Elles sont libérées et décomplexées
Des femmes décomplexées : c’est le portrait que dresse Les femmes, le sexe et l’amour (Les Arènes), enquête réalisée auprès de 3 404 femmes hétérosexuelles de 15 à 80 ans, vivant en couple. Des femmes libres dans leur sexualité, leur intimité, et leur couple. « En trente ans, on a assisté à une véritable libération des comportements, analyse Philippe Brenot. Et cela transcende les générations. Aujourd’hui, les femmes osent dire ce qu’elles désirent. Qu’elles ont envie de sexe, par exemple. Avant, elles étaient en position inférieure, souvent de soumission, et ne disaient pas ce qu’elles pensaient ».
Autre libération aussi : celle du regard que les femmes portent sur elles, puisqu’elles sont 60% à se trouver belles, 67% à s’estimer sensuelles.
La gentillesse éveille leur désir
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Sexualité : les hommes en quête de tendresse La version masculine de l'enquête menée par Philippe Brenot. Son principal enseignement ? La gent masculine accorderait aujourd’hui autant d’importance à l’amour et à la tendresse qu’au sexe (...)
Lorsqu’on leur demande ce qui excite leur désir, ce sont la gentillesse et les attentions qui arrivent en tête. « Pour une femme, les conditions de l’amour sont d’abord relationnelles, rappelle Philippe Brenot. Lorsqu’en consultation, je demande à des couples s’ils ont un problème, l’homme va toujours me répondre sur le plan directement sexuel : « on ne fait pas assez l’amour », « j’ai parfois des pannes », tandis que la femme va mettre en avant l’environnement : « on a un manque de communication », « on n’arrive pas à accorder nos attentes »... Pour le sexologue, la gentillesse et les attentions font d’ailleurs partie intégrante de la sexualité : « C’est le premier niveau d’accès. Et cela, il faudrait que tous les hommes le comprennent. »
Elles fantasment surtout avec leur compagnon
Autre porte d’entrée dans la sexualité : les fantasmes. Et là, surprise ! Les plus connus - faire l’amour avec un inconnu, avec George Clooney, le fantasme de viol… - ne sont pas toujours les plus fréquents. Sur les 71% de femmes qui confient avoir des fantasmes, la plupart y mettent en scène leur compagnon. Les plaquant contre le mur, leur faisant l’amour sauvagement… « Les fantasmes avec le partenaire enlèvent de la culpabilité. La même étude dans les années 1970 aurait montré des résultats très différents, notamment beaucoup de fantasmes par rapport à la transgression. Aujourd’hui, les choses ne sont plus vraiment interdites. Nous sommes dans une génération post-sida avec une valeur très forte : la fidélité. »
Et c’est donc ce même compagnon que l’on retrouve dans les nombreux fantasmes autour du multipartenariat. « La sexualité de groupe excite, chez les hommes comme les femmes. Mais ce qui ressort de tous ces fantasmes, c’est surtout le désir d’une sexualité différente car le quotidien ne procure pas assez d’excitation ».
Une femme sur deux atteint souvent l’orgasme
Côté plaisir, il existe, pour Philippe Brenot, une vraie « discrimination orgasmique » entre les hommes et les femmes. Les chiffres le confirment : si l’orgasme est atteint systématiquement par 90% des hommes, il ne l’est que par… 16% des femmes. 55% déclarent l’atteindre « souvent », 21% « rarement », et 5% « jamais ».
« Beaucoup de malentendus et de difficultés dans les couples viennent de cette asymétrie. Au point que l’on assiste ces dernières années à un nouveau terrorisme : celui de l’orgasme à tout prix. Des couples vont se séparer car la femme ne jouit pas, fait insupportable pour son compagnon, qui la quitte alors. Je n’avais jamais vu cela avant. D’autant que l’on sait très bien que l’orgasme féminin n’est pas du tout un bouton poussoir déclenché par le pénis de l’homme. Mais qu’il prend sa source dans les disponibilités féminines. »
Les préliminaires
Des disponibilités favorisées par les préliminaires, plébiscitées par 80% des femmes interrogées. Caresses, baisers, massages, fellation, cunnilingus… Autant de pratiques érotiques qui les invitent à la fois au relâchement et à l’excitation. « A être prêtes », en somme.
« Mais ce que souvent elles n’imaginent pas, c’est que ces pratiques permettent aussi à la sexualité de continuer tout au long de la vie. Cette dimension érotique est nécessaire à l’intimité de tout couple. » En moyenne, les préliminaires dureraient 12 minutes. Un temps insuffisant pour le sexologue. « Les préliminaires, c’est toute une journée ! C’est un ensemble de conditions qui rendent la chose possible. La plupart des femmes ne sont d’ailleurs pas prêtes à faire l’amour en un quart d’heure. Mais souvent, elles ne le savent pas. C’est aussi pour cela que parfois, il y a de la non jouissance. »
Pour elles, la masturbation n’est plus taboue
Se connaître soi-même : voici la clé, pour Philippe Brenot, de la jouissance sexuelle. Et en la matière, l’évolution est de taille : la masturbation n’est plus considérée comme une pratique taboue. 68% des femmes l’ont déjà pratiquée. 47% l’ont même déjà fait devant leur compagnon. Un sacré changement, quand on sait qu’en 1970, seules 19% des femmes indiquaient se masturber.
