Boubacar Boris Diop, Felwine Sarr et Mohamed Mbougar Sarr. Certes, vous êtes des plumes connues du monde entier, mais permettez-moi de vous dire que cette fois-ci, vous êtes passés à côté de la plaque. Les Sénégalais qui attendaient de vous, objectivité et impartialité, sont restés sur leur faim. Vous avez décidé de prendre position. Vous êtes partisans. Je vous le concède. C’est votre droit le plus absolu. Cependant, l’objectivité et l’impartialité ne feront que vous honorer dans ce contexte de perturbations notés dans notre pays.
Boris, Felwine et Mbougar, nous qui habitons le Sénégal, nous qui vivons et partageons le quotidien des Sénégalais, avons un pincement au cœur en vous lisant. Nous avons mal parce que nous sommes à la fois victimes et témoins de ces actes de vandalisme et de pillage, qui ont marqué ces journées. Malheureusement, je ne vous ai vu nulle part condamner ces acte à savoir :
- sabotage des installations de la SONES pour assoiffer les populations de Dakar, afin de créer la panique générale ;
- sabotage des installations de la SENELEC pour plonger Dakar dans l’obscurité, afin de permettre à des pilleurs de faire leurs sales besognes ;
- pillage des commerces, des grandes surfaces, des banques et stations d’essence avec le vol de coffres-forts ;
- acte de vandalisme sur des biens d'autrui ;
- incendies dans les Universités ;
- attaques des maisons d'honnêtes citoyens qui ont décidé de rester au Sénégal ;
- attaques et provocations de nos forces de défense et de sécurité, etc.
La liste est loin d’être exhaustive.
De l'autre côté, à travers les réseaux sociaux et certains médias des hommes politiques, des influenceurs et activistes manipulent l'opinion nationale et internationale, en leur faisant croire que c’est à cause d'une 3e candidature du Président Macky Sall. La réalité est autre. Et vous le savez très bien.
Chers Boris, Felwine et Mbougar, revenez à la raison et prenez votre courage et votre responsabilité, car l’histoire vous interpellera un jour. Prendre sa responsabilité, c'est d'abord dire la vérité. C'est quoi la vérité dans ce dossier dont vous faites cas ? La vérité est qu’un leader politique, est traduit en justice par une jeune Sénégalaise de 20 ans, pour viol.
L’histoire retiendra que vous êtes les intellectuels et universitaires qui ont choisi de contribuer à la bonne marche de la machine à manipulation d’une certaine opposition sénégalaise. Chers universitaires, contribuer à détériorer le capital image du Sénégal, ne devait pas venir de vous. Ce Sénégal qui vous a tout donné, occupe une bonne place dans les agences de notation du monde, grâce à sa stabilité et sa démocratie.
Dans votre stratégie partisane de manipulation, vous avez opté de faire fi de ce qui est à l’origine de ce décompte macabre. Vous dites bien qu’ « à travers votre tribune », vous tenez « à alerter sur l'usage excessif de la force dans la répression du soulèvement populaire en cours ». Félicitations ! Toutefois, ayez le courage et l’honnêteté intellectuelle de dire la vérité à l’opinion nationale et internationale.
A travers ma modeste tribune, je tiens à éclairer la lanterne de l’opinion nationale et internationale que vous cherchiez à manipuler, en faisant fi des droits d’une pauvre Sénégalaise qui était utilisée comme « objet sexuel » dans un salon de massage ou salon de débauche.
A travers votre tribune, vous avez décidé de ne pas entendre les appels à l’insurrection et incitation des jeunes à la violence de cet homme politique, dont les mots clés sont : « mortal Kombat, arrêter la politique des salons, donner votre sang, maintenant j’ai l’allumette que je cherchais pour mettre le feu au Sénégal, kou dé sa yaye diourat (chaque jeune qui tombe dans les manifestions, ta mère donnera naissance à un autre enfant), à chaque fois qu’il y a une victime, c’est la peur et la pression sur Macky Sall, Macky Sall me tue ou je le tue, attaquer les forces de défense et de sécurité », etc. Sans nul doute, vous me direz que vous n’avez rien entendu.
