En cette période de fortes chaleurs, la question de la cherté des factures d’électricité du “baadola” (citoyen débrouillard) se pose avec acuité. Les Sénégalais dans leur immense majorité, continuent de dénoncer des factures d’électricité qui, dans certains cas, sont multipliées par deux, voire trois. Une hausse qui concerne divers modes de paiement : compteurs traditionnels, prépayés.
Il y a quelques temps, le Directeur général de la Sénélec, Pape Demba Bitèye, interrogé par nos confrères de ‘’l’Observateur’’, semblait attribuer cette hausse à cette période de fortes chaleurs.
‘’Cette hausse est testée par la pointe mesurée par nos services techniques. La pointe est passée de 700 MW à 1048 MW, de janvier 2023 à octobre 2023, soit une hausse de près de 50 %. Ce sont donc les effets de cette hausse de la consommation, qui entraînent l’augmentation des factures’’, expliquait-il.
Concernant la facturation pour les compteurs traditionnels, le patron de la Senelec avait aussi nié toute augmentation des tarifs d’électricité, notamment pour les clients concernés par la tranche sociale (-150 KWh).
Pour cette tranche, disait-il, le tarif n’a pas varié et tous ceux dont la consommation d’énergie est inférieure ou égale à cette limite, ne sont pas affectés par l’ajustement tarifaire. Que cette hausse a surtout affecté les consommateurs pensionnaires des seconde et troisième tranches, supérieures à une consommation moyenne de 150 kWh.
Le DG de la Senelec poursuivait : ‘’Il n’y a pas de problèmes sur les compteurs Woyofal. Les seules récriminations que nous notons, sont les tarifs différenciés, selon les valeurs de consommation’’.
Mais cette explication ne semble pas convaincre Khadim Kébé, tailleur de son état, qui précise que l’approvisionnement de son compte Woyofal a sensiblement baissé. ‘’Normalement, quand je mettais la somme de 10 000 FCfa, je pouvais disposer de 47 kWh, alors qu’aujourd’hui, avec la même somme, je ne dispose que de 40 kWh. J’ai constaté cette hausse, bien avant le Magal (4 septembre) et ça perturbe profondément notre activité’’.
Pétition des consommateurs : nouvelle rencontre avec la Sénélec, ce 13 novembre
Entre-temps, la journaliste Oumy Ndour a lancé une pétition contre la hausse abusive des factures d’électricité, qui a connu un franc succès (42 000 signatures). Déposée au siège de la Direction générale de la Sénélec, elle a permis de faire bouger les lignes. Le chef de l’État a abordé la question en Conseil des ministres et donné des instructions. Également, la Commission de régulation du secteur de l’énergie (CRSE) est entrée dans la danse.
‘’Nous avons décidé de faire face à cette hausse vertigineuse des factures d’électricité de nos compatriotes, dans la mesure où les gens n’arrivent pas à comprendre. En moyenne, je payais ma facture bimestrielle près de 67 000 FCfa, alors que la dernière facture s’élevait à 117 000 FCfa, alors que j’étais absente de ma maison pendant au moins 20 jours’’, soutient la journaliste au téléphone.
À la suite de cette rencontre, la direction de la Sénélec a demandé aux clients, de déposer des réclamations au niveau des agences de la Senelec et une nouvelle rencontre est prévue le 13 novembre, pour faire un état des lieux sur cette situation. ‘’Nous avons aussi déposé notre pétition au niveau de la Médiature, où on a échangé avec le médiateur Demba Kandji. On prévoit aussi de saisir l’Assemblée nationale concernant cette question’’.
Nébuleuse autour de la production énergétique
Selon plusieurs spécialistes, cette hausse inexpliquée serait la résultante d’une nébuleuse autour de la gestion de la Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec). Dans son livre “Macky Sall autopsie d’un pouvoir africain’’, le journaliste Yérim Seck a dénoncé le manque de transparence dans la gestion de cette société.
‘’L’État du Sénégal allait, pour l’exercice budgétaire 2022, subventionner la Senelec à hauteur de 304 milliards FCfa, pour bloquer les tarifs de l’électricité afin de soulager les ménages. Il est permis de dire sans risque de se tromper que l’État n’aurait pas eu besoin d’injecter le moindre penny dans ce secteur, si les fonds qui y circulent, étaient gérés dans la transparence, si des centaines de milliards n’y avaient pas été volés chaque année par un système occulte de surfacturations, d’intermédiations, de commissions et de rétrocommissions. Le montage, sophistiqué, part de la Russie pour passer par Dubaï et atterrir dans des paradis fiscaux’’, peut-on lire dans le livre.
