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Quoi après les violences verbales insensées de Wade ?

Dans le brouhaha des propos inqualifiables du Président Wade, les Sénégalais ne doivent pas oublier que dans l’affaire d’enrichissement illicite actuellement en jugement au niveau de la CREI, il y a 10 personnes pour lesquelles le procureur spécial a demandé des peines très lourdes. Sur la base d’une enquête ayant permis de passer au peigne fin les sociétés créées dans des conditions nébuleuses, le procureur a demandé une application de ce que prévoit la loi. Sans préjuger du verdict de la CREI, nous devons savoir que toutes ces sociétés ont pour l’essentiel été mises depuis près de deux ans sous administration provisoire et leurs comptabilités et transactions passées à la loupe pour voir ce qui y a été fait, mal fait et défait. Le fond du dossier existe et seuls les juges trancheront sur la base des faits et témoignages et en fonction de leur conviction intime.


Rédigé par leral.net le Samedi 28 Février 2015 à 13:45 | | 0 commentaire(s)|

Quoi après  les violences verbales insensées de Wade ?
Nous devons rappeler que les 10 personnes pour qui le Procureur Spécial a demandé des peines de prison, des amendes et des privations de droits civiques sont :

1- Karim Meissa Wade
2- Ibrahima Khalil Bourg dit Bibo
3- Pape Mamadou Pouye
4- Alioune Samba Diassé
5- Pierre Agbogba
6- Mbaye Ndiaye
7- Mamadou Aïdara dit Vieux (actuellement en fuite)
8- Karim Abdou Khalil Bourgi (actuellement en fuite)
9- Evelyne Riout-Delatre ancienne Directrice Administrative et financière de AHS (actuellement en fuite)
10- Mballo Thiam (actuellement en fuite)

Au total sur les 10 mises en cause, il y a 4 fuyards. Pourquoi sont-ils en fuite ? La fuite en matière pénale est une circonstance aggravante. Ceux qui disent qu’il n y a rien dans le dossier doivent se poser la question du pourquoi de ces fuites. Ils doivent savoir qu’il y a eu selon le Procureur Spécial, au-delà de la question de l’actionnariat des sociétés en question, des pratiques frauduleuses de dissimulation et de transfert de fonds au préjudice du fisc national.il y a eu des délits dans la gestion de ses sociétés. Il y a eu dissimulation des vrais actionnaires au départ avec des sigles genre HQ1, HQ2. Il y a eu selon le procureur des connexions bizarres entre les actionnaires et le principal bénéficiaire supposé.

Aujourd’hui, la justice a certainement assez d’éléments à charge et à décharge pour juger. Mais rien n’enlèvera les faits délictuels pratiqués dans ses sociétés. Le fait par exemple que l’ex directrice administrative et financière de AHS soit en fuite montre l’ampleur des faits à charge contre les fauteurs et donneurs d’ordre. Pourquoi cette dame de 71 ans a pris la fuite alors que c’est elle qui détenait la gestion financière de AHS ? La supposée connexion familiale de cette dame avec le principal prévenu doit pousser à reflexion.

D’ici au verdict de la CREI, la stratégie consistant à semer le trouble pour mettre la pression sur les autorités, ne paiera pas puisque cette démarche est sans aucune base d’adhésion populaire. Les Sénégalais ne veulent pas rester sur leur faim dans cette affaire du siècle ! Le Président Macky Sall sait que la gratitude envers un peuple ne saurait s’accommoder de négociations nocturnes genre protocole de Rebues auxquelles sans doute l’opposition veut le pousser. Ceux qui veulent d’une négociation doivent se convaincre qu’on ne marchande pas une exigence populaire de transparence. C’est le peuple Sénégalais qui veut la transparence dans la gestion des affaires de la cité et le Président Macky est la première institution chargée de veiller sur cela. Cette préoccupation populaire sociale est en phase avec les valeurs prônées par le Président Macky Sall.

C’est pourquoi il faut voir dans le silence du Président Macky Sall la meilleure des réponses à la dérive verbale du Président Wade qui s’est mis à dos tout un peuple. Derrière les propos inqualifiables de Wade, il faut voir aussi une irresponsabilité collective de ceux qui, derrière ce vieil homme cultivent le culte de la personnalité jusqu’à lui donner carte blanche. Les propos sortis de la bouche du Président Wade dépassent le cadre d’une insulte et tombent fatalement sous le coup d’une interrogation collective des Sénégalais qui se demandent quel est le Vrai Visage du Vieux ? Cette question n’est pas simple à élucider parce que les propos ne cadrent pas avec le profil moderne de l’universitaire agrégé que nous connaissons tous.

