Entretien à cœur ouvert avec l’auteur du livre “Panser l’Afrique”.
Vous avez été chancelier à quel moment ?
J’étais chancelier en 2009 jusqu’à ma démission en 2015.
Et pourquoi avoir démissionné ?
Pour plusieurs raisons, j’ai démissionné parce que j’ai un peu de mal avec cette façon de faire de l’administration sénégalaise, où tout le monde progresse par corps. Tu peux être bon ou mauvais, l’essentiel c’est le nombre d’années. L’administration n’est pas encore dans le « différentialisme », dans la spécificité des gens. Il n’y a pas de « profiling » pour voir est ce qu’on récompense les plus méritants ou pas.
Je ne dis pas que je suis le plus méritant mais ça me dérange cet esprit. Ce n’est pas le culte de la performance, ce n’est pas non plus le culte de la compétence. On ne prend pas en compte les backgrounds et les apports des uns et des autres, qui peuvent avoir d’autres compétences et continuer au rang de chancelier dans un groupe. On avance ensemble, on stagne ensemble.
Deuxièmement, j’ai eu pas mal de soucis avec les gens du ministère des Affaires étrangères. Parce qu’à un moment, je suis parti du ministère pour faire autre chose, d’autres formations en France et tout. Quand je suis rentré, j’ai senti quelques difficultés de la part de certains collègues. C’est une des facilités de mon départ parce que je me sentais plus très bien.
Il y a eu aussi une question de management parce qu’un nouveau ministre est arrivé avec quelqu'un avec qui je ne m’entendais pas très bien sur pleins d’orientations concernant même des questions d’envergure, comme le déploiement des troupes sénégalaises au Yémen. Le ministre a donné des arguments à la télé et publiquement, j’ai écrit pour dire que c’était du n’importe quoi. Le ministre (ndlr : Mankeur Ndiaye) lui-même était incompétent.
Un autre souci, quand vous êtes chancelier, vous êtes de hiérarchie B. Vous êtes moins bien payé. Vous ne pouvez pas accéder à certaines responsabilités. Parce que les postes sont liés au grade de hiérarchie A. J’ai été reçu à l’ENA de France. Quand je suis revenu l’administration n’a pas pris en compte mon diplôme de l’ENA. Tu reviens, tu restes chancelier toujours hiérarchie B malgré que tu as fait l’ENA France, un concours hyper difficile.
Cela me gênait car j’ai la crédibilité intellectuelle et académique. Je suis énarque. Mais aux Affaires étrangères, je restais un vulgaire chancelier, hiérarchie B. Je perdais. C’est un ensemble de raisons. Je ne me sentais pas bien dans le ministère. Le boulot ne m’intéressait plus trop. J’aime bien le boulot de diplomate mais ce qu’on fait faire aux chanceliers souvent, c’est des questions d’état-civil, faire des actes de naissance et de décès. Moi personnellement, ça ne m’intéresse pas.
Alors le principal souci, c’est le fait qu’on sort de l’ENA comme chancelier et on va à la retraite comme chancelier ?
Il y a vraiment un vrai problème de plan de carrière. On commence premier secrétaire, on risque de finir premier secrétaire. Surtout si on est un peu une tête brûlée comme moi, on ne progresse pas.
Est-ce que vous aviez un bon salaire ?
Je gagnais très mal ma vie en tant que chancelier. Je gagnais 233 680 FCFA quand je suis sorti de l’ENA. Je ne m’y attendais pas.
Ça été un choc alors ?
Terrible !! (Rires) Tu sors de l’école, tu es diplomate. Tu es obligé de te mettre en costume cravate. Tu gagnes 233 680 FCFA. C’est chaud. Ça ne fait pas plaisir. J’étais déçu. Si tu veux te faire de l’argent, être fonctionnaire n’est pas la meilleure voie. Après j’en ai tiré les conclusions, je suis parti. Quand on se plaint, il faut avoir le courage de partir. Peut-être si je peux me le permettre, c’est parce que j’ai fait d’autres diplômes.
