Anders Behring Brevik serait un « fondamentaliste chrétien ». Où l’on voit que les politologues de service, "spécialistes de l’extrême-droite" qui ne se gênent pas pour associer recherche identitaire sanglante et foi chrétienne, comme si ça allait de soi, raisonnent exactement dans les même termes que les bourreaux qu’ils examinent : selon le schème symétrique de la guerre de civilisations. Puisqu’il y a un terrorisme islamique, il y en a forcément un chrétien : puisqu’il y a eu un 11 septembre, il y aura forcément une réponse symétrique de l’occident. Et comme l’occident se définit entre autres par le christianisme, faisons porter à celui-ci le chapeau du geste destructeur d’un homme assoiffé de puissance.
A la recherche des fondamentalistes chrétiens
Les neuneus qui vont répétant en masse sur la place du village depuis au moins quarante ans que « toutes les religions se valent » et que tout ça, c’est facteur de violence, forcément, ma bonne dame, et pis les croisades et la Saint-Barthélémy je vous raconte pas, et j’en passe et des meilleures, seraient bien inspirés – si ce mot fait encore partie de leur vocabulaire athée – de réviser leurs leçons et d’histoire religieuse et de théologie.
Un fondamentaliste chrétien, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Saint François d’Assise, Mère Teresa ou Maximilien Kolbe sont sans doute des fondamentalistes chrétiens, c‘est-à-dire des hommes ayant cherché à vivre selon l’Esprit du christianisme. Il nous intéresserait fort d’entendre une démonstration probante du lien de cause à effet que l’on peut établir depuis l’évangile et partant les diverses « Eglises » chrétiennes, même les protestantes les plus fantasques, jusqu’au terrorisme.
Où donc un « fondamentaliste chrétien », c’est-à-dire, imaginons-nous, quelqu’un qui serait aller chercher dans les textes paléo-chrétiens les motifs de sa boucherie, aurait-il pu trouver cette matière ? Chez Jésus le crucifié par amour, la victime volontaire ? Voilà qui tient parfaitement debout. Chez Paul, le citoyen romain décapité ? Evidemment. Chez Pierre, le chef des apôtres mis en croix la tête en bas par humilité devant son seigneur ? Chez Jean l’exilé de Patmos ? Chez les innombrables martyrs des premiers siècles ? Raisonnement imparable.
Le néolibéralisme en question
La mise en avant de ses références pseudo-chrétiennes, comme les croisades, les Templiers ou même, absurdité suprême, son passeport facebookien sur lequel les consommateurs de réseau sociaux déclarent leur appartenance religieuse, est d’évidence destinée à faire oublier le fond réel du personnage : si Breivik est fondamentaliste de quoi que ce soit, c’est plutôt du néolibéralisme.
Dans sa haine de soi, le bonhomme qui ne comprend pas pourquoi le doux commerce avec son ouverture irraisonnée des frontières a fini par se retourner contre lui-même, se prend à rechercher dans le passé toutes les figures d’autorité ou de force dont une époque insensée l’a privé, avec tous ses commensaux européens. Breivik, c’est au final, un personnage de Dantec qui assassine en masse ses contemporains perdus pour ne pas devenir un héros de Houellebecq. Pas grand chose de plus.
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A la recherche des fondamentalistes chrétiens
Les neuneus qui vont répétant en masse sur la place du village depuis au moins quarante ans que « toutes les religions se valent » et que tout ça, c’est facteur de violence, forcément, ma bonne dame, et pis les croisades et la Saint-Barthélémy je vous raconte pas, et j’en passe et des meilleures, seraient bien inspirés – si ce mot fait encore partie de leur vocabulaire athée – de réviser leurs leçons et d’histoire religieuse et de théologie.
Un fondamentaliste chrétien, qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? Saint François d’Assise, Mère Teresa ou Maximilien Kolbe sont sans doute des fondamentalistes chrétiens, c‘est-à-dire des hommes ayant cherché à vivre selon l’Esprit du christianisme. Il nous intéresserait fort d’entendre une démonstration probante du lien de cause à effet que l’on peut établir depuis l’évangile et partant les diverses « Eglises » chrétiennes, même les protestantes les plus fantasques, jusqu’au terrorisme.
Où donc un « fondamentaliste chrétien », c’est-à-dire, imaginons-nous, quelqu’un qui serait aller chercher dans les textes paléo-chrétiens les motifs de sa boucherie, aurait-il pu trouver cette matière ? Chez Jésus le crucifié par amour, la victime volontaire ? Voilà qui tient parfaitement debout. Chez Paul, le citoyen romain décapité ? Evidemment. Chez Pierre, le chef des apôtres mis en croix la tête en bas par humilité devant son seigneur ? Chez Jean l’exilé de Patmos ? Chez les innombrables martyrs des premiers siècles ? Raisonnement imparable.
Le néolibéralisme en question
La mise en avant de ses références pseudo-chrétiennes, comme les croisades, les Templiers ou même, absurdité suprême, son passeport facebookien sur lequel les consommateurs de réseau sociaux déclarent leur appartenance religieuse, est d’évidence destinée à faire oublier le fond réel du personnage : si Breivik est fondamentaliste de quoi que ce soit, c’est plutôt du néolibéralisme.
Dans sa haine de soi, le bonhomme qui ne comprend pas pourquoi le doux commerce avec son ouverture irraisonnée des frontières a fini par se retourner contre lui-même, se prend à rechercher dans le passé toutes les figures d’autorité ou de force dont une époque insensée l’a privé, avec tous ses commensaux européens. Breivik, c’est au final, un personnage de Dantec qui assassine en masse ses contemporains perdus pour ne pas devenir un héros de Houellebecq. Pas grand chose de plus.
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