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Un gros calvaire pour vendeurs et ménagères

RARETE DES LEGUMES SUR LE MARCHE ET HAUSSE DES PRIX

L'installation de l'hivernage rime avec calvaire pour vendeurs de légumes et ménagères. Les premiers vendent plus cher des produits introuvables, les seconds déboursent plus pour pouvoir préparer un bon repas ou changer de menus.


En ce début d'hivernage, les légumes restent des denrées rares et chères. Ces produits sont non seulement devenus introuvables, mais les rares qui sont exposés sur les étals ont vu leur prix sensiblement augmenté. Un tour au marché Castors nous a permis de faire le constat. De visu les étals de légumes s’alignent et se ressemblent, des tomates, des concombres, des choux, des carottes, des poivrons et des paniers de gombos. Cependant il faut s’aventurer à demander les prix pour se rendre compte que c’est la période où les légumes deviennent plus coûteux. Ces légumes cités sont ceux qui entrent dans la préparation de la plupart des plats sénégalais. Ces légumes très prisés sont sur le marché, tout au long de l’année, et l’augmentation des prix ne décourage pas pour autant les consommateurs. Malgré le fait que les prix peuvent doubler voir tripler durant cette saison, les acheteurs continuent d’acheter. Les vendeurs quant à eux ayant l’habitude de proposer le même produit, durant toute l’année, et s’étant fait une clientèle sur cette base n’en changent pas pour autant de commerce.


Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Juillet 2011 à 13:38 | | 0 commentaire(s)|

Un gros calvaire pour vendeurs et ménagères
En ce début d'hivernage, les légumes restent des denrées rares et chères. Ces produits sont non seulement devenus introuvables, mais les rares qui sont exposés sur les étals ont vu leur prix sensiblement augmenté. Un tour au marché Castors nous a permis de faire le constat. De visu les étals de légumes s’alignent et se ressemblent, des tomates, des concombres, des choux, des carottes, des poivrons et des paniers de gombos. Cependant il faut s’aventurer à demander les prix pour se rendre compte que c’est la période où les légumes deviennent plus coûteux. Ces légumes cités sont ceux qui entrent dans la préparation de la plupart des plats sénégalais. Ces légumes très prisés sont sur le marché, tout au long de l’année, et l’augmentation des prix ne décourage pas pour autant les consommateurs. Malgré le fait que les prix peuvent doubler voir tripler durant cette saison, les acheteurs continuent d’acheter. Les vendeurs quant à eux ayant l’habitude de proposer le même produit, durant toute l’année, et s’étant fait une clientèle sur cette base n’en changent pas pour autant de commerce.
Saliou Bèye, vendeur de tomates nous en dit un peu plus sur les nouveaux prix de sa marchandise: «avant le kilo se vendait à 300 francs. Aujourd'hui, je suis obligé de le vendre à 700 francs. C'est un peu compliqué pour nous. Parce nous ne voyons que très peu de clients».
Ndèye Sèye, vendeuse de légumes, un bébé dans les bras nous détaille les prix des légumes exposés sur une table: «le poivron qui coûtait 250 à 350 francs coûte aujourd'hui entre 700 et 800 francs, le navet se vend maintenant à 700 francs le kilo, alors que son prix était de 300 francs auparavant. Le persil qu'on achetait même à 125 francs le bouquet pour en faire d'autres de 50 francs, on les vend maintenant à 100 francs. Pour ce qui est du chou et de la carotte, leurs prix ont augmenté de 200 francs, le navet qui se vendait à 250 francs le kilo est à 400 francs».
Vendeur de gombos, Boubacar Ba, un Guinéen vivant à Grand Yoff n'est pas lui aussi épargné par cette montée en flèche des prix. Il dit céder le kilo du gombo entre 500 et 600 francs, alors qu'il ne dépassait pas il n'y a pas longtemps 300 francs. D'où toutes ses complaintes sur les difficultés réelles qu'ils rencontrent dans leurs activités où il est impossible de réaliser des bénéfices. «Les gens qui achètent pensent que nous sommes responsables de la hausse, alors que nous aussi nous achetons pour revendre», déplore-t-il. Pour beaucoup de ces vendeurs, c'est l'hivernage qui explique la hausse de ces légumes et que d'ici peu de temps, la situation va redevenir comme avant. Abdou Ndiaye de son côté évoque la fermeture du marché à certains produits importés pour expliquer cette situation. «Il n'y a que des légumes locaux sur le marché. Mais si on importait les légumes, les prix allaient diminuer forcément».
Peinant à s'en sortir, la plupart de ces commerçants ne vendent plus en détail, mais seulement par kilo pour s'en sortir.
Les ménagères déboussolées
Bien que les légumes restent trop chers, les ménagères sont obligées de faire avec. Car n'ayant pas le choix. Trouvée chez elle en train de préparer le repas dans son domicile à Castors, la dame Coumba Ndong donne son point de vue: «on ne peut pas préparer le riz sans légumes. Ce serait vraiment très bizarre. Je dépense beaucoup d'argent maintenant quand je pars au marché, déjà qu'on n'est pas une grande famille». Elle ajoute: «par exemple j'achète un kilo de carotte et c'est pour deux jours seulement. C'est vraiment dur avec le manque d'argent qu'il y a dans ce pays». Mais pour cette mère de famille aussi les prix du marché castors sont plus abordables que les autres marchés. «j'ai une soeur qui habite aux Parcelles Assainies, mais elle fait tous les jours le trajet pour venir acheter ici. Car c'est moins cher».
Ndèye Thiaw, la quarantaine dit gérer la situation même si elle reconnaît que c'est très difficile. Car, ce n'est pas la première fois que les prix augmentent de cette façon». On a l'habitude parce qu’à chaque hivernage, on vit cette situation». Et d'après elle:«les gens ne peuvent pas rester sans manger». Elle conseille aux gens qui n'ont pas les moyens d'apprendre à essayer de changer de menu. «Il n'y a pas que les légumes dans ce pays, bien vrai que c'est bon pour la santé», martèle-t-elle.

