C’est demain mercredi que l’affaire des 200 millions de F Cfa dérobés dans le bureau de feu Kader Mbacké par son chauffeur et homme de confiance, Abdou Khadre Seck, sera jugée devant le tribunal départemental de Dakar. Le dossier est doublement nébuleux, non seulement en ce qui concerne les déclarations du voleur présumé, confirmées par deux témoins, mais surtout à cause de la démarche de Serigne Alamine Mbacké, frère du défunt qui vivait aux Etats-Unis. Tout en se déclarant partie civile, ce dernier, qui s’est auto-proclamé nouveau patron de Dangoté, comme mentionné dans les procès-verbaux de la gendarmerie, a pris par devers lui les 400.000 dollars(200 millions F Cfa), après avoir…déposé à la gendarmerie Abdou Khadre Seck.
Voici les faits tels que rapportés par la gendarmerie de la Foire, dans un procès-verbal daté du 12 septembre 2010 obtenu par « L’As ». Le vendredi 10 septembre 2010, aux environs d’une heure du matin, Kader Mbacké rend l’âme. Seule la famille éplorée et quelques proches sont au courant de la triste nouvelle. Abdou Khadre Mbacké, chauffeur du défunt, se rend dans les bureaux de Dangoté, sis au Boulevard de la République. Là, il confie à la sécurité que c’est le défunt qui l’a envoyé, avant d’entrer dans les locaux d’où il ressortira dix minutes plus tard, sacoche en main.
Le 11 septembre 2010 aux environs de 17 heures, Serigne Aramine Mbacké, frère cadet du défunt, est saisi par le chef de la sécurité de gardiennage, le nommé Massiry Ndiaye. Ce dernier lui apprend qu’Abdou Khadre est venu à Dangoté à une heure tardive. Le frère du défunt retrouve le chauffeur qui, tout en restituant l’argent, soutient que c’est le défunt qui le lui avait confié de son vivant. Finalement, le chauffeur remet l’argent au frère de Kader Mbacké qui s’est auto-proclamé patron de Dangoté et qui porte plainte.
« Je reconnais être en possession de l’intégralité des 400.000 dollars »
Entendu sur procès-verbal le 12 septembre, Serigne Aramine Mbacké revient sur les péripéties de l’affaire : « (…) Après l’enterrement de mon frère, le chef de l’Agence Dala Bi Resta, chargé de la sécurité de la société de mon frère, dénommée Dangoté, m’a abordé pour me dire que le chauffeur de feu mon frère s’était introduit dans les bureaux de l’agence sise à l’avenue Boulevard de la République x Felix Faure, la veille juste après le décès de mon frère aux environs de 5 heures du matin pour en ressortir dix minutes après avec un sachet, sans précisions. Abdou Khadre Seck, en sa qualité de chauffeur, s’était présenté zen pour dire qu’il était envoyé par mon frère. En relation avec Massire Ndiaye (ndlr : chef de l’agence de sécurité), nous avons mené des investigations. Lorsque nous l’avons retrouvé, nous sommes allés droit au but en lui disant que les gardiens l’ont vu entrer dans le bureau pour en ressortir avec un sachet. Nous l’avons menacé pour qu’il nous dise ce qu’il y avait dans le sachet. Sans hésiter, il nous a dit que le sachet contenait de l’argent sans préciser le montant. Nous nous sommes rendus sur les lieux où il avait caché l’argent. Tout de suite après, nous nous sommes rendus à la brigade de la Foire pour porter plainte contre lui, pour vol de numéraires ».
Le frère de feu Kader Mbacké ajoute, parlant du chauffeur : « nous exigeons que toute la lumière soit faite, notamment la maison qu’il a construite à Touba malgré ses faibles moyens ». Il ajoute : « j’assure désormais la Direction de Dangoté Industrie, en remplacement de feu mon frère » et confirme : « je reconnais être en possession de l’intégralité des 400.000 dollars ».
Seulement, jusqu’à hier, les héritiers légaux, à savoir le fils unique de feu Kader Mbacké et ses deux épouses, n’avaient pas vu les traces de cette manne financière. Une source proche du dossier s’interroge : « On se demande aussi comment il peut s’auto-proclamer patron de Dangoté. Qui l’a désigné ? ». Dans tous les cas, les héritiers légaux ont constitué deux avocats : Me Abdou Dialy Kane et Me Alassane Cissé. Vendredi dernier, ce sont d’ailleurs eux qui ont demandé le renvoi du dossier qui passera demain. Et d’ores et déjà, les conseils des héritiers ont fait part au parquet de leur volonté de récuser la constitution de partie civile du frère de feu Kader Mbacké. Des sources judiciaires s’étonnaient d’ailleurs de la pertinence de cette constitution dont l’irrecevabilité sera plaidée demain par les conseils des héritiers.
