Le tambour-major Derguene Diouf est aussi un moniteur des collectivités éducatives du Sénégal. Cet éducateur préscolaire et animateur culturel à l’Agence régionale de la Case des Tout-petits de Thiès, est l’initiateur des Majorettes dans les écoles.
Deurguene Diouf, en tant que musulman, observe avec les membres de son orchestre le mois béni de Ramadan. « Les instruments sont rangés dans les tiroirs, ils sont au repos. Nous sommes des musulmans et nous sommes obligés de respecter les exigences du jeûne. Le folklore et le ramadan ne vont pas de pair », explique-t-il. Dès lors, ce mois devient difficile à vivre pour les griots et autres batteurs de tams-tams, selon Derguene Diouf.
« Les cérémonies où l’on demande nos services comme le tam-tam de nuit ou « tanneber », le mariage, le baptême, le meeting, le « laabaan », l’investiture d’une autorité politique, « le kasak » sont rarement organisées pendant le Ramadan.
Les mariages se font dans la plus grande sobriété sans l’utilisation des percussions. Les gens préfèrent attendre la fin du Ramadan pour renouer avec l’ambiance. Ce qui entraîne inévitablement, une baisse de revenus des griots ou batteurs », dit-il.
Cette situation crée des désagréments aux chefs de famille qu’ils sont. « Nous parvenons à joindre les deux bouts d’une manière difficile compte tenu du manque d’activités. Nous sommes des griots, nous l’admettons mais nous ne tendons pas la main pour faire vivre nos familles. Nous monnayons nos talents. Grâce à l’appui des personnalités politiques et autres, nous réussissons à nous en sortir ».
Les griots de Thiès refusent d’être les derniers de la société. Ils se sont organisés pour éviter de vivre dans la précarité. « Nous avons créé une association des griots-batteurs et nous venons d’obtenir un récépissé de reconnaissance pour faire valoir nos droits d’auteurs. Nous comptons organiser des cérémonies à entrée payante ou des cérémonies à parrainage », a révélé leur président, qui leur souhaite un bon Ramadan et une bonne fête de Korité.
En bon griot, Deurguene Diouf tient à certaines valeurs et les rappelle à ses collègues griots-batteurs : « Je leur dis de préserver leur personnalité et leur dignité surtout en cette période de campagne électorale ».
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La soirée organisée en 2016 par les griots de Thies