Chers intellectuels, l’histoire retiendra que vous avez décidé de prendre position pour un leader politique, en faisant fi de tout ce que cette jeune génération attendait de vous : objectivité et impartialité.
Nous ne reconnaissons plus le doyen Boris qui faisait naguère la fierté des jeunes reporters que nous étions. Quand j’arrivais au quotidien "Le Matin", au début des années 2000, vous veniez juste de quitter en laissant derrière vous, de beaux témoignages. Hélas !
Honneur à la démocratie sénégalaise
« ….d’une étape importante du saccage de nos acquis démocratiques » dont vous avez fait cas, nul doute que vous êtes aujourd’hui les porte-étendards à la solde de je ne sais qui, pour ternir l’image du pays qui vous a tout donné. Sachez que la démocratie sénégalaise avec ou sans vous, continuera de faire la fierté de l’Afrique et du Sénégal.
Certes, elle est aujourd’hui dans une zone de turbulence, mais c’est cette démocratie qui a permis à Abdoulaye Wade d’arriver au pouvoir en 2000 face à Abdou Diouf, à Macky Sall en 2012, face à Abdoulaye Wade. C’est cette démocratie qui a permis à l’opposition de gagner en 2014 et en 2022 des villes comme Dakar la capitale, Thiès, Ziguinchor, Kaolack, etc. C’est cette même démocratie qui a permis à l’opposition sénégalaise d’obtenir 82 sièges au parlement, contre 83 pour le parti au pouvoir en 2022. Une première dans une démocratie africaine.
3e candidature ou une stratégie de manipulation
Chers intellectuels, parler de 3e candidature alors que le Président Macky Sall ne s’est pas encore prononcé, relève d’une malhonnêteté intellectuelle sans précédent. Les 16 morts de 2023 et les 14 de mars 2021, sont à inscrire sur la liste du feuilleton judiciaire entre la jeune fille des iles du Saloum et ce « puissant » responsable politique. Ce dernier qui, jusqu’à l’heure où j’écris cette contribution, refuse de répondre à la justice de son pays qui l’a finalement jugé et condamné par contumace. Et vous refusez toujours de dire la vérité.
Selon le trio partisan que vous êtes : « La nature socratique du verdict du procès d’Ousmane Sonko a fini par convaincre que ce n’était pas la manifestation de la vérité qui était visée, mais bel et bien l’élimination d’un opposant politique, dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Elle pose surtout le problème de notre appareil judiciaire, dont la fragilité et la fébrilité sont apparues au grand jour. »
Pour votre information, l’homme politique que vous venez de citer, est condamné pour délit de corruption de la jeunesse.
C’est quoi la corruption de la jeunesse ? La corruption de la jeunesse est une infraction à la loi pénale prévue et punie par l’article 324, alinéa 2, du Code pénal qui dispose : « sera puni des peines prévues au présent article, quiconque aura attenté aux mœurs en exécutant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe au-dessous de l’âge de vingt et un ans, ou, même occasionnellement des mineurs de seize ans ». La peine prévue sera selon l’alinéa 1 de l’article 324 du Code pénal, est de 2 à 5 ans et d’une amende de 300 000 à 4 000 000.
Le rappel profite aux croyants
Toujours d’après votre tribune : « Nous n’ignorions pas, après 1963, 1968, 1988, 1993, 2011 et 2021, que l’histoire politique du Sénégal charriait sa part obscure de violence. » Certes, vous avez donné des années référence de tensions politiques au Sénégal, toutefois permettez-moi de faire un bref rappel sur ces dates historiques, en y ajoutant 1994, 2004, 2013 et 2015.
Chers intellectuels, le Saint Coran nous a appris que « le rappel profite aux croyants ».
