ; comme si la Casamance en éprouvait un besoin secret, ces attentats surviendraient ainsi à point nommé, pour avoir prétendument converti le président WADE à l’idée « d’internationaliser » le « problème casamançais ». En atteste le concert de regrets qui s’en est suivi. En effet, tout le monde regrette les attentats de Kabemb (Région de Sédhiou), de Djégoune (Région de Ziguinchor) et de Affignam (Région de Ziguinchor) et leurs effets. Mais personne, parmi les voix autorisées, à l’exception notable du secrétaire général du MFDC que je suis, ne les condamne. Même pas par principe.
C’est que, dans cet exercice de complaisance ou d’empathie coupables, chacun y est allé de son expertise, généralement douteuse ou suspecte, pour suggérer que ce serait, là, la voie indiquée pour obtenir, de l’Etat, la levée de tel ou tel mandat d’arrêt et, en même temps, pour lui arracher quelque engagement à dialoguer avec le MFDC, dans le cadre de vraies négociations. Mais pour négocier quoi ou autour de quoi, si tant est que les vraies motivations des auteurs de ces attentats soient de provoquer des négociations entre l’Etat et le MFDC? Pour négocier l’indépendance de la Casamance ?...
Il faut, d’emblée, exclure cette dernière hypothèse, pour une raison simple : le réalisme politique. A moins que ce ne soit plutôt dans le souci simple, mais nécessaire, de lucidité intellectuelle. Car, à la vérité, l’indépendance ne se négocie pas. Elle ne saurait, sous aucun prétexte, se négocier. Par principe, et du point de vue de sa finalité, l’indépendance s’arrache. Point barre ! C’est aussi simple que cela.
A cet effet, je créditerais, bien volontiers, le Cercle des intellectuels et universitaires du MFDC d’être en mesure de le comprendre, d’être capable d’en apprécier le véritable enjeu et, surtout, de pouvoir en tirer la conséquence selon laquelle tout, en l’occurrence, peut être négocié, y compris notamment leurs projections les plus folles, sauf… sauf l’indépendance de la Casamance. Qui plus est, cette indépendance de la Casamance, qu’ils peinent tant à obtenir au bout du canon ( – y parviendront-ils un jour dont ils seraient par ailleurs les seuls génies créateurs ? –), ne saurait faire l’objet d’aucune espèce de négociation d’aucune sorte. C’est cela la réalité historique et politique. Comme telle, elle est opposable à tous. Indistinctement !
L’absurdité et la lâcheté, ayant présidé à la perpétration des attentats sus-évoqués, aveugles par nature et insensés quant à leur finalité, n’auront alors réussi qu’à révéler le vrai visage de leurs commanditaires ; celui d’illuminés, mais guère d’authentiques intellectuels ; de fieffés illuminés, aussi désespérés qu’intellectuellement complexés, outrancièrement amputés de tous repères moraux, éthiques et philosophiques. J’ose espérer, cependant, y compris après qu’ils auront répondu de leurs actes devant l’histoire et la justice, qu’il leur restera quelque chose d’assez humain pour regretter, sincèrement, entre autres, la mort si tragique et si prématurée qu’ils ont fait subir à deux lycéens, littéralement emportés par l’attentat de Djégoune.
Mais cette absurdité et cette lâcheté personnifiées auront eu, auparavant, hélas, le loisir de terroriser, de mutiler ou de tuer parmi ceux-là mêmes pour qui elles sont censées lutter : les Casamançais. Et ce, à la gloire, si doctement éprouvée, de Apakena et de son cercle d’intellectuels et d’universitaires. Car, pour infiniment moins que l’indépendance de la Casamance, l’absurdité et la lâcheté personnifiées se seront investies, doctement donc, du « droit » et du « pouvoir » réunis de vie ou de mort, fût-ce simplement le temps d’une folie meurtrière, autre synonyme du sommeil obscurantiste qui ne manquera aucunement d’être suivi d’un réveil extraordinairement douloureux.
Au demeurant, et à n’en point douter, la voie que je préconise est incontournable ; celle consistant précisément dans une solution politique et institutionnelle du « problème casamançais », qui consacre une refondation de la République et de l’Etat sénégalais, dans un Sénégal nouveau. Soit, un Sénégal réhabilité dans ses Régions naturelles. J’en fais le pari. Mieux, c’est un défi que je lance à tous et à chacun, y compris notamment à ceux qui passent pour des intellectuels du MFDC. Ah ! comme l’expression ‘‘intellectuel’’ est outrageusement galvaudée ! Hélas !
En tout état de cause, à tous et à chacun, j’adresse ma conviction que voici : ‘‘Il ne faut pas avoir peur du fédéralisme ! Et pour cause…’’
En effet, il est désormais récurrent, au Sénégal, d’exhorter à la nationalisation du « problème casamançais ». Du moins, dans son traitement, certes par les deux protagonistes y relatifs (l’Etat et le MFDC), mais également par l’ensemble de la communauté nationale, voire internationale. Or, nationaliser le « problème casamançais », c’est, aussi, et en substance, autoriser – et même encourager – la nationalisation du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) ; et donc la nationalisation de son idéologie, de ses pratiques sinon de son discours.