Est-ce une déclaration réfléchie ou est-ce une bavure de trop ? Dans les deux cas il y a extrême gravité. Si le Président Wade a parlé en toute lucidité, il cherche sans doute ce qu’il veut depuis le début : être mis en prison pour attirer l’attention du monde entier sur le cas strictement pénal de son fils. Il a cette intelligence extrême qui n’a pas de limite éthique. Dans l’autre cas de propos sortant de l’ordinaire d’une lucidité classique, il ne resterait qu’à prier pour que Dieu aide Wade et lui pardonne ses propos qui, au-delà du Président Macky Sall, ont attaqué toute la nation sénégalaise dans ce qu’elle a de plus sacré.

Le Président Wade a le droit de se battre pour son fils qui, ne l’oublions pas, a aujourd’hui 47 ans. Il oublie certainement qu’aujourd’hui, à 47 ans certains Sénégalais qui ont l’âge de Karim Wade sont devenus grand-père. A 47 ans, on peut bien devenir grand-père ! Pour dire simplement que Karim Wade est plus que majeur et beaucoup de Sénégalais à sa place, par élégance ne laisseront pas leur papa les défendre à 90 ans. A chacun sa table de valeur et sa dignité ! Beaucoup de personnes, par respect pour la dignité humaine ne feront pas d’un homme de 90 ans une tête de file d’un combat. Senghor a quitté le pouvoir à 75 ans. Abdou Diouf est parti à 65 ans. Wade élu en 2000 à 75 ans a quitté le pouvoir à 87 ans. Aujourd’hui, si le PDS veut e faire de Wade la figure de proue d’un combat, le risque est grand que la dérive soit la règle. A quel prix ?

Le Président Macky Sall n’offrira pas l’un des deux choses que l’opposition cherche à savoir une arrestation de Wade qui pourrait heurter certaines consciences en raison de son âge avancé ou la libération de Karim par injonction à la justice, chose qui est aux antipodes de la pratique politique du Chef de l’Etat.

En vérité, la sérénité et le sourire du Président Macky dérangent ceux qui veulent l’atteindre avec des propos inqualifiables. Ils n’auront pas gain de cause parce que le Président Macky, même si les propos de Wade sont choquants, n’a pas le temps pour ce débat de caniveaux. Il a assez à faire pour bâtir un Sénégal plus juste à mettre sur les rails d’une émergence irréversible. Quand, dans le confort de la brise des almadies, Wade lançait ses flèches, le Président Macky était sous la chaleur à Sedhiou la région la plus pauvre du Sénégal pour y mettre en projets structurants 200 milliards pour 2015-2017. Macky est dans la réalité, il n’est pas dans les légendes !

Le silence et le sourire du Président Macky Sall en réponse au Président Wade ne doivent cependant pas être interprétés comme une prime à l’impunité. C’est juste une leçon par l’exemple, une sorte de réponse du sage à celui qui devrait faire preuve de plus de sagesse.

« Le silence est le plus haut degré de la Sagesse » disait le poète grec Pindare. L’entourage de Wade devrait méditer cette phrase et rester plus digne devant l’épreuve de la justice. A moins que derrière ces attaques verbales inqualifiables du Président Wade, ne se cachent d’autres formes calculées de violences planifiées auxquelles le silence ne suffira pas comme réponse. Mettre de la violence verbale pour ensuite embrayer en désespoir sur la violence physique ! Si tel est la stratégie du PDS, la République aussi respectueuse soit-elle devrait ne pas attendre d’en arriver à soigner cette violence-là par celle légitime d’Etat. Aussi élégant soyons-nous avec le bizarre, nous ne devons pas le laisser semer le monstre de la subversion.

Le Président Macky Sall est en phase avec le peuple, c’est pourquoi il restera inflexible et ne descendra pas dans le débat de caniveaux auquel l’opposition veut le convier. C’est tout à son honneur. Avec ce silence, le Président Macky est dans le registre de l’élégance par mépris de l’insensé et cela n’entache en rien son inflexibilité dans la défense de le République. Espérant que ses adversaires comprennent le sens de son silence et ne tombent pas dans la folie suicidaire d’une violence que le peuple sera le premier à combattre.



Par Mamadou NDIONE
Économiste Ecrivain
Cadre APR-DIASS