Ils ont été arrêtés dans le quartier de Yopougon-Gesco par des hommes des
Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et sont soupçonnés d'avoir fait
partie des milices du président déchu Laurent Gbagbo, arrêté lundi après plus
de quatre mois de crise et dix jours de combats à Abidjan.
Le quartier de Yopougon était jusque-là considéré comme un bastion de M.
Gbagbo, à la sortie de la ville.
L'un des prisonniers a le dos lacéré et ensanglanté mais les soldats ne se
laissent pas aller à la pitié.
"Ils ont été arrêtés sur les indications des habitants du quartier, ils ont
fait des choses inhumaines, ils ont +braisé+ (brûlé vifs) nos frères",
explique un soldat. Il arbore comme ses camarades une tenue mêlant treillis
militaire, T-shirt et baskets.
"Nous sommes des militaires, notre compétence, c'est d'aller sur le terrain
arrêter les mauvaises graines, nous les confions ensuite à la police. Le reste
n'est pas de notre compétence", raconte le lieutenant Bilmo, ex-officier de
l'armée de l'air entré dans la rébellion en 2002, repérable à son bonnet de
ski.
Deux policiers en civil sont présents. Un bloc-notes à la main, l'un
retranscrit les dépositions des prisonniers dont son adjoint lit les noms sur
leurs cartes d'identité.
"Il faut qu'on ait une idée de ce qu'ils ont fait", souligne le policier,
avant d'entamer l'audition des accusés qui nient toute responsabilité dans les
violences.
"Ils ont frappé à ma porte vendredi, j'ai ouvert en croyant que c'était mon
voisin. Ils ont fouillé ma maison, ils n'ont rien trouvé, mais ils sont
persuadés que j'étais un milicien", assure un prisonnier au crâne rasé, vêtu
d'un caleçon bleu.
Ecoeuré, un soldat veut l'interrompre avant d'être stoppé par ses
supérieurs. "Si cela ne tenait qu'à nous, on les aurait tous tués. Quand on
leur tourne le dos, ils nous tirent dessus ! Mais le président Ouattara a dit
qu'il ne fallait pas les tuer, alors on les a amenés ici", dit le soldat avec
regret.
A quelques mètres de là, une trentaine d'hommes, torse nu, récemment
arrêtés, sont assis les uns à côté des autres dans l'ancien local de vidange
de la station-service, dans une chaleur suffocante.
"Je suis là depuis mercredi, avec 23 copains", témoigne Michel, 23 ans. "On
habite Port-Bouët (quartier sud d'Abidjan), on était sorti de nos maisons au
moment où des gens venaient de piller une banque. Les soldats sont arrivés à
ce moment-là et nous ont arrêtés".
"On est nourri, il n'y a pas de mauvais traitements mais les négociations
pour nous libérer traînent en longueur. Ils nous demandent d'appeler nos
parents pour venir nous chercher", confie-t-il.
"Nous ne sommes pas des miliciens ni des mercenaires", lance son voisin,
Nicolas, 28 ans, qui laisse entendre que certains de ses amis ont été libérés
contre le paiement d'une "amende" par leurs proches. "Ils nous ont confisqué
notre argent, nos portables, nos papiers", se plaint-il.
Une patrouille de deux véhicules civils réquisitionnés par les FRCI, avec
une automitrailleuse, démarre pour aller "sécuriser" un quartier proche.
"Il ne faut pas renverser les rôles, ils ne sont pas innocents, les milices
de Gbagbo ont pillé et tué jusqu'à notre arrivée", tranche un soldat FRCI à la
carrure impressionnante. "On est entré dans la ville pour venger nos morts".
Par Thibauld MALTERRE
source AFP via Abidjan.net
Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) et sont soupçonnés d'avoir fait
partie des milices du président déchu Laurent Gbagbo, arrêté lundi après plus
de quatre mois de crise et dix jours de combats à Abidjan.
Le quartier de Yopougon était jusque-là considéré comme un bastion de M.
Gbagbo, à la sortie de la ville.
L'un des prisonniers a le dos lacéré et ensanglanté mais les soldats ne se
laissent pas aller à la pitié.
"Ils ont été arrêtés sur les indications des habitants du quartier, ils ont
fait des choses inhumaines, ils ont +braisé+ (brûlé vifs) nos frères",
explique un soldat. Il arbore comme ses camarades une tenue mêlant treillis
militaire, T-shirt et baskets.
"Nous sommes des militaires, notre compétence, c'est d'aller sur le terrain
arrêter les mauvaises graines, nous les confions ensuite à la police. Le reste
n'est pas de notre compétence", raconte le lieutenant Bilmo, ex-officier de
l'armée de l'air entré dans la rébellion en 2002, repérable à son bonnet de
ski.
Deux policiers en civil sont présents. Un bloc-notes à la main, l'un
retranscrit les dépositions des prisonniers dont son adjoint lit les noms sur
leurs cartes d'identité.
"Il faut qu'on ait une idée de ce qu'ils ont fait", souligne le policier,
avant d'entamer l'audition des accusés qui nient toute responsabilité dans les
violences.
"Ils ont frappé à ma porte vendredi, j'ai ouvert en croyant que c'était mon
voisin. Ils ont fouillé ma maison, ils n'ont rien trouvé, mais ils sont
persuadés que j'étais un milicien", assure un prisonnier au crâne rasé, vêtu
d'un caleçon bleu.
Ecoeuré, un soldat veut l'interrompre avant d'être stoppé par ses
supérieurs. "Si cela ne tenait qu'à nous, on les aurait tous tués. Quand on
leur tourne le dos, ils nous tirent dessus ! Mais le président Ouattara a dit
qu'il ne fallait pas les tuer, alors on les a amenés ici", dit le soldat avec
regret.
A quelques mètres de là, une trentaine d'hommes, torse nu, récemment
arrêtés, sont assis les uns à côté des autres dans l'ancien local de vidange
de la station-service, dans une chaleur suffocante.
"Je suis là depuis mercredi, avec 23 copains", témoigne Michel, 23 ans. "On
habite Port-Bouët (quartier sud d'Abidjan), on était sorti de nos maisons au
moment où des gens venaient de piller une banque. Les soldats sont arrivés à
ce moment-là et nous ont arrêtés".
"On est nourri, il n'y a pas de mauvais traitements mais les négociations
pour nous libérer traînent en longueur. Ils nous demandent d'appeler nos
parents pour venir nous chercher", confie-t-il.
"Nous ne sommes pas des miliciens ni des mercenaires", lance son voisin,
Nicolas, 28 ans, qui laisse entendre que certains de ses amis ont été libérés
contre le paiement d'une "amende" par leurs proches. "Ils nous ont confisqué
notre argent, nos portables, nos papiers", se plaint-il.
Une patrouille de deux véhicules civils réquisitionnés par les FRCI, avec
une automitrailleuse, démarre pour aller "sécuriser" un quartier proche.
"Il ne faut pas renverser les rôles, ils ne sont pas innocents, les milices
de Gbagbo ont pillé et tué jusqu'à notre arrivée", tranche un soldat FRCI à la
carrure impressionnante. "On est entré dans la ville pour venger nos morts".
Par Thibauld MALTERRE
source AFP via Abidjan.net