La Gazette est en mesure d’affirmer que l’Inspection général d’Etat (Ige) a transmis au président Macky Sall les résultats des investigations menées autour de la gestion du Festival mondial des Arts nègres (Fesman). Les vérifications procédées par l’Ige ont ainsi révélé de graves irrégularités et des détournements de deniers publics d’une très grande ampleur. Le gouvernement du Sénégal a toujours déclaré que le coût global du festival est de 46 milliards FCfa. Un montant largement sous estimé, si l’on en croit des sources proches du ministère de l’Economie et des Finances. Les ordres de dépense et de décaissement collectés par les vérificateurs de l’Ige établissent un montant de 78 milliards FCfa sortis du Trésor public pour l’organisation du Fesman. Les mêmes sources indiquent que 15 autres milliards sont venus s’ajouter au montant déjà arrêté. D’où un total de 93 milliards FCfa. Ce qui a surtout frappé dans le contrôle effectué, c’est moins les montants des décaissements que la désinvolture et la légèreté avec laquelle l’argent public a été dilapidé. Le marché de location de voitures engagé à cet effet est un cas assez illustratif du gaspillage opéré. C’est ainsi que les responsables du Fesman ont présenté des paiements de dépenses de l’ordre de 3 milliards FCfa pour une durée de location de 20 jours portant sur 15 voitures. De façon détaillée, cette manne représente en moyenne un paiement journalier de l’ordre de 200 millions FCfa par véhicule loué. Incroyable !
Epinglé, Loum Diagne avoue
Toujours pour le compte du Fesman, le Trésor public a contracté à la Banque islamique de développement (Bid) un emprunt de 15 milliards FCfa. Cette somme a été ensuite versée dans le compte personnel de l’homme d’affaires Loum Diagne. Ce dernier avait pour mission d’effectuer des paiements au nom de l’Etat pour désintéresser des tiers créanciers du Fesman. Loum Diagne payeur pour le compte de l’Etat du Sénégal, remplissant ainsi une fonction de comptable de fait, a du mal aujourd’hui à justifier les dépenses effectuées avec cet argent. La seule explication fournie par M. Diagne à l’Ige consiste à dire qu’il a « utilisé l’argent pour les frais de déménagement du site du village-Fesman ». Au Trésor public on s’étonne que le ministre des Finances sortant, Abdoulaye Diop, ait autorisé des virements de l’argent public dans le compte d’un tiers privé. Pour les fonctionnaires interrogés, la procédure engagée indiquait une volonté de distraction de l’argent du contribuable au profit d’individus ayant utilisé le Fesman pour s’enrichir éhontément.
Il y a surtout nécessité de faire remarquer pour les 15 milliards FCfa de la Bid que l’Etat du Sénégal a délibérément fait valoir une pratique anti économique et très préjudiciable aux contribuables. Le gouvernement de Wade et les autorités du Fesman ont, en effet, dés réception de l’argent, défalqué 1,150 milliard FCfa représentant les intérêts de la banque. Du coup, ils n’ont reçu globalement que 13,850 milliards FCfa au lieu de 15 milliards FCfa comme annoncé officiellement. Plus grave encore, des débits très spectaculaires pour ne pas dire fantaisistes ont été observés dans l’utilisation de l’argent emprunté. C’est le cas de ces chapitres dénommés déménagement Ngor Almadies où ont été engloutis 5 milliards FCfa en trois décaissements dont un premier de 3 milliards FCfa, un second de 1,339 milliard FCfa et un troisième de 668 millions FCfa. Une structure comme le Consortium sénégalais d’entreprise (Cse) a pu bénéficier de deux virements respectifs de 1,179 milliard FCfa et 1 milliard FCfa. D’autres entités méconnues de l’écrasante majorité des Sénégalais ont aussi engrangé une grosse fortune sans aucune justification. On peut en citer : Ucbs (3 milliards FCfa), Pathé Suarl (1,049 milliard FCfa)… Comble de la fantaisie, le Fesman a acheté des téléphones cellulaires auprès de Touba portable pour une valeur de 57 millions FCfa. Au total, l’ensemble des dépenses réalisées grâce au prêt de la Bid, et logé dans le compte personnel de Loum Diagne, dépassent largement l’emprunt. Car des débits évalués à 17,027 milliards FCfa ont été relevés par les vérificateurs alors que le montant disponible n’excédait pas 15 milliards FCfa. Du coup, un solde de -2,027 milliards a été constaté.
