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UCAD : Le SAES mobilise les syndicats africains, pour défendre l’autonomie des Universités

Rédigé par leral.net le Lundi 10 Février 2025 à 09:43 | | 0 commentaire(s)|

L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a accueilli, samedi 8 février 2025, un événement historique, dédié à la défense des libertés académiques en Afrique. Organisée par le Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES), en collaboration avec le Réseau Universitaire International pour la Défense des Libertés Académiques, cette journée d’étude avait pour thème : « Les libertés académiques face à l’ingérence du politique ».


Des syndicats et représentants de plusieurs pays africains, ainsi que des partenaires internationaux, se sont réunis pour échanger sur les défis auxquels sont confrontées les universités et les enseignants du supérieur.

Parmi les participants, figuraient des syndicats sénégalais tels que le SYNDEC, le SNESUP-FSU, le SNESUP, l’UT-LDA et le MORES-CI, ainsi que des délégations venues du Cameroun (SYNES), du Niger (SNECS), du Togo (SEST) et du Bénin (SNES et SYNARES). Cette diversité témoigne de l’importance croissante accordée à la protection des libertés académiques sur le continent.

David Célestin Faye, Coordonnateur national du SAES, a prononcé une déclaration forte lors de cette journée. Il a rappelé que « le SAES accueille aujourd'hui, au Sénégal, la célébration de la journée sur les Libertés académiques. Le 8 février de chaque année, nous nous rencontrons dans un pays membre du réseau, pour échanger sur la situation de la liberté académique dans le monde ». Cette initiative s’inscrit dans un contexte plus large de mobilisation syndicale, marquée par la création récente de l’Union Syndicale Africaine de l’Enseignement Supérieur (USAES), qui regroupe dix pays africains.

L’USAES, dont le siège est établi au Sénégal, représente une avancée majeure pour la coordination des efforts syndicaux en Afrique. « Nous avons mis en place l'Union syndicale africaine de l'enseignement supérieur, qui regroupe un ensemble de 10 pays. Ces pays vont, à travers le Sénégal, échanger sur les problématiques transversales qui gangrènent les universités », a expliqué David Célestin Faye. Cette union vise à renforcer la collaboration entre les syndicats africains pour faire face aux défis communs, tels que l’ingérence politique et les restrictions des libertés académiques.

Le coordonnateur du SAES a également salué le soutien des partenaires européens, qui ont contribué à la mise en place de ce réseau. « Nous félicitons nos partenaires africains et européens qui sont avec nous, pour la célébration des Libertés académiques et la création de ces réseaux », a-t-il déclaré.

M. Faye n’a pas manqué de dénoncer les obstacles auxquels font face les universités sénégalaises, pointant du doigt l’ingérence du politique. « Au Sénégal, les principales difficultés que nous avons viennent principalement de l'autorité. Le ministère de l'Enseignement supérieur a récemment violé allègrement un décret et deux lois, en se félicitant même de cette violation dans un communiqué », a-t-il affirmé. Cette ingérence se manifeste notamment dans l’orientation des bacheliers, une question récurrente qui illustre la mainmise du politique sur l’académique.

Il a ajouté que « l'obstacle majeur, c'est le politique, l'homme politique qui s'empare de l'académie. Le ministère, à travers des décisions impopulaires, s'approprie les produits des universités ». Cette situation, selon lui, compromet l’autonomie des institutions universitaires et freine leur capacité à remplir leur mission éducative et scientifique.

Cette journée d’études s’inscrit également dans le cadre des célébrations des 40 ans du SAES, une organisation qui, depuis sa création, s’est battue pour la promotion des libertés académiques. « Depuis 40 ans, le SAES se bat pour la promotion des Libertés académiques. Nous nous sommes battus contre les lois de 2015, qui restreignaient ces libertés. Nous sommes conscients des restrictions et nous continuerons à nous battre, avec nos partenaires africains, pour la promotion de ces libertés », a déclaré David Célestin Faye.

Le SAES a également mis en place des initiatives locales pour renforcer la collaboration entre les syndicats de l’éducation au Sénégal. « Cette initiative, nous l'avons déjà au Sénégal avec l'ensemble des syndicats de l'éducation. Nous allons accompagner l'USAES, pour la réalisation de cet objectif commun », a-t-il ajouté.

La journée d’études du 8 février 2025, a été l’occasion de rappeler l’importance cruciale des libertés académiques pour le développement des sociétés africaines. Face à l’ingérence politique et aux restrictions croissantes, les syndicats africains de l’enseignement supérieur ont montré leur détermination à prendre leur destin en main. « Nous, en tant que syndicats africains, prenons notre destin en main ,en nous réunissant pour collaborer davantage à la résolution de ces problématiques », a conclu David Célestin Faye.







Birame Khary Ndaw