La parade nocturne de Gorgui, théâtralisée à outrance et ses nombreuses visites auprès des autorités religieuses sont hautement politiques. Il l’a avoué avant son arrivée à de grandes rédactions étrangères. Mais, quand le Pape de l’éternel SOPI parle de politique, il faut entendre populisme. En réalité, son souci n’est nullement la situation économique et sociale qu’il juge désespérée en oubliant ses douze années de gestion calamiteuse du pouvoir. Son véritable ordre de priorité c’est son fils Karim, les Locales et la prochaine Présidentielle. Qu’un père puissant et influent comme Wade se préoccupe de son enfant détenu n’a rien d’étonnant. Cependant, en tant que principal responsable de la situation actuelle du Sénégal et de la situation de son fils, il devait être plus discret et éviter les bains de foule jubilatoires marqués par des discours aux allures de campagne électorale. Wade a rompu ainsi avec l’élégante tradition républicaine qui requiert de la retenue et de la réserve de la part d’un ancien chef d’État pour ne pas gêner son successeur.
En 2000, suite aux ajustements subis sous le régime socialiste le Sénégal reprenait du poil de la bête avec un taux de croissance de 6%. Le président Abdou Diouf s’est gardé de se prononcer sur un quelconque dossier malgré la dégradation de la situation sociale et économique qui s’en est suivie. Contrairement à Wade, le président Diouf a toujours tenu sa famille à l’écart de la gestion des affaires de l’État. Cette prudence élémentaire lui a permis de mener tranquillement une carrière internationale sans se soucier du sort de ses enfants.
Quel grand illusionniste ce maître Wade ! Il n’a pas hésité à prétexter la dégradation de la situation sociale et économique et l’effritement des acquis démocratiques. Qui peut y croire ? Comment ose-t-il parler d’acquis démocratiques après avoir plusieurs fois bidouillé la Constitution qu’il était censé protéger, pour s’éterniser au pouvoir ? Le Sénégal a connu son « insurrection civique » comme dirait Mélenchon, le 23 juin 2011 lorsque le peuple sénégalais a frontalement stoppé ses velléités de tailler une Constitution sur mesure pour son fils. Personne n’est dupe ; Wade conscient de la détermination de Macky Sall à faire la lumière sur la gestion des deniers publics, vient au secours de son fils. Ce dernier qui sera bientôt en procès a fort besoin du soutien de son père, comme d’habitude. Depuis Paris, Gorgui avait décrété que le procès de son fils est politique et qu’il ne se gagnera pas devant les magistrats mais devant l’opinion publique. Ainsi, Wade renoue avec son jeu favori qui repose sur deux axes: la manipulation des masses et les visites de proximité des pouvoirs confrériques. La vitalité démocratique sénégalaise lui permet de manifester à condition de ne pas troubler l’ordre public. En revanche, en ignorant son statut d’ancien chef d’État et en refusant les privilèges de l’âge chers à nos cultures, Wade doit s’attendre à être rappelé à l’ordre ou à recevoir le traitement d’un citoyen normal avec des droits et des obligations.
Sous l’influence d’une certaine presse, des analogies faciles sont trouvées entre ce retour et celui de 1999. Un petit détail tout aussi simple peut balayer ces comparaisons dirigées. En 1999, Wade a été accueilli, les poches vides par notre peuple si généreux prêt à lui donner son ultime chance. Aujourd’hui, c’est lui et ses proches qui détiennent des richesses indécentes que la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite leur demande de justifier. Qu’on n’inverse pas les rôles ! Et puis, qu’est-ce qu’une jeunesse, censée se tourner vers l’avenir, peut attendre d’un vieux politicien de 90 ans ? On retrouve là certaines inconséquences des Sénégalais. Comment un peuple si averti peut-il se laisser divertir par une bande d’aventuriers qui cherchent à échapper à la justice ? L’attitude de Wade montre à souhait qu’il n’y a pas de corrélation mécanique entre la sagesse et l’âge. La sagesse, définit par Aristote comme commencement du doute, induit, par ailleurs, la tolérance, l’écoute et le respect des autres sans prétendre toujours avoir raison. Une leçon que le président Abdoulaye Wade n’a, sans doute, que faire.
Amadou BÂ, CCR France
En 2000, suite aux ajustements subis sous le régime socialiste le Sénégal reprenait du poil de la bête avec un taux de croissance de 6%. Le président Abdou Diouf s’est gardé de se prononcer sur un quelconque dossier malgré la dégradation de la situation sociale et économique qui s’en est suivie. Contrairement à Wade, le président Diouf a toujours tenu sa famille à l’écart de la gestion des affaires de l’État. Cette prudence élémentaire lui a permis de mener tranquillement une carrière internationale sans se soucier du sort de ses enfants.
Quel grand illusionniste ce maître Wade ! Il n’a pas hésité à prétexter la dégradation de la situation sociale et économique et l’effritement des acquis démocratiques. Qui peut y croire ? Comment ose-t-il parler d’acquis démocratiques après avoir plusieurs fois bidouillé la Constitution qu’il était censé protéger, pour s’éterniser au pouvoir ? Le Sénégal a connu son « insurrection civique » comme dirait Mélenchon, le 23 juin 2011 lorsque le peuple sénégalais a frontalement stoppé ses velléités de tailler une Constitution sur mesure pour son fils. Personne n’est dupe ; Wade conscient de la détermination de Macky Sall à faire la lumière sur la gestion des deniers publics, vient au secours de son fils. Ce dernier qui sera bientôt en procès a fort besoin du soutien de son père, comme d’habitude. Depuis Paris, Gorgui avait décrété que le procès de son fils est politique et qu’il ne se gagnera pas devant les magistrats mais devant l’opinion publique. Ainsi, Wade renoue avec son jeu favori qui repose sur deux axes: la manipulation des masses et les visites de proximité des pouvoirs confrériques. La vitalité démocratique sénégalaise lui permet de manifester à condition de ne pas troubler l’ordre public. En revanche, en ignorant son statut d’ancien chef d’État et en refusant les privilèges de l’âge chers à nos cultures, Wade doit s’attendre à être rappelé à l’ordre ou à recevoir le traitement d’un citoyen normal avec des droits et des obligations.
Sous l’influence d’une certaine presse, des analogies faciles sont trouvées entre ce retour et celui de 1999. Un petit détail tout aussi simple peut balayer ces comparaisons dirigées. En 1999, Wade a été accueilli, les poches vides par notre peuple si généreux prêt à lui donner son ultime chance. Aujourd’hui, c’est lui et ses proches qui détiennent des richesses indécentes que la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite leur demande de justifier. Qu’on n’inverse pas les rôles ! Et puis, qu’est-ce qu’une jeunesse, censée se tourner vers l’avenir, peut attendre d’un vieux politicien de 90 ans ? On retrouve là certaines inconséquences des Sénégalais. Comment un peuple si averti peut-il se laisser divertir par une bande d’aventuriers qui cherchent à échapper à la justice ? L’attitude de Wade montre à souhait qu’il n’y a pas de corrélation mécanique entre la sagesse et l’âge. La sagesse, définit par Aristote comme commencement du doute, induit, par ailleurs, la tolérance, l’écoute et le respect des autres sans prétendre toujours avoir raison. Une leçon que le président Abdoulaye Wade n’a, sans doute, que faire.
Amadou BÂ, CCR France