SALY (Envoyées spéciales) - Rareté des clients dans les centres commerciaux, hôtels presque vides. Tel est le décor qu’offre, aujourd’hui, la station balnéaire la plus attractive du littoral sénégalais, Saly Portudal. Au centre commercial 1 de Saly, ce sont des allées vides où on n’a pas besoin de faire du coude à coude pour se frayer un passage. Des commerçants désoeuvrés, assis, tranquillement, devant leurs cantines, attendant impatiemment l’arrivée d’un client toubab, se tournent les pouces du matin au soir. Ecoutant avec beaucoup de concentration un son avec son téléphone portable, tout en affichant un sourire de circonstance, une jeune dame nommée Aby Mboup, vendeuse d’objets d’art dans ledit centre commercial, se confesse. «Nos affaires ne marchent plus et c’est comme ça depuis 1999. Mais cette baisse des revenues s’est particulièrement accentuée avec la période électorale pour la présidentielle 2012. Elle a poussé un bon nombre de touristes à changer de destination et on en a énormément pâti. Ceux qui avaient déjà fait des réservations pour le Sénégal ne sont pas venus par peur des débordements. Et jusqu’à présent la situation ne s’est pas décantée. Les touristes européens, qui constituent l’essentiel de la clientèle, se font désirer depuis des mois maintenant».
La crise qui perdure, depuis 2000, accentuée par la présidentielle de 2012
Lasse de rester toute la journée sans rien faire, Aby Mboup martèle : «Nous restons des jours sans vendre le plus petit objet. La saison touristique est actuellement très mauvaise et je crois qu’il n’y a plus rien à faire. En tous les cas, si je trouve autre chose à faire, j’arrête la vente des objets d’art. Car je dépense beaucoup sans avoir de rentrée d’argent». Aby Mboup ne manque pas, en outre, de demander au ministre de la Culture et du Tourisme de revoir les tarifs de la destination Sénégal. «Nous espérons que le ministre Youssou Ndour va vendre la destination Sénégal. Nous pensons qu’il pourra le réussir. Nous demandons également à M. Ndour et aux autorités compétentes une diminution du prix du billet d’avion pour le Sénégal. Les touristes se plaignent toujours de la cherté du billet. Imaginez qu’ils achètent 2 billets pour 2 personnes pour le Maroc au même prix qu’un billet pour le Sénégal. Les tarifs doivent être revus à la baisse pour attirer davantage la clientèle européenne et mieux vendre la destination Sénégal», clame-t-elle. A quelques jets d’elle, un jeune homme, aux dreadlocks, d’environ 30 ans, avec un style jamaïcain, déplore également la situation qui prévaut actuellement à Saly. Mamadou Gningue qui est également un vendeur d’objets d’art et de tissus «bogolan» souligne que «la période électorale a beaucoup impacté sur les revenus. Les images diffusées sur le Sénégal à travers le
monde ont fait que beaucoup de touristes ont eu peur de venir dans notre pays. Le fait est que depuis 6 mois, c’est la dèche totale. On se débrouille juste pour s’en sortir et survivre. Sinon, côté affaires, rien ne marche. Tout est au ralenti». Embouchant la même trompette qu’Aby, Mamadou Gningue soutient aussi que le coût élevé du transport aérien est un des facteurs qui plombe la destination Sénégal. «Avant, tous les
jours, on faisait des affaires. Maintenant, on peut rester plus d’une semaine sans rien vendre. Or ici, tout est cher. Imaginez que je dois acheter le petit-déjeuner et le déjeuner, alors que je n’ai rien écoulé de ma marchandise. Ça pose énormément problème. Il m’arrive même de bazarder mes articles rien que pour avoir de quoi assurer la dépense quotidienne», se désole- t-il.