1963 : c’était le procès de Mamadadou Dia, président du Conseil du Sénégal qui est accusé de complot contre le Président Senghor en 1962. Arrêté, son procès est convoqué au début du mois de mai 1963 et a duré cinq jours ;
1963 : c’est également l’événement du 3 décembre suite à la candidature unique du Président Léopold Sédar Senghor et de son parti, à la première élection législative du Sénégal indépendant. Une forte mobilisation populaire avec des milliers de manifestants, sera réprimée dans le sang avec 40 morts et 250 blessés à la Médina ;
1968 : à l’instar de beaucoup de pays, le Sénégal a connu des mouvements de contestation, particulièrement à l’université de Dakar, suite à la protestation des étudiants contre la réduction des bourses, avec un premier appel de l'Union des étudiants sénégalais (UDES) lancé le 18 mars et le début d'une grève de protestation le 18 mai. Le 29 mai, la Police entre dans le temple du savoir, ce qui entraîne la mort d'un étudiant ainsi que 69 blessés dont 42 étudiants ;
1988 : Le Sénégal a organisé une élection présidentielle avec quatre candidats en lice. Apres la proclamation des résultats, de violentes manifestions éclatent à Thiès et à Dakar. Me Abdoulaye fut arrêté le 29 février 1988. Son procès a eu lieu le 11 mai 1988, après avoir été reporté une première fois. Me Wade fut condamné à an avec sursis ;
1993 : Me Babacar Sèye, vice-Président du Conseil Constitutionnel, est assassiné le samedi 15 sur la corniche ouest de Dakar, après les élections législatives du 09 mai 1993. Me Abdoulaye Wade et sa femme son inculpés le 1er octobre 1993. L’arrêt de la Chambre correctionnel de la Cour de Cassation du 6 septembre 1994, a prononcé le non-lieu en faveur de Abdoulaye Wade et ses codétenus. Tandis que Amadou Clédor Sène, Assane Diop et Papa Ibrahima Diakhaté, reconnus coupables, sont condamnés ;
1994 : le 16 février, le mouvement moustalsidini wal moustalsidati organise une meeting de coalition avec le Président Wade. Un mot d’ordre a été donné pour marcher vers Palais de la République. Les conséquences étaient lourdes avec des saccages, pillages et la mort de 4 policiers ;
2004 : Idrissa Seck, Premier ministre sera démis de ses fonctions en 2004, avant d’être convoqué le 15 juillet 2005 par la Division des investigations criminelles (DIC), dans l’affaire dite des chantiers de Thiès. Il est inculpé le 23 juillet 2005 pour « atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale », avant d’être déféré à Rebeuss, où il passera 199 jours. Il sort de prison le 7 février 2006 avec un non-lieu par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice ;
2011 : un 23 juin de cette année, les forces vives de la nation sénégalaise se sont mobilisées pour dire non à un projet de lois appelé quart bloquant proposé par le Président Abdoulaye Wade ;
2013 : Karim Wade, fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, est poursuivi par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Le 23 mars 2005, le verdict est tombé. Karim Wade écope d’une peine de six ans de prison ferme et d’une amende de 138 milliards de francs CFA ;
2015 : Khalifa Ababacar Sall, maire socialiste de Dakar, est accusé d’avoir détourné 1,8 milliard de francs CFA (2,7 millions d’euros) de la régie d’avance de la municipalité de Dakar. Khalifa Sall sera finalement condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de 5 millions de francs CFA pour « faux et usage de faux » et « escroquerie portant sur des fonds publics » ;
2021 : le député Ousmane Sonko est accusé de viol par Adji Sarr, une jeune masseuse du salon Sweet Beauté en février 2021 en pleine crise sanitaire de COVID-19. Jugé en mai 2023, il est condamné le 1er juin par contumace, à 2 ans de prison ferme pour corruption de jeunesse.
Hors sujet…
« Mais de toutes les convulsions qui ont agité l’histoire moderne de notre pays, celle qui se déroule sous nos yeux, nous semble être la plus simple à résoudre et, par ce fait même, la plus tragique en ses conséquences actuelles », là je suis d’accord avec vous. Malheureusement ce qui va suivre montre à suffisance que vous êtes hors sujet, si c’était un sujet de dissertation.
