Une délégation spéciale peut en cacher une autre. C’est en ces termes que les autorités de la Communauté rurale de Mbane expliquent l’opération de confiscation du pouvoir local, qui est en train de se dérouler dans cette partie du monde rural. Et le président de la communauté rurale élu de Mbane, le Pr Aliou Diack, expose ici cette affaire, telle qu’il l’a fait par voie épistolaire avec le président de la République, Macky Sall. «La cadence des événements dans la communauté de Mbane m’oblige à vous saisir, par cette voie expresse et publique, pour stopper une forfaiture en cours. En effet, au moment où vous avez instruit votre ministre de l’aménagement du territoire et des collectivités locales, de définir les modalités pratiques de réinstallation des présidents des collectivités locales victimes des découpages administratifs conformément à vos promesses au peuple sénégalais, des plans sont ourdis dans la communauté rurale de Mbane pour saborder l’entreprise et mettre les autorités devant un fait accompli lourd de tous les dangers, par la spoliation systématique des terres», écrit Pr Diack.
En effet, poursuit M. Diack, «le lundi 21 mai 2012, un mois et demi après votre investiture à la magistrature suprême et la formation du nouveau gouvernement, le sous-préfet de Mbane, en l’occurrence le sieur Talla Ndiaye, a osé procéder, à l’hôtel communautaire de Mbane, à une "passation de service" assez particulière. Il a, en effet, "installé" un nouveau président de délégation du nom de Bassirou Tall, agent de l’Etat en fonction à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Les seules personnes présentes à cette passation de service, excepté le chef du village de Mbane, témoin des faits, sont le sous-préfet Talla Ndiaye lui-même et le nouveau président de la nouvelle délégation spéciale, Bassirou Tall. C’est le fait du hasard que les deux présidents portent le même prénom».
REFUS DE BASSIROU FALL
Revenant sur les bizarreries de cette passation de service organisée en catimini, le Pr Aliou Diack a indiqué que le président de la délégation spéciale, qui avait été installé par l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade, a refusé de jouer le jeu. «Si la cérémonie a eu ce cachet assez surprenant, c’est bien parce que Bassirou Fall, installé depuis douze mois comme président de Délégation Spéciale à la suite du découpage de Mbane par décret N°2011-653 du 1er juin 2011 du Président Abdoulaye Wade, a refusé de se présenter et de se soumettre à cette passation, aucun décret n’ayant à ce jour prorogé son mandat ou organisé des élections, en infraction flagrante du Code des Collectivités Locales en son article 193. Plus grave encore, monsieur Bassirou Fall a déclaré dans la presse nationale, précisément à la radio Sud-Fm et à la télévision 2STV, le dimanche 20 mai 2012, que le sous-préfet de Mbane lui avait demandé de signer, en catimini, un document octroyant quatre mille trois cent douze (4.312) hectares de terres à la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS). Devant son refus catégorique d’obtempérer, l’ex-ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales, Aliou Sow aurait, selon sa déclaration, pris un arrêté ministériel pour le limoger et le remplacer par ce nouveau président. Cette mesure prise par l’ex-ministre Aliou Sow, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, à une période où les clignotants du régime défunt étaient au rouge, a de quoi intriguer les Sénégalais sur les réelles motivations. Mais ce qui est tout aussi étonnant, c’est que le nouveau ministre de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités Locales, ne semble pas être au courant de cette affaire, au moment même où il examine avec les présidents de Conseils Ruraux la reprise en main de leur collectivité locale respective illégalement arrachée de leurs mains. Il est certes louable que le ministre ait promis de saisir son collègue de l’Intérieur pour mettre un terme à cette procédure de "passation de service" illégale. Cependant, il n’en demeure pas moins, que cela fait quand même désordre, si de telles choses peuvent se passer à Mbane à l’insu des deux ministères de tu- telle», renseigne-t-il.
