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Talla Sylla dévoile le rapport d’enquête sur son agression : «Les noms de mes 3 bourreaux»

Talla Sylla, le leader de l’Alliance «Jëf-Jël», entend se battre contre le classement du dossier de l’agression commise sur sa personne. Après avoir interjeté appel de l’ordonnance d’extinction de l’action publique rendue par le juge d’instruction du 1er Cabinet, il s’active à internationaliser cette affaire et révèle un passage du rapport de gendarmerie qui cite nommément ses agresseurs dont deux sont de la garde rapprochée du Président Wade et le troisième faisant partie des assassins du juge constitutionnel, Me Babacar Sèye. Talla Sylla évoque aussi l’affaire Segura, «un scandale de plus», mais «une patate plus chaude que d’habitude», et plaide, concernant «Bennoo» pour une équipe de «normalisation du Sénégal».


Rédigé par leral.net le Mercredi 4 Novembre 2009 à 11:17 | | 1 commentaire(s)|

Talla Sylla dévoile le rapport d’enquête sur son agression : «Les noms de mes 3 bourreaux»
L’actualité politique sénégalaise, c’est l’affaire Segura. Quelle lecture vous faites de ce scandale et de ses conséquences sur la vie politique, économique et sociale du pays ?
Un scandale de plus, mais qui du fait de ses répercussions internationales, est une patate plus chaude que d’habitude. Elle (l’affaire Segura : Ndlr) jette un gros pavé dans la mare où barbotaient notre canard local, sa cane et son caneton. Elle confirme ce que nous autres Sénégalais savions déjà ; à savoir que le «Pds», Pa bi Dom ji Soxna si, cette nouvelle trinité monumentalement blasphématoire, est une mafia qui n’a jamais hésité et n’hésitera jamais devant rien pour préserver ses intérêts. Sur le plan politique, elle offre une nouvelle opportunité pour travailler à la démission de Wade.
Avez-vous été surpris par les aveux de Wade sur cette affaire, alors que sur d’autres, comme vos accusations à son endroit comme commanditaire de l’agression sur votre personne, il avait gardé le silence ?
En vérité je ne suis pas surpris. Ce monsieur ne craint que la pression; surtout celle, venant de l’extérieur du pays. La pression exercée à l’occasion de la tentative de Wade de me faire assassiner n’a jamais été à la hauteur de l’agression, pour des raisons diverses, compréhensibles, mais pas acceptables.
Mais enfin…
Une manif’ a été organisée devant le siège du Fmi aux Etats-Unis et la Maison Blanche par des Sénégalais, alors qu’une autre est prévue par les jeunes et femmes de «Bennoo» le 6 novembre. Cela veut-il dire que les citoyens ont pris la pleine mesure du danger que court le pays?
Je crois sincèrement que cette tendance, de plus en plus lourde, est réelle depuis le 22 mars dernier et c’est heureux. En effet, elle annonce des jours sombres pour la «wadocratie» fondée sur une ploutocratie féodale et une théocratie sans Dieu. Elle confirme que les changements attendus et arrivés à maturité seront la résultante d’un mouvement mettant en branle d’énormes masses humaines qui prennent en charge leur propre destin.
Un communiqué, non pas du Palais, mais du gouvernement indique que l’affaire de la mallette était une erreur de la part de l’aide de camp de Me Wade. Que pensez-vous de cette justification ?
Qu’il serait intéressant de savoir ce qui se trouvait dans l’autre mallette. Plus sérieusement, ce cafouillage indique le désarroi du malfaiteur pris la main dans le sac. La théorie du bouc-émissaire est vieille comme le monde et ne trompe que ceux qui veulent bien se laisser avoir. Mais en cherchant à mouiller un officier dont la devise est «on nous tue, on ne nous déshonore pas», Wade joue avec le feu. «Un homme d’honneur doit toujours refuser d’être réveillé par le clairon.»
Pensez-vous que les réactions de Bennoo soient à la mesure de la situation politique, économique et sociale que traverse le Sénégal ? Pour vous, y a-t-il un manque de réactivité de l’opposition ou s’agit-il d’une stratégie efficace face au pouvoir et dans le contexte actuel ?
Je crois sincèrement qu’il y a eu des moments de doute, d’hésitation, un manque réel de réactivité à notre niveau, dans le cadre de Bennoo. L’épisode des échanges avec Wade dans la perspective d’un dialogue politique dit national, alors qu’il ne concerne que des politiciens, est là pour le confirmer. Mais je pense également que Bennoo est en train de dépasser la phase des salamalecs pour passer aux choses sérieuses. De façon plus décisive, il faudrait que Bennoo se transforme en front organique, avec une unité d’objectif, une unité de moyens et une unité de commandement, pour être en mesure de faire face à ces bandits de grands chemins avec toute la concentration et la puissance de feu nécessaire.
N’y a-t-il pas aussi une sorte d’engourdissement de l’élite intellectuelle qui semble avoir renoncé à son rôle d’avant-garde ?
Il est vrai qu’on ne la sent pas toujours et au niveau d’implication que le peuple est en droit d’attendre de ceux qu’il a contribué à former. Gageons que la déception, née de la forte propension des politiques à l’instrumentalisation, en est pour quelque chose. L’intellectuel est par essence réfractaire aux univers concentrationnaires qui caractérisent le milieu politique, jaloux de sa liberté. Mais dans la mesure où la liberté du citoyen est indissociable de celle qui prévaut dans le pays, un engagement plus net finit toujours par s’imposer. Ce constat n’enlève en rien le mérite de ceux dont la mobilisation est de notoriété publique.
Récemment, le régime a classé le dossier de l’agression contre votre personne. Comment vous avez accueilli une telle décision ?
