Depuis près de deux ans, Senelec supportait, tel un boulet, la centrale Greenwich Turbine Inc. (Gti). L’accord à l’amiable trouvé avec la partie américaine pour le rachat de cette centrale, à près de 12 milliards FCFA, permet, sans doute, à l’Etat du Sénégal de rompre avec une situation qualifiée par certains d’« absurde ». En effet, entre juin 2008 et décembre 2009, l’Etat a versé à GTI 23 milliards de Fcfa de redevances, soit 800 millions par mois alors que l’entreprise américaine n’était pas en mesure de respecter ses engagements, du fait d’une panne de transformateur. Pour expliquer ce paradoxe, le ministre de l’Energie, Samuel Sarr, avait évoqué le 10 novembre 2009, devant les députés, les clauses du contrat (léonines) signé le 13 décembre 1996 avec Gti, clauses qui empêchaient à l’Etat de pouvoir dénoncer le contrat. Parallèlement, le Dg de la Senelec, Seydina Kane, avait justifié le fait que la compagnie d’électricité continuait de payer, au minimum, la location du matériel, bien qu’il ne soit plus fonctionnel, par le fait que la panne du transformateur est « un cas de force majeure provoquée par la nature défectueuse du réseau de Senelec ». Gti s’était engagé à remplacer le transformateur endommagé le 6 novembre 2009, mais n’avait pu respecter ce délai. En tout cas, cet accord est la suite logique de l’annonce du ministre, le 10 novembre dernier. Il avait cependant posé comme condition au rachat de la centrale la reprise des activités de GTI. Une reprise qui avait été initialement prévue en mi-février. Pour expliquer le retour des délestages début janvier, le directeur général de la Senelec, Seydina Kane, avait évoqué un déficit de production de 120 Mw, due essentiellement aux difficultés des producteurs privés dont le plus important est Gti. Avec sa capacité de 50 Mw, le retour de la centrale de Gti dans le réseau de SENELEC, annoncé pour début avril par Samuel Sarr, devrait permettre une meilleure stabilité dans la fourniture de l’électricité. Toutefois, Seydina Kane avait clairement dit que les délestages ne seront définitivement derrière nous qu’avec l’atteinte du critère N-2 (signifiant que la demande de pointe doit être satisfaite même en cas d’indisponibilités simultanées des deux plus grosses unités du parc à savoir Gti et Charbon, soit 175 Mw) qui ne devrait être effective qu’en décembre 2011.
Seydou KA
Seydou KA