Vous dites : « Il suffirait qu’un homme dise : Je renonce à briguer un troisième mandat qui déshonorerait ma parole d’homme, mon pays et sa Constitution, pour que la colère qui s’exprime dans les rues sénégalaises en ce moment même, sans disparaître tout à fait, s’atténue. Cet homme, c’est le président de la République. » Ah bon ! Ironie du sort. Je ne savais pas que le verdict qui était donné le 1er juin 2023 au temple de Timis portait sur un 3e mandat du président de la République. Pourtant, ni vous, ni moi n’ont pas encore entendu le Président Macky Sall dire qu’il briguera un 3e mandat.
Vous voulez également « qu’il annonce que les articles L29, L30 et L57 du Code électoral seront révisés, que le parrainage sera aboli afin de rendre les élections inclusives et que tous les prisonniers politiques et d’opinion seront libérés pour que la tension baisse, et que la paix ait une chance de revenir. » Apparemment vous avez oublié de citer l’article L27 de la Constitution sénégalaise qui dit que : « La durée du mandat du Président de la République du Sénégal est de 5 ans. Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. » Pour votre information, son acte de naissance est signé le 5 avril 2016, après le référendum du mois de mars de la même année. De grâce, faites la différence entre la Constitution du Sénégal et les promesses ou engagements pris par un citoyen, fût-il Président de la République.
Par ailleurs, vous revenez sur ce que vous appelez : « la vague de violence qui secoue le Sénégal depuis plusieurs jours ». Sans vous offenser, « cette vaque de violence » est le fruit de cette industrie de manipulation à laquelle vous contribuez de la plus belle des manières. Ces actes de vandalisme et de pillage mettent à nu les tares de la société sénégalaise à laquelle nous appartenons tous. Cette société qui est victime de certains de ses universitaires et intellectuels « encagoulés », responsables politiques, membre de la société civile, journalistes, religieux, influenceurs ou activistes, etc.
Enfin je vous recommande le livre d’El hadj Ibrahima NDAO « SENEGAL, HISTOIRES DES CONQUETES DEMOCRATIQUES ». Selon ce brillant intellectuel, « le chemin parcouru par le Sénégal, depuis la colonisation jusqu’à nos jours, a été long, souvent difficile, mais toujours exigeant ».
Permettez-moi enfin de m’incliner devant la mémoire de toutes les victimes de la manipulation des hommes politiques, entre 2021 et 2023.
Par Talibouya AIDARA
Journaliste/Communicant/Auteur
Email : aidara.or.t@gmail.com
Boris, Felwine et Mbougar, nous qui habitons le Sénégal, nous qui vivons et partageons le quotidien des Sénégalais, avons un pincement au cœur en vous lisant. Nous avons mal parce que nous sommes à la fois victimes et témoins de ces actes de vandalisme et de pillage, qui ont marqué ces journées. Malheureusement, je ne vous ai vu nulle part condamner ces acte à savoir :
- sabotage des installations de la SONES pour assoiffer les populations de Dakar, afin de créer la panique générale ;
- sabotage des installations de la SENELEC pour plonger Dakar dans l’obscurité, afin de permettre à des pilleurs de faire leurs sales besognes ;
- pillage des commerces, des grandes surfaces, des banques et stations d’essence avec le vol de coffres-forts ;
- acte de vandalisme sur des biens d'autrui ;
- incendies dans les Universités ;
- attaques des maisons d'honnêtes citoyens qui ont décidé de rester au Sénégal ;
- attaques et provocations de nos forces de défense et de sécurité, etc.
La liste est loin d’être exhaustive.
De l'autre côté, à travers les réseaux sociaux et certains médias des hommes politiques, des influenceurs et activistes manipulent l'opinion nationale et internationale, en leur faisant croire que c’est à cause d'une 3e candidature du Président Macky Sall. La réalité est autre. Et vous le savez très bien.
Chers Boris, Felwine et Mbougar, revenez à la raison et prenez votre courage et votre responsabilité, car l’histoire vous interpellera un jour. Prendre sa responsabilité, c'est d'abord dire la vérité. C'est quoi la vérité dans ce dossier dont vous faites cas ? La vérité est qu’un leader politique, est traduit en justice par une jeune Sénégalaise de 20 ans, pour viol.