Nous l’avons accueillie sans grosse surprise, notre conviction étant faite depuis longtemps que, tant que Wade commanditaire de cette tentative de meurtre sera au pouvoir, justice ne sera pas faite. Mais notre sérénité est immense qui se fonde sur notre foi profonde en Dieu. Un jour viendra…
Jusque-là, il a été soutenu que la Gendarmerie avait mené son enquête sur votre agression et que toutes les pistes menaient vers le Palais. Mais, formellement, l’opinion ne connaît pas toujours les auteurs de cet acte. Pouvez-vous révéler leur identité à l’opinion ?
La Gendarmerie avait demandé au Procureur de «poursuivre feu Ismaïla Mbaye, Baye Moussé Bâ dit Bro, tous deux membres de la garde rapprochée de Wade, et Assane Diop de l’affaire Maître Babacar Sèye pour tentative de meurtre sur la personne de Talla Sylla». Elle avait fourni les preuves établissant formellement l’implication de ces hommes.
Qu’entendez-vous faire par rapport à votre dossier qu’on a classé ? Quelles sont les dispositions effectives que vous avez prises dans ce sens ?
En fait, il s’agit d’une ordonnance d’extinction de l’action publique rendue par le juge d’instruction du 1er Cabinet. Un appel a été immédiatement interjeté. Aujourd’hui, nous travaillons à l’internationalisation de l’affaire car, encore une fois, Wade, ce grand complexé devant l’éternel, n’est sensible qu’à ce genre de démarche. Un film est également en chantier.
Wade a prématurément déclaré sa candidature et l’opposition à travers Bennoo s’est engouffrée dans ce débat. Quelle est votre position là-dessus ?
Wade a toujours procédé par diversion et par divertissement. Malheureusement, il réussit souvent ses coups devant des hommes politiques respectables, mais pas toujours vigilants. Le 22 mars 2007 a été un avertissement grandeur nature aux tenants de l’instauration d’une monarchie Wade. Les conclusions des Assisses nationales sont venues confirmer l’option irréversible des Sénégalais pour la démocratie et la République. Il ne recule que pour mieux sauter. Il veut reprendre l’initiative et compte sur les divisions, les ambitions personnelles des uns et des autres, déclarées ou pas, pour y parvenir. J’ose espérer que nos partenaires concernés vont se ressaisir et faire face. Car, le seul combat qui compte à l’heure actuelle, c’est faire partir Wade et sa famille. Pour atteindre cet objectif, aucune alliance n’est à exclure, aucun compromis n’est de trop; le seul Pds auquel il convient de faire face, sans concession aucune, étant le «Pa bi Dom ji Soxna si», Wade et sa famille biologique. Avec tous les autres, c’est souhaitable et même possible.
L’attitude de Bennoo vis-à-vis de la prochaine élection présidentielle est cruciale. Quelle est, selon vous, la meilleure attitude que l’opposition doit adopter ?
D’abord, nous devons cesser d’avoir les yeux rivés sur 2012. Nous ne pouvons, nous ne devons demander au peuple, qui a tant souffert et qui souffre toujours, de reconduire sa patience pour les deux années à venir en espérant un hypothétique avènement en 2012 d’un messie surgi d’on ne sait où. Ensuite, c’est ici et maintenant qu’il faut offrir une alternative basée sur les conclusions des Assisses nationales. Il faut ici et maintenant lancer une campagne de pétition pour la démission de Wade, exactement comme il avait fait pour abréger le mandat du Président de l’Assemblée nationale. Puis il faudra mettre en place une équipe de «normalisation du Sénégal» chargée de faire adopter une nouvelle Constitution hors de portée des manipulateurs, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, d’instituer un nouveau Code électoral à même d’apaiser le processus politique et de gérer les affaires courantes au premier rang desquelles la Casamance et les inondations avant d’organiser des élections libres et transparentes pour que le Sénégal se mette, enfin, au travail.
Moussa Tine, votre vieux compagnon, vient de décider de créer son parti. Comment vous avez pris une telle décision ? Envisagez-vous de vous retrouver un jour sur le terrain politique, en opposition ou en alliance ?
Ma réaction est surtout celle d’un démocrate et d’un républicain profondément respectueux des droits et libertés de chaque citoyen. Je ressens un énorme soulagement de voir mon ami et frère se remobiliser après deux années d’inactivité. Par ces temps obscurs, le peuple a, plus que jamais, besoin de la mobilisation de tous ses enfants conscients, talentueux et d’une utile perspicacité. Mon père, Majhemout Diop, dont je m’étais politiquement séparé, au sens où je n’étais plus membre du Pai (Parti africain pour l’indépendance), depuis 1988, est resté celui à qui je demandais conseil au moment des grands engagements. Parce qu’il ne faut pas souiller le plat dans lequel on a mangé. Il m’a toujours dit : «Talla, méfie-toi du présent ; c’est la boue et l’embourbement. Il faut toujours envisager les choses du point de vue de l’avenir.» Je répète que, dans la perspective du départ de Wade et de sa famille, aucune alliance n’est à exclure a fortiori avec des compatriotes avec qui on a partagé et partageons toujours tant de convictions. Pour le reste, qui vivra verra...

Propos recueillis par Soro DIOP source le quotidien

Pape Alé Niang


1.Posté par Falou le 04/11/2009 19:09 | Alerter
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Nous réfléchissons avec quelques amis aux USA sur la possibilité de faire un film inspiré de ce "fait divers" les américains apprécient beaucoup ce genre de films politico-policiers.

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