Encore que le MFDC indépendantiste (ou sécessionniste), en se nationalisant, ne puisse qu’accoucher d’un MFDC fédéraliste, au mieux ; ou, au pire, d’un MFDC territorialiste, en ce qu’il y aurait autant de MFDC que de Régions ou Provinces naturelles du Sénégal.
Quoi qu’il en soit, l’un dans l’autre, ou bien le tout rigoureusement conçu ou pensé, puis projeté sous la forme d’une vision politique, socioéconomique et culturelle, ainsi que je le suggère si opportunément par le truchement du ‘‘Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels’’ en tant qu’une formidable alternative au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance : n’est-ce pas, déjà, une vision fédéraliste en tant qu’une véritable idéologie, porteuse, non plus seulement de questions, mais de réponses ?
En cela, le fédéralisme, au Sénégal, ne saurait être une opinion, ou seulement une opinion, mais une perspective heureuse, à la faveur de laquelle le Sénégal recouvrerait son objet commun de partage ; alors que l’objectif commun, que veulent partager les populations sénégalaises est, à vrai dire, le bien-être de tous et de chacun, certes avec justice et équité, mais sur un lieu, le leur propre : leur Région ou leur Terroir.
Le fédéralisme, au Sénégal, peut donc se faire. Il doit se faire ! D’abord, pour régler, de manière rationnelle et définitive, le « problème casamançais ». Ensuite, pour rendre pérenne le caractère national de toutes les Régions naturelles du Sénégal. Et, enfin, pour offrir la perspective heureuse d’un Sénégal socio-économiquement émergent, pour être réhabilité dans ses Régions naturelles (Le Fleuve, Les Niayes, Le Ferlo, Le Sine-Saloum, Le Sénégal Oriental et la Casamance), seules véritables détentrices du « pouvoir » de développement.
Dakar, le 8 janvier 12
Jean-Marie François BIAGUI
Secrétaire Général du MFDC
En fait, telle une girouette, le président WADE n’a fait, ici, qu’investir les traces de Chérif Ahmed DIEME, alias docteur Apakena, qui vient de s’illustrer bassement dans la revendication des derniers attentats enregistrés en Casamance contre des positions de l’armée et de la gendarmerie nationales, au nom du Cercle des intellectuels et universitaires du MFDC, non sans les avoir indûment attribués, au détour d’une argumentation laborieuse, à la faction de Salif SADIO, quant à leur exécution. Ce que, bien évidemment, le N°2 de la dite faction, Ibrahima SANE, s’empressa de nier, de dénoncer et de condamner avec autorité.
Or, aux yeux éminemment complices, sinon coupables, de certains ; comme si la Casamance en éprouvait un besoin secret, ces attentats surviendraient ainsi à point nommé, pour avoir prétendument converti le président WADE à l’idée « d’internationaliser » le « problème casamançais ». En atteste le concert de regrets qui s’en est suivi. En effet, tout le monde regrette les attentats de Kabemb (Région de Sédhiou), de Djégoune (Région de Ziguinchor) et de Affignam (Région de Ziguinchor) et leurs effets. Mais personne, parmi les voix autorisées, à l’exception notable du secrétaire général du MFDC que je suis, ne les condamne. Même pas par principe.
C’est que, dans cet exercice de complaisance ou d’empathie coupables, chacun y est allé de son expertise, généralement douteuse ou suspecte, pour suggérer que ce serait, là, la voie indiquée pour obtenir, de l’Etat, la levée de tel ou tel mandat d’arrêt et, en même temps, pour lui arracher quelque engagement à dialoguer avec le MFDC, dans le cadre de vraies négociations. Mais pour négocier quoi ou autour de quoi, si tant est que les vraies motivations des auteurs de ces attentats soient de provoquer des négociations entre l’Etat et le MFDC? Pour négocier l’indépendance de la Casamance ?...
Il faut, d’emblée, exclure cette dernière hypothèse, pour une raison simple : le réalisme politique. A moins que ce ne soit plutôt dans le souci simple, mais nécessaire, de lucidité intellectuelle. Car, à la vérité, l’indépendance ne se négocie pas. Elle ne saurait, sous aucun prétexte, se négocier. Par principe, et du point de vue de sa finalité, l’indépendance s’arrache. Point barre ! C’est aussi simple que cela.
A cet effet, je créditerais, bien volontiers, le Cercle des intellectuels et universitaires du MFDC d’être en mesure de le comprendre, d’être capable d’en apprécier le véritable enjeu et, surtout, de pouvoir en tirer la conséquence selon laquelle tout, en l’occurrence, peut être négocié, y compris notamment leurs projections les plus folles, sauf… sauf l’indépendance de la Casamance. Qui plus est, cette indépendance de la Casamance, qu’ils peinent tant à obtenir au bout du canon ( – y parviendront-ils un jour dont ils seraient par ailleurs les seuls génies créateurs ? –), ne saurait faire l’objet d’aucune espèce de négociation d’aucune sorte. C’est cela la réalité historique et politique. Comme telle, elle est opposable à tous. Indistinctement !