L’histoire retiendra que vous êtes les intellectuels et universitaires qui ont choisi de contribuer à la bonne marche de la machine à manipulation d’une certaine opposition sénégalaise. Chers universitaires, contribuer à détériorer le capital image du Sénégal, ne devait pas venir de vous. Ce Sénégal qui vous a tout donné, occupe une bonne place dans les agences de notation du monde, grâce à sa stabilité et sa démocratie.
Dans votre stratégie partisane de manipulation, vous avez opté de faire fi de ce qui est à l’origine de ce décompte macabre. Vous dites bien qu’ « à travers votre tribune », vous tenez « à alerter sur l'usage excessif de la force dans la répression du soulèvement populaire en cours ». Félicitations ! Toutefois, ayez le courage et l’honnêteté intellectuelle de dire la vérité à l’opinion nationale et internationale.
A travers ma modeste tribune, je tiens à éclairer la lanterne de l’opinion nationale et internationale que vous cherchiez à manipuler, en faisant fi des droits d’une pauvre Sénégalaise qui était utilisée comme « objet sexuel » dans un salon de massage ou salon de débauche.
A travers votre tribune, vous avez décidé de ne pas entendre les appels à l’insurrection et incitation des jeunes à la violence de cet homme politique, dont les mots clés sont : « mortal Kombat, arrêter la politique des salons, donner votre sang, maintenant j’ai l’allumette que je cherchais pour mettre le feu au Sénégal, kou dé sa yaye diourat (chaque jeune qui tombe dans les manifestions, ta mère donnera naissance à un autre enfant), à chaque fois qu’il y a une victime, c’est la peur et la pression sur Macky Sall, Macky Sall me tue ou je le tue, attaquer les forces de défense et de sécurité », etc. Sans nul doute, vous me direz que vous n’avez rien entendu.
Chers intellectuels, l’histoire retiendra que vous avez décidé de prendre position pour un leader politique, en faisant fi de tout ce que cette jeune génération attendait de vous : objectivité et impartialité.
Nous ne reconnaissons plus le doyen Boris qui faisait naguère la fierté des jeunes reporters que nous étions. Quand j’arrivais au quotidien "Le Matin", au début des années 2000, vous veniez juste de quitter en laissant derrière vous, de beaux témoignages. Hélas !
Honneur à la démocratie sénégalaise
« ….d’une étape importante du saccage de nos acquis démocratiques » dont vous avez fait cas, nul doute que vous êtes aujourd’hui les porte-étendards à la solde de je ne sais qui, pour ternir l’image du pays qui vous a tout donné. Sachez que la démocratie sénégalaise avec ou sans vous, continuera de faire la fierté de l’Afrique et du Sénégal.
Certes, elle est aujourd’hui dans une zone de turbulence, mais c’est cette démocratie qui a permis à Abdoulaye Wade d’arriver au pouvoir en 2000 face à Abdou Diouf, à Macky Sall en 2012, face à Abdoulaye Wade. C’est cette démocratie qui a permis à l’opposition de gagner en 2014 et en 2022 des villes comme Dakar la capitale, Thiès, Ziguinchor, Kaolack, etc. C’est cette même démocratie qui a permis à l’opposition sénégalaise d’obtenir 82 sièges au parlement, contre 83 pour le parti au pouvoir en 2022. Une première dans une démocratie africaine.
3e candidature ou une stratégie de manipulation
Chers intellectuels, parler de 3e candidature alors que le Président Macky Sall ne s’est pas encore prononcé, relève d’une malhonnêteté intellectuelle sans précédent. Les 16 morts de 2023 et les 14 de mars 2021, sont à inscrire sur la liste du feuilleton judiciaire entre la jeune fille des iles du Saloum et ce « puissant » responsable politique. Ce dernier qui, jusqu’à l’heure où j’écris cette contribution, refuse de répondre à la justice de son pays qui l’a finalement jugé et condamné par contumace. Et vous refusez toujours de dire la vérité.
Selon le trio partisan que vous êtes : « La nature socratique du verdict du procès d’Ousmane Sonko a fini par convaincre que ce n’était pas la manifestation de la vérité qui était visée, mais bel et bien l’élimination d’un opposant politique, dans la perspective des prochaines élections présidentielles. Elle pose surtout le problème de notre appareil judiciaire, dont la fragilité et la fébrilité sont apparues au grand jour. »
Pour votre information, l’homme politique que vous venez de citer, est condamné pour délit de corruption de la jeunesse.
