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Situation économique et sociale au premier trimestre 2014 : "Accélérer la cadence, Oui! Falsifier les données et bâcler les rapports, Non !"

Rédigé par leral.net le Jeudi 29 Mai 2014 à 21:21 | | 0 commentaire(s)|

Communiqué du Conseil des Ministres du 26 Mai 2014, confronté à la « Note de Conjoncture du premier Trimestre 2014 » publiée récemment en Mai, par la Direction de la Planification et des Etudes Economiques (DPEE) du Ministère de l’Economie et des Finances, présente des contradictions si flagrantes sur la situation économique du Sénégal, qu’il serait peu patriotique de ne pas les révéler.


Situation économique et sociale au premier trimestre 2014 : "Accélérer la cadence, Oui! Falsifier les données et bâcler les rapports, Non !"
D’abord, une anomalie criarde. Le Communiqué fait référence aux « embellies » de la situation économique au « premier semestre 2014 », c’est-à-dire au 30 Juin 2014, alors qu’il est publié le 26 Mai ! Le fait qu’aucune Autorité de l’Etat, encore moins du Ministère de l’Economie et des Finances, n’a jugé nécessaire, jusque là, d’attirer l’attention sur ce qui pourrait être une erreur manifeste de rédaction du Communiqué, et rectifier la référence au « semestre », laisse penser à un travail bâclé que personne ne s’est donné la peine de vérifier. Même les rédactions de nos journaux ont pris comme « Evangile » ou « Coran » le contenu du Communiqué, sans aucune lecture attentive, encore moins critique ! Cela démontre à souhait, le peu d’importance donné aux questions essentielles qui touchent à nos conditions de vie et de travail et qui conditionnent notre avenir. L’attrait des « faits divers politiciens ou people » l’emporte sur ces questions de fonds ! Ensuite, il est à noter que le Communiqué compare le taux de croissance de l’Indice Général d’Activité (IGA) au premier Trimestre de 2014, soit au 31 Mars, qui est de 3,2%, avec celui de 2013, qu’ il chiffre à 2,1%, mais il a oublié de mentionner, que cette « embellie » ne s’est traduite pas dans l’évolution de l’emploi dans le secteur moderne. En effet, l’emploi du secteur moderne au premier trimestre de 2014, a baissé 3,1%, alors qu’il n’avait baissé que de 2,5% dans la même période en 2013. Cette aggravation des pertes d’emplois s’est répercutée aussi bien dans le secteur secondaire, avec une baisse de 3,8% contre 3,1%, que dans le secteur tertiaire, avec une baisse de 2,3% contre 2,0%. Dans la même période, la compétitivité –prix de notre économie s’est fortement dégradée de 2,6%, à cause d’une forte appréciation du Franc CFA de 4,7% contre 1,2% durant le premier trimestre de 2013, et d’un différentiel d’inflation moindre, qui est passé de -3,4% au premier trimestre de 2013, à -2,1% au premier trimestre de 2014, traduisant une hausse relative du taux d’inflation durant la période, malgré cette « embellie » dans les activités que l’on a voulu faire passer comme un message d’espoir ! Ainsi, cette relative « embellie » de l’Indice Général d’Activité ne s’est traduite ni dans l’emploi, ni dans le niveau relatif de l’inflation, dans un contexte d’aggravation de l’Appréciation du Franc CFA, suite à celle de l’EURO auquel il est arrimé par un Compte d’Exploitation logé dans le Trésor Public Français. Mais, c’est surtout au niveau des Finances publiques, que le Communiqué du Conseil des Ministres laisse pantois. En effet, alors que nous sommes au mois de Mai, il annonce que « sur le niveau de recouvrement des recettes fiscales, le Ministre a noté pour ce premier semestre, (c’est-à-dire au 30 juin) un montant total de 449 milliards de FCFA, contre 417 milliards de FCFA en 2013, soit une hausse de 31 milliards de FCFA. » Cette curieuse affirmation, confrontée avec les recettes fiscales réellement recouvrées au 31 Mars 2014, selon toujours la « Note de Conjoncture » de la DPEE, est de 323,4 milliards, contre 314,9 milliards au premier trimestre de 2013, soit une augmentation de 8,5 milliards ! D’où le Ministre a t – il tiré ces recettes fiscales de 449 milliards et de 417 milliards pour annoncer une plus value de 31 milliards ? Pis encore, Il soutient qu’il a été effectué « au titre des engagements de l’Etat, un niveau de paiements plus important, avec un montant global de 972 milliards de FCFA injecté dans l’économie nationale », alors que les Dépenses totales au premier trimestre de 2014 s’élèvent à 427,8 milliards selon toujours la DPEE, dont 140,5 milliards de Dépense d’Investissement et 287,3 milliards de Dépenses courantes ! D’ailleurs, même si le Ministre avait les 449 milliards de recettes, comment a-t-il pu injecter 972 milliards dans l’économie sans se soucier du déficit budgétaire que cela entraînerait ? En fait, la gestion budgétaire du premier trimestre 2014, a aggravé le déficit budgétaire relativement à celui de 2013 à la même période, en le faisant passer de 46,6 milliards à 77, 7 milliards ! C’est dans ce contexte difficile de situation économique, sociale et budgétaire, que l’on va procéder, dans le cadre de la Loi des Finances Rectificatives, à ponctionner du budget d’investissement, 57 milliards pour financer « des études complémentaires de 27 projets phares du PSE, du Service universel de l’Energie et du Programme d’autosuffisance en riz » et , « la prise en charge des contreparties de l’Etat dans le cadre des financements de projets et programmes en cours d’exécution ou dont les conventions ont été signées ». Cette option de réduction des investissements en faveur des dépenses de fonctionnement rentre en contradiction avec toutes les professions de foie des nouvelles Autorités. En effet, au lieu de réduire le Train de vie dispendieux de nos Gouvernants qui va augmenter de 8,6 milliards dans le budget de 2014, en passant de 313,6 milliards en 2013 à 323,2 milliards de Frs CFA, l’on projette de réduire les investissements sur ressources propres de 57 milliards, alors que l’Etat avait programmé de les augmenter de 52,7 milliards dans le même budget, pour le les porter de 447,3 milliards à 530 milliards, afin de traduire « la volonté affichée par les autorités d’accélérer l’exécution des projets d’investissement structurants dans le contexte notamment de la mise en œuvre du PSE » ! Devant toutes ces interrogations, le Ministre de l’Economie et des Finances devrait revoir sa copie, et le Chef de l’Etat, ses nouvelles options véhiculées dans le projet de Loi des Finances Rectificatives, en les mettant au centre d’un débat national. En tout état de cause, les Députés de BBY devraient redoubler de vigilance et se préparer, pour mieux évaluer, à l’occasion des la Loi des Finances Rectificatives, la situation économique et sociale du pays et ses perspectives, afin d’infléchir ces nouvelles options dans le sens d’une meilleure prise en compte, par l’Exécutif, des préoccupations d’emploi, d’éducation, de pouvoir d’achat, et de souveraineté économique du peuple Sénégalais. Les aider, par des recherches et la mobilisation autour de la Loi des Finances Rectificatives, pour qu’ils y parviennent, est un devoir citoyen de premier ordre. Ibrahima SENE PIT/SENEGAL Dakar le 29 MAI 2014