L’absurdité et la lâcheté, ayant présidé à la perpétration des attentats sus-évoqués, aveugles par nature et insensés quant à leur finalité, n’auront alors réussi qu’à révéler le vrai visage de leurs commanditaires ; celui d’illuminés, mais guère d’authentiques intellectuels ; de fieffés illuminés, aussi désespérés qu’intellectuellement complexés, outrancièrement amputés de tous repères moraux, éthiques et philosophiques. J’ose espérer, cependant, y compris après qu’ils auront répondu de leurs actes devant l’histoire et la justice, qu’il leur restera quelque chose d’assez humain pour regretter, sincèrement, entre autres, la mort si tragique et si prématurée qu’ils ont fait subir à deux lycéens, littéralement emportés par l’attentat de Djégoune.
Mais cette absurdité et cette lâcheté personnifiées auront eu, auparavant, hélas, le loisir de terroriser, de mutiler ou de tuer parmi ceux-là mêmes pour qui elles sont censées lutter : les Casamançais. Et ce, à la gloire, si doctement éprouvée, de Apakena et de son cercle d’intellectuels et d’universitaires. Car, pour infiniment moins que l’indépendance de la Casamance, l’absurdité et la lâcheté personnifiées se seront investies, doctement donc, du « droit » et du « pouvoir » réunis de vie ou de mort, fût-ce simplement le temps d’une folie meurtrière, autre synonyme du sommeil obscurantiste qui ne manquera aucunement d’être suivi d’un réveil extraordinairement douloureux.
Au demeurant, et à n’en point douter, la voie que je préconise est incontournable ; celle consistant précisément dans une solution politique et institutionnelle du « problème casamançais », qui consacre une refondation de la République et de l’Etat sénégalais, dans un Sénégal nouveau. Soit, un Sénégal réhabilité dans ses Régions naturelles. J’en fais le pari. Mieux, c’est un défi que je lance à tous et à chacun, y compris notamment à ceux qui passent pour des intellectuels du MFDC. Ah ! comme l’expression ‘‘intellectuel’’ est outrageusement galvaudée ! Hélas !
En tout état de cause, à tous et à chacun, j’adresse ma conviction que voici : ‘‘Il ne faut pas avoir peur du fédéralisme ! Et pour cause…’’
En effet, il est désormais récurrent, au Sénégal, d’exhorter à la nationalisation du « problème casamançais ». Du moins, dans son traitement, certes par les deux protagonistes y relatifs (l’Etat et le MFDC), mais également par l’ensemble de la communauté nationale, voire internationale. Or, nationaliser le « problème casamançais », c’est, aussi, et en substance, autoriser – et même encourager – la nationalisation du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) ; et donc la nationalisation de son idéologie, de ses pratiques sinon de son discours.
Encore que le MFDC indépendantiste (ou sécessionniste), en se nationalisant, ne puisse qu’accoucher d’un MFDC fédéraliste, au mieux ; ou, au pire, d’un MFDC territorialiste, en ce qu’il y aurait autant de MFDC que de Régions ou Provinces naturelles du Sénégal.
Quoi qu’il en soit, l’un dans l’autre, ou bien le tout rigoureusement conçu ou pensé, puis projeté sous la forme d’une vision politique, socioéconomique et culturelle, ainsi que je le suggère si opportunément par le truchement du ‘‘Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnels’’ en tant qu’une formidable alternative au Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance : n’est-ce pas, déjà, une vision fédéraliste en tant qu’une véritable idéologie, porteuse, non plus seulement de questions, mais de réponses ?
En cela, le fédéralisme, au Sénégal, ne saurait être une opinion, ou seulement une opinion, mais une perspective heureuse, à la faveur de laquelle le Sénégal recouvrerait son objet commun de partage ; alors que l’objectif commun, que veulent partager les populations sénégalaises est, à vrai dire, le bien-être de tous et de chacun, certes avec justice et équité, mais sur un lieu, le leur propre : leur Région ou leur Terroir.
Le fédéralisme, au Sénégal, peut donc se faire. Il doit se faire ! D’abord, pour régler, de manière rationnelle et définitive, le « problème casamançais ». Ensuite, pour rendre pérenne le caractère national de toutes les Régions naturelles du Sénégal. Et, enfin, pour offrir la perspective heureuse d’un Sénégal socio-économiquement émergent, pour être réhabilité dans ses Régions naturelles (Le Fleuve, Les Niayes, Le Ferlo, Le Sine-Saloum, Le Sénégal Oriental et la Casamance), seules véritables détentrices du « pouvoir » de développement.
Dakar, le 8 janvier 12
Jean-Marie François BIAGUI
Secrétaire Général du MFDC