Le drapeau noir des djihadistes flotte désormais sur Tombouctou. «Quand j'ai vu ce drapeau sur le camp militaire et sur le gouvernorat, je n'ai pas compris», affirme Aziz, un étudiant encore sous le choc de la tempête vécue ces dernières heures par la cité millénaire, avec d'abord les trois journées de siège imposé par le Mouvement de libération de l'Azawad (MNLA). Puis le repli en désordre de l'armée malienne. Dans le chaos, les jeunes miliciens arabes, censés défendre la cité, se sont livrés au pillage avant, à leur tour, de prendre la fuite.
Depuis lundi après-midi, la porte du désert, dernière ville garnison encore aux mains du gouvernement malien à 900 kilomètres de Bamako, est tombée sous contrôle d'Ansar Dine, une milice salafiste. «C'est maintenant calme. Il n'y a plus de coups de feu», assurait, mardi, Muham, un commerçant qui s'avouait terrifié.
Imposer la loi de Dieu
À peine entrés dans la ville à bord d'une cinquantaine de pick-up, les djihadistes, faisant preuve d'une efficacité peu attendue, se sont en effet attachés à rétablir l'ordre et à imposer leur loi. «Ils sont venus directement jusqu'à l'hôpital où des jeunes armés semaient la panique. Ils les ont chassés et ont placé un peloton devant la porte pour les empêcher de revenir», raconte un médecin. En quelques heures, des petits groupes étaient ainsi répartis pour sécuriser tous les points névralgiques de Tombouctou. Les bars servant de l'alcool ont, eux, été brutalement fermés. «Ils ont aussi arrêté quelques pillards, qu'ils ont attachés avec du fil électrique», ajoute ce médecin.
À la nuit tombante, Iyad ag Ghaly, le chef d'Ansar Dine, convoquait tous les imams de la ville au camp militaire Cheikh Sidibé Kayes, le nouveau centre du pouvoir. Désormais maître des lieux, Iyad aurait demandé l'aide des religieux pour contrôler la ville et y imposer «la loi de Dieu», selon un témoin. Mardi, c'était au tour des dignitaires, maire en tête, d'être convoqués. Peu auparavant, les victimes des pillages avaient été invitées à venir porter plainte. «Cela a attiré beaucoup de monde, car on espérait retrouver quelque chose», souligne Hamad. Ce marchand finira par oublier son groupe électrogène volé pour rentrer au plus vite. «On m'a même demandé que je raccourcisse mon pantalon. Il y a des gens pas bien, ici», dit-il.
Une allusion à la présence en ville de trois des principaux chefs d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Zeid, Mokhtar Belmokhtar et Yahya Abou al-Hammam. Ces trois Algériens, qui détiennent treize otages occidentaux, dont six Français, ont été reçus par Iyad ag Ghaly en compagnie de l'iman.
L'abandon par le MNLA de Tombouctou, ville hautement symbolique, qui, de l'aveu même de son chef d'état-major, Mohammed ag Najim, incarne à elle seule «un rêve de cinquante ans», est un mystère. Selon un témoin cité par l'AFP, le MNLA, d'obédience laïque, ne serait pas parti volontairement mais aurait été chassé armes à la main par Ansar Dine. D'autres habitants de Tombouctou affirment au contraire que le MNLA aurait cédé la place pour s'installer à l'aéroport et se concentrer vers d'autres objectifs.
Seule certitude, Ansar Dine, présenté jusqu'ici comme un petit groupe allié au MNLA, apparaît en fait comme une composante puissante de la nébuleuse de milices qui forme l'armée touareg. Et le nom d'Iyad ag Ghaly fait désormais peur.
L'inquiétude des Noirs
Mardi, à Tombouctou, bien des résidents, et notamment la minorité noire, redoutent des représailles. «En fait, tout le monde tente de partir, mais c'est très difficile. Il n'y a pas d'essence, ni de convois, et les miliciens filtrent les sorties», regrette Nadir, l'employé d'une ONG. Mardi, une lente panique commençait à gagner Mopti, à 700 kilomètres au sud.
