leral.net | S'informer en temps réel

Voyage au cœur de Sabodala : Dans l’enfer de vies minées

Licenciements abusifs, manque de considération, absence de primes de risque, racisme, constituent le quotidien des travailleurs dans les sociétés minières où nous nous sommes rendus au mois d’octobre dernier. Leur seul recours demeure la mise en place de syndicats pour la défense de leurs intérêts.


Rédigé par leral.net le Mercredi 14 Janvier 2009 à 11:33 | | 0 commentaire(s)|

Voyage au cœur de Sabodala : Dans l’enfer de vies minées
Le premier conflit auquel le sous-préfet de Sabodala, M. Inthia Bendia, a eu à faire face concerne l’altercation entre le directeur de l’Alcatras, un sous-traitant de Mdl, qui loue à la société minière des camions et la société australienne. C’était dimanche 19 octobre 2008. M Cheikh Ndiaye le superviseur d’Alcatras avait barré la route menant à la mine et à l’entrée principale d’une usine en construction. Comme «il s’est senti frustré et humilié par le chef du personnel de Mdl à qui il a présenté des papiers qu’il devait signer en vue de l’approvisionnement». Ce dernier n’a pas donné suite, arguant qu’il n’a pas le temps. Quant à Cheikh Ndiaye, il soutient «être victime de pratiques racistes de la part des responsables de Mdl».
En son temps, la gendarmerie avait effectué une descente pour persuader Cheikh Ndiaye de lever son barrage, avant d’informer le sous-préfet. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de manifester son courroux du fait qu’il aurait aimé «être informé au moment même où les événements se déroulaient. Si j’avais été là, j’aurais arrêté Cheikh Ndiaye qui avait barré la route pendant une heure trente, c’est un manque à gagner énorme aussi bien pour les sociétés que pour l’Etat que je représente et qui est actionnaire». Cependant, il a entamé une médiation pour éviter le départ de Cheikh Ndiaye et la rupture de son contrat avec Mdl.
Si le superviseur de l’Alcatraz soutient avoir été victime de racisme, des travailleurs de Mdl se plaignent de licenciements abusifs et souligne le manque de syndicat pour défendre leurs intérêts. «Si tu essayes d’en mettre un en place, les employeurs te licencient. Parfois ce sont tes camarades qui te dénoncent et tu es licencié.» Ils vont plus loin en énumérant leurs griefs : «Nous sommes mal payés. Pour l’exemple, un conducteur d’engin lourd qui doit percevoir un salaire d’un million ou 750 mille francs au minimum ne perçoit que 250 ou 300 mille francs Cfa. Tout est coupé à partir de Dakar. Il n’y a pas moyen de créer un syndicat et il y a un manque de solidarité entre nous. Les Blancs nous considèrent comme des esclaves et menacent de nous chasser à la moindre erreur.» Ces travailleurs pensent que l’Etat doit les aider pour que leurs salaires soient revus à la hausse.
Pourtant, ils reconnaissent êtres bien traités dans les camps, mis à part que la nourriture servie est trop congelée, parce que venant d’Australie. Ils préfèrent se contenter de manger «les fruits et le dessert».
Autre grief formulé et se trouvant dans la Convention de la société minière de Sabodala, c’est qu’un ouvrier qui perd la clé de sa chambre doit débourser 50 000 francs Cfa pour en avoir une autre. Les heures de travail aussi sont jugées excessives. Il arrive «que le travail se fasse sans interruption de 17 à 4h du matin. Une fois que tu commences à travailler, tu ne t’arrêtes pas. A la fin du mois quand tu regardes ton bulletin de salaire, tu as envie de pleurer», rajoute un autre. Les travailleurs des sociétés sont aussi «licenciés pour un accident de travail. Si un camion dans une manœuvre se renverse, le travailleur est licencié sur le champ».
Rencontré dans un bar clando en pleine forêt de Sabadola, verre de vin de palme à la main et conducteur d’un camion de 100 tonnes de Mdl, confie qu’il lui arrive d’effectuer jusqu’à 40 voyages par jour. Il explique : «Ces engins quand tu les mets en marche, c’est comme si tu reçois une décharge électrique sur tout le corps, je peux rester cinq jours sans aller aux selles et quand j’y vais, c’est du sang qui sort».
Autre société, autre travailleur. Un aide sondeur travaillant à Oromin, et qui en est actuellement à son troisième contrat avec la société, dit percevoir 105 mille francs Cfa mensuellement et travaille 12h par jour. Il enchaîne 6 jours de travail dans la brousse pour avoir 72 h de repos. Il se plaint «du racisme dont les travailleurs font l’objet. L’administration accorde plus de considération aux maîtres sondeurs qui sont des blancs. Ils ont droits aux primes de risques, nous, non. Le directeur prétend qu’il n’y a pas de risques pour nous. Alors que nous travaillons jour et nuit. De plus, il y a des licenciements abusifs, parfois sans avertissement, une petite erreur et les gens te mettent dehors».
source le quotidien

leral .net