Wade et sa fille Syndjely visés par le délit de détournement
Le chef de l’Etat sortant, Me Abdoulaye Wade, est lui-même directement visé par les contrôleurs qui ont relevé qu’une participation d’un Etat-ami à hauteur de 2 milliards FCfa a disparu entre ses mains. Quant à Syndjely Wade, Déléguée générale adjointe du Fesman et fille de l’ancien chef de l’Etat, elle reconnait avoir reçu du gouvernement de ce pays-ami le reliquat de sa participation à cette importante manifestation culturelle. Cependant, Syndjely Wade est incapable d’apporter une réponse claire sur un manquant de 250 millions FCfa constatés par les vérificateurs. Selon des sources bien informées, son père, Me Abdoulaye Wade aurait tenté de venir à son secours en l’aidant à justifier la somme manquante, arguant que « l’argent lui a été donné par l’Etat concerné en sa qualité de fille du chef de l’Etat ». Un autre Etat africain ayant remis à Syndjely Wade une participation de 1 milliard FCfa a déploré le fait que l’argent n’ait pas été intégralement recouvré par les responsables du Fesman. Syndjely Wade, interrogée par les vérificateurs, a reconnu les montants manquants qui lui sont imputés et s’est engagée à les rembourser. Sur l’ensemble des décaissements effectués pour le compte du Fesman, ceux qui avaient en charge l’organisation se sont montrés incapables de justifier un total de 33 milliards dépensés dans des conditions qui laissent croire que d’importants détournements ont été opérés.
Si les Sénégalais se montrent scandalisés par le pillage automatique des biens de l’Etat depuis la chute du régime de Wade, on peut d’ores et déjà croire qu’ils seront davantage ahuris par la publication des résultats des audits entrepris par le pouvoir en place. Car l’argent public a été systématiquement chiffonné au cours des dix dernières années.
Le nouveau pouvoir attendu
D’autres audits ayant eu lieu sous le magistère de Abdoulaye Wade et ayant coïncidé avec l’avènement de Karim Wade à la tête du ministère de l’énergie donne froid dans le dos. Ces vérifications effectuées à la Senelec ont laissé transparaître des détournements immenses dans la filière énergétique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les résultats de ces audits n’ont jamais été portés à la connaissance des Sénégalais. Car les malversations avaient été organisées sous la houlette de hautes autorités. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement, sous la direction de Macky Sall, joue sa crédibilité voire son avenir sur sa capacité et sa volonté politique à conduire sans faiblesse ni zèle les conclusions des audits attendus par tous les citoyens. Le plus important n’est pas de jeter en prison les coupables, mais il s’agit d’aider le pays à recouvrer les immenses sommes qui lui ont été volées. On peut nourrir des espoirs en apprenant qu’à la suite du premier Conseil des ministres, le président de la République a instruit son premier Ministre, Abdoul Mbaye, pour mettre en place une Commission chargée de réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour rendre plus efficace la lutte contre la corruption, la prévarication et tous les autres délits économiques.
Alioune Badara COULIBALY lagazette
Epinglé, Loum Diagne avoue
Toujours pour le compte du Fesman, le Trésor public a contracté à la Banque islamique de développement (Bid) un emprunt de 15 milliards FCfa. Cette somme a été ensuite versée dans le compte personnel de l’homme d’affaires Loum Diagne. Ce dernier avait pour mission d’effectuer des paiements au nom de l’Etat pour désintéresser des tiers créanciers du Fesman. Loum Diagne payeur pour le compte de l’Etat du Sénégal, remplissant ainsi une fonction de comptable de fait, a du mal aujourd’hui à justifier les dépenses effectuées avec cet argent. La seule explication fournie par M. Diagne à l’Ige consiste à dire qu’il a « utilisé l’argent pour les frais de déménagement du site du village-Fesman ». Au Trésor public on s’étonne que le ministre des Finances sortant, Abdoulaye Diop, ait autorisé des virements de l’argent public dans le compte d’un tiers privé. Pour les fonctionnaires interrogés, la procédure engagée indiquait une volonté de distraction de l’argent du contribuable au profit d’individus ayant utilisé le Fesman pour s’enrichir éhontément.
