MACKY SALL passera finalement par le référendum pour ne plus réduire son mandat de sept ans. Il le fera en 2016, pour une présidentielle théoriquement prévue un an après.L'impact financier est évident : deux consultations populaires en deux ans, avec une moyenne de quatre milliards par convocation du collège électoral, même le Sénégal émergent ne peut se le permettre, surtout s'il s'agit de faire la manche sur l'autoroute de l'aide internationale. A titre de comparaison, les locales du 29 juin 2014 ont coûté 15 milliards, avec plus de cent millions de bulletins de vote, selon les déclarations d'alors du ministre de l'Intérieur à l'Agence de Presse sénégalaise ; il faut dire qu'il s'agissait là d'une gabegie autour de partis timbres postes dont le coût d'impression des bulletins et affiches dépasse largement le budget de la formation politique donnée. On cherche depuis lors rationaliser, sans pouvoir aller en deçà du premier chiffre avancé, pour l'organisation du référendum.
Le couvert de la commission Mbow de réforme des institutions ne saurait prospérer pournoyer une promesse que l'on ne souhaite plus tenir, après des atermoiements qui ont irrité des partenaires au développement auprès desquels certains engagements avaient été faits pour la moralisation de l'espace politique et financier sénégalais, alors vicié par l'absence de retenue du gouvernement en place. Autant dire qu'on aura vendu 2017 pour une présidentielle de 2019 en passant par 2016. C'est astucieux d'y avoir pensé pour ne plus réduire un mandat car un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, l'horizon s'obscurcissant de plus en plus devant l'éventuel candidat Macky Sall.
Certains exégèses ont en effet cherché le sexe des anges à travers la tenue ou non de la promesse du candidat d'alors de réduire son mandat ou pas. Si d'aucuns avancent sans sourciller une élection 2012 basée sur la volonté clairement exprimée et acceptée par les électeurs de réduire un mandat et prétextent qu'il n'est dès lors plus nécessaire de passer par quelque voie référendaire que ce soit, d'autres proposent des chemins de traverse que seraient le Parlement, le renoncement ou une simple convocation du collège électoral à la fin des cinq ans. Car l'affaire n'est pas des plus minces entre un parjure qui ne dit pas son nom face à la crainte de sanction des populations sénégalaises, et une volonté d'être agréable à ...Washington, Bruxelles et à Paris...tout en maintenant les sept constitutionnels.
Dans la réalité en effet, Macky Sall ne veut ni de l'un ni de l'autre, mais d'un mandat de sept ans : parce que les consultations populaires organisées depuis l'élection du président n'aident pas le nouvel élu à se rapprocher des populations qui l'avaient choisi, les théoriciens du palais présidentiel penchent désormais pour 2019, à la place de l'engagement pour 2017 ; leur argument principal : ne pas se faire hara kiri avec la délicatesse de la situation socio-politique qui ne serait pas favorable au chef de l'État dont le pouvoir est inversement proportionnel à l'érosion des possibilités économiques des populations sénégalaises.
Ces théoriciens du report partent d'un certain empirisme : les résultats de consultations populaires subséquentes à l'arrivée du président Macky Sall montrent une certaine usure prématurée du pouvoir : averti une première fois en juillet 2012 avec les législatives par un taux d'abstention record de 55% qui ne lui a pas donné une majorité propre significative, le président doit doublement comprendre l'augmentation de ce repli de l'électeur sur lui-même avec les quelque 70% d'abstention de juin 2014 ; le Sénégalais lambda et le militant de l'Alliance pour la République (Apr) ne reconnaissent plus l'un sa formation de base, l'autre le Macky Sall qu'il a choisi pour marquer la rupture.
Les opérations de charme en direction de Paris (11 janvier, 4-6 février après le sommet de la Francophonie diversement apprécié par les observateurs et autres candidats malheureux) résulteraient d'une tentative de rattrapage après les atermoiements sur la durée du mandat présidentiel : en juin 2014 en effet, le président de la République ne semblait plus très sûr de sa volonté en invoquant sur Rfi ne pas être maître des lois, ce qui avait été perçu par Paris et Washington comme une sorte de dérobade devant la promesse de réduction du mandat présidentiel.
Le référendum avancé est cependant gros de dangers et pourrait coûter son poste à son initiateur : en effet, un « Oui » devrait logiquement entraîner une modification de la Constitution qui réglerait définitivement le problème de la durée du mandat présidentiel ; on n'en demande pas autant au président de la République quand les règles communautaires s'opposent au tripatouillage de la la Loi fondamentale. A l'opposé,un « Non » équivaudrait ipso facto à une motion de défiance vis-à-vis d'un candidat ayant sollicité une faveur qui lui est refusée. Les lois républicaines relevant de l'expérience française avec le général de Gaulle devraient alors inspirer le président de la République qui en tirerait toutes les conséquences de droit. Dans le premier cas, le Sénégal aura plus voté pour un problème personnel devenu une préoccupation nationale ; à l'inverse vendre 2017 pour une présidentielle en 2019 pourrait se faire sans Macky Sall dont la demande aura été refusée.
Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue
Le couvert de la commission Mbow de réforme des institutions ne saurait prospérer pournoyer une promesse que l'on ne souhaite plus tenir, après des atermoiements qui ont irrité des partenaires au développement auprès desquels certains engagements avaient été faits pour la moralisation de l'espace politique et financier sénégalais, alors vicié par l'absence de retenue du gouvernement en place. Autant dire qu'on aura vendu 2017 pour une présidentielle de 2019 en passant par 2016. C'est astucieux d'y avoir pensé pour ne plus réduire un mandat car un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, l'horizon s'obscurcissant de plus en plus devant l'éventuel candidat Macky Sall.
Certains exégèses ont en effet cherché le sexe des anges à travers la tenue ou non de la promesse du candidat d'alors de réduire son mandat ou pas. Si d'aucuns avancent sans sourciller une élection 2012 basée sur la volonté clairement exprimée et acceptée par les électeurs de réduire un mandat et prétextent qu'il n'est dès lors plus nécessaire de passer par quelque voie référendaire que ce soit, d'autres proposent des chemins de traverse que seraient le Parlement, le renoncement ou une simple convocation du collège électoral à la fin des cinq ans. Car l'affaire n'est pas des plus minces entre un parjure qui ne dit pas son nom face à la crainte de sanction des populations sénégalaises, et une volonté d'être agréable à ...Washington, Bruxelles et à Paris...tout en maintenant les sept constitutionnels.
Dans la réalité en effet, Macky Sall ne veut ni de l'un ni de l'autre, mais d'un mandat de sept ans : parce que les consultations populaires organisées depuis l'élection du président n'aident pas le nouvel élu à se rapprocher des populations qui l'avaient choisi, les théoriciens du palais présidentiel penchent désormais pour 2019, à la place de l'engagement pour 2017 ; leur argument principal : ne pas se faire hara kiri avec la délicatesse de la situation socio-politique qui ne serait pas favorable au chef de l'État dont le pouvoir est inversement proportionnel à l'érosion des possibilités économiques des populations sénégalaises.
Ces théoriciens du report partent d'un certain empirisme : les résultats de consultations populaires subséquentes à l'arrivée du président Macky Sall montrent une certaine usure prématurée du pouvoir : averti une première fois en juillet 2012 avec les législatives par un taux d'abstention record de 55% qui ne lui a pas donné une majorité propre significative, le président doit doublement comprendre l'augmentation de ce repli de l'électeur sur lui-même avec les quelque 70% d'abstention de juin 2014 ; le Sénégalais lambda et le militant de l'Alliance pour la République (Apr) ne reconnaissent plus l'un sa formation de base, l'autre le Macky Sall qu'il a choisi pour marquer la rupture.
Les opérations de charme en direction de Paris (11 janvier, 4-6 février après le sommet de la Francophonie diversement apprécié par les observateurs et autres candidats malheureux) résulteraient d'une tentative de rattrapage après les atermoiements sur la durée du mandat présidentiel : en juin 2014 en effet, le président de la République ne semblait plus très sûr de sa volonté en invoquant sur Rfi ne pas être maître des lois, ce qui avait été perçu par Paris et Washington comme une sorte de dérobade devant la promesse de réduction du mandat présidentiel.
Le référendum avancé est cependant gros de dangers et pourrait coûter son poste à son initiateur : en effet, un « Oui » devrait logiquement entraîner une modification de la Constitution qui réglerait définitivement le problème de la durée du mandat présidentiel ; on n'en demande pas autant au président de la République quand les règles communautaires s'opposent au tripatouillage de la la Loi fondamentale. A l'opposé,un « Non » équivaudrait ipso facto à une motion de défiance vis-à-vis d'un candidat ayant sollicité une faveur qui lui est refusée. Les lois républicaines relevant de l'expérience française avec le général de Gaulle devraient alors inspirer le président de la République qui en tirerait toutes les conséquences de droit. Dans le premier cas, le Sénégal aura plus voté pour un problème personnel devenu une préoccupation nationale ; à l'inverse vendre 2017 pour une présidentielle en 2019 pourrait se faire sans Macky Sall dont la demande aura été refusée.
Pathé MBODJE, M. Sc, Journaliste, sociologue