RISQUES DE REVOLTE
Convaincu que l’autorité administrative de la localité est mouillée dans cette affaire foncière aux relents politique, le président élu de la Communauté rurale de Mbane, le Pr Aliou Diack accuse en ces termes : «Nous soupçonnons le sous-préfet de Mbane, le sieur Talla Ndiaye, de chercher à faire signer au nouveau président de délégation spéciale ce fameux document au profit de la CSS, avant ma réinstallation à Mbane. Ceci constituerait une énorme forfaiture, qui exposerait la localité à des dangers réels de révolte des éleveurs Peulh. En effet, notre conseil rural avait déjà été saisi par la CSS d’une telle requête, pour avoir ces 4.312 hectares. Cependant, après une étude sérieuse et devant le refus catégorique des populations, le Conseil rural avait refusé de céder ces terres de Pathé Badio à la culture de la canne à sucre, parce qu’elles sont habitées par 10 villages d’éleveurs Peulh, pour certains depuis plus de deux cent (200) ans, avec des constructions en dur, et qui y ont érigé leurs mosquées, écoles et cimetières. Le conseil rural avait en contrepartie proposé à la C.S.S. de lui donner des terres dans la même zone, au terme des désaffectations qui étaient en cours, mais cette dernière avait rejeté l’offre, arguant qu’elle dépenserait beaucoup trop d’argent pour aménager les terres supposées accidentées, que nous lui proposions, je suis en mesure de produire toutes les correspondances échangées entre le directeur général de la CSS, le sous-préfet Talla Ndiaye et moi. La CSS a préféré engager un violent bras de fer contre le conseil rural et son président, en s’appuyant particulièrement sur l’ancien ministre Aliou Sow et l’actuel sous-préfet. Certaines mauvaises langues supputent d’ailleurs que cette question n’est pas étrangère au découpage de Mbane en catimini, hormis d’autres raisons politiques».
Pour amener le Chef de l’Etat, Macky Sall à comprendre qu’il urge d’arrêter le processus d’affectation des terres de Mbane, le président «légitimement élu» de la Communauté rurale de Mbane, révèle que la CSS a déjà démarré les travaux de terrasse- ment sur le site concerné. Aussi, sollicite-t-il le président Sall pour que des dispositions soient prises dans l’optique d’arrêter ce qu’il appelle, «cette injustice et sauver l’espace vital des habitants de Pathé Badio devant cette boulimie foncière nocive».
ABDOUL AZIZ SECK lesenegalais.net
En effet, poursuit M. Diack, «le lundi 21 mai 2012, un mois et demi après votre investiture à la magistrature suprême et la formation du nouveau gouvernement, le sous-préfet de Mbane, en l’occurrence le sieur Talla Ndiaye, a osé procéder, à l’hôtel communautaire de Mbane, à une "passation de service" assez particulière. Il a, en effet, "installé" un nouveau président de délégation du nom de Bassirou Tall, agent de l’Etat en fonction à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Les seules personnes présentes à cette passation de service, excepté le chef du village de Mbane, témoin des faits, sont le sous-préfet Talla Ndiaye lui-même et le nouveau président de la nouvelle délégation spéciale, Bassirou Tall. C’est le fait du hasard que les deux présidents portent le même prénom».
