Coup de tonnerre. C’est, sans doute, le ressenti de nombre de femmes au sujet des aménagements des horaires de travail dans certaines directions, en cette période de ramadan. La pratique n’est pas, en effet, nouvelle. Cependant, c’est la première fois que des voix s’élèvent pour dénoncer cette faveur faite aux femmes. “Depuis que je suis à la Poste, et cela fait bientôt 15 ans, les horaires ont toujours été aménagés en période de ramadan”, s’arrache cette dame, qui a souhaité masquer son identité. Tout est parti de la note de service de la direction du Port de Dakar.
D'après le journal "Point Actu", dans le texte signé lundi dernier, Waly Diouf Bodian, Directeur général du PAD écrit : “Durant le mois de Ramadan, les horaires de travail, pour les femmes, sont fixés de 7h30′ à 15h00′, à l’exception du vendredi. Ce réaménagement horaire est accordé uniquement aux femmes et à titre exceptionnel et dérogatoire”. Cette faveur faite aux femmes, notamment au Port et à la Poste, où la pratique est triviale, ne passe pas aux yeux de certaines féministes. Il en est ainsi pour Aminata Libain Mbengue, féministe et psychologue clinicienne.
“Les notes de service qui aménagent les temps de travail des femmes, est sexiste, parce qu’elles institutionnalisent un sexisme bienveillant pernicieux et rompent le principe d’égalité”, attaque-t-elle. “S’il y a aménagement, il doit être pour tout le monde”, martèle Mme Mbengue. A l’en croire, “la charge mentale des femmes sénégalaises explose pendant le Ramadan”. De plus, “les femmes sénégalaises consacrent déjà plus de 4 heures par jour aux travaux ménagers et de soins”. Autant de travail “non rémunéré, qui creuse les inégalités de richesse entre les femmes et les hommes”, explique Aminata Libain Mbengue. En quoi, poursuit-elle, les femmes qui se libèrent tôt, vont “aller enchaîner une autre journée de boulot non payée”.
Pour Aminata Libain Mbengue qui botte en touche cet argument consistant à dire que “ce sont les femmes qui ont demandé”, les doléances portent plutôt sur des congés plus longs, davantage de responsabilités et d’égalité dans les salaires. “Quand il s’agit de bénéficier du travail gratuit des femmes, les hommes sénégalais font dans la dissonance cognitive et parlent de ‘choix individuels’. Ça n’a jamais été une question de choix individuels et les soldats du patriarcat nous le montre. Ce sont des choix conditionnés, parce que les hommes ne s’impliquent pas dans les travaux ménagers. Et les femmes qui ne s’investissent pas dans les travaux reproductifs, sont stigmatisées, pendant que les plus privilégiées délèguent ces travaux à des femmes plus pauvres, qu’elles peuvent à leur tour, exploiter. C’est tout le système qui sous-tend ces notes qu’il faut démanteler”, plaide Aminata Libain Mbengue.
“Ce serait versé dans la paresse intellectuelle pour nos autorités actuelles, de reconduire des décisions des régimes précédents, sans les interroger”, dénonce Dr. Ndèye Khady Babou. Médecin, spécialiste en santé internationale orientée sur les Droits en Santé sexuelle et reproductifs, Dr. Babou dit attendre d’un “gouvernement de rupture (...), la mise en œuvre de l'engagement rhétorique du chef de l’Etat, d’une gouvernance inclusive et d’équité". Féministe engagée pour la reconnaissance des violences gynécologiques et obstétricales, dans une perspective de la réduction de la mortalité maternelle évitable et de justice reproductive, Dr. Ndèye Khady Babou assure que “l’inclusion et l’égalité passent par des décisions politiques fortes qui impulsent les changements sociaux et les stéréotypes de genres. Penser l’autonomisation des femmes, c’est repenser tout le système d’inégalités entre les hommes et les femmes”.
