Du Wadiste ébloui par l’artiste au journaliste énamouré par le tribun, c’est tout Dakar qui s’ébranle vers l’aéroport Léopold Sédar Senghor pour s’abandonner, dans l’euphorie, à une parenthèse de grâce. Instants sublimes où la politique désarme et la nostalgie rassemble. Nostalgie pour une épopée politique, pour une présidence dont les réalisations nombreuses connaitront à jamais une résonnance durable à travers le temps. Nostalgie pour ce Mozart de la politique, pour l’avocat charmeur et ondoyant dont la faconde tribunitienne a longtemps harangué les foules et fait chavirer les cœurs. A l’occasion du retour triomphal de ce personnage historique, il me semble à propos de jeter un regard lucide, objectif et sans complaisance sur ses douze années de règne.
Au lendemain de l’alternance politique qui l’a propulsé au gouvernail d’une nation encalminée, il aura réussi, avec la vista et l’énergie inventive qu’on lui connait, à sortir notre pays de l’ornière où l’avaient enlisé Senghorisme podagre et Dioufisme impotent. Des infrastructures routières de qualité, des écoles et hôpitaux qui sortent de terre en des endroits insoupçonnés de notre pays, des bourses, en nombre considérable, alloués aux étudiants sénégalais, des vacataires-dont on peut, certes, douter de la compétence- recrutés en nombre pour promouvoir l’emploi des jeunes : Non , le Wadisme n’aura pas été que du cosmétisme comme aiment à le claironner urbi et orbi ses détracteurs. Verre à moitié plein ou à moitié vide, c’est selon. Toujours est-il qu’il s’est rempli. Or, pendant quarante années de règne socialiste, il est resté vide sur la table. Le président Wade n’a pas à rougir de sa présidence puisque de tous les présidents qu’a connus le Sénégal, il est, sans contestes, celui qui présente le meilleur bilan. Cependant, son bilan, pour honorable qu’il soit, s’est vu occulté à l’excès par les nombreuses turpitudes et maladresses de son régime. Tout d’abord, notons que son omniprésence médiatique, au début de son règne, avait fini par brouiller l’entendement puis l’adhésion populaire. Son addiction à la vitesse et à l’ubiquité, ses voyages intempestifs en grand arroi à l’étranger, avaient fini par orner son avènement d’une pavane imprudente. Banalisé comme la météo dans les journaux télévisés de 20H, Wade sera, au fil des ans, de plus en plus entendu et de moins en moins écouté. La déception se répand, chaque jour, avec son bourdon médiatique, lequel fait des glorioles et défait la gloire. Et c’est ce tempo trépidant qui, étouffant toute pondération, l’aura livré en pâture à une défaveur de l’opinion : ce fut la première faute de son magistère, elle est tactique. Son règne aura aussi été marqué par une crise mondiale dans le séisme de laquelle le peuple sénégalais s’est vu emporté come fétu. Crise énergétique, crise alimentaire, chômage : cet infâme triptyque avait fini par agréger, contre le président Wade, un mécontentement populaire croissant. Et pendant que nos concitoyens s’enlisaient dans la panade de la crise, le pouvoir passait le plus clair de son temps à écornifler l’argent du contribuable. Douze années durant, des milliards auront été détournés et des scandales étouffés sous le manteau de Noé de la raison d’Etat. La corruption, quant à elle, fleurissait de plus belle dans les plates-bandes du sérail. D’ailleurs, sous l’entrelacs des nombreux cas de corruption perce l’affaire Ségura, immense scandale ruisselant du miel de la corruption dont Wade fut la ruche. Cet étalage insolent de l’argent sous le regard ébaubi d’un peuple englué dans la pauvreté avait fini par dessiller les derniers songe-creux du Wadisme : ce fut la deuxième faute de son magistère, elle est éthique. Notons, au passage, pour illustrer l’étique éthique de Wade, l’emprise inouïe, sous son règne, du népotisme familial qui aura enkysté les vices d’une monarchie rampante au Sénégal. S’y ajoutent les embastillages arbitraires d’opposants politiques, les scandales étouffés qui auront fait à son régime un cortège de vilénies que dénonce une presse, ici ou là, insoumise. La troisième faute de Wade fut politique : en congédiant, tour à tour, ses trois anciens premiers ministres, Wade aura agnelé puis allaité la dissidence dans son parti. Au point que le PDS n’était plus, à la fin, qu’un grand cadavre à la renverse, comme eût dit Jean-Paul Sartre. Et l’élection présidentielle de 2012 lui aura, hélas, servi de crématorium.