Senenquete.com
Vous avez été chancelier à quel moment ?
J’étais chancelier en 2009 jusqu’à ma démission en 2015.
Et pourquoi avoir démissionné ?
Pour plusieurs raisons, j’ai démissionné parce que j’ai un peu de mal avec cette façon de faire de l’administration sénégalaise, où tout le monde progresse par corps. Tu peux être bon ou mauvais, l’essentiel c’est le nombre d’années. L’administration n’est pas encore dans le « différentialisme », dans la spécificité des gens. Il n’y a pas de « profiling » pour voir est ce qu’on récompense les plus méritants ou pas.
Je ne dis pas que je suis le plus méritant mais ça me dérange cet esprit. Ce n’est pas le culte de la performance, ce n’est pas non plus le culte de la compétence. On ne prend pas en compte les backgrounds et les apports des uns et des autres, qui peuvent avoir d’autres compétences et continuer au rang de chancelier dans un groupe. On avance ensemble, on stagne ensemble.
Deuxièmement, j’ai eu pas mal de soucis avec les gens du ministère des Affaires étrangères. Parce qu’à un moment, je suis parti du ministère pour faire autre chose, d’autres formations en France et tout. Quand je suis rentré, j’ai senti quelques difficultés de la part de certains collègues. C’est une des facilités de mon départ parce que je me sentais plus très bien.
Il y a eu aussi une question de management parce qu’un nouveau ministre est arrivé avec quelqu'un avec qui je ne m’entendais pas très bien sur pleins d’orientations concernant même des questions d’envergure, comme le déploiement des troupes sénégalaises au Yémen. Le ministre a donné des arguments à la télé et publiquement, j’ai écrit pour dire que c’était du n’importe quoi. Le ministre (ndlr : Mankeur Ndiaye) lui-même était incompétent.
Un autre souci, quand vous êtes chancelier, vous êtes de hiérarchie B. Vous êtes moins bien payé. Vous ne pouvez pas accéder à certaines responsabilités. Parce que les postes sont liés au grade de hiérarchie A. J’ai été reçu à l’ENA de France. Quand je suis revenu l’administration n’a pas pris en compte mon diplôme de l’ENA. Tu reviens, tu restes chancelier toujours hiérarchie B malgré que tu as fait l’ENA France, un concours hyper difficile.
Cela me gênait car j’ai la crédibilité intellectuelle et académique. Je suis énarque. Mais aux Affaires étrangères, je restais un vulgaire chancelier, hiérarchie B. Je perdais. C’est un ensemble de raisons. Je ne me sentais pas bien dans le ministère. Le boulot ne m’intéressait plus trop. J’aime bien le boulot de diplomate mais ce qu’on fait faire aux chanceliers souvent, c’est des questions d’état-civil, faire des actes de naissance et de décès. Moi personnellement, ça ne m’intéresse pas.
Alors le principal souci, c’est le fait qu’on sort de l’ENA comme chancelier et on va à la retraite comme chancelier ?
Il y a vraiment un vrai problème de plan de carrière. On commence premier secrétaire, on risque de finir premier secrétaire. Surtout si on est un peu une tête brûlée comme moi, on ne progresse pas.
Est-ce que vous aviez un bon salaire ?
Je gagnais très mal ma vie en tant que chancelier. Je gagnais 233 680 FCFA quand je suis sorti de l’ENA. Je ne m’y attendais pas.
Ça été un choc alors ?
Terrible !! (Rires) Tu sors de l’école, tu es diplomate. Tu es obligé de te mettre en costume cravate. Tu gagnes 233 680 FCFA. C’est chaud. Ça ne fait pas plaisir. J’étais déçu. Si tu veux te faire de l’argent, être fonctionnaire n’est pas la meilleure voie. Après j’en ai tiré les conclusions, je suis parti. Quand on se plaint, il faut avoir le courage de partir. Peut-être si je peux me le permettre, c’est parce que j’ai fait d’autres diplômes.
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