
Habib Yérim Sow. Un nom ample comme l’absence. Un nom sans visage. Sans adresse. Vaporeux. Insaisissable comme le liquide océan. Qui est Yérim Sow ? Beaucoup de Sénégalais croient le connaître. Sans vraiment le connaître. L’homme se plaît dans le silence. Mais son absence-présence nourrit la rumeur. On ne sait pas grand-chose de son jardin privé, si ce n’est qu’il est le fils d’Aliou Sow (CSE), le magnat du BTP. Sinon, pour le reste, rien que des rumeurs… On lui fait enfiler l’énorme smoking d’un jet setter mondial, qui voyage en jet et en yatch privés. Comment dénouer l’écheveau ? Faire la part du vrai et du faux ? L’homme étant invisible au Sénégal, chacun y va de ses certitudes. Yérim Sow est discret jusque dans ses amitiés.
De fait, l’homme cultive le mystère comme un maître du suspens. Il ne répond guère aux sollicitations des médias et brouille les pistes avec la précision d’un horloger suisse. Malgré des sollicitations répétées, un an durant, il a toujours refusé de répondre aux questions de l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique», se contentant de leur envoyer une courte présentation écrite. Ils ne sont pourtant pas nombreux à snober le journal de Béchir Ben Yahmed. Habib Yérim Sow préfère bâtir sa notoriété ailleurs. Dans les affaires précisément.
Ce jeune homme d’à peine quarante ans est une icône de la réussite dans son pays et en Afrique. Des télécoms à l’immobilier, du Sénégal à la Côte d’Ivoire, il a bâti, en moins de quinze ans, un empire dont la véritable surface financière reste mystérieuse. Très discret sur les montants en jeu, le groupe, basé à Genève, aurait réalisé un chiffre d’affaires de près de 66 milliards de francs Cfa en 2007.
L’histoire de ce polytechnicien (Polytechnique de Montréal) démarre en… 1988. Il crée alors sa première société, Direct Access (Informatique). Mais c’est en 1994 qu’il se fait connaître au Sénégal avec Access Telecom, détentrice d’une licence de radiomessagerie. Les Sénégalais se rappelleront sans doute des fameux Bip Access. Il part ensuite s’installer en Côte d’Ivoire. Sur les bords de la Lagune Ebrié, il lance Loteny Telecom, un opérateur de téléphonie mobile, en partenariat avec Telecel. C’est la vente de cette entreprise qui le rendra riche. Énormément riche. La cession pour 76 millions d’euros (50 milliards de francs Cfa) de 51 % de Loteny Telecom au géant sud-africain MTN projette une lumière crue sur cet homme d’affaires sénégalais qui semble avoir ingurgité une potion magique pour le rendre invisible.
Ainsi naquit la saga de Yérim Sow, fils d’Aliou Sow, fondateur de l’immense groupe de BTP, la Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE). En 2001, il crée Teylium International et prend des participations dans le centre d’appels PCCI. En 2002, il réalise l’immeuble Trilenium à Dakar. Certains confrères disent de lui qu’il a le don d’être un véritable «money maker».
Plus qu’un entrepreneur, Habib Yérim Sow est un homme d’affaires. Ce n’est pas un bâtisseur comme son père qui a fait fortune grâce au bitume et au béton, mais un investisseur « habile et prudent. Méfiant et prudent », d’après le portrait dressé par « Jeune Afrique ». Holding du groupe basé à Maurice, direction installée à Genève, relations étroites avec Dubaï. Ses hommes de confiance sont Philippes Ledesma, avocat chez Legis & Partner à Port-Louis et également conseiller du commerce extérieur de la France, administrateur du holding Teylium fondé en 2001 pour chapeauter les affaires de Yérim Sow ; l’homme d’affaires mauricien José Poncini, l’autre administrateur du groupe et Malick Guèye qui dirige sa filiale spécialisée dans les télécoms, Teylium Telecom.
Selon des documents disponibles sur le site web de Teylium group, les fonds propres du groupe atteignaient à la fin 2006 les 195 millions de dollars. Quelques 135 millions avaient alors été immobilisés dans des investissements à travers le continent. L’acquisition de 5 % du capital d’African Financial Holding en 2006 permet à Teylium de détenir aujourd’hui une participation estimée à environ 5 millions d’euros. La part que Yérim Sow possède également dans le centre d’appels franco-sénégalais PCCI, qu’il a aidé à créer, est un joli pactole. Sans oublier les 15 % que le groupe détient toujours au capital de MTN Côte d’Ivoire qui vaudraient aujourd’hui, au minimum, la bagatelle de 50 millions de dollars. Un succès financier qui autorise de nouveaux investissements, notamment dans l’immobilier, l’activité aujourd’hui prioritaire de Teylium.
