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ROBERT SAGNA TIRE LES ENSEIGNEMENTS DU SCRUTIN DU 22 MARS :Il indexe l’achat des consciences, la forte pression, le rachat des cartes d’électeur…

Une forte pression sur les électeurs, l’argent qui a coulé à flot pour « acheter les consciences ». Plus de 600 cars ont été mobilisés pour transporter entre douze et quinze milles électeurs de Thiès et de Dakar vers Ziguinchor. Des cartes d’électeurs, rachetées au prix fort, des tissus distribués. L’acharnement des libéraux sur Ziguinchor qui voulaient à tout prix arracher la commune. A cela, s’ajoutent les deux visites successives du Président Wade et de son fils, Karim. Ce sont tous ces éléments réunis qui expliqueraient, selon Robert Sagna, mais en partie, sa défaite. Sans oublier aussi l’hypothèse de l’usure du pouvoir. Entretien.


Rédigé par leral.net le Mardi 24 Mars 2009 à 07:18 | | 1 commentaire(s)|

ROBERT SAGNA TIRE LES ENSEIGNEMENTS DU SCRUTIN DU 22 MARS :Il indexe l’achat des consciences, la forte pression, le rachat des cartes d’électeur…
Si les tendances qui se dessinent venaient à se confirmer, vous allez perdre la mairie que vous aviez eu à occuper depuis plus de deux décennies. Avez-vous un début d’explication à cette défaite qui se précise ?

Comme les précédentes élections, je ne m’explique pas les causes de la défaite. Je constate simplement que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Les trois semaines de campagne ont été très rassurantes, le programme assez convainquant, le bilan lui-même n’en parlons pas. Mais je n’ai pas d’explication sur l’éventuelle défaite, parce que je pense qu’elle pourrait se confirmer dans les jours qui viennent, puisque les tendances sont à la défaite. Vous savez ce qui s’est passé pendant la campagne : le président de la République était à Ziguinchor. On a eu comme l’impression que Ziguinchor était une cible particulière. Le Président Wade s’est promené deux fois ici, son fils aussi est venu battre campagne. Nous avons vu affluer plus de 300 cars venant de Thiès, un peu plus venant de Dakar . Ils ont transporté des gens qui venaient voter et cela a fait beaucoup de monde, entre douze et quinze milles personnes. Mais je crois que l’achat des consciences a beaucoup joué dans cette défaite. Pendant la campagne, vous avez constaté que la Coalition Sopi 2009 n’a pas organisé de grands meetings ici à Ziguinchor. Beaucoup de cartes d’électeurs ont été rachetées au prix fort, des tissus ont été distribués. Dans une zone sinistrée comme la Casamance, Ziguinchor en particulier, vous voyez bien l’effet ravageur que cela peut faire. Donc, une très forte pression, beaucoup d’argent, je crois, en partie, la défaite peut s’expliquer par cela. Des moyens colossaux ont été mobilisés et une espèce d’acharnement avec la concentration du Pds sur Ziguinchor parce qu’il leur fallait cette mairie qui est restée pendant plus de vingt ans en dehors de leur giron. C’est peut-être de bonne guerre mais c’est peut-être aussi de mauvaise guerre. Quant aux moyens par lesquels ils ont gagné, on peut dire que c’est de bonne guerre, mais en tous cas nous on constate les faits.

Est-ce que vous n’avez pas quelque chose à vous reprocher puisque certains Ziguinchorois disent à tort ou à raison que leur maire n’était pas proche des populations. Partagez-vous ce jugement ?

Je crois que c’est une erreur de penser cela. Quand je suis à Ziguinchor , je reçois les populations tous les jours, de 10h à 14h, puis de 14h à 19 h30mn. Il ne se passe une journée sans que ces horaires ne soient respectés. Des gens souvent se plaignent de ne pas pouvoir accéder à moi. Mais les longs fils dans la cour de la mairie en disent long. Donc, je crois que cela soit fondé de dire que je ne suis pas proche des populations. L’argument ne tient pas, sinon, je ne serais pas ici depuis longtemps. Il y a peut-être l’usure du pouvoir. Vous savez, quels que soient les bons bilans que vous pouvez faire, comme disait le Président Diouf, on peut ne plus avoir cote des populations. Donc, quelque part, je crois que la durée a certainement joué et les gens ont pensé qu’un nouvel espoir peut être né avec un nouveau changement. Ce sont des hypothèses.

Mais est-ce que vous avez senti venir... ?

Non, je n’ai pas senti venir parce qu’en réalité notre bilan a toujours été positif et nos perspectives étaient également rassurantes, surtout avec les possibilités que nous offrait la coopération décentralisée, notamment les financements de la Banque Mondiale, de l’Union Européenne, en ce qui concerne la voirie. Nous avions atteint un rythme de croisière en matière de réalisations. Donc, on ne pouvait pas voir venir. Et surtout cette campagne nous avait donné beaucoup d’espoir. Parce que quand nous avons vu le déferlement des foules, la passion et l’engouement que cette campagne a suscités, on ne peut pas voir que nous allions droit vers la défaite.

