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Jeudi 31 Août 2017

Approche de l’Aïd El Kébir: Achats, coutures, coiffures… L’attraction de la gent féminine


L’Aïd El Kébir ou Tabaski, préparée avec faste, approche à grand pas. L’attirance pour les marchés de la capitale, marquée par une dominance féminine, par ailleurs, écartelée entre achats, salons de couture et de coiffure, devient une réalité. Certaines femmes, prennent même, le risque de parcourir de nombreuses boutiques de la ville, à la recherche du produit rare, pour sortir du lot et se singulariser de la masse. Mais, l’inquiétude des clients et marchands, restent la présence massive de voleurs, sillonnant les marchés. Malgré tout, les tailleurs et gérants de salons de coiffure, très enthousiastes, « assaillis » par une forte clientèle, sont disposés à satisfaire la demande de leurs clients aux goûts très différents. Enquête…



Approche de l’Aïd El Kébir: Achats, coutures, coiffures…   L’attraction de la gent féminine
 
Les marchés et alentours sont bondés de monde. Le besoin se faire belle en parcourant les marchés et boutiques, reste le même pour chacune. Mais, l’affluence est marquée par une forte dominance féminine. « Je suis au marché pour faire des achats de la fête. Je veux que le jour-j, tout soit nickel. Je trouve qu’il est normal qu’on se fasse plaisir pour la circonstance. J’ai déjà acheté des tissus à la tendance du moment. Je les ai même emmenée chez mon couturier, il ne me reste que les bijoux et un ensemble, chaussures et sac », liste Soukeyna Diouf, rencontrée au marché Hlm au micro au reporter de Leral.
 
Cette dernière, très prise, en train de marchander, refuse de perdre du temps à discuter de futilités. Elle reste concentrée sur le choix de ses articles. L’idéal est de devenir une « reine », le jour de la fête pour mieux séduire son homme et sa belle-famille.
 
 

A pareille heure de la journée, midi passé de quelques minutes où le soleil darde méchamment ses rayons, certaines femmes semblent presque avoir fini leurs achats. Tandis que d’autres restent indécises sur les choix à faire. Astou Faye s’inscrit dans ce lot des indécises. « Je suis arrivée ici vers 9  heures et il est presque 13 heures, je n’arrive pas encore à acheter quelque chose. Toutes les boutiques ont presque les mêmes articles. Soit, c’est de la soie, du « perlage » ou du « gagnila ». Et, je ne veux ni de l’un ni de l’autre. J’ai horreur de faire ce que tout le monde fait », se démarque la demoiselle, Astou Faye, venue des Parcelles Assainies.
 
Très charmante, cette belle nymphe refuse d’être la dernière de sa classe. Elle exige des habits de classe pour être dans le groupe des femmes les plus distinguées de sa génération. « Je veux casser la baraque le jour de la Tabaski », promet-elle. Cette dernière prend le risque de parcourir toutes les boutiques pour sortir du lot et se singulariser de la masse. Choix difficile… Mais, Astou dit juste vouloir être dans le tempo de la fête.
 
L’affluence est au summum à l’intérieur dudit marché Hlm. L’ambiance est également au top. Les vendeurs à la criée et la sonorisation dans ce marché, bien que tympanisant certains, offrent à d’autres, une distraction. « Nous avons aujourd'hui l’ambiance des grands jours », constate la commerçante Nafi Dièye. La jeune femme, très élégante dans son accoutrement léger, signale par ailleurs, la présence des voleurs qui sont aux aguêts pour profiter de la moindre inattention des vendeurs. 
 
Le marché des « pickpockets »
 
Les voleurs sont de service. Ils guettent le client plus ou moins distrait pour lui voler ses produits ou son argent. Le constat au marché Hlm avec cette ambiance de fête, est que les tailleurs à l’œuvre pour être dans les délais, sont particulièrement exposés.
 
