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Restrictions dans les tournées politiques : Tentative de musèlement ou victimisation de l’opposition ?

Alors que certains candidats de l’opposition, comme Khalifa Ababacar Sall et Dr. Babacar Diop, mènent leurs activités sans être inquiétés, d’autres, comme Malick Gackou et Bougane Guèye Dany, se plaignent de tentatives d’intimidation et de sabotage. Du deux poids, deux mesures, selon leurs soutiens, une simple tentative de victimisation, accusent leurs pourfendeurs.


Rédigé par leral.net le Vendredi 22 Septembre 2023 à 10:59 | | 0 commentaire(s)|

C’ est devenu un effet de mode. Il ne se passe presque plus une semaine sans voir des politiciens de l’opposition se plaindre de sabotage de leurs convois, dans le cadre de leurs tournées politiques. En partance, avant-hier, pour Kédougou, pour présenter ses condoléances à la famille des victimes des récentes manifestations de Khossanto, le candidat de Gueum sa Bopp, Bougane Guèye Dany, a regretté des entraves orchestrées par des éléments appartenant aux forces de défense et de sécurité.

Dans une note reçue à “EnQuête”, son équipe de communication informe : “Le voyage de Bougane Guèye Dany vers Kédougou a été confronté à un obstacle inattendu, lorsque le cortège a été bloqué à Koussanar, dans la région de Tambacounda, par les forces de l'ordre. Cette nouvelle entrave suscite la frustration de l'opposant”.

Interpelé sur les circonstances et moments de ces entraves, ce membre de la cellule de communication précise : “C’était entre 12 h et 13 h. Ils ont arrêté le cortège ; ils ont demandé pourquoi ce rassemblement ? Est-ce qu’ils ont une autorisation ? Vont-ils à une manifestation ? Ils ont essayé de les accuser de troubler l’ordre public, après avoir vérifié la conformité des documents de toutes les voitures du cortège. Par la suite, après appels et des va-et-vient, ils ont laissé partir les membres de la délégation. Destination Khossanto”.

De l’avis du staff de l’opposant, l’Administration fait du deux poids, deux mesures, parce que pendant qu’on créait des problèmes à leur candidat qui menait un “voyage humanitaire”, celui de Benno Bokk Yakaar menait tranquillement ses activités, qui pourraient être assimilées à une campagne déguisée.

Cette nouvelle entrave suscite la frustration de l'opposant, d'autant plus que, pendant ce temps, une autre personnalité politique, Amadou Bâ, bénéficie d'une escorte sécuritaire et de l'accueil des autorités préfectorales, pour assister au lancement officiel des travaux de bitumage de la route Pire - Méouane - Daya Diop. Cette initiative soulève des questions, alors que nous sommes à seulement cinq mois des élections, suscitant des doutes quant à ses véritables intentions : s'agit-il d'une campagne déguisée, tandis que les opposants peinent à organiser des rencontres paisibles avec leurs partisans ?”, s’interroge l’homme d’affaires politicien.

Si le candidat de Gueum sa Bopp a pu continuer son trajet sur Kédougou à la suite de cette brève interruption au niveau de Koussanar, Malick Gackou, lui, semble avoir moins de chance. Depuis qu’il a entamé sa tournée politique dans le Nord, il ne se passe pas un jour sans voir ses soutiens dénoncer dans les réseaux sociaux, des tentatives de sabotage des FDS, sur instruction de l’Administration territoriale.

Les dernières en date ont été notées dans la région de Saint-Louis, où il était hier. Sur sa page Facebook, le candidat regrette : “Comme partout où je suis passé avec ma caravane ‘Yoonu Ndam li’ (le chemin de la victoire, en wolof), la police et la gendarmerie sont déterminées à m’empêcher de circuler librement, allant même jusqu’à user du gaz lacrymogène pour disperser mes militants. Triste image pour notre démocratie”.

Dans un communiqué, la section dakaroise du Grand parti dénonce une “folie répressive” sur leur chef et candidat à la Présidentielle. “Les responsables et militants du Grand parti du département de Dakar, s’insurgent contre l’excès de zèle manifesté par les FDS, qui n’ont pas hésité à gazer et jeter des projectiles sur un candidat, qui n’a fait qu’exercer sa liberté de déplacement, un droit garanti par la Constitution”, lit-on dans le communiqué.

Selon le document, depuis que Malick Gackou est arrivé à Ndande (Louga, où devait débuter sa tournée), des arrêtés et communiqués violant toutes les règles de droit et émanant des autorités administratives, ont servi de prétextes pour intimider leur candidat. “Malgré ce harcèlement et ces tentatives d’intimidation indignes d’un État de droit, la coalition Gackou 2024 et son leader sont déterminés à aller à la rencontre des Sénégalais partout où ils se trouvent”, fulminent les responsables du Grand parti à Dakar.

Tout a commencé au niveau de Richard-Toll. Dans une vidéo partagée par les amis de Malick Gackou, on peut y voir le candidat en pleine discussion avec les officiers de police. Lesquels lui ont notifié un arrêté du Gouverneur, le sommant de mettre un terme à ses activités, pour défaut de déclaration préalable, conformément à la loi (voir encadré). Sur la vidéo, on entend le MC qui proteste pendant que Gakou échange avec les hommes en tenue.

Les gens de la majorité sont en train de mener leurs activités politiques tranquillement, mais nous, on nous interdit de mener les nôtres. On est dans quel pays ? C’est injuste”. Puis, le public scande : “Libérez Gackou ! Libérez Gackou… !”.

L’autorité invoque une violation de la loi et l’absence de déclaration

Pour en savoir davantage sur ces interdictions tous azimuts, “EnQuête” a essayé de joindre le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Maham Kâ, mais en vain. Toutefois, le document du gouverneur de Saint-Louis, notifié à Malick Gackou, a été plus ou moins explicite.

À en croire l’autorité, l’organisation des manifestations sur la voie publique est assujettie à des règles précises. Le gouverneur explique à Malick Gackou : “Il m’a été donné de constater votre présence dans le département de Podor, à la tête d’une procession motorisée, depuis la nuit du 18 au 19 septembre.

Selon toute vraisemblance, cette activité se poursuivrait dans les autres départements de la région de Saint-Louis. À cet effet, je voudrais rappeler que la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que les manifestations et autres réunions, sont rigoureusement encadrées par un dispositif législatif, lorsqu’il s’agit de la voie publique.


Aussi, fait remarquer le gouverneur, “l’absence de déclaration d’une manifestation sur la voie publique, auprès de l’autorité administrative compétente, s’assimile-t-elle à un attroupement obligeant les forces de sécurité à procéder à sa dispersion. Dans ce sens, je vous renvoie aux dispositions de la loi n°78-02 du 29 janvier 1978 relatives aux réunions et à celles de la loi n°74-13 du 24 juin 1974 abrogeant et remplaçant les dispositions du Code pénal”.

Par conséquent, souligne le gouverneur, “je vous saurais gré de prendre en toute responsabilité, les mesures nécessaires afin de mettre un terme à cette situation”. Malgré cette notification, Malick Gackou et les siens ont poursuivi leur caravane. Partout, la police ou la gendarmerie sont intervenues pour disperser la manifestation, non sans heurts dans certaines situations.






EnQuête