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Mercredi 4 Mai 2011

AFFAIRE BARA TALL : Le document qui secoue le Tribunal


Le Procureur de la République Ousmane Diagne tient un point de presse pour se prononcer sur l’affaire Bara Tall. Dans sa déclaration, il a évoqué le document rendu public par l’hebdomadaire «La Gazette». Sur ledit document, il est prononcé un non lieu pour cet entrepreneur, une décision de justice que les autorités judiciaires avaient peut être, caché. L’affaire des Chantiers de Thiès prend une autre tournure. Lisez l’article de cet hebdomadaire sur cette ordonnance rendue public.



AFFAIRE BARA TALL : Le document qui secoue le Tribunal
Visez bien ce document publié par nos confrères dans leur dernière édition (28 avril au 5 mai). Ce réquisitoire définitif –les mots ont quand même un sens- signé du substitut du procureur Ibrahima Ndoye, le 26 avril 2010, requerrait du juge d’instruction du 2ème cabinet qu’il prononçât un non-lieu en faveur de Bara Tall et de ses co-accusés qui n’étaient et ne sont toujours que des alibis pour atteindre le patron de Jean Lefebvre.

Ce réquisitoire définitif de la part du représentant du parquet, « Maître des poursuites », disent-ils, a été transmis au juge qui n’avait d’autre choix que de suivre la voie indiquée et signer, lui, une ordonnance de non-lieu. Ce fameux sésame qui fait qu’aujourd’hui, Idrissa Seck qui en a bénéficié ne peut plus être poursuivi dans cette affaire des chantiers de Thiès, du fait de «l’autorité de la chose jugée».

Or, voici que, le 1er juillet 2010, deux mois après ce blanchiment sans frais ni dépense de Bara Tall, Ousmane Diagne (voir photo : il faut bien que les Sénégalais mettent un visage sur les noms de certaines gens), procureur de la République, le patron donc de Ndoye, signe, lui (La Gazette publie ce document aussi), un «Réquisitoire définitif aux fins de renvoi en police correctionnelle». En langage clair, il requiert du juge le contraire de ce que son substitut (bien entendu avec son aval) avait demandé au juge du même 2ème cabinet, c’est-à-dire : «ordonner le renvoi …devant le Tribunal Régional Hors Classe de Dakar statuant en matière correctionnelle, pour y être jugés conformément à la loi», de Bara Tall et autres.

La question que tout le monde se pose, sachant que le parquet est contrôlé par l’Etat est : Qu’est-ce qui s’est passé entre le 26 avril et le 1er juillet qui a fait passer Bara Tall d’innocent total à gibier de potence digne de la correctionnelle ? Escroc de haut vol qu’il faut enfermer cinq ans, lui soutirer 15 milliards pour les donner à l’Etat et saisir ses biens ?

Tout le monde ne sait peut-être pas que le 3 avril 2010, Bara Tall annonçait à New York la création du mouvement Yamale, mais on se souviendra mieux que le 4 juin, il lancera, à Dakar, la pétition sur les 20 milliards de commissions de la licence Sudatel qui affola tellement le pouvoir qu’il fera une descente de police à l’imprimerie du groupe Com 7 où étaient imprimés les documents y afférents, le samedi 5 juin, pour ramasser jusqu’aux poubelles, embarquer le responsable de l’imprimerie, à la recherche de je ne sais quel document compromettant. Le 6 juin, Bara Tall donnait une conférence de presse au siège de la Raddho pour dire sa détermination à aller jusqu’au bout de cette initiative. Et puis, coup de tonnerre, le 11 juin, le président de la République ramenait Cheikh Tidiane Sy, que l’on croyait à la retraite, au gouvernement, au même poste de Garde des sceaux, où, en 2006, le même avait initié cette affaire bancale de détournement de deniers publics contre Bara Tall.
La presse raconta alors que celui qu’il venait remplacer, et qui sera pour l’occasion chassé carrément du gouvernement, avait ignoré l’ordre de «trouver n’importe quoi pour inculper Bara Tall». El Hadj Amadou Sall avait ainsi refusé de se dédire, parce que c’est sous sa chancellerie que l’on venait de pondre avec son aval forcément, ce fameux réquisitoire du 26 avril qui libérait Bara Tall de toute poursuite. En juin, on lui demandait de ravaler son propre vomi, comme un chien ! Il avait refusé. Un poste ministériel ne valait pas ça, à ses yeux.

Il fut donc remplacé par Cheikh Tidiane Sy qui s’énerva devant le scepticisme ambiant sur l’innocence de son retour au temple de Thémis à ces heures si compliquées pour le pouvoir et défia les journalistes avec son désormais fameux « man ngeen maa yakkal ci gaalu xac… ». Cette histoire de «bol des chiens » où il ne tremperait pas la langue que tout le monde connaît maintenant. Or, moins d’un mois après, tombait le réquisitoire du procureur Ousmane Diagne renvoyant Bara Tall devant le tribunal, en contradiction flagrante avec le réquisitoire sorti de son propre cabinet deux mois avant. Cette cuisine-là, où tantôt on met du sucre, tantôt du «nokoss» (mélange bien connu des Sénégalais) il faut aimer ça…
Et pourtant, ce ne fut même pas facile. La juge qui devait prononcer le non-lieu ainsi que le réquisitoire du 26 avril l’avait demandé, aurait, elle aussi, refusé de revenir en arrière pour faire le contraire de ce sur quoi elle travaillait jusqu’alors, le non-lieu. Elle fut rétrogradée du 2ème cabinet au 9ème, avant d’être mise au placard, carrément sortie des juridictions, elle est maintenant conseillère…

On la fit remplacer par un juge, Matar Ndiaye, dont le parachutage au 2ème cabinet fut une véritable promotion, qui signa l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel sans jamais avoir entendu ni Bara Tall, ni aucun des autres inculpés. Ainsi va la justice dans notre pays.

Mais nous refusons de désespérer complètement de notre justice, et des hommes qui l’animent - nos seuls remparts avant le chaos de la loi du plus fort -, et attendons tranquillement le verdict des juges du siège, le 17 mai prochain, pour nous forger une opinion définitive.

Sur la Balance de la Justice –qui a trébuché, selon le fameux mot d’un des avocats de l’Etat, le 17 avril dernier, lors des plaidoiries- la tête de Bara Tall pour un certain bol, et l’image d’une institution encore honorable, nous obstinons-nous à croire.

Bitimrew.net
( Les News )






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