Le groupe possède deux filiales dans le domaine : Teylium Properties Group, qui développe une dizaine de projets immobiliers, de bureaux et de résidences, et Chain Hotels & Resorts pour la construction d’hôtels. Le groupe cofinance l’édification de nombreux programmes à Dakar, dont le Sea Plaza, un projet d’environ 33 milliards de francs Cfa visant à construire un hôtel 5 étoiles de 180 chambres qui sera géré par l’exploitant international Radisson, et un ensemble commercial tout autour, le Rivonia Tower, constitué d’immeubles et de bureaux, et Coralia, un programme de résidences de luxe. Il est impliqué également dans la réalisation du Waterfront de la capitale sénégalaise, un programme immobilier visant une clientèle très huppée. On lui prête aussi des ambitions en Guinée et en Afrique du Sud.
En Côte d’Ivoire, Yérim Sow a lancé de nombreuses entreprises, parmi lesquelles Continental Beverage Company et Bridge Bank Group, dont les activités ont débuté mi-2006. La première commercialise l’eau minérale Olgane, concurrençant le français Castel. Elle a investi 2 milliards de F CFA dans une unité de production située à Bonoua et inaugurée en avril 2007 par Simone Gbagbo, la première dame ivoirienne.
La seconde filiale du groupe dans le pays est une banque pour les entreprises. Une activité que Yérim Sow apprécie : actionnaire minoritaire de la Bank of Africa, il a été largement aidé dans ses affaires par l’ex-Banque sénégalo-tunisienne (BST), dirigée par le banquier Abdoul Mbaye, un proche ami. En mars 2007, le siège de la Bridge Bank, des plus modernes, a été inauguré en grande pompe par le Premier ministre ivoirien de l’époque, Charles Konan Banny. Teylium a des amitiés à faire valoir.
Teylium Telecom, la filiale du groupe prévoit d’investir près de 10 milliards de francs Cfa dans T Plus, l’opérateur mobile qu’elle a acquis à 70 % en 2006 au Cap-Vert. Car Yérim Sow garde toujours les pieds bien vissés dans les télécoms. En plus du reliquat de sa participation dans MTN Côte d’Ivoire, son acquisition de T Plus au Cap-Vert, Teylium a pris mi-2006 le contrôle majoritaire de la société Intercel Guinée. Son idée ? Bâtir un petit groupe de téléphonie présent dans quelques pays à fort potentiel. Et comme l’appétit vient en mangeant, Teylium entend également s’investir dans les mines et les hydrocarbures.
Il y a quelques semaines, Yérim Sow était sur toutes les lèvres. Le milliardaire sénégalais avait réussi à revendre un appartement prestigieux acheté au renommé 15, Central Park West, un immeuble pour stars et gens très riches. Acheté pour 5 milliards de francs Cfa, l'appartement de Sow a été revendu finalement à 9, 5 milliards, deux ans seulement après son acquisition. L'acheteur est Aitor Consulting. Pour les spécialistes de l'immobilier à New York, c'est une bonne affaire qu'il vient de réaliser en obtenant presque le double du prix d'achat. Dans cet immeuble plusieurs célébrités y habitent : on peut citer Madonna, Sting, Norman Lear, Denzel Washington, Bob Costas, Goldman Sachs... «L’argent appelle l’argent». Le chanteur a bien raison.
YOLANDE SARR lesenegalais.net
De fait, l’homme cultive le mystère comme un maître du suspens. Il ne répond guère aux sollicitations des médias et brouille les pistes avec la précision d’un horloger suisse. Malgré des sollicitations répétées, un an durant, il a toujours refusé de répondre aux questions de l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique», se contentant de leur envoyer une courte présentation écrite. Ils ne sont pourtant pas nombreux à snober le journal de Béchir Ben Yahmed. Habib Yérim Sow préfère bâtir sa notoriété ailleurs. Dans les affaires précisément.
Ce jeune homme d’à peine quarante ans est une icône de la réussite dans son pays et en Afrique. Des télécoms à l’immobilier, du Sénégal à la Côte d’Ivoire, il a bâti, en moins de quinze ans, un empire dont la véritable surface financière reste mystérieuse. Très discret sur les montants en jeu, le groupe, basé à Genève, aurait réalisé un chiffre d’affaires de près de 66 milliards de francs Cfa en 2007.
L’histoire de ce polytechnicien (Polytechnique de Montréal) démarre en… 1988. Il crée alors sa première société, Direct Access (Informatique). Mais c’est en 1994 qu’il se fait connaître au Sénégal avec Access Telecom, détentrice d’une licence de radiomessagerie. Les Sénégalais se rappelleront sans doute des fameux Bip Access. Il part ensuite s’installer en Côte d’Ivoire. Sur les bords de la Lagune Ebrié, il lance Loteny Telecom, un opérateur de téléphonie mobile, en partenariat avec Telecel. C’est la vente de cette entreprise qui le rendra riche. Énormément riche. La cession pour 76 millions d’euros (50 milliards de francs Cfa) de 51 % de Loteny Telecom au géant sud-africain MTN projette une lumière crue sur cet homme d’affaires sénégalais qui semble avoir ingurgité une potion magique pour le rendre invisible.
Ainsi naquit la saga de Yérim Sow, fils d’Aliou Sow, fondateur de l’immense groupe de BTP, la Compagnie sahélienne d’entreprise (CSE). En 2001, il crée Teylium International et prend des participations dans le centre d’appels PCCI. En 2002, il réalise l’immeuble Trilenium à Dakar. Certains confrères disent de lui qu’il a le don d’être un véritable «money maker».