C’est quoi la corruption de la jeunesse ? La corruption de la jeunesse est une infraction à la loi pénale prévue et punie par l’article 324, alinéa 2, du Code pénal qui dispose : « sera puni des peines prévues au présent article, quiconque aura attenté aux mœurs en exécutant, favorisant ou facilitant habituellement la débauche ou la corruption de la jeunesse de l’un ou l’autre sexe au-dessous de l’âge de vingt et un ans, ou, même occasionnellement des mineurs de seize ans ». La peine prévue sera selon l’alinéa 1 de l’article 324 du Code pénal, est de 2 à 5 ans et d’une amende de 300 000 à 4 000 000.
Le rappel profite aux croyants
Toujours d’après votre tribune : « Nous n’ignorions pas, après 1963, 1968, 1988, 1993, 2011 et 2021, que l’histoire politique du Sénégal charriait sa part obscure de violence. » Certes, vous avez donné des années référence de tensions politiques au Sénégal, toutefois permettez-moi de faire un bref rappel sur ces dates historiques, en y ajoutant 1994, 2004, 2013 et 2015.
Chers intellectuels, le Saint Coran nous a appris que « le rappel profite aux croyants ».
1963 : c’était le procès de Mamadadou Dia, président du Conseil du Sénégal qui est accusé de complot contre le Président Senghor en 1962. Arrêté, son procès est convoqué au début du mois de mai 1963 et a duré cinq jours ;
1963 : c’est également l’événement du 3 décembre suite à la candidature unique du Président Léopold Sédar Senghor et de son parti, à la première élection législative du Sénégal indépendant. Une forte mobilisation populaire avec des milliers de manifestants, sera réprimée dans le sang avec 40 morts et 250 blessés à la Médina ;
1968 : à l’instar de beaucoup de pays, le Sénégal a connu des mouvements de contestation, particulièrement à l’université de Dakar, suite à la protestation des étudiants contre la réduction des bourses, avec un premier appel de l'Union des étudiants sénégalais (UDES) lancé le 18 mars et le début d'une grève de protestation le 18 mai. Le 29 mai, la Police entre dans le temple du savoir, ce qui entraîne la mort d'un étudiant ainsi que 69 blessés dont 42 étudiants ;
1988 : Le Sénégal a organisé une élection présidentielle avec quatre candidats en lice. Apres la proclamation des résultats, de violentes manifestions éclatent à Thiès et à Dakar. Me Abdoulaye fut arrêté le 29 février 1988. Son procès a eu lieu le 11 mai 1988, après avoir été reporté une première fois. Me Wade fut condamné à an avec sursis ;
1993 : Me Babacar Sèye, vice-Président du Conseil Constitutionnel, est assassiné le samedi 15 sur la corniche ouest de Dakar, après les élections législatives du 09 mai 1993. Me Abdoulaye Wade et sa femme son inculpés le 1er octobre 1993. L’arrêt de la Chambre correctionnel de la Cour de Cassation du 6 septembre 1994, a prononcé le non-lieu en faveur de Abdoulaye Wade et ses codétenus. Tandis que Amadou Clédor Sène, Assane Diop et Papa Ibrahima Diakhaté, reconnus coupables, sont condamnés ;
1994 : le 16 février, le mouvement moustalsidini wal moustalsidati organise une meeting de coalition avec le Président Wade. Un mot d’ordre a été donné pour marcher vers Palais de la République. Les conséquences étaient lourdes avec des saccages, pillages et la mort de 4 policiers ;
2004 : Idrissa Seck, Premier ministre sera démis de ses fonctions en 2004, avant d’être convoqué le 15 juillet 2005 par la Division des investigations criminelles (DIC), dans l’affaire dite des chantiers de Thiès. Il est inculpé le 23 juillet 2005 pour « atteinte à la sûreté de l’Etat et à la défense nationale », avant d’être déféré à Rebeuss, où il passera 199 jours. Il sort de prison le 7 février 2006 avec un non-lieu par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice ;
2011 : un 23 juin de cette année, les forces vives de la nation sénégalaise se sont mobilisées pour dire non à un projet de lois appelé quart bloquant proposé par le Président Abdoulaye Wade ;
2013 : Karim Wade, fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, est poursuivi par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Le 23 mars 2005, le verdict est tombé. Karim Wade écope d’une peine de six ans de prison ferme et d’une amende de 138 milliards de francs CFA ;
2015 : Khalifa Ababacar Sall, maire socialiste de Dakar, est accusé d’avoir détourné 1,8 milliard de francs CFA (2,7 millions d’euros) de la régie d’avance de la municipalité de Dakar. Khalifa Sall sera finalement condamné à 5 ans de prison ferme et à une amende de 5 millions de francs CFA pour « faux et usage de faux » et « escroquerie portant sur des fonds publics » ;
2021 : le député Ousmane Sonko est accusé de viol par Adji Sarr, une jeune masseuse du salon Sweet Beauté en février 2021 en pleine crise sanitaire de COVID-19. Jugé en mai 2023, il est condamné le 1er juin par contumace, à 2 ans de prison ferme pour corruption de jeunesse.
