Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Pour la même raison qui m’a décidée à créer l’association antiraciste Les Indivisibles : je voulais écrire ce que j’avais trouvé nulle part ailleurs. Je voulais pointer du doigt le « racisme atmosphérique » auquel j’étais exposé mais que très peu de personnes dénonçaient, mon expérience du racisme, parfois assez complaisant. Certaines personnes par exemple me prêtent des qualités en danse ou en sport qu'elles attribuent à ma couleur de peau, me félicitent parce que je parle bien français, me demandent d’où je viens alors que je suis Française. Ce sont des choses qui n’ont l’air de rien mais qui font, qu’à force, on se pose des questions.
Vous êtes donc partie de votre propre expérience ?
Je ne suis pas extérieure au phénomène, j’en suis partie prenante et je l'assume. J’ai donc décidé de travailler à partir d’arguments, de théories, d’ouvrages mais sans oublier à chaque fois de renvoyer à une anecdote précise. Car le racisme est une réalité très concrète. Donner des exemples, c’est un moyen de ne pas se couper des gens. Tant que l’on n’a pas vécu ce quotidien, on ne peut pas s’imaginer ce que c’est. Je voulais le raconter sans culpabiliser, en ne me contentant pas de prêcher des convaincus mais au contraire en touchant le maximum de personnes.
Vous proposez une nouvelle définition du racisme, moins conventionnelle, pourquoi?
On peut être raciste, même en ayant de bonnes intentions. Tous les racistes ne sont pas des salauds. Ce n’est pas dramatique dès lors que l’on est capable de remettre ces préjugés en question. Il faut dédramatiser cette question du racisme. Il y a un tel tabou autour que lorsque quelqu’un dérape, il y a toujours quelqu’un d’autre pour le défendre et s’exclamer : « Moi je le connais très bien, il n’est pas raciste, au contraire, c’est quelqu’un de charmant. » Tant que l’on continuera à considérer que le racisme, c’est égal à Jean-Marie Le Pen et que cela fait de vous quelqu’un de foncièrement méchant, on n’avancera pas. Car dans ce cas, qui est raciste ? J’ai voulu donner une définition du racisme plus large et souple, déconnectée de la morale.
Que pensez-vous du contexte actuel qui voit Marine Le Pen monter dans les sondages?
Plus que la montée du Front national, c’est la contamination de son discours dans les sphères du pouvoir qui m’inquiète. Je n’ai jamais entendu autant de choses odieuses, le racisme est désormais décomplexé. Je trouve les élites de plus en plus virulentes. Sous couvert de « on dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas », elles tiennent des propos qu’il était honteux avant de tenir. Je suis le fruit d’un contexte : celui d’une France où le racisme devient de plus en plus central.
A partir de ce constat, que préconisez-vous pour lutter contre le racisme que vous décrivez ?
La solution passe par la prévention et l'éducation. On a tous des préjugés, c’est la manière dont fonctionne le cerveau humain. Mais il faut être capable de les remettre en question. Pour cela, je pense qu’il faut pouvoir mobiliser les capacités de vigilance des citoyens à travers les réseaux sociaux notamment qui représentent de réelles instances de contestation aujourd’hui.
Propos recueillis par Claire Hache
http://www.elle.fr/
Pour la même raison qui m’a décidée à créer l’association antiraciste Les Indivisibles : je voulais écrire ce que j’avais trouvé nulle part ailleurs. Je voulais pointer du doigt le « racisme atmosphérique » auquel j’étais exposé mais que très peu de personnes dénonçaient, mon expérience du racisme, parfois assez complaisant. Certaines personnes par exemple me prêtent des qualités en danse ou en sport qu'elles attribuent à ma couleur de peau, me félicitent parce que je parle bien français, me demandent d’où je viens alors que je suis Française. Ce sont des choses qui n’ont l’air de rien mais qui font, qu’à force, on se pose des questions.
Vous êtes donc partie de votre propre expérience ?
Je ne suis pas extérieure au phénomène, j’en suis partie prenante et je l'assume. J’ai donc décidé de travailler à partir d’arguments, de théories, d’ouvrages mais sans oublier à chaque fois de renvoyer à une anecdote précise. Car le racisme est une réalité très concrète. Donner des exemples, c’est un moyen de ne pas se couper des gens. Tant que l’on n’a pas vécu ce quotidien, on ne peut pas s’imaginer ce que c’est. Je voulais le raconter sans culpabiliser, en ne me contentant pas de prêcher des convaincus mais au contraire en touchant le maximum de personnes.
Vous proposez une nouvelle définition du racisme, moins conventionnelle, pourquoi?
On peut être raciste, même en ayant de bonnes intentions. Tous les racistes ne sont pas des salauds. Ce n’est pas dramatique dès lors que l’on est capable de remettre ces préjugés en question. Il faut dédramatiser cette question du racisme. Il y a un tel tabou autour que lorsque quelqu’un dérape, il y a toujours quelqu’un d’autre pour le défendre et s’exclamer : « Moi je le connais très bien, il n’est pas raciste, au contraire, c’est quelqu’un de charmant. » Tant que l’on continuera à considérer que le racisme, c’est égal à Jean-Marie Le Pen et que cela fait de vous quelqu’un de foncièrement méchant, on n’avancera pas. Car dans ce cas, qui est raciste ? J’ai voulu donner une définition du racisme plus large et souple, déconnectée de la morale.
Que pensez-vous du contexte actuel qui voit Marine Le Pen monter dans les sondages?
Plus que la montée du Front national, c’est la contamination de son discours dans les sphères du pouvoir qui m’inquiète. Je n’ai jamais entendu autant de choses odieuses, le racisme est désormais décomplexé. Je trouve les élites de plus en plus virulentes. Sous couvert de « on dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas », elles tiennent des propos qu’il était honteux avant de tenir. Je suis le fruit d’un contexte : celui d’une France où le racisme devient de plus en plus central.
A partir de ce constat, que préconisez-vous pour lutter contre le racisme que vous décrivez ?
La solution passe par la prévention et l'éducation. On a tous des préjugés, c’est la manière dont fonctionne le cerveau humain. Mais il faut être capable de les remettre en question. Pour cela, je pense qu’il faut pouvoir mobiliser les capacités de vigilance des citoyens à travers les réseaux sociaux notamment qui représentent de réelles instances de contestation aujourd’hui.
Propos recueillis par Claire Hache
http://www.elle.fr/