Hier, il est arrivé à l’Assemblée nationale sous bonne escorte, gyrophare au vent. Il arpentera fièrement les escaliers qui mènent au hall, qu’il traversera solennellement, la mine grave. Il, c’est le Pr Iba Der Thiam, premier vice-président de l’Assemblée nationale. C’est au nom de cet enviable rang qu’il assure l’intérim de Macky Sall, sanctionné négativement par cent onze députés libéraux dimanche dernier. Quand sera-t-il remplacé ? « Posez la question aux membres du groupe parlementaire majoritaire », nous sert un non-inscrit : comme pour nous dire que le président de l’Assemblée nationale est forcément partisan. La même question répétée à un membre du groupe parlementaire « libéral et démocratique » accouchera de « posez-moi des questions auxquelles je peux répondre ». L’honorable député, avocat de son état, se reconnaîtra. Plus agréable à parler, le député Seydou Diouf lâchera : « Ce sera fait rapidement, parce qu’il n’est pas dans notre intérêt de ne pas choisir un président ». Il avait verrouillé, après avoir avancé qu’il voterait pour « le candidat le plus compétent » ; même s’il s’appelle Ndiawar Touré. Moins retenu, un de ses collègues nous confiera, dans l’anonymat, que « seul Me Wade sait en définitive celui qui remplacera Macky Sall, parce qu’il s’agit de restaurer la confiance entre le président de la République et l’Assemblée nationale ; car c’est cette rupture qui a coûté à Macky Sall son poste ». Le professeur Iba Der Thiam a-t-il des chances d’être élu président de l’Hémicycle ? Notre source de soutenir que « c’est fort possible. Cependant, le cas échéant, ce sera un couteau à double tranchant ». En plus clair, « même s’il en a la compétence et la carrure, Iba Der Thiam pourrait trouver sur son chemin de nombreux libéraux qui l’étiquettent ami de Me Wade de la vingt-cinquième heure ». Autrement, le député Iba Der Thiam pourrait bénéficier d’un « cadeau empoisonné ». Le temps que Me Wade résolve l’énigme, le professeur assure fièrement, et un peu difficilement, l’intérim. Mercredi dernier, il a apostrophé très souvent des députés, qui en étaient même venus aux injures. Le Professeur peut persévérer, le remplacement du président de l’Assemblée nationale n’étant pas « immédiatement obligatoire ». Macky Sall a-t-il tort de prédire que désormais l’institution, qu’il dirigeait, est engagée dans « l’instabilité » ? En tout état de cause, son successeur aura une tâche titanesque : rétablir la discipline, restaurer le travail et plaire à la majorité des députés et au président de la République.
Auteur: Alioune Badara DIALLO
Auteur: Alioune Badara DIALLO