La crise en Europe et la mauvaise politique touristique, autres facteurs explicatifs
A l’en croire, Youssou Ndour est la bonne personne pour remédier aux maux dont souffre le secteur touristique. «Je pense que le choix de Youssou Ndour est très judicieux. Il pourra vendre l’image de notre pays puisqu’il est connu à travers le monde en tant qu’acteur culturel. Tout ce que nous lui demandons, c’est de baisser les taxes pour que ceux qui ont envie de venir au Sénégal puissent le faire, au grand bonheur de tous surtout de nous autres qui comptons sur l’arrivée des toubabs pour écouler nos produits et vivre de cette activité», dit-il. Pour sa part, Mamadou Thiam, guide touristique est d’avis que la crise qui sévit en Europe est aussi un facteur explicatif de cette baisse de fréquentation à Saly. Selon lui, la crise financière en Espagne et au Portugal, par exemple, fait que les touristes de la péninsule Ibérique se font rares. Mais ce n’est pas le seul écueil qu’il pointe du doigt. «Sincèrement, ça va mal et d’ailleurs cela fait des années que ça ne va plus. Depuis 2000, on a beaucoup de problèmes, surtout à cause de la mauvaise politique de promotion de la destination Sénégal. Malgré notre valeur ajoutée qu’est la Téranga qui nous différencie de nos voisins, le secteur touristique va de mal en pis. Peut-être que les nouvelles autorités trouveront des solutions. Car
jusque-là, on a une mauvaise politique touristique», explique-t-il. Convaincu que les manifestations, lors de la présidentielle, y ont une grande part de responsabilité, il ajoute que «tourisme rime avec paix. Les manifestations ont beaucoup contribué à la baisse de l’activité de l’économie à Saly Portudal. Mais, il faut aussi noter que la prolifération des résidences est aussi un problème. Car certains touristes ne prennent plus de chambre d’hôtel. La cherté des billets d’avion, je n’en parle même pas. Le coût du billet pour quitter l’Europe, faire 5 à 6 h d’avion et venir au Sénégal est presque deux fois plus cher que celui pour partir au Sri Lanka où on fait 12 heures de vol. Vous imaginez». Selon Mamadou Thiam, les ministres de l’Ecologie et du Tourisme, Haïdar El Ali et Youssou Ndour, ont du pain sur la planche. «Nous déplorons l’insalubrité qui règne au Sénégal de manière générale et ici à Saly en particulier. Car ça fait fuir les touristes. Tous les jours, les touristes nous demandent si nous avons un ministère de l’Ecologie. Donc Haïdar El Ali doit faire des efforts dans ce sens. Nous exhortons Youssou Ndour à réduire les taxes et que lorsqu’il y a un salon du tourisme que ceux qui sont sur le terrain participent aux échanges. Car ceux qui sont dans les bureaux ignorent, pour la plupart du temps, les réalités du terrain», lâche-t-il d’un ton sec.
…A l’impuissance des hôteliers face à la baisse de leur chiffre d’affaires
SALY (Envoyées spéciales) – La dèche, dont se plaignent les commerçants installés sur la station balnéaire de Saly, est également connue par les hôtels. En effet, depuis quelque temps, les hôtels de la Petite Côté sont désertés par les touristes. Ce qui d’une façon ou d’une autre entraîne une baisse substantielle de leur chiffre d’affaires. Un constat confirmé par Saliou Diop de l’hôtel «Les Filaos». Ce réceptionniste d’une quarantaine d’années environ, en service dans ce réceptif 4 étoiles, n’a d’ailleurs pas foi à une probable amélioration de la situation dans un futur proche. «Nous avons une clientèle majoritairement française. Et lorsque les manifestations sanglantes du premier tour de la présidentielle ont débuté, ils ont tous appelé pour annuler leurs réservations. Du coup, nous avons perdu beaucoup de clients. Ce qui a induit une forte baisse de notre chiffre d’affaires. En plus, il y a eu les élections françaises et certains de nos clients étaient obligés de renoncer à leurs vacances qu’ils viennent passer habituellement ici, de mars à avril qui correspond à la haute saison touristique. Cette situation de la baisse de la fréquentation et donc de la chute du chiffre d’affaires est valable pour tous les hôtels de Saly», renseigne-t-il. Très pessimiste sur le choix de Youssou Ndour à la tête du ministère du Tourisme, Saliou Diop est d’avis que «ce n’est pas parce que c’est un grand artiste connu partout qu’il pourra trouver des
solutions pour le secteur du tourisme. Je ne pense pas qu’il puisse faire un bon ministre du Tourisme. A mon avis, il ne fera pas long feu. Quand même, nous prions pour que la donne change d’ici peu. Car c’est très dur actuellement. Et le pire, c’est que nous sommes impuissants face à cette crise qui frappe le secteur touristique. Et je ne vois pas de solution en vue dans l’immédiat». Du côté de l’hôtel «Les Amaryllis», rien que le calme plat qui règne sur les lieux renseigne quant à absence de clients en cette période de l’année qui coïncide pourtant avec la haute saison. Trouvé seul à l’accueil, Souleymane Cissokho, ne cache pas sa désolation. «Les violences qui ont émaillé l’élection présidentielle nous ont véritablement porté préjudice. Beaucoup de réservations ont été annulées et beaucoup de séminaires ont aussi été reportés. Ce qui fait qu’il est arrivé des moments où nous nous sommes retrouvés avec zéro client», renseigne-t-il avec tristesse. Soutenant que, depuis quelque temps, le secteur est complètement en léthargie, Souleymane pense que le nouveau gouvernement, sous l’impulsion du ministre en charge du secteur, doit être capable de sortir les acteurs touristiques de cette impasse. «Je crois que Youssou Ndour pourra beaucoup faire pour ce secteur. Car de par son aura et son image, il est capable de vendre la destination Sénégal. En tout cas, dans l’immédiat, c’est notre seul espoir. Parce que la situation est vraiment critique et nous ne pouvons rien faire d’autre pour changer la donne», confesse-t-il en étalant tout son «optimiste de voir les choses évoluer positivement sous peu».