Plus qu’un entrepreneur, Habib Yérim Sow est un homme d’affaires. Ce n’est pas un bâtisseur comme son père qui a fait fortune grâce au bitume et au béton, mais un investisseur « habile et prudent. Méfiant et prudent », d’après le portrait dressé par « Jeune Afrique ». Holding du groupe basé à Maurice, direction installée à Genève, relations étroites avec Dubaï. Ses hommes de confiance sont Philippes Ledesma, avocat chez Legis & Partner à Port-Louis et également conseiller du commerce extérieur de la France, administrateur du holding Teylium fondé en 2001 pour chapeauter les affaires de Yérim Sow ; l’homme d’affaires mauricien José Poncini, l’autre administrateur du groupe et Malick Guèye qui dirige sa filiale spécialisée dans les télécoms, Teylium Telecom.
Selon des documents disponibles sur le site web de Teylium group, les fonds propres du groupe atteignaient à la fin 2006 les 195 millions de dollars. Quelques 135 millions avaient alors été immobilisés dans des investissements à travers le continent. L’acquisition de 5 % du capital d’African Financial Holding en 2006 permet à Teylium de détenir aujourd’hui une participation estimée à environ 5 millions d’euros. La part que Yérim Sow possède également dans le centre d’appels franco-sénégalais PCCI, qu’il a aidé à créer, est un joli pactole. Sans oublier les 15 % que le groupe détient toujours au capital de MTN Côte d’Ivoire qui vaudraient aujourd’hui, au minimum, la bagatelle de 50 millions de dollars. Un succès financier qui autorise de nouveaux investissements, notamment dans l’immobilier, l’activité aujourd’hui prioritaire de Teylium.
Le groupe possède deux filiales dans le domaine : Teylium Properties Group, qui développe une dizaine de projets immobiliers, de bureaux et de résidences, et Chain Hotels & Resorts pour la construction d’hôtels. Le groupe cofinance l’édification de nombreux programmes à Dakar, dont le Sea Plaza, un projet d’environ 33 milliards de francs Cfa visant à construire un hôtel 5 étoiles de 180 chambres qui sera géré par l’exploitant international Radisson, et un ensemble commercial tout autour, le Rivonia Tower, constitué d’immeubles et de bureaux, et Coralia, un programme de résidences de luxe. Il est impliqué également dans la réalisation du Waterfront de la capitale sénégalaise, un programme immobilier visant une clientèle très huppée. On lui prête aussi des ambitions en Guinée et en Afrique du Sud.
En Côte d’Ivoire, Yérim Sow a lancé de nombreuses entreprises, parmi lesquelles Continental Beverage Company et Bridge Bank Group, dont les activités ont débuté mi-2006. La première commercialise l’eau minérale Olgane, concurrençant le français Castel. Elle a investi 2 milliards de F CFA dans une unité de production située à Bonoua et inaugurée en avril 2007 par Simone Gbagbo, la première dame ivoirienne.
La seconde filiale du groupe dans le pays est une banque pour les entreprises. Une activité que Yérim Sow apprécie : actionnaire minoritaire de la Bank of Africa, il a été largement aidé dans ses affaires par l’ex-Banque sénégalo-tunisienne (BST), dirigée par le banquier Abdoul Mbaye, un proche ami. En mars 2007, le siège de la Bridge Bank, des plus modernes, a été inauguré en grande pompe par le Premier ministre ivoirien de l’époque, Charles Konan Banny. Teylium a des amitiés à faire valoir.
Teylium Telecom, la filiale du groupe prévoit d’investir près de 10 milliards de francs Cfa dans T Plus, l’opérateur mobile qu’elle a acquis à 70 % en 2006 au Cap-Vert. Car Yérim Sow garde toujours les pieds bien vissés dans les télécoms. En plus du reliquat de sa participation dans MTN Côte d’Ivoire, son acquisition de T Plus au Cap-Vert, Teylium a pris mi-2006 le contrôle majoritaire de la société Intercel Guinée. Son idée ? Bâtir un petit groupe de téléphonie présent dans quelques pays à fort potentiel. Et comme l’appétit vient en mangeant, Teylium entend également s’investir dans les mines et les hydrocarbures.
Il y a quelques semaines, Yérim Sow était sur toutes les lèvres. Le milliardaire sénégalais avait réussi à revendre un appartement prestigieux acheté au renommé 15, Central Park West, un immeuble pour stars et gens très riches. Acheté pour 5 milliards de francs Cfa, l'appartement de Sow a été revendu finalement à 9, 5 milliards, deux ans seulement après son acquisition. L'acheteur est Aitor Consulting. Pour les spécialistes de l'immobilier à New York, c'est une bonne affaire qu'il vient de réaliser en obtenant presque le double du prix d'achat. Dans cet immeuble plusieurs célébrités y habitent : on peut citer Madonna, Sting, Norman Lear, Denzel Washington, Bob Costas, Goldman Sachs... «L’argent appelle l’argent». Le chanteur a bien raison.
YOLANDE SARR lesenegalais.net