Dans le communiqué du DG du Port, Dr. Babou voit “la caricature de la ‘place de la femme, c’est à la cuisine". "Les femmes sénégalaises n'ont de tout temps ménagé aucun effort pour ce pays. Elles participent plus que quiconque au développement économique de ce pays et il est temps de reconnaître et de valoriser leurs efforts. Le milieu professionnel n'est pas un milieu récréatif, d’où elles peuvent être renvoyées pour s’occuper des fourneaux”, raille Dr. Babou. “C’est une réponse d’autant plus fainéante de dire que les femmes l’ont réclam,é que les fameuses normes ne leur laissent pas le choix. Nous rappelons que nous sommes dans un pays où la première grande marche des femmes sénégalaises, en 1992, était pour réclamer justice pour Doki Niass, tuée par son mari en plein mois de Ramadan, parce qu’elle n’avait pas préparé le déjeuner”, insiste-t-elle.
Déplaçant son argumentaire sur le champ juridique et religieux, Dr. Babou lâche : “Dans le cas d’espèce, la décision de la Poste ou encore du Port est anticonstitutionnelle et entérine plusieurs discriminations : discriminations entre les agents hommes et les agents femmes des services publics, discriminations entre hommes musulmans et femmes musulmanes, contraires également aux principes islamiques (...), s’y ajoutent des discriminations entre personnes de confession musulmanes et personnes d’autres confessions. Enfin, elles induisent des discriminations entre agents du secteur public et professionnels du secteur privé”.
Pour Dr. Babou, “non seulement, c’est du sexisme, mais du sexisme ‘bienveillant’. Le sexisme bienveillant se caractérise par une attitude subjectivement positive et attendrie des hommes envers les femmes. Il vise à récompenser les femmes qui respectent les rôles sociaux issus de l'histoire sociale liés au genre”, explique-t-elle. Une telle situation induit pour elle, “la baisse de confiance en soi, d’estime de soi, un obstacle à l’apprentissage ou à la montée en compétence”. Pour s’en préserver, Ndèye Khady Babou conseille d’interroger “les décisions prises sous la perspective genre, qui nous permet de critiquer le système inégalitaire lié au patriarcat et de s’aligner sur les droits humains de toutes et tous”.
Quant à Maïmouna Astou Yade, dite Maya, Directrice exécutive de Jgen Women Global, elle a directement interpellé le président de la République sur Facebook. “Nous vous interpellons sur ce type de communiqué sexiste. Dans un État de droit, soucieux des principes d’égalité et d’équité, ce genre de message est inacceptable”, a-t-elle écrit.
D'après le journal "Point Actu", dans le texte signé lundi dernier, Waly Diouf Bodian, Directeur général du PAD écrit : “Durant le mois de Ramadan, les horaires de travail, pour les femmes, sont fixés de 7h30′ à 15h00′, à l’exception du vendredi. Ce réaménagement horaire est accordé uniquement aux femmes et à titre exceptionnel et dérogatoire”. Cette faveur faite aux femmes, notamment au Port et à la Poste, où la pratique est triviale, ne passe pas aux yeux de certaines féministes. Il en est ainsi pour Aminata Libain Mbengue, féministe et psychologue clinicienne.
“Les notes de service qui aménagent les temps de travail des femmes, est sexiste, parce qu’elles institutionnalisent un sexisme bienveillant pernicieux et rompent le principe d’égalité”, attaque-t-elle. “S’il y a aménagement, il doit être pour tout le monde”, martèle Mme Mbengue. A l’en croire, “la charge mentale des femmes sénégalaises explose pendant le Ramadan”. De plus, “les femmes sénégalaises consacrent déjà plus de 4 heures par jour aux travaux ménagers et de soins”. Autant de travail “non rémunéré, qui creuse les inégalités de richesse entre les femmes et les hommes”, explique Aminata Libain Mbengue. En quoi, poursuit-elle, les femmes qui se libèrent tôt, vont “aller enchaîner une autre journée de boulot non payée”.