REFUS DE BASSIROU FALL
Revenant sur les bizarreries de cette passation de service organisée en catimini, le Pr Aliou Diack a indiqué que le président de la délégation spéciale, qui avait été installé par l’ancien régime de Me Abdoulaye Wade, a refusé de jouer le jeu. «Si la cérémonie a eu ce cachet assez surprenant, c’est bien parce que Bassirou Fall, installé depuis douze mois comme président de Délégation Spéciale à la suite du découpage de Mbane par décret N°2011-653 du 1er juin 2011 du Président Abdoulaye Wade, a refusé de se présenter et de se soumettre à cette passation, aucun décret n’ayant à ce jour prorogé son mandat ou organisé des élections, en infraction flagrante du Code des Collectivités Locales en son article 193. Plus grave encore, monsieur Bassirou Fall a déclaré dans la presse nationale, précisément à la radio Sud-Fm et à la télévision 2STV, le dimanche 20 mai 2012, que le sous-préfet de Mbane lui avait demandé de signer, en catimini, un document octroyant quatre mille trois cent douze (4.312) hectares de terres à la Compagnie Sucrière Sénégalaise (CSS). Devant son refus catégorique d’obtempérer, l’ex-ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales, Aliou Sow aurait, selon sa déclaration, pris un arrêté ministériel pour le limoger et le remplacer par ce nouveau président. Cette mesure prise par l’ex-ministre Aliou Sow, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012, à une période où les clignotants du régime défunt étaient au rouge, a de quoi intriguer les Sénégalais sur les réelles motivations. Mais ce qui est tout aussi étonnant, c’est que le nouveau ministre de l’Aménagement du Territoire et des Collectivités Locales, ne semble pas être au courant de cette affaire, au moment même où il examine avec les présidents de Conseils Ruraux la reprise en main de leur collectivité locale respective illégalement arrachée de leurs mains. Il est certes louable que le ministre ait promis de saisir son collègue de l’Intérieur pour mettre un terme à cette procédure de "passation de service" illégale. Cependant, il n’en demeure pas moins, que cela fait quand même désordre, si de telles choses peuvent se passer à Mbane à l’insu des deux ministères de tu- telle», renseigne-t-il.
RISQUES DE REVOLTE
Convaincu que l’autorité administrative de la localité est mouillée dans cette affaire foncière aux relents politique, le président élu de la Communauté rurale de Mbane, le Pr Aliou Diack accuse en ces termes : «Nous soupçonnons le sous-préfet de Mbane, le sieur Talla Ndiaye, de chercher à faire signer au nouveau président de délégation spéciale ce fameux document au profit de la CSS, avant ma réinstallation à Mbane. Ceci constituerait une énorme forfaiture, qui exposerait la localité à des dangers réels de révolte des éleveurs Peulh. En effet, notre conseil rural avait déjà été saisi par la CSS d’une telle requête, pour avoir ces 4.312 hectares. Cependant, après une étude sérieuse et devant le refus catégorique des populations, le Conseil rural avait refusé de céder ces terres de Pathé Badio à la culture de la canne à sucre, parce qu’elles sont habitées par 10 villages d’éleveurs Peulh, pour certains depuis plus de deux cent (200) ans, avec des constructions en dur, et qui y ont érigé leurs mosquées, écoles et cimetières. Le conseil rural avait en contrepartie proposé à la C.S.S. de lui donner des terres dans la même zone, au terme des désaffectations qui étaient en cours, mais cette dernière avait rejeté l’offre, arguant qu’elle dépenserait beaucoup trop d’argent pour aménager les terres supposées accidentées, que nous lui proposions, je suis en mesure de produire toutes les correspondances échangées entre le directeur général de la CSS, le sous-préfet Talla Ndiaye et moi. La CSS a préféré engager un violent bras de fer contre le conseil rural et son président, en s’appuyant particulièrement sur l’ancien ministre Aliou Sow et l’actuel sous-préfet. Certaines mauvaises langues supputent d’ailleurs que cette question n’est pas étrangère au découpage de Mbane en catimini, hormis d’autres raisons politiques».
Pour amener le Chef de l’Etat, Macky Sall à comprendre qu’il urge d’arrêter le processus d’affectation des terres de Mbane, le président «légitimement élu» de la Communauté rurale de Mbane, révèle que la CSS a déjà démarré les travaux de terrasse- ment sur le site concerné. Aussi, sollicite-t-il le président Sall pour que des dispositions soient prises dans l’optique d’arrêter ce qu’il appelle, «cette injustice et sauver l’espace vital des habitants de Pathé Badio devant cette boulimie foncière nocive».
ABDOUL AZIZ SECK lesenegalais.net