Mais, l’inquiétude des clients et marchands, restent la présence massive de voleurs qui sillonnent le marché. « C’est un peu difficile de faire ses courses tranquillement, il y a trop de bruit. Vendeurs et acheteurs n’arrivent même pas à s’entendre. Le pire, c’est qu’il y a des voleurs qui s’immiscent dans la cohue et des gens qui ne sont là que pour faire du lèche-vitrine.

Personnellement, je n’aime pas cette situation. C’est la raison pour laquelle j’ai fait mes achats depuis belle lurette. Mais, j’accompagne ma amie, qui d’habitude, faisait la même chose. Malheureusement cette fois-ci, elle a reçu son argent tardivement
 », rumine Fatou Ndiaye, une jeune fille âgée de 23 ans. Se désolant de la situation, elle dit détester le marché à l’approche des fêtes.
 
La vente des tissus et autres accessoires pour une bonne fête ne se fait plus aussi facilement. Le contexte économique morose est passé par là. « Les Sénégalais aiment faire les choses à la dernière minute. Je comprends que pour la majeure partie, c’est l’argent qui leur fait défaut. J’avoue que ce n’est pas facile. Nous commerçants, nos marchandises ne se vendent plus comme avant. Et, nous sommes obligés aujourd’hui, de brader à vil prix », témoigne le vendeur de chaussures, Abdoulaye Sène. Ce Sérère, venu du Sine Saloum, établi au marché Hlm, évoque au micro de Leral, la situation économique du pays qui devient un casse- tête pour certains clients.
 
« Ce qui me préoccupe, ce sont mes enfants. Mon mari et moi, allons mettre nos vieux habits. On  accorde notre priorité à nos enfants. Nous ne les laisserons jamais faire pareil que nous. Ils ne comprendraient pas. La situation est critique et si on se mettait à acheter de nouveaux vêtements, on n’aurait pas de quoi manger. Il faut savoir se passer de certaines envies pour se focaliser sur l’essentiel », se défend une dame, venue faire le marché pour ses enfants. Celle-ci, engagée à faire les choses en fonction de ses moyens, reste d’avis que les temps sont durs.
 
 

Tailleurs, clients et les faux rendez-vous !
 
Les préparatifs de la fête de Tabaski vont bon train. La phase de couture des habits neufs pour les femmes, reste incontournable. Ainsi, le mauvais comportement de certains tailleurs, adeptes de faux rendez-vous, fait grincer des dents. Les ateliers de couture font déjà le plein à quelques jours de la fête de Tabaski. Certains tailleurs, très enthousiastes sont disposés à satisfaire la demande de leurs clients aux goûts très différents. Ils sont littéralement « assaillis » par les commandes.
 
Ainsi, les ateliers de couture, se trouvant dans différentes zones de la capitale, refusent du monde. «Je suis saturé, je ne prends plus de commande depuis la semaine dernière. Certaines clientes se fâchent. Mais, je couds selon la limite du possible. Je ne veux pas avoir de problèmes avec quiconque. Elles ne le comprennent pas ainsi. Je fais de mon mieux pour livrer les commandes à date échue »,  a décidé Ameth Ndiaye, tailleur à Pikine Tally Bou Mack. Celui-ci, devant sa machine à coudre, précise qu’il ne veut point avoir de problèmes avec sa clientèle le jour de la fête.
 
Nombreux sont les couturiers qui dorment très peu. Malgré tout, à l’occasion des fêtes entre clients et couturiers, ce n’est jamais sans histoires. Débordés par les demandes, certains couturiers restent injoignables pendant un bon bout de temps. Histoire pour eux, d’éviter leurs clients, dont ils n’ont pas pu respecter le rendez-vous.
 
Mais le hic en est que même débordés, certains tailleurs ne se privent jamais de prendre les avances et les tissus des clients à l’approche de la fête. Tout ce qui compte pour eux, c’est l’argent. Du coup, ils sont pris au dépourvu par l’arrivée du jour fatidique à moins d'avoir prévu une "exfiltration en douceur".
 
