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Sa condamnation corsée par la Cour d’Appel : Quelles chances s’offrent à Ousmane Sonko, pour sauver sa peau ?

Condamné à une peine de six mois de prison avec sursis assortie de 200 millions de francs de dommages et intérêts à payer à M. Mame Mbaye Niang, Ousmane Sonko risque d’être inéligible pour la présidentielle de 2024. Toutefois, la condamnation n’est pas définitive puisqu’il a encore la possibilité de se pourvoir en cassation. Mais avant l’issue finale de ce dossier judiciaire, plus que d’actualité, nous avons cherché à analyser les possibilités qui s’offrent au leader du Pastef pour rester sur la scène politique, au cas où la plus haute juridiction rejetterait son pourvoi. "Le Témoin"


Rédigé par leral.net le Samedi 13 Mai 2023 à 10:41 | | 0 commentaire(s)|

Le pourvoi en cassation...

Candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle, Ousmane Sonko sait que sont sort dépend en partie de la justice, seule habilitée à le rétablir dans ses droits, pour briguer les suffrages des Sénégalais en 2024.

Après sa condamnation par la Cour d’Appel de Dakar, il lui reste la possibilité de former un pourvoi en cassation, en espérant que la Cour suprême reviendra sur cette décision. Pour le moment, nul ne sait ce qu’il décidera, puisqu’il a désavoué une partie de la justice qu’il accuse d’être aux ordres de l’exécutif et de participer à son élimination pour l’élection de 2024. Surtout qu’il a choisi d’adopter une stratégie de désobéissance civile vis-à-vis de la justice.

Malgré ce manque de confiance vis-à-vis du pouvoir judiciaire qu’il juge partisan, on attend de voir si Ousmane Sonko, en accord avec son pool d’avocats et son parti, va quand même saisir la Cour suprême, en vue d’une cassation de la décision de la Cour d’Appel, ultime phase de la bataille judiciaire qui l’oppose au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Un pourvoi qui devrait se faire toutefois sans illusion, quand on connaît la manière dont notre justice est bien disposée à l’endroit du président de la République…

Sa participation au dialogue...

Le verdict de la Cour d’Appel condamnant Ousmane Sonko, a été prononcé dans un contexte politique très bouillant. Il intervient d’abord au lendemain de l’appel au dialogue du chef de l’État aux forces vives de la Nation. Une main tendue qui a installé une division au sein de la coalition Yewwi Askan Wi, entre les partisans au dialogue et ceux qui sont favorables au boycott de cette rencontre.

Cette divergence de vues sur le dialogue, a créé un clash entre les deux entités que sont le Pastef et Taxawu Dakar et pourrait même aboutir à une implosion de cette principale coalition de l’opposition.

En effet, chez les « Patriotes », on accuse Khalifa Sall et l’actuel maire de Dakar, de « trahison » et d’être les parties prenantes — avec le président de la République—d’un deal contre Ousmane Sonko. Alors que « Taxawu » campe sur sa décision de participer au dialogue, pour obtenir l’amnistie de son leader et discuter sur des points essentiels comme le processus électoral, et alors que le Pds aussi ne fait pas mystère de sa volonté d’y participer, afin d’obtenir l’amnistie de son candidat à la présidentielle, Karim Wade, le leader du Pastef s’oppose à toute forme de participation à ces discussions.

En effet, il a posé des conditions difficiles à accepter par le président de la République, comme sa renonciation publique à briguer un troisième mandat. Sa condamnation vient changer la donne d’autant plus que beaucoup d’observateurs de la scène politique avaient soutenu que le véritable objectif de l’appel du chef de BBY, n’est autre que l’isolement d’Ousmane Sonko.

Apparemment en position de force, Macky Sall pourra-t-il forcer son principal opposant à venir à son dialogue pour négocier sa survie politique. Ce qui va constituer à coup sûr, un dilemme pour Ousmane Sonko, qui devra, soit renoncer à ses conditions pour aller toute honte bue pour négocier sa réhabilitation ou camper sur ses positions, au risque d’être exclu de la présidentielle de 2024.

Trouver un plan B...

Même s’ils soutiennent que leur candidat n’est autre que Ousmane Sonko, les militants de Pastef devraient à partir de maintenant envisager un plan B, au cas où leur leader perdrait son éligibilité.

Né en 2014, le parti Pastef a très vite connu une montée fulgurante et commence à acquérir une certaine expérience. Ce qui le place parmi les plus grandes formations politiques du pays. Son candidat est sorti troisième de la présidentielle de 2019, il a gagné des dizaines de communes lors des élections locales de janvier 2022 et a fait élire des dizaines de députés sous sa bannière aux dernières législatives. Il s’y ajoute que Pastef a particulièrement su séduire la jeunesse, grâce à ses méthodes modernes de communication, via les réseaux sociaux notamment, et aussi au langage de son leader adulé voire déifié par cette frange de la population.

Cela est dû aussi à un projet politique en rupture avec l’ancien système. C’est pourquoi, disent les inconditionnels d'Ousmane Sonko, pour rien au monde, ils ne vont permettre à quiconque de constituer un obstacle à la réalisation de son projet. Seulement voilà, étant donné les risques d’invalidation de la candidature de leur leader, le choix d’une alternative à leur leader doit être à l’ordre du jour, d’autant plus que des profils ne manquent pas au sein de Pastef.

Mais cela ne sera possible que si l’intérêt général est mis en avant et les guerres de positionnement, évitées. Si la discipline de parti permet de faire l’unanimité autour de la personne choisie, la présence du leader Ousmane Sonko à ses côtés durant la campagne électorale, peut porter ses fruits comme cela a été le cas lors des Législatives, où le maire de Ziguinchor, bien qu’écarté des listes de candidats, a fait le tour du pays à la rencontre des populations, pour soutenir les candidats figurant sur la liste des suppléants de Yewwi. Avec le résultat que l’on sait.

La bataille politique...

Ousmane Sonko n’a jamais varié dans sa conviction que seule la résistance peut faire reculer le régime en place. A chaque fois qu’il a estimé ses droits bafoués, il a appelé ses militants à faire face pour « résister ».

En mars 2021, lors de sa convocation par la justice dansl’affaire présumée de viol l’opposant à la masseuse Adji Sarr, il avait fallu des manifestations de grande envergure partout dans le pays, pour qu’il ne subisse pas le même sort que Karim Wade et Khalifa Sall. A savoir, être emprisonné.

Au lendemain du verdict de la Cour d’Appel le condamnant à six mois de prison avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts à payer au plaignant dans l’affaire de diffamation et de faux et usage de faux pour laquelle il était poursuivi, il vient de lancer un nouvel appel de « résistance » à l’endroit de tous ses militants.

Un appel qui, pour l’heure, n’a pas eu un grand écho en dehors de quelques manifestations notées à Pikine, à Ziguinchor et à Mbour. Ses alliés de l’opposition lui ont toutefois réaffirmé leur soutien et appellent à une grande journée nationale (et même internationale) de manifestations en sa faveur.

Mais le Pastef, affaibli par l’emprisonnement de centaines de ses militants et aussi de plusieurs de ses cadres de premier plan, peut-il encore mobiliser suffisamment pour faire reculer un régime déterminé à liquider coûte que coûte son leader ?

Les jours à venir nous édifieront, surtout avec la perspective du procès d’Ousmane Sonko devant la Chambre criminelle pour « viols » présumés sur la masseuse Adji Sarr.

Réponse dans les prochains jours.





Le Témoin