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Quel traitement médiatique pour les tentatives d’immolation par le feu ?

La fin de l’année 2010 et le début de l’année 2011 sont marqués par des tentatives de suicide notamment des tentatives d’immolation par le feu. Ces tentatives de suicide ont été largement médiatisées par la presse d’ici et d’ailleurs. Toutefois, si la presse occidentale et plus particulièrement française a fait preuve de retenue dans la relation de ces faits, telle est loin d’être le cas de la presse africaine. En effet, pour rappel, la France a connu quelques cas de tentatives d’immolation par le feu fin 2010 et début 2011.


Rédigé par leral.net le Dimanche 27 Février 2011 à 17:29 | | 0 commentaire(s)|

Quel traitement médiatique pour les tentatives d’immolation par le feu ?
D’abord le 17 novembre 2010, Paris Match, nous appreniez qu’un lycéen bordolais s’était immolé par le feu. Paris Match s’était gardé de publier le nom du lycéen et tout autre détail pouvant permettre de l’identifier, de même que la description des brûlures. Aussi, l’information a été illustrée par la photo du lycée professionnel Toulouse-Lautrec de Bordeaux.

Le 18 janvier 2011, c’est une dépêche de l’AFP qui nous apprenait qu’un mineur avait tenté de s’immoler par le feu et était hospitalisé dans un état grave à l’hôpital de la conception de Marseille. AFP comme Paris Match (de même la quasi-totalité des journaux français) n’avait pas révélé le nom de ce mineur de 16 ans et aucun autre détail pouvant permettre de l’identifier n’était non plus révélé. Aussi, l’information était illustrée par une photo de l’hôpital.

Le 21 février 2011, c’est le Monde (entre autres journaux) qui reprenait une dépêche de l’AFP et nous apprenait qu’un homme avait tenté de s’immoler par le feu devant le palais de justice de paris. En parcourant l’article, on ne pouvait savoir ni le nom de la personne ni aucune autre information pouvant permettre de l’identifier, encore moins les détails des brûlures. Aussi, l’information a été illustrée par une photo du palais de justice de Paris.

Cette manière de traiter les cas de tentatives de suicide par la presse française, rappelle le traitement des victimes des « attentats » du 11 septembre 2001 par la presse américaine. En effet, pour mémoire, la presse américaine s’était gardée de montrer les corps des victimes.

Mais voyons maintenant comment l’Africain « barbare » traite ces genres d’information.

Le 19 février 2011, le journal « Le quotidien » nous apprenait qu’un ancien militaire (le nom de cette personne a été donné par le journal) s’était immolé devant les grilles du palais. Et le journal avait illustré cette information par la photo d’une personne en proie aux flammes. Horrible. Et dans le corps de l’article, le journal décrivait dans les détails les brûlures.

Le 26 février 2011, ce même journal, Le quotidien, nous apprenait un autre cas de tentative de suicide. Et tenez vous bien, le journal avait titré : « Un autre Sénégalais s’immole par le feu devant le Palais : X entretient la flamme du vendredi ». Et le journal donnait encore les détails de cet acte tragique. Les rédacteurs de ce journal ont-ils pensé à ce frère et/ou neveu de cet homme qui pourraient apprendre la mort de leur parent par cette information ?

Pourtant, les codes d’éthiques et de déontologie sont clairs sur le traitement de ce genre d’information. En effet, la directive 7.9 (traitement des cas de suicide) du conseil Suisse de la presse (équivalent du CORED au Sénégal) stipule que les « journalistes doivent observer la plus grande retenue dans les cas de suicide ». Même si cette directive énumère les cas où le suicide peut faire l’objet d’information (une personnalité publique se donnant la mort, le défunt ou ses proches ayant rendu le geste public….), elle précise clairement que « l’information doit se limiter aux indications nécessaires à la bonne compréhension du cas et ne doit pas comprendre de détails intimes ou dégradants ». La directive indique toujours, « afin d’éviter les risques de suicide par imitation, les journalistes renoncent à des indications précises et détaillées sur les méthodes et les produits utilisés ».

Comprenons-nous bien, chacun est libre d’avoir la lecture qu’il veut de ces malheureux évènements, mais respectons la dignité humaine, pensons aux familles des disparus (notamment les enfants). La presse française est loin d’être un modèle de vertu, pourtant, la France métropolitaine connaît en moyenne plus de 10.000 cas de suicide par an, soit un suicide toutes les 50 minutes, et cela n’autorise pas les journaux français à en parler n’importe comment.

Sadikh DIOP

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