WADE, KARIM, DOUDOU SALLA DIOP: Révélations sur une brouille à trois

Le rappel de l’ambassadeur du Sénégal à Paris, Doudou Salla Diop, remplacé par Maïmouna Sourang Ndir continue de faire des vagues dans les cercles diplomatiques. Pourtant, il pourrait être résumé à une brouille au centre de laquelle se trouvent trois personnalités Wade, son fils et l’ancien patron de la diplomatie sénégalaise à Paris, respectivement, Doudou Salla Diop. Les deux derniers étaient pourtant très proches, avant que leur relation ne devienne exécrable. A tel point d’ailleurs qu’ils ne s’adressaient plus la parole. Surtout que l’ambassadeur du Sénégal à Paris « ne faisait aucun effort » pour huiler l’audience que Karim voulait avoir avec le Président français, Nicolas Sarkozy. Il aura fallu un lobbying intense déclenché par l’avocat Français Robert Bourgi pour accélérer cette rencontre. Son audience en « poche », Karim Wade a mis de côté le représentant du Sénégal à Paris qui apprendra en même temps que tous les Sénégalais que le fils du Président de la République a été reçu à l’Elysée. Même pas un coup de fil…

Doudou Salla Diop et les « voyages » du Président

A cette brouille opposant Doudou Salla Diop au fils du Chef de l’Etat, est venu s’ajouter un autre fait majeur qui va accélérer la descente aux enfers de l’ancien ambassadeur du Sénégal en France. Il sera rapporté au chef de l’Etat que Doudou Salla Diop a dit dans plusieurs milieux Français qu’il (Wade) utilisait tout l’argent du Sénégal pour voyager. Rapportés à Wade, ses propos prêtés au diplomate, mettent le Président dans tous ses états qui demande séance tenante son rappel à Dakar. Les Affaires étrangères exécutent froidement la volonté présidentielle et attendant de savoir celui que le Président allait proposer pour remplacer Diop. Ainsi va la diplomatie. Alors qu’un diplomate de carrière était attendu, surtout pour une capitale comme Paris, le chef de l’Etat propose trois à quatre noms, toutes des femmes, « inconnues du bataillon diplomatique ». Les Affaires étrangères appuyées par plusieurs membres influents du gouvernement et de l’entourage présidentiel, finissent par convaincre Wade de « revoir » sa liste. Finalement, le chef de l’Etat désigne Maïmouna Sourang Ndir, inconnue elle aussi du bataillon diplomatique. Alors qu’on lui fait remarquer que le profil posait problème, Wade rétorque qu’elle a une licence. Mieux, la France saisie de ce choix ne donne aucune réponse, préférant se réfugier dans un silence diplomatique. N’empêche, le chef de l’Etat, déterminé, pense qu’aucun pays n’a le Pouvoir de décider des choix du Sénégal. N’ayant pas encore pris fonction, Maïmouna Sourang Ndir subit depuis quelques jours un briefing aux affaires étrangères. Va t-elle faire long feu à l’ambassade du Sénégal à Paris ? Même si elle est compétente et loyale envers le chef de l’Etat qui ne manque de souligner ce fait en privé, il sera très difficile pour elle de réussir sa mission dans une capitale où il faut en même temps gérer les Renseignements, les relations tendues entre le Quai d’Orsay et l’Elysée, les compatriotes...

Gadio, un dommage collatéral ?

Cette nomination de Maïmouna Sourang Ndir intervient au moment où la « Génération du concret » mène effectivement, comme l’a souligné « Le Quotidien », une offensive pour « prendre » les représentations diplomatiques du Sénégal à l’étranger. Démis de ses fonctions de représentant du Sénégal à l’Unesco, sans raison apparente, Abdel Kader Boye sera remplacé par un ancien responsable des…Archives nationales. De même, la même « Gc » devrait « prendre » des ambassades comme celles de Buxelles, New Delhi et Washington. Tout en menant cette offensive contre les représentations diplomatiques, certains cercles de la « Gc » ont placé de facto dans leur viseur le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio. Alors qu’une commission dirigée par un Inspecteur général d’Etat (Ige) et le directeur du Cadastre se chargent de l’achat de bâtiment pour les représentations diplomatiques, voilà que la même mission est prêtée au chef de la diplomatie sénégalaise ! Or, que cela soit au New-Jersey ou à Lisbonne tout récemment, c’est cette même commission qui a mené les achats. Autant dire que le chef de la diplomatie sénégalaise est en train de subir les conséquences de cette offensive décriée par les diplomates de carrière. Qui ne comprenne pas ce « ciblage » des postes diplomatiques du Sénégal à d’autres fins, comme c’est le cas récemment avec la promotion d’une proche de Djibo Kâ au poste d’ambassadeur du Sénégal en Guinée-Bissau.

Cheikh Mbacké GUISSE

Source: L'as