Seydou a vu le jour en 1924, à Saint-Louis, dans le quartier populeux des pêcheurs de Guet-Ndar. Selon certains dires, il aurait reçu la révélation de sa mission à l’âge de 20 ans, après un séjour dans le Fouta, chez ses parents halpulaar. On raconte que c’est de là-bas qu’il a reçu un pouvoir de repêchage. À l’approche de l’hivernage, il faisait le tour des maisons pour demander de l’aumône et faire les offrandes qu’exigeait le génie protecteur, Mame Coumba Bang.
Les populations n’appelaient et ne comptaient que sur Seydou pour repêcher les corps, surtout ceux qui ne sont pas retrouvés après les recherches effrénées des sapeurs-pompiers. «Quand Seydou arrivait sur la berge, noire d’une foule triste et impuissante, devant l’eau calme qui venait d’engloutir une victime, tout le monde savait qu’il le repêchera bientôt.
Après ses ablutions, il lançait sa bague magique dans le fleuve et plongeait au fond de l’eau. Quelques instants après, il levait la main hors de l’eau, en signe de triomphe et pour réclamer un pagne», raconte la vieille Aïssatou Guèye, assise devant la porte de sa maison à Pondoxolé, un des sous quartiers de Guet-Ndar.
Seydou, un homme modeste et simple
,
Selon la vieille dame, Seydou faisait dans la menuiserie, à l’entrée du marché de Ndar-Toute. «Les gens venaient de tous les coins de la ville le chercher pour repêcher un corps», se rappelle-t-elle. Elle révèle que l’homme était d’une grande simplicité. Avant sa mort, il impressionnait aussi avec une impressionnante barbe blanche. Sa modestie était connue de tous. Son service était volontaire et gratuit.
«Il sortait les corps du fleuve sans jamais rien demander en échange», a soufflé la dame. Qui scrute le ciel de temps en temps, comme si elle s’adresse à une autre force. «Il était le petit-fils de Mame Coumba Bang», a-t-elle lancé. Même malade, on le sollicitait. Et il répondait de bon cœur et avec désintéressement. Les gens l’appelaient même la nuit pour repêcher des corps dans le fleuve ou dans la mer.
Selon la dame, il imposait d’abord des offrandes à la famille du noyé, des offrandes légères qui peuvent convenir à toutes les bourses. Et si la famille n’en avait pas du tout les moyens, il pouvait s’en charger lui-même. Il s’agissait souvent d’offrandes de Thiakri bien sucré, parfois aussi des colas.
Mais si jamais la recherche prenait plus de temps que prévu, il demandait que l’on sacrifie un coq rouge et une poule blanche. Avant de plonger, il se déshabillait pour ne garder qu’un tissu noué à la manière des lutteurs. Il faisait des incantations en langue pulaar, levant la main et augmentant progressivement le ton de sa voix, jusqu’à ce qu’il atteigne un état de transe. Il s’adressait à tous les génies du fleuve. Il jetait d’abord sa bague et disait : « Bismi Allah ar-Rahman ar-Rahim».
Ensuite, il plongeait. Il pouvait rester très longtemps dans l’eau. C’est pour cette raison que beaucoup de gens considèrent qu’il possédait des pouvoirs mystiques. «Il peut plonger plus de 5 minutes sans remonter à la surface», selon Aïssatou Guèye.
Habituellement, un plongeon suffisait pour qu’il retrouve le corps, sinon, il ne lui fallait pas plus de trois fois pour retrouver le corps de la victime. Si Seydou ne parvenait pas à repêcher le corps tout de suite, il expliquait que «quelque chose, ou quelqu’un» retenait le corps prisonnier, et qu’il fallait faire des offrandes pour le libérer.
Le legs de Seydou menacé
Seydou Diallo est rapidement devenu une personne incontournable dans la recherche des noyés. Même les sapeurs-pompiers, des professionnels qui reçoivent des formations dans le domaine du repêchage des noyés, admettaient que Seydou avait un don très particulier.
On raconte qu’il sortait des plats chauds du fleuve. «On raconte qu’il ressortait une calebasse contenant du "lakh "chaud ! Il l’offrait aux enfants, ceux qui en mangeaient ne pouvaient pas mourir noyés», témoigne la dame. Mais aussi qu’il descendait lui-même dans le fleuve avec des repas chauds : «il entrait dans l’eau avec de la nourriture». Pendant l’hivernage, l’eau du fleuve change de couleur, l’eau salée se change en eau douce et il était courant (plus que dans le passé), que les jeunes de Saint-Louis passent leurs vacances à nager dans le fleuve, c’est pourquoi les noyades étaient courantes.