L’ancien journaliste du magazine ‘’Jeune Afrique’’, a aussi déploré des surfacturations de 21 millions de dollars, des commissions occultes à des traders basés à Dubaï, la corruption, entre autres.
À la suite de la publication de ce livre, le sieur Bitèye a réfuté ces accusations, en parlant d'informations erronées, pour disposer du contrat qui régit les relations entre les parties et avait promis de poursuivre en justice Cheikh Yerim Seck.
La transition vers le gaz pour réduire les factures d’électricité
Par ailleurs, la baisse de la subvention sur le carburant en janvier dernier et le conflit russo-ukrainien, a entraîné une hausse du fioul qui constitue le principal combustible des centrales thermiques de la Senelec. La compagnie qui doit conduire sa transition vers les centrales à gaz, en abandonnant progressivement l’usage du fioul, peine à assurer cette transition.
Selon les autorités, cette transition devrait aboutir à la baisse du coût de production de l’électricité et progressive, vers une baisse des prix.
Néanmoins, pour le journaliste Abdou Diouf Junior, spécialiste des questions énergétiques, cette transition vers une production basée sur le gaz, devrait se dérouler de manière progressive. La création du réseau gazier sénégalais va permettre d’alimenter les centrales gazières électriques au gaz et les anciennes centrales accueilleront des modifications, leur permettant de fonctionner en partie avec du gaz, sans pour autant renoncer entièrement au fioul.
Concernant la baisse de la subvention de l’État sur les carburants qui serait à l’origine de cette hausse, le journaliste se veut plus prudent : ‘’On ne dispose pas assez d’études pour savoir si cette baisse de subvention du carburant a eu un impact sur une éventuelle hausse du prix de l’électricité. La subvention avait atteint environ 150 milliards en 2019 et ce n’est pas un système viable, car uniquement fait pour permettre aux consommateurs de supporter le coût de production de l’électricité. Il faut trouver une alternative, en poussant l'État à prendre en partie ces coûts, pour soulager les ménages qui ne peuvent pas porter toutes les charges inhérentes à la production d'énergie’’, conclut-il.
Il y a quelques temps, le Directeur général de la Sénélec, Pape Demba Bitèye, interrogé par nos confrères de ‘’l’Observateur’’, semblait attribuer cette hausse à cette période de fortes chaleurs.
‘’Cette hausse est testée par la pointe mesurée par nos services techniques. La pointe est passée de 700 MW à 1048 MW, de janvier 2023 à octobre 2023, soit une hausse de près de 50 %. Ce sont donc les effets de cette hausse de la consommation, qui entraînent l’augmentation des factures’’, expliquait-il.
Concernant la facturation pour les compteurs traditionnels, le patron de la Senelec avait aussi nié toute augmentation des tarifs d’électricité, notamment pour les clients concernés par la tranche sociale (-150 KWh).
Pour cette tranche, disait-il, le tarif n’a pas varié et tous ceux dont la consommation d’énergie est inférieure ou égale à cette limite, ne sont pas affectés par l’ajustement tarifaire. Que cette hausse a surtout affecté les consommateurs pensionnaires des seconde et troisième tranches, supérieures à une consommation moyenne de 150 kWh.
Le DG de la Senelec poursuivait : ‘’Il n’y a pas de problèmes sur les compteurs Woyofal. Les seules récriminations que nous notons, sont les tarifs différenciés, selon les valeurs de consommation’’.
Mais cette explication ne semble pas convaincre Khadim Kébé, tailleur de son état, qui précise que l’approvisionnement de son compte Woyofal a sensiblement baissé. ‘’Normalement, quand je mettais la somme de 10 000 FCfa, je pouvais disposer de 47 kWh, alors qu’aujourd’hui, avec la même somme, je ne dispose que de 40 kWh. J’ai constaté cette hausse, bien avant le Magal (4 septembre) et ça perturbe profondément notre activité’’.