Mais l’importance de cette pratique n’est pas toujours comprise, tient à souligner Philippe Brenot. « La masturbation et l’autoérotisme sont les facteurs centraux d’une sexualité épanouie. Il ne s’agit pas uniquement d’activités solitaires. Elle nourrissent le désir, le coït ». Selon l’enquête, les femmes qui apparaissent comme les plus épanouies sont d’ailleurs celles qui disent se masturber le plus…
Pour la moitié d’entre elles, sexe et sentiments ne sont pas liés
Aujourd’hui, les femmes ont presque autant de partenaires que les hommes au cours d’une vie : 10 en moyenne, contre 14 pour les hommes. En 1970, 46% des femmes n’avaient connu qu’un seul homme… leur mari.
Elles sont également 56% à déclarer que pour elles, sexe et sentiments ne sont pas liés. Là encore, belle évolution. « C’est la preuve que les femmes ont connaissance d’une diversité de comportements, d’expériences. Parfois, elles font l’amour avec un homme dont elles ne sont pas amoureuses et cela se passe très bien. Mais cela ne veut pas dire qu’au fond, elles veulent vivre et sexe et sentiments séparés. Au contraire. »
Un tiers d’entre elles ont une sexualité difficile
Mais pour un tiers des femmes environ, qui ont l’impression de ne pas être sexuellement normales, la sexualité reste difficile. En cause majoritairement, pour le sexologue : l’absence d’information et d’éducation à la sexualité. « Laisser venir le désir, cultiver sa sensualité et son érotisme, ça s’apprend, ça s’entraîne, ça se développe... »
A lire
Les femmes, le sexe et l’amour de Philippe Brenot (Les Arènes, 2012).
Plus grave, presque une femme sur deux avoue avoir déjà ressenti une émotion sexuelle négative intense : peur, honte, douleur, rapport forcé, agression… « Chez les hommes, on est à moins de 5%. Il y a donc là encore une asymétrie de vécu dont la gent masculine n’a pas conscience. La condition féminine est quelque chose de difficile. Il y a des violences en permanence et certaines expériences peuvent s’avérer traumatisantes. » Mais pour Philippe Brenot, c’est bien un message positif, d’espoir, qu’il faut retenir des témoignages de ces 3 000 femmes : « Les femmes sont beaucoup plus épanouies et heureuses dans leur sexualité qu’il y a cinquante ans. »
Des femmes décomplexées : c’est le portrait que dresse Les femmes, le sexe et l’amour (Les Arènes), enquête réalisée auprès de 3 404 femmes hétérosexuelles de 15 à 80 ans, vivant en couple. Des femmes libres dans leur sexualité, leur intimité, et leur couple. « En trente ans, on a assisté à une véritable libération des comportements, analyse Philippe Brenot. Et cela transcende les générations. Aujourd’hui, les femmes osent dire ce qu’elles désirent. Qu’elles ont envie de sexe, par exemple. Avant, elles étaient en position inférieure, souvent de soumission, et ne disaient pas ce qu’elles pensaient ».
Autre libération aussi : celle du regard que les femmes portent sur elles, puisqu’elles sont 60% à se trouver belles, 67% à s’estimer sensuelles.
La gentillesse éveille leur désir
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Sexualité : les hommes en quête de tendresse La version masculine de l'enquête menée par Philippe Brenot. Son principal enseignement ? La gent masculine accorderait aujourd’hui autant d’importance à l’amour et à la tendresse qu’au sexe (...)
Lorsqu’on leur demande ce qui excite leur désir, ce sont la gentillesse et les attentions qui arrivent en tête. « Pour une femme, les conditions de l’amour sont d’abord relationnelles, rappelle Philippe Brenot. Lorsqu’en consultation, je demande à des couples s’ils ont un problème, l’homme va toujours me répondre sur le plan directement sexuel : « on ne fait pas assez l’amour », « j’ai parfois des pannes », tandis que la femme va mettre en avant l’environnement : « on a un manque de communication », « on n’arrive pas à accorder nos attentes »... Pour le sexologue, la gentillesse et les attentions font d’ailleurs partie intégrante de la sexualité : « C’est le premier niveau d’accès. Et cela, il faudrait que tous les hommes le comprennent. »
Elles fantasment surtout avec leur compagnon
Autre porte d’entrée dans la sexualité : les fantasmes. Et là, surprise ! Les plus connus - faire l’amour avec un inconnu, avec George Clooney, le fantasme de viol… - ne sont pas toujours les plus fréquents. Sur les 71% de femmes qui confient avoir des fantasmes, la plupart y mettent en scène leur compagnon. Les plaquant contre le mur, leur faisant l’amour sauvagement… « Les fantasmes avec le partenaire enlèvent de la culpabilité. La même étude dans les années 1970 aurait montré des résultats très différents, notamment beaucoup de fantasmes par rapport à la transgression. Aujourd’hui, les choses ne sont plus vraiment interdites. Nous sommes dans une génération post-sida avec une valeur très forte : la fidélité. »
Et c’est donc ce même compagnon que l’on retrouve dans les nombreux fantasmes autour du multipartenariat. « La sexualité de groupe excite, chez les hommes comme les femmes. Mais ce qui ressort de tous ces fantasmes, c’est surtout le désir d’une sexualité différente car le quotidien ne procure pas assez d’excitation ».
