A la faveur de la démocratisation en cours en Afrique, la limitation du nombre de mandats à la tête de l’Etat est devenue une réalité dans nombre de pays. Sur ce continent où la tradition était plutôt de voir les chefs d’Etat rester en place des décennies ou mourir au pouvoir, il s’agit en effet d’une avancée.
Reconversion, un horizon obligatoire
Parmi les anciens chefs d’Etat, quelques-uns ont pu faire leur conversion, d’une manière ou d’une autre. L’ancien président du Bénin de 1991 à1996, Nicéphore Soglo, est devenu maire de Cotonou.
Mathieu Kérékou, président du Bénin de 1972 à 1991 et de 1996 à 2006, s’est retiré de la vie politique. Celui qui avait déjà déclaré après son premier départ du pouvoir : « je ne veux pas planer comme un fantômes derrière les nouvelles autorités du pays » s’est fait encore plus discret dans sa résidence de Cotonou. Il n’est réapparu que quelques rares fois à la veille de la présidentielle de mars dernier. Dans un message télévisé, il a invité la classe politique à la pondération pour préserver la paix et l’unité nationale.
En 1999, l’ancien président algérien Liamine Zeroual a, lui, créé la surprise en quittant le pouvoir. Alors que son mandat courait jusqu’en 2000, il a organisé une présidentielle anticipée qui a vu l’accession d’Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. Depuis, il s’est établi chez lui Batna. Mais il a exprimé ses ressentiments : « je me suis retiré du pouvoir pour assurer une réelle alternance et pour consacrer la démocratie, toutefois, je constate que dix ans après, cela ne s’est pas encore réalisé », déclarait –il à des proches au moment où le président Abdelaziz Bouteflika s’apprêtait à modifier la constitution pour se représenter.
Mandela, tout un symbole
L’occident a l’habitude d’accueillir sur son sol d’anciens chefs d’Etat africains, lorsqu’ils sont en exil politique ou gravement malades. Nelson Mandela, lui, s’est vu réserver d’une place d’honneur. Une statue à l’effigie de celui qui a été salué comme « le plus grand et le plus courageux des dirigeants » de sa génération et en effet été déposée en face du parlement britannique à Londres.
Nelson Mandela a quitté l’île prison de Robben Island, au bout de vingt-sept ans, pour devenir le premier président noir d’Afrique du Sud. Quand Nelson Mandela accède à la tête du pays, il aime le pouvoir, peut-être même plus que de nombreux chefs d’Etat africains. Il l’exerce pendant un mandat, puis décide de se retirer en passant démocratiquement la main à son successeur, Thabo Mbéki, alors même qu’il aurait pu être tenté par un second mandat, voire de faire réviser la Constitution pour une présidence à vie. Ainsi entre-t-on dans l’histoire.
Bon gré, mal gré, l’ancien président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, qui a essayé sans succès de réviser la constitution pour se maintenir au pouvoir, est retourné dans sa ferme d’Otta en 2007. Aussi bien sur l’actuel président Goodluck Jonathan que sur son prédécesseur Umaru Yar’Adua, son influence ne s’est jamais démentie. Olusegun Obasanjo ne ménage aucun effort lorsque ses bons offices sont sollicités, mais jamais ses missions ne l’éloignent pour longtemps de sa ferme.
Après avoir tenté vainement de s’opposer à l’accession au pouvoir du président Jacob Zuma en Afrique du Sud, l’ancien président Thabo Mbeki a dû s’y résoudre, contraint par les militants du Congrès national africain (ANC). Reconverti dans la résolution des conflits en Afrique, on l’a ainsi vu conduire plusieurs missions de l’Union africaine au Soudan, ou en Côte d’Ivoire. Au terme de ses deux mandats constitutionnels, l’ancien président du Mali de 1992 à 2002, Alpha Oumar Konaré, a quitté le pouvoir. Appelé à présider l’Union africaine de 2003 à 2008, il a été un ardent artisan de la mise en place des institutions continentales et le porte-flambeau de l’Afrique sur les différentes scènes mondiales. Il est retourné à l’enseignement et la recherche, se consacrant à la mise en place de sa fondation, le « Mouvement pour les Etats-Unis d’Afrique.
Après le pouvoir, un autre train de vie
Beaucoup de chefs d’Etat craignent de perdre leur ancien train de vie. C’est moins la peur du dénuement que celle de perdre le pouvoir et ses attributs qui inquiète plus d’un. Surtout lorsqu’ils ont eu à commettre des actes répréhensibles dans l’exercice de leurs fonctions.
En 2006, l’homme d’affaires d’origine soudanienne Mo Ibrahim a créé une fondation qui décerne le prix Ibrahim, doté d’une importante somme d’argent, à un ancien chef d’Etat élu démocratiquement et dont le mandat, déroulé conformément aux échéances définies par la Constitution nationale, s’est achevé au cours des trois dernières années. Mais après Nelson Mandela (lauréat d’honneur), Joaquim Chissano du Mozambique en 2007 et Festus Mogae du Bostwana en 2008, la fondation peine à trouver des lauréats.
« L’objectif de la fondation est de stimuler le débat, sur le continent africain et au-delà, sur ce qui constitue un leadership d’excellence. Les critères fixés pour le prix sont exigeants et le nombre de candidats potentiels variable selon les années. Il n’est donc pas inattendu qu’il y ait des années sans prix », justifie Mo Ibrahim.
