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Scandale du Prodac : Les révélations accablantes du rapport de l'Inspection des finances


Rédigé par leral.net le Jeudi 16 Janvier 2025 à 11:03 | | 1 commentaire(s)|

Scandale du Prodac : Les révélations accablantes du rapport de l'Inspection des finances
Longtemps évoqué sur la place publique sans jamais être pleinement (re)connu dans son existence, le rapport de l’Inspection générale des finances (Igf) sur le Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), ayant déjà conduit à l’incarcération de Mamina Daffé et Ibrahima Cissé, se révèle être une véritable mine d’informations compromettantes à l’encontre de l’ancien ministre Mame Mbaye Niang. Ce document met en lumière des pratiques douteuses et des manquements graves dans la gestion des fonds publics, soulignant ainsi l’ampleur des toutes premières dérives ayant affecté ce programme d’envergure.

Alors opposant, Ousmane Sonko avait évoqué le sujet lors d’un point de presse, non sans commettre un lapsus sur le nom exact du corps de contrôle à l’origine du rapport. Devenu Premier ministre, il s’est exprimé quelques mois plus tard sur ce fameux document devant une foule de militants galvanisés, réunis au Grand Théâtre de Dakar. Avec une assurance manifeste, il a déclaré que le rapport ayant provoqué tant de controverses, et dont les répercussions judiciaires avaient contribué à sa mise à l’écart de la course présidentielle de 2024, était désormais sur son bureau à la Primature. Cette annonce, accueillie par un tonnerre d’applaudissements dans la salle, a sans doute semé une vive inquiétude parmi les personnes citées dans le document.

Et pour cause, comme le rapporte L’Observateur, repris par Seneweb, l’installation du Pool judiciaire financier a marqué un tournant décisif dans cette histoire qui a divisé le pays. Le rapport, un document de plus de 100 pages produit par l’Inspection générale des finances (Igf), détaille les irrégularités dans la gestion du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac). Ce dossier a conduit à l’arrestation de l’ancien coordonnateur Mamina Daffé et d’Ibrahima Cissé, dirigeant de la société Tida. Ces deux hommes, aujourd’hui derrière les barreaux, représentent les premières têtes tombées dans cette affaire, mais probablement pas les dernières.

Les révélations sur Mame Mbaye Niang

Si beaucoup de Sénégalais pensent connaître le contenu du rapport en raison des extraits volontairement divulgués à l’époque, nombreux sont encore les détails méconnus, notamment les aspects les plus explosifs. Toujours selon L’Observateur, l’ordre de mission confié aux inspecteurs, bien que limité, était clair : procéder à une vérification administrative et financière du Prodac, sous la supervision de l’inspecteur général des finances, Samba Laobé Dieng. L’objectif principal était d’examiner le contrat liant le Prodac à la société Green 2000.

C’est le 15 juillet 2017 que le Prodac a reçu l’autorisation officielle de recourir à une entente directe avec Green 2000 pour la mise en œuvre des premiers Domaines agricoles communautaires (Dac). Ce marché colossal, d’une valeur de 29 600 536 000 FCFA, avait été signé par Mame Mbaye Niang, alors ministre de l’Emploi, au nom de l’État. Toutefois, selon le rapport relayé par L’Observateur, aucune irrégularité manifeste n’avait été relevée au moment de la signature du contrat. Mais la suite de l’audit réserve des révélations inattendues, susceptibles d’expliquer les nombreuses interrogations et les répercussions judiciaires qui ont suivi.

Le rapport souligne que l’attitude de Mame Mbaye Niang vis-à-vis du contrat avec Green 2000 aurait facilité des dérives. « Une réaction ambivalente du ministre de la Jeunesse signataire du contrat suite aux alertes de Locafrique sur le non-respect par Green de ses obligations contractuelles », précise le document. Toujours selon les inspecteurs, l’ancien ministre aurait écrit à plusieurs reprises aux ministères et responsables concernés pour permettre à Green 2000 de toucher des fonds sans contrepartie réellement effectuée.

Par exemple, le 1er décembre 2016, Mame Mbaye Niang aurait adressé une lettre à Jean Pierre Senghor, alors coordonnateur du Prodac, mettant en exergue des manquements graves : enregistrement tardif du contrat par Green, absence de mobilisation de la caution d’avance de démarrage, et violations des articles contractuels. Cependant, malgré ces irrégularités dénoncées, aucune action concrète n’a été prise pour corriger la situation.

Comme le rappelle L’Observateur, « la permissivité du dispositif de contrôle du Prodac a eu des répercussions négatives sur l’exécution du projet ». Une mission de terrain menée par Locafrique aurait confirmé que le niveau des investissements réalisés ne correspondait pas aux décaissements déjà effectués.

Actuellement, Khadim Bâ, également impliqué, a été entendu sur ces faits. Quant à Mame Mbaye Niang, qui réside à l’étranger depuis la chute du régime de Macky Sall, il fait l’objet d’une enquête approfondie par le Pool judiciaire financier. Des cabinets notariaux ont été saisis pour examiner d’autres dossiers liés à son mandat.

Selon les dernières informations rapportées par L’Observateur, ce scandale continue de secouer le Sénégal, révélant l’ampleur des dysfonctionnements dans la gestion des fonds publics et les ramifications politiques d’une affaire aux multiples zones d’ombre.

Mame Fatou Kébé