Toujours est-il que face à cette situation, de nombreux mouvements dont le collectif de jeunes rappeurs « Y en a marre », crient leur ras-le-bol du système Wade depuis quelques mois. Et ces derniers jours plus que jamais. Déclenchant contre eux les foudres de ceux qui à leur tour commencent à en avoir marre des contestations et des modes de protestation choisis par les manifestants déchaînés pour réclamer le retrait de la candidature jugée illégale, voire illégitime du président de la république sortant.
Il est évident que la détermination des jeunes émeutiers dakarois puise ses racines loin et de diverses sources. D’abord dans l’immense déception qu’a été pour certains d’entre eux la gestion du pouvoir par le clan Wade durant ces douze dernières années. Ensuite dans la crainte de voir le Chef de l’Etat de 86 ans une fois réélu, de trouver le moyen de confier les responsabilités présidentielles à son fils Karim, perçu comme le véritable bénéficiaire des subterfuges et des coups fourrés que Me Wade a fait subir à ses principaux collaborateurs durant ses mandats successifs. Enfin, il me semble bien que la détermination du M23, mouvement au sein duquel est intégré le collectif « Y en marre », ne serait pas aussi optimale sans la victoire obtenue le 23 juin 2011. Victoire consécutive à des manifestations du même type qui avaient contraint le gouvernement sénégalais à retirer un controversé projet de révision constitutionnelle. Sauf que cette fois-ci, envers et contre tout, Me Wade et les siens avancent.
Désormais, la police et la gendarmerie se chargent de démontrer aux protestataires qu’ils ne sont pas les seuls à avoir marre de quelque chose. D’autres aussi en ont marre d’eux. Marre de leurs protestations. Marre de leurs manifestations. Marre qu’ils en aient marre. Les violences orchestrées dans les rues de Dakar, les arrestations musclées, les inculpations successives en sont la preuve s’il en fallait encore. Dans le même temps, la grande majorité des Sénégalais se garde de réagir. De participer. De se faire entendre. Les appels à manifester de l’opposition sont de moins en moins suivies. Par crainte des brutalités policières sans doute. Mais peut-être également parce que, comme certains l’ont laissé entendre, la violence dont le collectif M23 est l’un des acteurs et la principale victime, ne fait que brouiller le message des candidats de l’opposition, accusés dès lors de n’avoir pas d’autre programme que le départ de Me Abdoulaye Wade du pouvoir. Car il y a forcément un peu de désapprobation des deux camps en présence dans le silence assourdissant de cette majorité de Sénégalais qui observent les manifestants et leurs poursuivants de la fenêtre de leurs maisons, du balcon de leurs immeubles, de l’intérieur de leurs voitures garées au loin.
A l’issue des opérations électorales du 26 février, date du scrutin, on devrait commencer à savoir de qui ces millions de Sénégalais ont réellement marre. A condition, bien sûr que la sincérité du vote et la régularité du dépouillement soient garanties. En attendant, il serait peut-être temps que les principaux challengers du Président Abdoulaye Wade se mettent en campagne et sollicitent directement le choix des électeurs. Car, il est désormais très peu probable que le camp présidentiel cède manitenant en laissant s’affronter seuls les candidats de l’opposition. Les professions de foi de certains d’entre eux comme Idrissa Seck et Macky Sall, faisant état de ce que le Président Wade ne peut en aucun cas se prévaloir au premier tour de plus du quart des suffrages exprimés, si elles se fondent sur le récent projet de révision constitutionnelle aux fins duquel le président pouvait être déclaré élu au premier tour avec 25% des suffrages, ne reposent sur aucune donnée technique fiable. Et pour être des hommes du sérail, ces deux-là et les autres n’ignorent pas comment en Afrique, certains gagnent les élections. Me Wade qui, en dépit des circonstances, annonce sa victoire dès le premier tour, a peut-être déjà pris des cours.
Abdou Aziz Gaye
Il est évident que la détermination des jeunes émeutiers dakarois puise ses racines loin et de diverses sources. D’abord dans l’immense déception qu’a été pour certains d’entre eux la gestion du pouvoir par le clan Wade durant ces douze dernières années. Ensuite dans la crainte de voir le Chef de l’Etat de 86 ans une fois réélu, de trouver le moyen de confier les responsabilités présidentielles à son fils Karim, perçu comme le véritable bénéficiaire des subterfuges et des coups fourrés que Me Wade a fait subir à ses principaux collaborateurs durant ses mandats successifs. Enfin, il me semble bien que la détermination du M23, mouvement au sein duquel est intégré le collectif « Y en marre », ne serait pas aussi optimale sans la victoire obtenue le 23 juin 2011. Victoire consécutive à des manifestations du même type qui avaient contraint le gouvernement sénégalais à retirer un controversé projet de révision constitutionnelle. Sauf que cette fois-ci, envers et contre tout, Me Wade et les siens avancent.
Désormais, la police et la gendarmerie se chargent de démontrer aux protestataires qu’ils ne sont pas les seuls à avoir marre de quelque chose. D’autres aussi en ont marre d’eux. Marre de leurs protestations. Marre de leurs manifestations. Marre qu’ils en aient marre. Les violences orchestrées dans les rues de Dakar, les arrestations musclées, les inculpations successives en sont la preuve s’il en fallait encore. Dans le même temps, la grande majorité des Sénégalais se garde de réagir. De participer. De se faire entendre. Les appels à manifester de l’opposition sont de moins en moins suivies. Par crainte des brutalités policières sans doute. Mais peut-être également parce que, comme certains l’ont laissé entendre, la violence dont le collectif M23 est l’un des acteurs et la principale victime, ne fait que brouiller le message des candidats de l’opposition, accusés dès lors de n’avoir pas d’autre programme que le départ de Me Abdoulaye Wade du pouvoir. Car il y a forcément un peu de désapprobation des deux camps en présence dans le silence assourdissant de cette majorité de Sénégalais qui observent les manifestants et leurs poursuivants de la fenêtre de leurs maisons, du balcon de leurs immeubles, de l’intérieur de leurs voitures garées au loin.
A l’issue des opérations électorales du 26 février, date du scrutin, on devrait commencer à savoir de qui ces millions de Sénégalais ont réellement marre. A condition, bien sûr que la sincérité du vote et la régularité du dépouillement soient garanties. En attendant, il serait peut-être temps que les principaux challengers du Président Abdoulaye Wade se mettent en campagne et sollicitent directement le choix des électeurs. Car, il est désormais très peu probable que le camp présidentiel cède manitenant en laissant s’affronter seuls les candidats de l’opposition. Les professions de foi de certains d’entre eux comme Idrissa Seck et Macky Sall, faisant état de ce que le Président Wade ne peut en aucun cas se prévaloir au premier tour de plus du quart des suffrages exprimés, si elles se fondent sur le récent projet de révision constitutionnelle aux fins duquel le président pouvait être déclaré élu au premier tour avec 25% des suffrages, ne reposent sur aucune donnée technique fiable. Et pour être des hommes du sérail, ces deux-là et les autres n’ignorent pas comment en Afrique, certains gagnent les élections. Me Wade qui, en dépit des circonstances, annonce sa victoire dès le premier tour, a peut-être déjà pris des cours.
Abdou Aziz Gaye