« Je plaide non coupable, car cet argent m’avait été confié par Kader »
La nébuleuse se poursuit dans la déposition du mis en cause principal qui, au passage, ne s’est pas gêné d’égratigner le frère du défunt. Abdou Khadre Mbacké, dans sa première déposition devant les enquêteurs confie sur pv : « (…) L’homme était généreux et serviable. Juste avant sa mort, il m’avait confié de l’argent dont j’ignorais le montant. Je l’avais soigneusement rangé dans une sacoche estampillée Dangoté. Je l’avais mis derrière une des armoires du bureau. J’étais venu récupérer ce sachet quand j’ai appris le décès de Kader Mbacké, car n’importe qui pouvait venir le prendre désormais. C’est le samedi que j’ai reçu la visite de Serigne Alamine Mbacké qui était accompagné du chef de la sécurité. Ils sont venus chez moi à Ouest Foire. D’un ton menaçant, ils m’ont intimé l’ordre de sortir la sacoche. J’ignorais ce qu’elle contenait et je leur ai dit que c’est Kader même qui, de son vivant, me l’avait confiée. Ils ne m’ont pas cru et ils m’ont conduit à la Brigade de la Foire ». Le chauffeur qui assure qu’il attendait que les funérailles se terminent pour remettre l’argent aux héritiers, déclare : « Les frères de Kader ne connaissent rien de lui. Ils en sont jaloux, raison pour laquelle, ils sont en train de m’accabler. Je plaide non coupable car cet argent m’avait été confié par Kader ».
Ndiassé Sylla et Djiby Fall confirment la déposition du mis en cause
Abdou Khadre Seck revient à la charge, le lendemain : « Suite à ma première déclaration, je compte préciser qu’à l’annonce du décès de Kader qui m’avait confié cet argent que je n’ai jamais évalué, j’en ai parlé à mes deux copains Ndiassé Sylla et Djiby Fall. (…) Djiby Fall m’a conseillé de restituer l’argent tout de suite après les funérailles ». Djiby Fall confirme : (…) Le samedi 11 septembre vers 21 heures, Abou Khadre Seck m’a confié que Kader Mbacké lui avait confié de son vivant une sacoche contenant beaucoup d’argent. Abdou Khadre Seck m’a juré qu’il allait remettre la sacoche que Kader Mbacké lui a confiée à ses parents, après les funérailles ». L’autre témoin cité par le mis en cause, Ndiassé Sylla, confirme aussi. Deux témoins à décharge pour le chauffeur.
Une seule question demeure pourtant : pourquoi les héritiers légitimes de feu Kader Mbacké ne sont-ils pas entrés en possession de ce qui désormais est leur bien légitime ? « Nous nous posons la même question », soutient une source proche des héritiers.. Affaire à suivre…
Cheikh Mbacké GUISSE l'asquotidien
Voici les faits tels que rapportés par la gendarmerie de la Foire, dans un procès-verbal daté du 12 septembre 2010 obtenu par « L’As ». Le vendredi 10 septembre 2010, aux environs d’une heure du matin, Kader Mbacké rend l’âme. Seule la famille éplorée et quelques proches sont au courant de la triste nouvelle. Abdou Khadre Mbacké, chauffeur du défunt, se rend dans les bureaux de Dangoté, sis au Boulevard de la République. Là, il confie à la sécurité que c’est le défunt qui l’a envoyé, avant d’entrer dans les locaux d’où il ressortira dix minutes plus tard, sacoche en main.
Le 11 septembre 2010 aux environs de 17 heures, Serigne Aramine Mbacké, frère cadet du défunt, est saisi par le chef de la sécurité de gardiennage, le nommé Massiry Ndiaye. Ce dernier lui apprend qu’Abdou Khadre est venu à Dangoté à une heure tardive. Le frère du défunt retrouve le chauffeur qui, tout en restituant l’argent, soutient que c’est le défunt qui le lui avait confié de son vivant. Finalement, le chauffeur remet l’argent au frère de Kader Mbacké qui s’est auto-proclamé patron de Dangoté et qui porte plainte.
« Je reconnais être en possession de l’intégralité des 400.000 dollars »
Entendu sur procès-verbal le 12 septembre, Serigne Aramine Mbacké revient sur les péripéties de l’affaire : « (…) Après l’enterrement de mon frère, le chef de l’Agence Dala Bi Resta, chargé de la sécurité de la société de mon frère, dénommée Dangoté, m’a abordé pour me dire que le chauffeur de feu mon frère s’était introduit dans les bureaux de l’agence sise à l’avenue Boulevard de la République x Felix Faure, la veille juste après le décès de mon frère aux environs de 5 heures du matin pour en ressortir dix minutes après avec un sachet, sans précisions. Abdou Khadre Seck, en sa qualité de chauffeur, s’était présenté zen pour dire qu’il était envoyé par mon frère. En relation avec Massire Ndiaye (ndlr : chef de l’agence de sécurité), nous avons mené des investigations. Lorsque nous l’avons retrouvé, nous sommes allés droit au but en lui disant que les gardiens l’ont vu entrer dans le bureau pour en ressortir avec un sachet. Nous l’avons menacé pour qu’il nous dise ce qu’il y avait dans le sachet. Sans hésiter, il nous a dit que le sachet contenait de l’argent sans préciser le montant. Nous nous sommes rendus sur les lieux où il avait caché l’argent. Tout de suite après, nous nous sommes rendus à la brigade de la Foire pour porter plainte contre lui, pour vol de numéraires ».
