Cette question mérite d’être posée dans la mesure où les statistiques de ces élections laissent perplexes plus d’un observateur, devant ce taux de participation de 35% et des inscrits n’atteignant même pas 500 000 travailleurs.
Comme nous le disions à un de nos amis, l’écrasante majorité des syndicats (qualifiés de jaune, par leader combatif de la FGTDS), en termes de représentativité, les syndicats les centrales syndicales le sont par rapport à l’abandon de la lutte syndicale, de l’abandon des travailleurs et leurs familles à leur sort. D’ailleurs c’est au moment même où se déroulaient ces élections que des centaines, voire des milliers de travailleurs attendaient, qui un, qui deux mois, d’arriérés de salaires. C’est aussi, au même moment, où les coupures intempestives d’électricité, mettaient tous les secteurs de notre économie à terre. Sans compter le fait que les denrées de consommation courante augmentaient ou stagnaient à des prix exorbitants. Cela à cause des taxes fiscales injustifiées destinées uniquement à soigner le train de vie d’un Etat refusant de se mettre au diapason des réalités socio-économiques catastrophiques, de notre pays. Mais plus grave, encore. Les syndicats on assisté sans brocher devant les pertes d’emplois récurrentes consécutives liées à de fermetures d’entreprises et de licenciements de toute sorte ?
Et devant cette situation les travailleurs n’ont jamais été conviés à une riposte et à refuser d’accepter l’inacceptable. Tout au contraire, ils ont été désabusés par des luttes feutrées ou ouvertes, de places pour des postes de Président de Conseil d’administration(PCA) et au Conseil Economique et Social(CES). L’attribution des subventions nocturnes versées à des trésoriers convoqués, à cet effet, à la Présidence de la République, n’a pas aidé à arranger les choses. Le Président de la République, lui-même, a demandé lors du 1er mai dernier, les syndicats qui n’étaient pas choisis par son ministre de travail, après les dernières élections de représentativité, de se ranger parmi les trois centrales désignées.
Le plus déroutant, de nos jours, c’est de constater que ce sont des Fondations, des ONG à la solde des tenants du néolibéralisme qui ne cessent aux projets meurtriers pour les travailleurs, qui financent leurs séminaires et autres programmes de « formation » ou d’études. Formation pour comprendre l’exploitation libérale, ou Formation pour accepter la ‘’docilité syndicale’’, pour ne pas dire la ‘’servilité syndicale’’ ?
Au regard de ce qui précède, se targuer d’une représentativité bidon, c’est comme on dit en pays wolof, ‘’Saxxami te sexoo dara’’ (faire semblant de mâcher quelque chose, alors qu’on a rien dans la bouche). On se dit syndicaliste, et on est incapable de mener une action revendicative d’envergure pour faire reculer les prédateurs de la société.
Pour tout dire ce comportement ‘’syndicalicien’’ (si vous permettez ce néologisme), de la classe syndicale, renvoie à celui de certains politiciens professionnels véreux que les sénégalais connaissent bien.
Il va sans dire que le label de Syndicat le plus représentatif décerné à la suite d’élection non libre non transparente donc ,non démocratique ne fait que rajouter à la décrédibilisassions des syndicalistes, mais pas au syndicalisme. Certes, la vocation des syndicats, de la société civile d’une manière générale, n’est pas de conquérir le pouvoir, mais dans des circonstances déterminées (l’agression manifeste contre les travailleurs et les populations, la violation manifeste des règles de jeu démocratique), il arrive qu’ils fassent de sorte que l’état de droit et la démocratie soient rétablis. Car, là ou il y a oppression, il y a lutte et résistance. Nous avons des exemples à suffisance sur ce plan. Notons la chute président Maurice Yaméogo, en 1966(en Haute-Volta (actuel Burkina Faso), et récemment, en 2011, celles de Ben Ali (en Tunisie) et de Boumarack (en Egypte).
Mais à condition que les syndicats, la société civile soient (de véritables contre-pouvoirs, de véritables sentinelles face à tous les pouvoirs), dirigés par des cadres incorruptibles, au service de leurs mandants.
Dakar le 05 mai 2011
Ababacar Fall-Barros