Dans la soirée, des patrouilles rebelles auraient été signalées dans la périphérie de la ville. Les environs de Mopti représentent, en théorie, la frontière la plus occidentale de l'Azawad, ce territoire légendaire revendiqué par le MNLA. Les Touaregs, grisés par leurs victoires et animés de profondes divergences, seront-ils tentés d'aller au-delà pour imposer leur loi à tout le pays?
Depuis lundi après-midi, la porte du désert, dernière ville garnison encore aux mains du gouvernement malien à 900 kilomètres de Bamako, est tombée sous contrôle d'Ansar Dine, une milice salafiste. «C'est maintenant calme. Il n'y a plus de coups de feu», assurait, mardi, Muham, un commerçant qui s'avouait terrifié.
Imposer la loi de Dieu
À peine entrés dans la ville à bord d'une cinquantaine de pick-up, les djihadistes, faisant preuve d'une efficacité peu attendue, se sont en effet attachés à rétablir l'ordre et à imposer leur loi. «Ils sont venus directement jusqu'à l'hôpital où des jeunes armés semaient la panique. Ils les ont chassés et ont placé un peloton devant la porte pour les empêcher de revenir», raconte un médecin. En quelques heures, des petits groupes étaient ainsi répartis pour sécuriser tous les points névralgiques de Tombouctou. Les bars servant de l'alcool ont, eux, été brutalement fermés. «Ils ont aussi arrêté quelques pillards, qu'ils ont attachés avec du fil électrique», ajoute ce médecin.
À la nuit tombante, Iyad ag Ghaly, le chef d'Ansar Dine, convoquait tous les imams de la ville au camp militaire Cheikh Sidibé Kayes, le nouveau centre du pouvoir. Désormais maître des lieux, Iyad aurait demandé l'aide des religieux pour contrôler la ville et y imposer «la loi de Dieu», selon un témoin. Mardi, c'était au tour des dignitaires, maire en tête, d'être convoqués. Peu auparavant, les victimes des pillages avaient été invitées à venir porter plainte. «Cela a attiré beaucoup de monde, car on espérait retrouver quelque chose», souligne Hamad. Ce marchand finira par oublier son groupe électrogène volé pour rentrer au plus vite. «On m'a même demandé que je raccourcisse mon pantalon. Il y a des gens pas bien, ici», dit-il.
Une allusion à la présence en ville de trois des principaux chefs d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Zeid, Mokhtar Belmokhtar et Yahya Abou al-Hammam. Ces trois Algériens, qui détiennent treize otages occidentaux, dont six Français, ont été reçus par Iyad ag Ghaly en compagnie de l'iman.
L'abandon par le MNLA de Tombouctou, ville hautement symbolique, qui, de l'aveu même de son chef d'état-major, Mohammed ag Najim, incarne à elle seule «un rêve de cinquante ans», est un mystère. Selon un témoin cité par l'AFP, le MNLA, d'obédience laïque, ne serait pas parti volontairement mais aurait été chassé armes à la main par Ansar Dine. D'autres habitants de Tombouctou affirment au contraire que le MNLA aurait cédé la place pour s'installer à l'aéroport et se concentrer vers d'autres objectifs.
Seule certitude, Ansar Dine, présenté jusqu'ici comme un petit groupe allié au MNLA, apparaît en fait comme une composante puissante de la nébuleuse de milices qui forme l'armée touareg. Et le nom d'Iyad ag Ghaly fait désormais peur.
L'inquiétude des Noirs
Mardi, à Tombouctou, bien des résidents, et notamment la minorité noire, redoutent des représailles. «En fait, tout le monde tente de partir, mais c'est très difficile. Il n'y a pas d'essence, ni de convois, et les miliciens filtrent les sorties», regrette Nadir, l'employé d'une ONG. Mardi, une lente panique commençait à gagner Mopti, à 700 kilomètres au sud.
Dans la soirée, des patrouilles rebelles auraient été signalées dans la périphérie de la ville. Les environs de Mopti représentent, en théorie, la frontière la plus occidentale de l'Azawad, ce territoire légendaire revendiqué par le MNLA. Les Touaregs, grisés par leurs victoires et animés de profondes divergences, seront-ils tentés d'aller au-delà pour imposer leur loi à tout le pays?