leral.net | S'informer en temps réel

Rupture de médicaments anticancéreux: Une double peine pour les malades

Depuis quelques jours, des malades du cancer font face à une double peine en raison de la pénurie de certains médicaments anticancéreux. Ils subissent ainsi des retards de traitement.


Rédigé par leral.net le Jeudi 11 Février 2021 à 08:51 | | 0 commentaire(s)|

Rupture de médicaments anticancéreux: Une double peine pour les malades
Joint par téléphone, mardi 9 février, l’oncologue à l’Institut Curie de l’Hôpital Aristide Le Dantec, Dr. Doudou Diouf, a fait savoir que la rupture de médicaments comme l’Endoxan est réelle et que malades de cancer sont dans le désarroi. Ils sont privés de traitement depuis près de deux semaines. Pour cause, des médicaments utilisés de façon prioritaire ou récurrente dans le traitement des cancers, sont devenus introuvables au Sénégal.

«Il y a certains médicaments qui manquent notamment l’Endoxan qui est essentiel dans la chimiothérapie du cancer du sein. Sans ce médicament-là, on ne peut pas faire la première phase du traitement et le cancer a évolué malheureusement chez les malades qui ne démarrent pas», a fait savoir Dr. Doudou Diouf.

Pis, a-t-il ajouté, «même les malades du cancer du sein qui avaient déjà démarré, sont en rupture de traitement et risquent de perdre les bénéfices du traitement qu’ils avaient déjà entamé».

En effet, l’Endoxan n’est pas le seul médicament contre le cancer en pénurie au Sénégal. Il manque aussi l’Oxaliplatine, essentiel dans le traitement contre les cancers du colon. «Un autre problème beaucoup plus grave, c’est la rupture de l’Oxaliplatine, un médicament pour la chimiothérapie des cancers du colon. Il est également en rupture depuis deux semaines et c’est exactement les mêmes conséquences comme pour les cancers du sein», souligne l’oncologue.

Toutefois, à en croire Dr. Doudou Diouf, l’Oxaliplatine peut être remplacé par un autre médicament mais des risques peuvent se présenter chez les patients. «On peut le remplacer, peut-être, par l’Irinotécan qui est la deuxième ligne de traitement pour ces cancers du côlon mais si on le fait, les malades risquent de perdre une deuxième chance quand l’Oxaliplatine ne va plus marcher», a expliqué Dr. Doudou Diouf. Parmi les médicaments anticancéreux qui sont en rupture, il y a aussi l’Avastin «utilisé pour les thérapies ciblées dans les cancers de l’ovaire, du colon».

Face à l’inquiétude qui grandit, certains malades mènent le combat pour se procurer des médicaments à l’étranger. « Les malades cherchent un peu partout les médicaments et n’arrivent pas à trouver. Certains même envoient en France pour chercher, mais ce n’est pas possible, car ce n’est pas en vente en pharmacie parce que c’est des médicaments hospitaliers donc on ne peut pas les avoir», a tenu à préciser Dr. Doudou Diouf. Par conséquent, les malades devront attendre jusqu’à ce que les médicaments soient disponibles au Sénégal pour pouvoir poursuivre leur traitement.

Selon Dr. Lamtoro Mamadou Seck, Chef du Service Distribution de la Pharmacie Nationale d’approvisionnement, «les commandes devront être reçues dans une semaine au grand maximum».

«Un système d’approvisionnement performant anticipe les ruptures ou les endigue rapidement et efficacement. Les ruptures sont inhérentes à la chaîne d’approvisionnement mais il faut les maîtriser et les limiter à leur plus simple expression. Nous avons noté six produits phares en rupture sur les 52 anticancéreux que comptent la gamme (entre autres, on note la Cyclophosphamide, l’Oxaliplatine, le Tamoxifène, le Bévacizumab, la Vincristine).

Dans ce contexte de la pandémie de covid-19, il y a des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement (fabrication, transport des produits des fournisseurs vers Dakar). Néanmoins, on essaye de les limiter. Ces produits en rupture ont bénéficié de commandes qui devront être reçues dans une semaine au grand maximum. Le retour à la normale sera rapidement constaté comme en attestent les résultats obtenus sur 2020, avec une disponibilité de presque 85% qui a permis de prendre en charge correctement plus de 9500 patients
».





Sud Quotidien