POUR MAINTENR LEURS MENUS À SUCCÈS : Restaurants et fast-foods mettent les bouchées doubles
Les prix des légumes frais montent en flèche et cela occasionne des désagréments aux restaurateurs et aux gérants de fast-foods. Rama Sèye, une dame d’une trentaine d’années, nous apprend qu’ils vivent chaque année un vrai supplice lors de la saison des pluies. Trouvée dans son restaurant qui, en ce début d'après-midi, ne compte que quelques clients, elle ne s’est pas fait prier pour laisser ses marmites un court moment afin de nous éclaircir sur le sujet. «C’est très dur pour nous en ce moment. Tous les légumes ont vu leur prix augmenter, les choux, les carottes, les tomates. Les haricots verts sont devenus quasiment introuvables», renseigne-t-elle. Rama, qui tient son restaurant depuis 3 ans et tout près du marché, en sait long sur les prix qui se pratiquent. Néanmoins, bien qu’elle soit obligée de dépenser ces temps-ci en légumes plus que de coutume, elle n’ose pas augmenter le prix des plats qu’elle sert à ses clients. C’est contrainte qu’elle maintient les tarifs : «Il y a plusieurs restaurants autour de moi et ils vendent moins cher. Je vend mes plats à 600 F Cfa et eux à 400 F Cfa, mais j’ai l’habitude de servir des mets de bonne qualité à mes clients». La tenancière qui pratique déjà un prix plus élevé que ces proches concurrents ne peut pas proposer un coût plus élevé, de peur de voir ses clients aller vers les autres. Non seulement elle ne peut pas vendre ses plats à plus de 600 F, mais, en plus, elle n’oserait pas changer le menu auquel elle a habitué ses clients et qui fait le succès de son commerce. La restauratrice révèle : «Parfois, je m’aperçois quand je fais les comptes que je n’ai même pas récupéré l’argent que j’ai investi dans les achats. Et le lendemain, par souci de fidéliser ma clientèle pour des jours meilleurs, je rachète la même quantité que d’habitude». Sur le ton de l’évidence, elle avoue qu’il lui arrive de vendre à perte, toutefois, elle n’a pas d’alternative, il lui faut persévérer faute d’avoir une autre activité que la restauration.
Pour ne pas perdre leur clientèle les restaurants obligés de maintenir les prix
Le constat est pareil chez sa concurrente qui tient non loin d’elle le restaurant «Keur Mama Diarra». En revanche, moins luxueux, l’endroit est réservé aux ouvriers du marché et par conséquent les prix y sont plus abordables. Ici tous les plats se vendent à 400 F Cfa. Toutefois, tout comme Rama Sèye, la gérante essaie de faire de son mieux avec la variation des prix. Elle nous explique qu’elle gère le restaurant seulement depuis 4 mois et qu’à son arrivée les légumes étaient abondants sur le marché. Et cela était facile pour elle de concocter ses plats. Tout comme Rama, elle a dorénavant des difficultés avec son budget : «Je peux dépenser 25 000 F Cfa et me retrouver en fin de compte avec 20 000 F Cfa. Je me fatigue à aller au marché, préparer les plats et servir les clients et au final, je n’ai aucun bénéfice», se désole-t-elle.
Il est facile d’imaginer que la solution pour cette femme serait d’augmenter les prix afin de faire face aux réalités du marché, ou bien changer le menu afin de proposer des mets sans légumes, pourtant, tel ne peut être le cas. La restauratrice raconte : «Ce restaurant est ouvert depuis 2006. Quand je suis arrivée, les clients avaient déjà leurs habitudes, c'est-à-dire les plats qu’ils préfèrent et un prix qu’ils avaient coutume de payer depuis des années. Donc je ne pouvais que m’y conformer, au risque de perdre ma clientèle ».
Adeptes de crudités, les fast-foods pâtissent
Les restaurants ne sont pas les seuls touchés actuellement par la flambée des prix. Au fast-food «Jakarloo Chez Joe», la nourriture servie est souvent accompagnée de crudités qui coûtent présentement aussi cher sur le marché. Gérante depuis plus d’un an, Khadija Sène informe qu’ils dépensent plus en légumes que les mois précédents. La jeune femme déclare que c’est devenu difficile pour eux de faire des recettes entre les lundis et les mercredis. «Nous avons beaucoup plus d’acheteurs les week-ends, généralement du jeudi au dimanche. Ce sont les jours où les gens viennent en masse et l’on peut acheter les légumes plus cher sans pour autant enregistrer de pertes».
Toutefois de nombreux habitués des marchés prédisent que les légumes se feront plus rares d’ici le mois prochain qui coïncidera avec le Ramadan. Plus on entrera au cœur de l’hivernage, plus les prix grimperont.
Anne Marie AGBOTON & Ramatoulaye BA (Stagiaires) le populaire

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