Certains Ziguinchorois vous attaquent sur votre bilan qui ne serait pas, à leurs yeux, positif, à en juger par ces routes abîmées, ces problèmes d’assainissement et d’éclairage public. Qu’est-ce que vous leur répondez ?

Non. D’abord ces rues abîmées ont été construites… par moi. Deuxièmement sur 42 km environ, les 30 km à peu près sont des routes de l’Etat. Ce sont des routes classées qui appartiennent au gouvernement, c’est-à-dire au domaine national. C’est l’Etat qui doit alors entretenir ces routes. Le classement de ces routes a été fait par moi-même quand j’étais ministre de l’Equipement pour toutes capitales régionales. Il existe un fonds routier pour entretenir ces routes. Mais vous constaterez avec moi que le gouvernement ne s’est jamais occupé de les entretenir pour des raisons politiques que vous devinez très certainement. En matière de voirie, nous avons doublé le réseau ; nous avons aussi fait des pas de géant en matière d’éclairage public. Ziguinchoir fait partie des villes les mieux éclairées du pays. En plus, nous avons réalisé 45 km de réseau d’adduction d’eau. Sans compter les marchés construits : Saint-Maure, Escale, Tilène, Banéto, Néma. La gare routière, les dispensaires municipaux construits dans chaque quartier, et les foyers des jeunes viennent allonger le bilan. La coopération décentralisée nous a aidé à réaliser des équipements scolaires et sanitaires. Nous avons reçu une aide en équipement sanitaire d’une valeur de 400 millions F Cfa. Donc, s’il s’agissait de bilan, nous devions logiquement l’emporter. C’est comme lors de la présidentielle de 2000, malgré le bilan positif du Parti socialiste (Ps) - puisque tous les voyants étaient au vert - il a été battu.

Le baobab déraciné, Robert Sagna a-t-il d’autres ambitions politiques ?

Ecoutez, j’appartiens à un parti politique qui avait participé à la présidentielle de 2007. Donc, mon parti a comme ambition la conquête du pouvoir et nous allons y travailler, en visant une nouvelle alternance. D’ailleurs, il n’y a pas que la commune de Ziguinchor. Nous avons gagné la majorité des collectivités locales. Par exemple, dans le département de Bignona, sur les 18 collectivités locales, nous avons raflé les 1O.

Avec ces élections locales, on pourrait valablement penser à une redistribution des cartes au sein de la Conférence des leaders de Benno Siggil Senegaal. Est-ce qu’avec cette défaite vous n’y allez pas affaibli ?

Le bilan se fera sur l’ensemble de la région que je contrôle. Ma base est régionale.

Etes-vous prêt à travailler avec la nouvelle équipe municipale qui a de fortes chances d’être dirigée par Abdoulaye Baldé ?

Je suis disposé à travailler avec n’importe quel fils de Casamance si son ambition est de défendre les intérêts des populations et d’œuvrer pour leur bien-être.

Quels conseils donnerez-vous à ce « bleu » - au sens figuré comme au sens propre - pour réussir sa mission à la tête de l’institution que vous avez dirigée plus de vingt ans durant ?

Je ne peux pas donner des conseils. Chacun vient avec ses méthodes. C’est pourquoi je n’ai pas de leçons à donner à priori.

(Envoyé Spécial).

Les exergues

N° 1 « Mais je crois que l’achat des consciences a beaucoup joué dans cette défaite. Beaucoup de cartes d’électeurs ont été rachetées au prix fort, des tissus ont été distribués. Dans une zone sinistrée comme la Casamance, Ziguinchor en particulier, vous voyez bien l’effet ravageur que cela peut faire. Donc, une très forte pression, beaucoup d’argent, je crois, en partie, la défaite peut s’expliquer par cela ».

N°2 – « Parce que quand nous avons vu le déferlement des foules, la passion et l’engouement que cette campagne a suscités, on ne peut pas voir que nous allions droit vers la défaite »

N°3- « S’il s’agissait de bilan, nous devions logiquement l’emporter. C’est comme lors de la présidentielle de 2000, malgré le bilan positif du Parti socialiste (Ps) - puisque tous les voyants étaient au vert - il a été battu ».
source sud quotidien

Pape Alé Niang


1.Posté par sidou konta le 24/03/2009 08:27 | Alerter
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Je crois c'est pas mal d'alterner les choses à zgchor surtout que si on se refere aux manque criard de l'emploi dans cette localitéé de la casamance.
je felicite Mr Balde qui vient de montrer aux populations que seul travail pays,mais egalement d'encourager Mr Robert Sagna qui a reconnu sa defaite.

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