Pétition des consommateurs : nouvelle rencontre avec la Sénélec, ce 13 novembre
Entre-temps, la journaliste Oumy Ndour a lancé une pétition contre la hausse abusive des factures d’électricité, qui a connu un franc succès (42 000 signatures). Déposée au siège de la Direction générale de la Sénélec, elle a permis de faire bouger les lignes. Le chef de l’État a abordé la question en Conseil des ministres et donné des instructions. Également, la Commission de régulation du secteur de l’énergie (CRSE) est entrée dans la danse.
‘’Nous avons décidé de faire face à cette hausse vertigineuse des factures d’électricité de nos compatriotes, dans la mesure où les gens n’arrivent pas à comprendre. En moyenne, je payais ma facture bimestrielle près de 67 000 FCfa, alors que la dernière facture s’élevait à 117 000 FCfa, alors que j’étais absente de ma maison pendant au moins 20 jours’’, soutient la journaliste au téléphone.
À la suite de cette rencontre, la direction de la Sénélec a demandé aux clients, de déposer des réclamations au niveau des agences de la Senelec et une nouvelle rencontre est prévue le 13 novembre, pour faire un état des lieux sur cette situation. ‘’Nous avons aussi déposé notre pétition au niveau de la Médiature, où on a échangé avec le médiateur Demba Kandji. On prévoit aussi de saisir l’Assemblée nationale concernant cette question’’.
Nébuleuse autour de la production énergétique
Selon plusieurs spécialistes, cette hausse inexpliquée serait la résultante d’une nébuleuse autour de la gestion de la Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec). Dans son livre “Macky Sall autopsie d’un pouvoir africain’’, le journaliste Yérim Seck a dénoncé le manque de transparence dans la gestion de cette société.
‘’L’État du Sénégal allait, pour l’exercice budgétaire 2022, subventionner la Senelec à hauteur de 304 milliards FCfa, pour bloquer les tarifs de l’électricité afin de soulager les ménages. Il est permis de dire sans risque de se tromper que l’État n’aurait pas eu besoin d’injecter le moindre penny dans ce secteur, si les fonds qui y circulent, étaient gérés dans la transparence, si des centaines de milliards n’y avaient pas été volés chaque année par un système occulte de surfacturations, d’intermédiations, de commissions et de rétrocommissions. Le montage, sophistiqué, part de la Russie pour passer par Dubaï et atterrir dans des paradis fiscaux’’, peut-on lire dans le livre.
L’ancien journaliste du magazine ‘’Jeune Afrique’’, a aussi déploré des surfacturations de 21 millions de dollars, des commissions occultes à des traders basés à Dubaï, la corruption, entre autres.
À la suite de la publication de ce livre, le sieur Bitèye a réfuté ces accusations, en parlant d'informations erronées, pour disposer du contrat qui régit les relations entre les parties et avait promis de poursuivre en justice Cheikh Yerim Seck.
La transition vers le gaz pour réduire les factures d’électricité
Par ailleurs, la baisse de la subvention sur le carburant en janvier dernier et le conflit russo-ukrainien, a entraîné une hausse du fioul qui constitue le principal combustible des centrales thermiques de la Senelec. La compagnie qui doit conduire sa transition vers les centrales à gaz, en abandonnant progressivement l’usage du fioul, peine à assurer cette transition.
Selon les autorités, cette transition devrait aboutir à la baisse du coût de production de l’électricité et progressive, vers une baisse des prix.
Néanmoins, pour le journaliste Abdou Diouf Junior, spécialiste des questions énergétiques, cette transition vers une production basée sur le gaz, devrait se dérouler de manière progressive. La création du réseau gazier sénégalais va permettre d’alimenter les centrales gazières électriques au gaz et les anciennes centrales accueilleront des modifications, leur permettant de fonctionner en partie avec du gaz, sans pour autant renoncer entièrement au fioul.
Concernant la baisse de la subvention de l’État sur les carburants qui serait à l’origine de cette hausse, le journaliste se veut plus prudent : ‘’On ne dispose pas assez d’études pour savoir si cette baisse de subvention du carburant a eu un impact sur une éventuelle hausse du prix de l’électricité. La subvention avait atteint environ 150 milliards en 2019 et ce n’est pas un système viable, car uniquement fait pour permettre aux consommateurs de supporter le coût de production de l’électricité. Il faut trouver une alternative, en poussant l'État à prendre en partie ces coûts, pour soulager les ménages qui ne peuvent pas porter toutes les charges inhérentes à la production d'énergie’’, conclut-il.