“Je suis infirmière aux urgences d’un hôpital. Nous ne sommes pas autorisés à avoir nos téléphones sur nous, alors nous les laissons dans nos casiers. Le standard de l’hôpital a reçu un appel privé pour moi.
À l’autre bout de la ligne : “C’est Monsieur Moreau* du lycée Victor Hugo*. Il y a eu un incident avec votre fille. Vous devez venir.”
Moi : “Est-elle malade ou blessée ? Est-il possible d’attendre que j’aie fini mon service dans deux heures ?”
M. Moreau : “Votre fille a frappé un autre élève. Cela fait 45 minutes que nous essayons de vous joindre. C’est grave.”
Je suis allée à l’école et ont m’a emmené dans le bureau du principal. Là, il y avait ma fille, un enseignant, une conseillère, le principal, un garçon avec le nez en sang et le visage tout rouge et ses parents.
Le principal : “Bonjour, c’est très gentil de vous joindre FINALEMENT à nous !”
Moi : “Oui, on est toujours très occupé aux urgences de l’hôpital. J’ai passé la dernière heure à faire 40 points de suture à un enfant de 7 ans qui a été frappé par sa mère avec une louche en métal et ensuite j’ai dû répondre aux questions de la police pour l’enquête. Désolée pour le retard.”
Alors qu’il essayait de ne pas paraître gêné, il m’a raconté ce qui était arrivé. Le garçon a cassé le soutien-gorge de ma fille et elle lui a répondu en lui donnant deux coups de poing sur le visage. J’avais l’impression qu’ils étaient plus en colère envers ma fille qu’envers le garçon.
Moi : “Oh, et vous voulez savoir si je vais porter plainte contre lui pour harcèlement sexuel envers ma fille et contre l’école pour l’avoir laissé faire ça ?”
Ils avaient tous l’air d’être mal à l’aise lorsque j’ai prononcé les mots "harcèlement sexuel" et ont commencé à tous parler en même temps.
Le professeur : “Je ne crois pas que ce soit si grave.”
La conseillère : “Il ne faut pas dramatiser”
Le principal : “Je crois que vous ne comprenez pas très bien la situation.”
La mère du garçon s’est mise à pleurer. Je me suis tournée vers ma fille pour savoir ce qui s’était vraiment passé.
Ma fille : “Il n’arrêtait pas de tirer mon soutien-gorge. Je lui ai demandé d’arrêter mais il a continué. Alors j’en ai parlé au professeur. Il m’a dit de l’ignorer. Mais il a continué et il a dégrafé mon soutien-gorge, alors je l’ai frappé. Ensuite il a arrêté de m’embêter.”
Je me suis tournée vers le professeur.
Moi : “Vous l’avez laissé faire ça ? Pourquoi ne l’en avez-vous pas empêché ? Est-ce que vous auriez envie que je touche votre braguette ?”
Le professeur : “Pardon ?!”
Moi : “Oh, ça vous paraît indécent ? Pourquoi n’allez vous pas tirer un peu le soutien-gorge de la conseillère ? Et voir à quel point elle trouve ça rigolo. Ou le soutien-gorge de cette mère ? Ou le mien ? Ou celui de ma fille ? Vous pensez que, du moment que ce ne sont que des enfants, ce n’est pas grave ?”
Le principal : “Avec tout notre respect, votre fille a quand même frappé un autre enfant.”
Moi : “Non. Ma fille s’est défendue contre un autre élève qui l’a harcelée sexuellement. Regardez-les : il fait une tête de plus qu’elle et il est deux fois plus baraqué. Combien de fois aurait-elle dû le laisser la toucher ? Si la personne qui est censée l’aider et la protéger dans sa classe ne s’en est pas souciée, qu’est-ce qu’elle aurait dû faire ? Il a tiré son soutien-gorge tellement fort qu’il s’est cassé !”
La mère du garçon pleurait toujours et son père avait l’air à la fois énervé et gêné. Le professeur évitait mon regard. J’ai regardé le principal dans les yeux.
Moi : “Je la ramène à la maison. Je pense qu’il a compris la leçon. Et j’espère qu’une chose pareille n’arrivera plus jamais, pas seulement à ma fille, mais à toutes les filles de l’école. Vous ne le laisseriez pas faire ça à un membre de l’équipe enseignante, alors ça me dépasse de voir que le fait qu’il joue avec le soutien-gorge d’une fille de 15 ans n’a pas l’air d’être un problème pour vous. J’en parlerai au président du conseil d’administration. Et si tu (en me tournant vers le garçon) touche ma fille ENCORE UNE FOIS, je te ferais arrêter pour agression sexuelle. C’est compris ?”
La colère ne m’avait pas quittée lorsque je rassemblais les affaires de ma fille et que nous sommes parties. J’ai rapporté l’incident aux membres du conseil d’administration, j’en connais plusieurs de l’église (c’est une école catholique), et on m’a assuré qu’ils allaient s’en occuper. Eux aussi ont été horrifiés et m’ont dit qu’ils contacteraient l’école. Ma fille a été placée dans une autre classe pour ne plus être en contact avec ce professeur et cet élève."
C’est horrible de voir que l’école refusait délibérément d’entendre la défense de cette jeune fille. Heureusement, cette mère a su s’imposer pour remettre tout le monde à sa place.
feroce