Une femme sur deux atteint souvent l’orgasme
Côté plaisir, il existe, pour Philippe Brenot, une vraie « discrimination orgasmique » entre les hommes et les femmes. Les chiffres le confirment : si l’orgasme est atteint systématiquement par 90% des hommes, il ne l’est que par… 16% des femmes. 55% déclarent l’atteindre « souvent », 21% « rarement », et 5% « jamais ».
« Beaucoup de malentendus et de difficultés dans les couples viennent de cette asymétrie. Au point que l’on assiste ces dernières années à un nouveau terrorisme : celui de l’orgasme à tout prix. Des couples vont se séparer car la femme ne jouit pas, fait insupportable pour son compagnon, qui la quitte alors. Je n’avais jamais vu cela avant. D’autant que l’on sait très bien que l’orgasme féminin n’est pas du tout un bouton poussoir déclenché par le pénis de l’homme. Mais qu’il prend sa source dans les disponibilités féminines. »
Les préliminaires
Des disponibilités favorisées par les préliminaires, plébiscitées par 80% des femmes interrogées. Caresses, baisers, massages, fellation, cunnilingus… Autant de pratiques érotiques qui les invitent à la fois au relâchement et à l’excitation. « A être prêtes », en somme.
« Mais ce que souvent elles n’imaginent pas, c’est que ces pratiques permettent aussi à la sexualité de continuer tout au long de la vie. Cette dimension érotique est nécessaire à l’intimité de tout couple. » En moyenne, les préliminaires dureraient 12 minutes. Un temps insuffisant pour le sexologue. « Les préliminaires, c’est toute une journée ! C’est un ensemble de conditions qui rendent la chose possible. La plupart des femmes ne sont d’ailleurs pas prêtes à faire l’amour en un quart d’heure. Mais souvent, elles ne le savent pas. C’est aussi pour cela que parfois, il y a de la non jouissance. »
Pour elles, la masturbation n’est plus taboue
Se connaître soi-même : voici la clé, pour Philippe Brenot, de la jouissance sexuelle. Et en la matière, l’évolution est de taille : la masturbation n’est plus considérée comme une pratique taboue. 68% des femmes l’ont déjà pratiquée. 47% l’ont même déjà fait devant leur compagnon. Un sacré changement, quand on sait qu’en 1970, seules 19% des femmes indiquaient se masturber.
Mais l’importance de cette pratique n’est pas toujours comprise, tient à souligner Philippe Brenot. « La masturbation et l’autoérotisme sont les facteurs centraux d’une sexualité épanouie. Il ne s’agit pas uniquement d’activités solitaires. Elle nourrissent le désir, le coït ». Selon l’enquête, les femmes qui apparaissent comme les plus épanouies sont d’ailleurs celles qui disent se masturber le plus…
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Aujourd’hui, les femmes ont presque autant de partenaires que les hommes au cours d’une vie : 10 en moyenne, contre 14 pour les hommes. En 1970, 46% des femmes n’avaient connu qu’un seul homme… leur mari.
Elles sont également 56% à déclarer que pour elles, sexe et sentiments ne sont pas liés. Là encore, belle évolution. « C’est la preuve que les femmes ont connaissance d’une diversité de comportements, d’expériences. Parfois, elles font l’amour avec un homme dont elles ne sont pas amoureuses et cela se passe très bien. Mais cela ne veut pas dire qu’au fond, elles veulent vivre et sexe et sentiments séparés. Au contraire. »
Un tiers d’entre elles ont une sexualité difficile
Mais pour un tiers des femmes environ, qui ont l’impression de ne pas être sexuellement normales, la sexualité reste difficile. En cause majoritairement, pour le sexologue : l’absence d’information et d’éducation à la sexualité. « Laisser venir le désir, cultiver sa sensualité et son érotisme, ça s’apprend, ça s’entraîne, ça se développe... »
A lire
Les femmes, le sexe et l’amour de Philippe Brenot (Les Arènes, 2012).
Plus grave, presque une femme sur deux avoue avoir déjà ressenti une émotion sexuelle négative intense : peur, honte, douleur, rapport forcé, agression… « Chez les hommes, on est à moins de 5%. Il y a donc là encore une asymétrie de vécu dont la gent masculine n’a pas conscience. La condition féminine est quelque chose de difficile. Il y a des violences en permanence et certaines expériences peuvent s’avérer traumatisantes. » Mais pour Philippe Brenot, c’est bien un message positif, d’espoir, qu’il faut retenir des témoignages de ces 3 000 femmes : « Les femmes sont beaucoup plus épanouies et heureuses dans leur sexualité qu’il y a cinquante ans. »