Le frère de feu Kader Mbacké ajoute, parlant du chauffeur : « nous exigeons que toute la lumière soit faite, notamment la maison qu’il a construite à Touba malgré ses faibles moyens ». Il ajoute : « j’assure désormais la Direction de Dangoté Industrie, en remplacement de feu mon frère » et confirme : « je reconnais être en possession de l’intégralité des 400.000 dollars ».
Seulement, jusqu’à hier, les héritiers légaux, à savoir le fils unique de feu Kader Mbacké et ses deux épouses, n’avaient pas vu les traces de cette manne financière. Une source proche du dossier s’interroge : « On se demande aussi comment il peut s’auto-proclamer patron de Dangoté. Qui l’a désigné ? ». Dans tous les cas, les héritiers légaux ont constitué deux avocats : Me Abdou Dialy Kane et Me Alassane Cissé. Vendredi dernier, ce sont d’ailleurs eux qui ont demandé le renvoi du dossier qui passera demain. Et d’ores et déjà, les conseils des héritiers ont fait part au parquet de leur volonté de récuser la constitution de partie civile du frère de feu Kader Mbacké. Des sources judiciaires s’étonnaient d’ailleurs de la pertinence de cette constitution dont l’irrecevabilité sera plaidée demain par les conseils des héritiers.
« Je plaide non coupable, car cet argent m’avait été confié par Kader »
La nébuleuse se poursuit dans la déposition du mis en cause principal qui, au passage, ne s’est pas gêné d’égratigner le frère du défunt. Abdou Khadre Mbacké, dans sa première déposition devant les enquêteurs confie sur pv : « (…) L’homme était généreux et serviable. Juste avant sa mort, il m’avait confié de l’argent dont j’ignorais le montant. Je l’avais soigneusement rangé dans une sacoche estampillée Dangoté. Je l’avais mis derrière une des armoires du bureau. J’étais venu récupérer ce sachet quand j’ai appris le décès de Kader Mbacké, car n’importe qui pouvait venir le prendre désormais. C’est le samedi que j’ai reçu la visite de Serigne Alamine Mbacké qui était accompagné du chef de la sécurité. Ils sont venus chez moi à Ouest Foire. D’un ton menaçant, ils m’ont intimé l’ordre de sortir la sacoche. J’ignorais ce qu’elle contenait et je leur ai dit que c’est Kader même qui, de son vivant, me l’avait confiée. Ils ne m’ont pas cru et ils m’ont conduit à la Brigade de la Foire ». Le chauffeur qui assure qu’il attendait que les funérailles se terminent pour remettre l’argent aux héritiers, déclare : « Les frères de Kader ne connaissent rien de lui. Ils en sont jaloux, raison pour laquelle, ils sont en train de m’accabler. Je plaide non coupable car cet argent m’avait été confié par Kader ».
Ndiassé Sylla et Djiby Fall confirment la déposition du mis en cause
Abdou Khadre Seck revient à la charge, le lendemain : « Suite à ma première déclaration, je compte préciser qu’à l’annonce du décès de Kader qui m’avait confié cet argent que je n’ai jamais évalué, j’en ai parlé à mes deux copains Ndiassé Sylla et Djiby Fall. (…) Djiby Fall m’a conseillé de restituer l’argent tout de suite après les funérailles ». Djiby Fall confirme : (…) Le samedi 11 septembre vers 21 heures, Abou Khadre Seck m’a confié que Kader Mbacké lui avait confié de son vivant une sacoche contenant beaucoup d’argent. Abdou Khadre Seck m’a juré qu’il allait remettre la sacoche que Kader Mbacké lui a confiée à ses parents, après les funérailles ». L’autre témoin cité par le mis en cause, Ndiassé Sylla, confirme aussi. Deux témoins à décharge pour le chauffeur.
Une seule question demeure pourtant : pourquoi les héritiers légitimes de feu Kader Mbacké ne sont-ils pas entrés en possession de ce qui désormais est leur bien légitime ? « Nous nous posons la même question », soutient une source proche des héritiers.. Affaire à suivre…
Cheikh Mbacké GUISSE l'asquotidien