Il y a surtout nécessité de faire remarquer pour les 15 milliards FCfa de la Bid que l’Etat du Sénégal a délibérément fait valoir une pratique anti économique et très préjudiciable aux contribuables. Le gouvernement de Wade et les autorités du Fesman ont, en effet, dés réception de l’argent, défalqué 1,150 milliard FCfa représentant les intérêts de la banque. Du coup, ils n’ont reçu globalement que 13,850 milliards FCfa au lieu de 15 milliards FCfa comme annoncé officiellement. Plus grave encore, des débits très spectaculaires pour ne pas dire fantaisistes ont été observés dans l’utilisation de l’argent emprunté. C’est le cas de ces chapitres dénommés déménagement Ngor Almadies où ont été engloutis 5 milliards FCfa en trois décaissements dont un premier de 3 milliards FCfa, un second de 1,339 milliard FCfa et un troisième de 668 millions FCfa. Une structure comme le Consortium sénégalais d’entreprise (Cse) a pu bénéficier de deux virements respectifs de 1,179 milliard FCfa et 1 milliard FCfa. D’autres entités méconnues de l’écrasante majorité des Sénégalais ont aussi engrangé une grosse fortune sans aucune justification. On peut en citer : Ucbs (3 milliards FCfa), Pathé Suarl (1,049 milliard FCfa)… Comble de la fantaisie, le Fesman a acheté des téléphones cellulaires auprès de Touba portable pour une valeur de 57 millions FCfa. Au total, l’ensemble des dépenses réalisées grâce au prêt de la Bid, et logé dans le compte personnel de Loum Diagne, dépassent largement l’emprunt. Car des débits évalués à 17,027 milliards FCfa ont été relevés par les vérificateurs alors que le montant disponible n’excédait pas 15 milliards FCfa. Du coup, un solde de -2,027 milliards a été constaté.
Wade et sa fille Syndjely visés par le délit de détournement
Le chef de l’Etat sortant, Me Abdoulaye Wade, est lui-même directement visé par les contrôleurs qui ont relevé qu’une participation d’un Etat-ami à hauteur de 2 milliards FCfa a disparu entre ses mains. Quant à Syndjely Wade, Déléguée générale adjointe du Fesman et fille de l’ancien chef de l’Etat, elle reconnait avoir reçu du gouvernement de ce pays-ami le reliquat de sa participation à cette importante manifestation culturelle. Cependant, Syndjely Wade est incapable d’apporter une réponse claire sur un manquant de 250 millions FCfa constatés par les vérificateurs. Selon des sources bien informées, son père, Me Abdoulaye Wade aurait tenté de venir à son secours en l’aidant à justifier la somme manquante, arguant que « l’argent lui a été donné par l’Etat concerné en sa qualité de fille du chef de l’Etat ». Un autre Etat africain ayant remis à Syndjely Wade une participation de 1 milliard FCfa a déploré le fait que l’argent n’ait pas été intégralement recouvré par les responsables du Fesman. Syndjely Wade, interrogée par les vérificateurs, a reconnu les montants manquants qui lui sont imputés et s’est engagée à les rembourser. Sur l’ensemble des décaissements effectués pour le compte du Fesman, ceux qui avaient en charge l’organisation se sont montrés incapables de justifier un total de 33 milliards dépensés dans des conditions qui laissent croire que d’importants détournements ont été opérés.
Si les Sénégalais se montrent scandalisés par le pillage automatique des biens de l’Etat depuis la chute du régime de Wade, on peut d’ores et déjà croire qu’ils seront davantage ahuris par la publication des résultats des audits entrepris par le pouvoir en place. Car l’argent public a été systématiquement chiffonné au cours des dix dernières années.
Le nouveau pouvoir attendu
D’autres audits ayant eu lieu sous le magistère de Abdoulaye Wade et ayant coïncidé avec l’avènement de Karim Wade à la tête du ministère de l’énergie donne froid dans le dos. Ces vérifications effectuées à la Senelec ont laissé transparaître des détournements immenses dans la filière énergétique. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les résultats de ces audits n’ont jamais été portés à la connaissance des Sénégalais. Car les malversations avaient été organisées sous la houlette de hautes autorités. Aujourd’hui, le nouveau gouvernement, sous la direction de Macky Sall, joue sa crédibilité voire son avenir sur sa capacité et sa volonté politique à conduire sans faiblesse ni zèle les conclusions des audits attendus par tous les citoyens. Le plus important n’est pas de jeter en prison les coupables, mais il s’agit d’aider le pays à recouvrer les immenses sommes qui lui ont été volées. On peut nourrir des espoirs en apprenant qu’à la suite du premier Conseil des ministres, le président de la République a instruit son premier Ministre, Abdoul Mbaye, pour mettre en place une Commission chargée de réfléchir sur les voies et moyens à mettre en œuvre pour rendre plus efficace la lutte contre la corruption, la prévarication et tous les autres délits économiques.
Alioune Badara COULIBALY lagazette