Son fils est… mort noyé
Malheureusement, ce don extraordinaire n’a pu être transmis à ses enfants. Son épouse nous a dit qu’il avait choisi son plus jeune fils pour être l’héritier de ses pouvoirs hors du commun, mais cet enfant est mort noyé. La bague de Seydou est en possession d’un de ses fils, mais elle ne sert plus à retrouver les noyés.
Les Echos
Les populations n’appelaient et ne comptaient que sur Seydou pour repêcher les corps, surtout ceux qui ne sont pas retrouvés après les recherches effrénées des sapeurs-pompiers. «Quand Seydou arrivait sur la berge, noire d’une foule triste et impuissante, devant l’eau calme qui venait d’engloutir une victime, tout le monde savait qu’il le repêchera bientôt.
Après ses ablutions, il lançait sa bague magique dans le fleuve et plongeait au fond de l’eau. Quelques instants après, il levait la main hors de l’eau, en signe de triomphe et pour réclamer un pagne», raconte la vieille Aïssatou Guèye, assise devant la porte de sa maison à Pondoxolé, un des sous quartiers de Guet-Ndar.
Seydou, un homme modeste et simple
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Selon la vieille dame, Seydou faisait dans la menuiserie, à l’entrée du marché de Ndar-Toute. «Les gens venaient de tous les coins de la ville le chercher pour repêcher un corps», se rappelle-t-elle. Elle révèle que l’homme était d’une grande simplicité. Avant sa mort, il impressionnait aussi avec une impressionnante barbe blanche. Sa modestie était connue de tous. Son service était volontaire et gratuit.
«Il sortait les corps du fleuve sans jamais rien demander en échange», a soufflé la dame. Qui scrute le ciel de temps en temps, comme si elle s’adresse à une autre force. «Il était le petit-fils de Mame Coumba Bang», a-t-elle lancé. Même malade, on le sollicitait. Et il répondait de bon cœur et avec désintéressement. Les gens l’appelaient même la nuit pour repêcher des corps dans le fleuve ou dans la mer.
Selon la dame, il imposait d’abord des offrandes à la famille du noyé, des offrandes légères qui peuvent convenir à toutes les bourses. Et si la famille n’en avait pas du tout les moyens, il pouvait s’en charger lui-même. Il s’agissait souvent d’offrandes de Thiakri bien sucré, parfois aussi des colas.
Mais si jamais la recherche prenait plus de temps que prévu, il demandait que l’on sacrifie un coq rouge et une poule blanche. Avant de plonger, il se déshabillait pour ne garder qu’un tissu noué à la manière des lutteurs. Il faisait des incantations en langue pulaar, levant la main et augmentant progressivement le ton de sa voix, jusqu’à ce qu’il atteigne un état de transe. Il s’adressait à tous les génies du fleuve. Il jetait d’abord sa bague et disait : « Bismi Allah ar-Rahman ar-Rahim».
Ensuite, il plongeait. Il pouvait rester très longtemps dans l’eau. C’est pour cette raison que beaucoup de gens considèrent qu’il possédait des pouvoirs mystiques. «Il peut plonger plus de 5 minutes sans remonter à la surface», selon Aïssatou Guèye.
Habituellement, un plongeon suffisait pour qu’il retrouve le corps, sinon, il ne lui fallait pas plus de trois fois pour retrouver le corps de la victime. Si Seydou ne parvenait pas à repêcher le corps tout de suite, il expliquait que «quelque chose, ou quelqu’un» retenait le corps prisonnier, et qu’il fallait faire des offrandes pour le libérer.
Le legs de Seydou menacé
Seydou Diallo est rapidement devenu une personne incontournable dans la recherche des noyés. Même les sapeurs-pompiers, des professionnels qui reçoivent des formations dans le domaine du repêchage des noyés, admettaient que Seydou avait un don très particulier.
On raconte qu’il sortait des plats chauds du fleuve. «On raconte qu’il ressortait une calebasse contenant du "lakh "chaud ! Il l’offrait aux enfants, ceux qui en mangeaient ne pouvaient pas mourir noyés», témoigne la dame. Mais aussi qu’il descendait lui-même dans le fleuve avec des repas chauds : «il entrait dans l’eau avec de la nourriture». Pendant l’hivernage, l’eau du fleuve change de couleur, l’eau salée se change en eau douce et il était courant (plus que dans le passé), que les jeunes de Saint-Louis passent leurs vacances à nager dans le fleuve, c’est pourquoi les noyades étaient courantes.
Son fils est… mort noyé
Malheureusement, ce don extraordinaire n’a pu être transmis à ses enfants. Son épouse nous a dit qu’il avait choisi son plus jeune fils pour être l’héritier de ses pouvoirs hors du commun, mais cet enfant est mort noyé. La bague de Seydou est en possession d’un de ses fils, mais elle ne sert plus à retrouver les noyés.
Les Echos