Pour Aminata Libain Mbengue qui botte en touche cet argument consistant à dire que “ce sont les femmes qui ont demandé”, les doléances portent plutôt sur des congés plus longs, davantage de responsabilités et d’égalité dans les salaires. “Quand il s’agit de bénéficier du travail gratuit des femmes, les hommes sénégalais font dans la dissonance cognitive et parlent de ‘choix individuels’. Ça n’a jamais été une question de choix individuels et les soldats du patriarcat nous le montre. Ce sont des choix conditionnés, parce que les hommes ne s’impliquent pas dans les travaux ménagers. Et les femmes qui ne s’investissent pas dans les travaux reproductifs, sont stigmatisées, pendant que les plus privilégiées délèguent ces travaux à des femmes plus pauvres, qu’elles peuvent à leur tour, exploiter. C’est tout le système qui sous-tend ces notes qu’il faut démanteler”, plaide Aminata Libain Mbengue.
“Ce serait versé dans la paresse intellectuelle pour nos autorités actuelles, de reconduire des décisions des régimes précédents, sans les interroger”, dénonce Dr. Ndèye Khady Babou. Médecin, spécialiste en santé internationale orientée sur les Droits en Santé sexuelle et reproductifs, Dr. Babou dit attendre d’un “gouvernement de rupture (...), la mise en œuvre de l'engagement rhétorique du chef de l’Etat, d’une gouvernance inclusive et d’équité". Féministe engagée pour la reconnaissance des violences gynécologiques et obstétricales, dans une perspective de la réduction de la mortalité maternelle évitable et de justice reproductive, Dr. Ndèye Khady Babou assure que “l’inclusion et l’égalité passent par des décisions politiques fortes qui impulsent les changements sociaux et les stéréotypes de genres. Penser l’autonomisation des femmes, c’est repenser tout le système d’inégalités entre les hommes et les femmes”.
Dans le communiqué du DG du Port, Dr. Babou voit “la caricature de la ‘place de la femme, c’est à la cuisine". "Les femmes sénégalaises n'ont de tout temps ménagé aucun effort pour ce pays. Elles participent plus que quiconque au développement économique de ce pays et il est temps de reconnaître et de valoriser leurs efforts. Le milieu professionnel n'est pas un milieu récréatif, d’où elles peuvent être renvoyées pour s’occuper des fourneaux”, raille Dr. Babou. “C’est une réponse d’autant plus fainéante de dire que les femmes l’ont réclam,é que les fameuses normes ne leur laissent pas le choix. Nous rappelons que nous sommes dans un pays où la première grande marche des femmes sénégalaises, en 1992, était pour réclamer justice pour Doki Niass, tuée par son mari en plein mois de Ramadan, parce qu’elle n’avait pas préparé le déjeuner”, insiste-t-elle.
Déplaçant son argumentaire sur le champ juridique et religieux, Dr. Babou lâche : “Dans le cas d’espèce, la décision de la Poste ou encore du Port est anticonstitutionnelle et entérine plusieurs discriminations : discriminations entre les agents hommes et les agents femmes des services publics, discriminations entre hommes musulmans et femmes musulmanes, contraires également aux principes islamiques (...), s’y ajoutent des discriminations entre personnes de confession musulmanes et personnes d’autres confessions. Enfin, elles induisent des discriminations entre agents du secteur public et professionnels du secteur privé”.
Pour Dr. Babou, “non seulement, c’est du sexisme, mais du sexisme ‘bienveillant’. Le sexisme bienveillant se caractérise par une attitude subjectivement positive et attendrie des hommes envers les femmes. Il vise à récompenser les femmes qui respectent les rôles sociaux issus de l'histoire sociale liés au genre”, explique-t-elle. Une telle situation induit pour elle, “la baisse de confiance en soi, d’estime de soi, un obstacle à l’apprentissage ou à la montée en compétence”. Pour s’en préserver, Ndèye Khady Babou conseille d’interroger “les décisions prises sous la perspective genre, qui nous permet de critiquer le système inégalitaire lié au patriarcat et de s’aligner sur les droits humains de toutes et tous”.
Quant à Maïmouna Astou Yade, dite Maya, Directrice exécutive de Jgen Women Global, elle a directement interpellé le président de la République sur Facebook. “Nous vous interpellons sur ce type de communiqué sexiste. Dans un État de droit, soucieux des principes d’égalité et d’équité, ce genre de message est inacceptable”, a-t-elle écrit.