SOURCE:Adama AIDARA KANTE & Aminatou AHNE (Stagiaires)
La crise qui perdure, depuis 2000, accentuée par la présidentielle de 2012
Lasse de rester toute la journée sans rien faire, Aby Mboup martèle : «Nous restons des jours sans vendre le plus petit objet. La saison touristique est actuellement très mauvaise et je crois qu’il n’y a plus rien à faire. En tous les cas, si je trouve autre chose à faire, j’arrête la vente des objets d’art. Car je dépense beaucoup sans avoir de rentrée d’argent». Aby Mboup ne manque pas, en outre, de demander au ministre de la Culture et du Tourisme de revoir les tarifs de la destination Sénégal. «Nous espérons que le ministre Youssou Ndour va vendre la destination Sénégal. Nous pensons qu’il pourra le réussir. Nous demandons également à M. Ndour et aux autorités compétentes une diminution du prix du billet d’avion pour le Sénégal. Les touristes se plaignent toujours de la cherté du billet. Imaginez qu’ils achètent 2 billets pour 2 personnes pour le Maroc au même prix qu’un billet pour le Sénégal. Les tarifs doivent être revus à la baisse pour attirer davantage la clientèle européenne et mieux vendre la destination Sénégal», clame-t-elle. A quelques jets d’elle, un jeune homme, aux dreadlocks, d’environ 30 ans, avec un style jamaïcain, déplore également la situation qui prévaut actuellement à Saly. Mamadou Gningue qui est également un vendeur d’objets d’art et de tissus «bogolan» souligne que «la période électorale a beaucoup impacté sur les revenus. Les images diffusées sur le Sénégal à travers le
monde ont fait que beaucoup de touristes ont eu peur de venir dans notre pays. Le fait est que depuis 6 mois, c’est la dèche totale. On se débrouille juste pour s’en sortir et survivre. Sinon, côté affaires, rien ne marche. Tout est au ralenti». Embouchant la même trompette qu’Aby, Mamadou Gningue soutient aussi que le coût élevé du transport aérien est un des facteurs qui plombe la destination Sénégal. «Avant, tous les
jours, on faisait des affaires. Maintenant, on peut rester plus d’une semaine sans rien vendre. Or ici, tout est cher. Imaginez que je dois acheter le petit-déjeuner et le déjeuner, alors que je n’ai rien écoulé de ma marchandise. Ça pose énormément problème. Il m’arrive même de bazarder mes articles rien que pour avoir de quoi assurer la dépense quotidienne», se désole- t-il.
La crise en Europe et la mauvaise politique touristique, autres facteurs explicatifs
A l’en croire, Youssou Ndour est la bonne personne pour remédier aux maux dont souffre le secteur touristique. «Je pense que le choix de Youssou Ndour est très judicieux. Il pourra vendre l’image de notre pays puisqu’il est connu à travers le monde en tant qu’acteur culturel. Tout ce que nous lui demandons, c’est de baisser les taxes pour que ceux qui ont envie de venir au Sénégal puissent le faire, au grand bonheur de tous surtout de nous autres qui comptons sur l’arrivée des toubabs pour écouler nos produits et vivre de cette activité», dit-il. Pour sa part, Mamadou Thiam, guide touristique est d’avis que la crise qui sévit en Europe est aussi un facteur explicatif de cette baisse de fréquentation à Saly. Selon lui, la crise financière en Espagne et au Portugal, par exemple, fait que les touristes de la péninsule Ibérique se font rares. Mais ce n’est pas le seul écueil qu’il pointe du doigt. «Sincèrement, ça va mal et d’ailleurs cela fait des années que ça ne va plus. Depuis 2000, on a beaucoup de problèmes, surtout à cause de la mauvaise politique de promotion de la destination Sénégal. Malgré notre valeur ajoutée qu’est la Téranga qui nous différencie de nos voisins, le secteur touristique va de mal en pis. Peut-être que les nouvelles autorités trouveront des solutions. Car
jusque-là, on a une mauvaise politique touristique», explique-t-il. Convaincu que les manifestations, lors de la présidentielle, y ont une grande part de responsabilité, il ajoute que «tourisme rime avec paix. Les manifestations ont beaucoup contribué à la baisse de l’activité de l’économie à Saly Portudal. Mais, il faut aussi noter que la prolifération des résidences est aussi un problème. Car certains touristes ne prennent plus de chambre d’hôtel. La cherté des billets d’avion, je n’en parle même pas. Le coût du billet pour quitter l’Europe, faire 5 à 6 h d’avion et venir au Sénégal est presque deux fois plus cher que celui pour partir au Sri Lanka où on fait 12 heures de vol. Vous imaginez». Selon Mamadou Thiam, les ministres de l’Ecologie et du Tourisme, Haïdar El Ali et Youssou Ndour, ont du pain sur la planche. «Nous déplorons l’insalubrité qui règne au Sénégal de manière générale et ici à Saly en particulier. Car ça fait fuir les touristes. Tous les jours, les touristes nous demandent si nous avons un ministère de l’Ecologie. Donc Haïdar El Ali doit faire des efforts dans ce sens. Nous exhortons Youssou Ndour à réduire les taxes et que lorsqu’il y a un salon du tourisme que ceux qui sont sur le terrain participent aux échanges. Car ceux qui sont dans les bureaux ignorent, pour la plupart du temps, les réalités du terrain», lâche-t-il d’un ton sec.