Hors sujet…
« Mais de toutes les convulsions qui ont agité l’histoire moderne de notre pays, celle qui se déroule sous nos yeux, nous semble être la plus simple à résoudre et, par ce fait même, la plus tragique en ses conséquences actuelles », là je suis d’accord avec vous. Malheureusement ce qui va suivre montre à suffisance que vous êtes hors sujet, si c’était un sujet de dissertation.
Vous dites : « Il suffirait qu’un homme dise : Je renonce à briguer un troisième mandat qui déshonorerait ma parole d’homme, mon pays et sa Constitution, pour que la colère qui s’exprime dans les rues sénégalaises en ce moment même, sans disparaître tout à fait, s’atténue. Cet homme, c’est le président de la République. » Ah bon ! Ironie du sort. Je ne savais pas que le verdict qui était donné le 1er juin 2023 au temple de Timis portait sur un 3e mandat du président de la République. Pourtant, ni vous, ni moi n’ont pas encore entendu le Président Macky Sall dire qu’il briguera un 3e mandat.
Vous voulez également « qu’il annonce que les articles L29, L30 et L57 du Code électoral seront révisés, que le parrainage sera aboli afin de rendre les élections inclusives et que tous les prisonniers politiques et d’opinion seront libérés pour que la tension baisse, et que la paix ait une chance de revenir. » Apparemment vous avez oublié de citer l’article L27 de la Constitution sénégalaise qui dit que : « La durée du mandat du Président de la République du Sénégal est de 5 ans. Nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs. » Pour votre information, son acte de naissance est signé le 5 avril 2016, après le référendum du mois de mars de la même année. De grâce, faites la différence entre la Constitution du Sénégal et les promesses ou engagements pris par un citoyen, fût-il Président de la République.
Par ailleurs, vous revenez sur ce que vous appelez : « la vague de violence qui secoue le Sénégal depuis plusieurs jours ». Sans vous offenser, « cette vaque de violence » est le fruit de cette industrie de manipulation à laquelle vous contribuez de la plus belle des manières. Ces actes de vandalisme et de pillage mettent à nu les tares de la société sénégalaise à laquelle nous appartenons tous. Cette société qui est victime de certains de ses universitaires et intellectuels « encagoulés », responsables politiques, membre de la société civile, journalistes, religieux, influenceurs ou activistes, etc.
Enfin je vous recommande le livre d’El hadj Ibrahima NDAO « SENEGAL, HISTOIRES DES CONQUETES DEMOCRATIQUES ». Selon ce brillant intellectuel, « le chemin parcouru par le Sénégal, depuis la colonisation jusqu’à nos jours, a été long, souvent difficile, mais toujours exigeant ».
Permettez-moi enfin de m’incliner devant la mémoire de toutes les victimes de la manipulation des hommes politiques, entre 2021 et 2023.
Par Talibouya AIDARA
Journaliste/Communicant/Auteur
Email : aidara.or.t@gmail.com