Le retour d’Abdoulaye Wade provoque un lyrisme ambiant comme jamais on n’en a vu dans notre pays. Conspué à son départ du palais présidentiel, le voilà qui revient à Dakar sous la liesse populaire et les vivats. Bel oiseau de pouvoir mazouté par la démagogie, ses nombreuses turpitudes au sommet de l’Etat avaient fini par le démonétiser avant de l’éjecter du pouvoir. Mais il pourra se consoler du fait que ses nombreuses réalisations dans bien des domaines de la vie de notre pays resteront à jamais gravées dans les annales de l’histoire de notre pays. Et lorsque, dans les décennies à venir, les générations futures emprunteront les nombreux ponts et routes construits sous son magistère, puissent-elles entendre sa voix leur murmurer, à travers, le bitume sans âge : « Ceci fut l’œuvre de Wade »
EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
Président du Sillon des Opinions Libérales
Au lendemain de l’alternance politique qui l’a propulsé au gouvernail d’une nation encalminée, il aura réussi, avec la vista et l’énergie inventive qu’on lui connait, à sortir notre pays de l’ornière où l’avaient enlisé Senghorisme podagre et Dioufisme impotent. Des infrastructures routières de qualité, des écoles et hôpitaux qui sortent de terre en des endroits insoupçonnés de notre pays, des bourses, en nombre considérable, alloués aux étudiants sénégalais, des vacataires-dont on peut, certes, douter de la compétence- recrutés en nombre pour promouvoir l’emploi des jeunes : Non , le Wadisme n’aura pas été que du cosmétisme comme aiment à le claironner urbi et orbi ses détracteurs. Verre à moitié plein ou à moitié vide, c’est selon. Toujours est-il qu’il s’est rempli. Or, pendant quarante années de règne socialiste, il est resté vide sur la table. Le président Wade n’a pas à rougir de sa présidence puisque de tous les présidents qu’a connus le Sénégal, il est, sans contestes, celui qui présente le meilleur bilan. Cependant, son bilan, pour honorable qu’il soit, s’est vu occulté à l’excès par les nombreuses turpitudes et maladresses de son régime. Tout d’abord, notons que son omniprésence médiatique, au début de son règne, avait fini par brouiller l’entendement puis l’adhésion populaire. Son addiction à la vitesse et à l’ubiquité, ses voyages intempestifs en grand arroi à l’étranger, avaient fini par orner son avènement d’une pavane imprudente. Banalisé comme la météo dans les journaux télévisés de 20H, Wade sera, au fil des ans, de plus en plus entendu et de moins en moins écouté. La déception se répand, chaque jour, avec son bourdon médiatique, lequel fait des glorioles et défait la gloire. Et c’est ce tempo trépidant qui, étouffant toute pondération, l’aura livré en pâture à une défaveur de l’opinion : ce fut la première faute de son magistère, elle est tactique. Son règne aura aussi été marqué par une crise mondiale dans le séisme de laquelle le peuple sénégalais s’est vu emporté come fétu. Crise énergétique, crise alimentaire, chômage : cet infâme triptyque avait fini par agréger, contre le président Wade, un mécontentement populaire croissant. Et pendant que nos concitoyens s’enlisaient dans la panade de la crise, le pouvoir passait le plus clair de son temps à écornifler l’argent du contribuable. Douze années durant, des milliards auront été détournés et des scandales étouffés sous le manteau de Noé de la raison d’Etat. La corruption, quant à elle, fleurissait de plus belle dans les plates-bandes du sérail. D’ailleurs, sous l’entrelacs des nombreux cas de corruption perce l’affaire Ségura, immense scandale ruisselant du miel de la corruption dont Wade fut la ruche. Cet étalage insolent de l’argent sous le regard ébaubi d’un peuple englué dans la pauvreté avait fini par dessiller les derniers songe-creux du Wadisme : ce fut la deuxième faute de son magistère, elle est éthique. Notons, au passage, pour illustrer l’étique éthique de Wade, l’emprise inouïe, sous son règne, du népotisme familial qui aura enkysté les vices d’une monarchie rampante au Sénégal. S’y ajoutent les embastillages arbitraires d’opposants politiques, les scandales étouffés qui auront fait à son régime un cortège de vilénies que dénonce une presse, ici ou là, insoumise. La troisième faute de Wade fut politique : en congédiant, tour à tour, ses trois anciens premiers ministres, Wade aura agnelé puis allaité la dissidence dans son parti. Au point que le PDS n’était plus, à la fin, qu’un grand cadavre à la renverse, comme eût dit Jean-Paul Sartre. Et l’élection présidentielle de 2012 lui aura, hélas, servi de crématorium.
Le retour d’Abdoulaye Wade provoque un lyrisme ambiant comme jamais on n’en a vu dans notre pays. Conspué à son départ du palais présidentiel, le voilà qui revient à Dakar sous la liesse populaire et les vivats. Bel oiseau de pouvoir mazouté par la démagogie, ses nombreuses turpitudes au sommet de l’Etat avaient fini par le démonétiser avant de l’éjecter du pouvoir. Mais il pourra se consoler du fait que ses nombreuses réalisations dans bien des domaines de la vie de notre pays resteront à jamais gravées dans les annales de l’histoire de notre pays. Et lorsque, dans les décennies à venir, les générations futures emprunteront les nombreux ponts et routes construits sous son magistère, puissent-elles entendre sa voix leur murmurer, à travers, le bitume sans âge : « Ceci fut l’œuvre de Wade »
EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
Président du Sillon des Opinions Libérales