…A l’impuissance des hôteliers face à la baisse de leur chiffre d’affaires
SALY (Envoyées spéciales) – La dèche, dont se plaignent les commerçants installés sur la station balnéaire de Saly, est également connue par les hôtels. En effet, depuis quelque temps, les hôtels de la Petite Côté sont désertés par les touristes. Ce qui d’une façon ou d’une autre entraîne une baisse substantielle de leur chiffre d’affaires. Un constat confirmé par Saliou Diop de l’hôtel «Les Filaos». Ce réceptionniste d’une quarantaine d’années environ, en service dans ce réceptif 4 étoiles, n’a d’ailleurs pas foi à une probable amélioration de la situation dans un futur proche. «Nous avons une clientèle majoritairement française. Et lorsque les manifestations sanglantes du premier tour de la présidentielle ont débuté, ils ont tous appelé pour annuler leurs réservations. Du coup, nous avons perdu beaucoup de clients. Ce qui a induit une forte baisse de notre chiffre d’affaires. En plus, il y a eu les élections françaises et certains de nos clients étaient obligés de renoncer à leurs vacances qu’ils viennent passer habituellement ici, de mars à avril qui correspond à la haute saison touristique. Cette situation de la baisse de la fréquentation et donc de la chute du chiffre d’affaires est valable pour tous les hôtels de Saly», renseigne-t-il. Très pessimiste sur le choix de Youssou Ndour à la tête du ministère du Tourisme, Saliou Diop est d’avis que «ce n’est pas parce que c’est un grand artiste connu partout qu’il pourra trouver des
solutions pour le secteur du tourisme. Je ne pense pas qu’il puisse faire un bon ministre du Tourisme. A mon avis, il ne fera pas long feu. Quand même, nous prions pour que la donne change d’ici peu. Car c’est très dur actuellement. Et le pire, c’est que nous sommes impuissants face à cette crise qui frappe le secteur touristique. Et je ne vois pas de solution en vue dans l’immédiat». Du côté de l’hôtel «Les Amaryllis», rien que le calme plat qui règne sur les lieux renseigne quant à absence de clients en cette période de l’année qui coïncide pourtant avec la haute saison. Trouvé seul à l’accueil, Souleymane Cissokho, ne cache pas sa désolation. «Les violences qui ont émaillé l’élection présidentielle nous ont véritablement porté préjudice. Beaucoup de réservations ont été annulées et beaucoup de séminaires ont aussi été reportés. Ce qui fait qu’il est arrivé des moments où nous nous sommes retrouvés avec zéro client», renseigne-t-il avec tristesse. Soutenant que, depuis quelque temps, le secteur est complètement en léthargie, Souleymane pense que le nouveau gouvernement, sous l’impulsion du ministre en charge du secteur, doit être capable de sortir les acteurs touristiques de cette impasse. «Je crois que Youssou Ndour pourra beaucoup faire pour ce secteur. Car de par son aura et son image, il est capable de vendre la destination Sénégal. En tout cas, dans l’immédiat, c’est notre seul espoir. Parce que la situation est vraiment critique et nous ne pouvons rien faire d’autre pour changer la donne», confesse-t-il en étalant tout son «optimiste de voir les choses évoluer positivement sous peu».
SOURCE:Adama AIDARA KANTE & Aminatou AHNE (Stagiaires)