Autant dire que les chefs d’Etat africains ne font pas outre mesure preuve de saine émulation au pouvoir.
Rewmi.com
Reconversion, un horizon obligatoire
Parmi les anciens chefs d’Etat, quelques-uns ont pu faire leur conversion, d’une manière ou d’une autre. L’ancien président du Bénin de 1991 à1996, Nicéphore Soglo, est devenu maire de Cotonou.
Mathieu Kérékou, président du Bénin de 1972 à 1991 et de 1996 à 2006, s’est retiré de la vie politique. Celui qui avait déjà déclaré après son premier départ du pouvoir : « je ne veux pas planer comme un fantômes derrière les nouvelles autorités du pays » s’est fait encore plus discret dans sa résidence de Cotonou. Il n’est réapparu que quelques rares fois à la veille de la présidentielle de mars dernier. Dans un message télévisé, il a invité la classe politique à la pondération pour préserver la paix et l’unité nationale.
En 1999, l’ancien président algérien Liamine Zeroual a, lui, créé la surprise en quittant le pouvoir. Alors que son mandat courait jusqu’en 2000, il a organisé une présidentielle anticipée qui a vu l’accession d’Abdelaziz Bouteflika à la magistrature suprême. Depuis, il s’est établi chez lui Batna. Mais il a exprimé ses ressentiments : « je me suis retiré du pouvoir pour assurer une réelle alternance et pour consacrer la démocratie, toutefois, je constate que dix ans après, cela ne s’est pas encore réalisé », déclarait –il à des proches au moment où le président Abdelaziz Bouteflika s’apprêtait à modifier la constitution pour se représenter.
Mandela, tout un symbole
L’occident a l’habitude d’accueillir sur son sol d’anciens chefs d’Etat africains, lorsqu’ils sont en exil politique ou gravement malades. Nelson Mandela, lui, s’est vu réserver d’une place d’honneur. Une statue à l’effigie de celui qui a été salué comme « le plus grand et le plus courageux des dirigeants » de sa génération et en effet été déposée en face du parlement britannique à Londres.
Nelson Mandela a quitté l’île prison de Robben Island, au bout de vingt-sept ans, pour devenir le premier président noir d’Afrique du Sud. Quand Nelson Mandela accède à la tête du pays, il aime le pouvoir, peut-être même plus que de nombreux chefs d’Etat africains. Il l’exerce pendant un mandat, puis décide de se retirer en passant démocratiquement la main à son successeur, Thabo Mbéki, alors même qu’il aurait pu être tenté par un second mandat, voire de faire réviser la Constitution pour une présidence à vie. Ainsi entre-t-on dans l’histoire.
Bon gré, mal gré, l’ancien président du Nigéria, Olusegun Obasanjo, qui a essayé sans succès de réviser la constitution pour se maintenir au pouvoir, est retourné dans sa ferme d’Otta en 2007. Aussi bien sur l’actuel président Goodluck Jonathan que sur son prédécesseur Umaru Yar’Adua, son influence ne s’est jamais démentie. Olusegun Obasanjo ne ménage aucun effort lorsque ses bons offices sont sollicités, mais jamais ses missions ne l’éloignent pour longtemps de sa ferme.
Après avoir tenté vainement de s’opposer à l’accession au pouvoir du président Jacob Zuma en Afrique du Sud, l’ancien président Thabo Mbeki a dû s’y résoudre, contraint par les militants du Congrès national africain (ANC). Reconverti dans la résolution des conflits en Afrique, on l’a ainsi vu conduire plusieurs missions de l’Union africaine au Soudan, ou en Côte d’Ivoire. Au terme de ses deux mandats constitutionnels, l’ancien président du Mali de 1992 à 2002, Alpha Oumar Konaré, a quitté le pouvoir. Appelé à présider l’Union africaine de 2003 à 2008, il a été un ardent artisan de la mise en place des institutions continentales et le porte-flambeau de l’Afrique sur les différentes scènes mondiales. Il est retourné à l’enseignement et la recherche, se consacrant à la mise en place de sa fondation, le « Mouvement pour les Etats-Unis d’Afrique.
Après le pouvoir, un autre train de vie
Beaucoup de chefs d’Etat craignent de perdre leur ancien train de vie. C’est moins la peur du dénuement que celle de perdre le pouvoir et ses attributs qui inquiète plus d’un. Surtout lorsqu’ils ont eu à commettre des actes répréhensibles dans l’exercice de leurs fonctions.
En 2006, l’homme d’affaires d’origine soudanienne Mo Ibrahim a créé une fondation qui décerne le prix Ibrahim, doté d’une importante somme d’argent, à un ancien chef d’Etat élu démocratiquement et dont le mandat, déroulé conformément aux échéances définies par la Constitution nationale, s’est achevé au cours des trois dernières années. Mais après Nelson Mandela (lauréat d’honneur), Joaquim Chissano du Mozambique en 2007 et Festus Mogae du Bostwana en 2008, la fondation peine à trouver des lauréats.
« L’objectif de la fondation est de stimuler le débat, sur le continent africain et au-delà, sur ce qui constitue un leadership d’excellence. Les critères fixés pour le prix sont exigeants et le nombre de candidats potentiels variable selon les années. Il n’est donc pas inattendu qu’il y ait des années sans prix », justifie Mo Ibrahim.
Autant dire que les chefs d’Etat africains ne font pas outre mesure preuve de saine émulation au pouvoir.
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