Plus prévoyants, d’autres couturiers se gardent de prendre les habits 15 jours avant la fête, pour éviter tout désagrément. D’après plusieurs couturiers, le problème se situe au niveau de certains clients, trop négligents, qui attendent la dernière minute pour amener leurs habits à l’atelier.
 
« Les tailleurs qui acceptent les habits à l’approche de la fête, ne font que donner des faux rendez-vous, ce qui provoque généralement des disputes. Même s’ils réceptionnent les habits à temps, ils ont souvent de la peine à respecter le rendez-vous, Ils sont trop négligents », a révélé Safiétou Thiam à Leral.
 
La nouvelle mariée, trouve que pour la majorité des femmes et jeunes filles, « la fête ne sera pas belle sans une tenue spécialement cousue pour l’occasion ». Et, elle estime que pour éviter tout désagrément, il revient d’une part aux tailleurs de se doter d’un planning de travail, et, aux clients de déposer leurs habits à temps dans les ateliers de couture.
 
Refus d’être au bas de l’échelle sociale
 
L’équipe de Leral, a constaté qu’après les ateliers de couture, les salons de coiffure sont envahis par les femmes. Lesdits salons refusent aussi du monde. Les coiffeuses, accrochées, peinent à trouver des compromis avec des clientes trop désireuses de belles tresses. Certaines femmes, se présentant au salon, veulent être tressées en premier, alors qu’elles ont trouvé d’autres sur place.
 
A défaut d’une affinité relationnelle avec la gérante d’un salon, elles prétextent d’une obligation de voyager vers l’intérieur du pays. « Nous avons du mal à gérer l’affluence de la clientèle. Les femmes sont très compliquées. Certaines, pressées de vaquer à d’autres occupations, veulent à tout prix être servies en premier. Et si vous essayez de les satisfaire, cela crée une frustration chez les autres. C’est pourquoi, nous tenons à distribuer des tickets en fonction de l'ordre d’arrivée », a prévenu la gérante d’un salon de coiffure à Ouest-Foire, Fatma Gnimadi. Très fréquentée dans ce quartier, elle exige à ses clientes un respect de l’ordre établi.
 
Le constat est identique dans d’autres endroits de la capitale. Les femmes passent la nuit dans les salons de coiffure. L’enjeu pour celles-ci, est de devenir une beauté, le jour de la fête. « Je suis  prête à passer des nuits dans un salon pour avoir une belle coiffure. Je tiens à ma beauté de femme. Sans une belle coiffure, même si j’ai les habits et autres accessoires, j’ai toujours besoin d’une coiffure bien faite », revendique Soukeyna Diouf, retrouvée dans un salon de coiffure à Ngor-Almadies.
 
Ressortissante de la région de Fatick, elle avance d’autres considérations qui motivent son insistance à rentrer avec une belle coiffure dans son fief. « Quand vous arrivez chez nous, les gens vous observent des pieds à la tête. Ils veulent juste savoir quel  genre de vie vous avez à Dakar. Et comme mon mari est un cadre dans une institution bancaire de la place, j'ai une certaine image à préserver. Nous ne passons que la fête de Tabaski en famille. Donc, je me refuse d’être au bas de l’échelle sociale. J’insiste auprès de ma coiffeuse, pour être parfaite et radieuse le jour de la fête », relève-t-elle.
 
Soukeyna s’investit pleinement dans son besoin d’être une femme raffinée. Elle compte faire après sa coiffure, des séances de massage, de pédicure-manucure, de pose cils et ongles avant de quitter la capitale pour son lieu de fête. Auréolée de ses beaux atours, elle tient à devenir l’élégance rêvée pour mieux convaincre sa belle-famille.
 
Son vœu n’est pas un cas isolé. Puisque beaucoup de femmes sénégalaises manifestent le même désir. Elles aiment être rayonnantes pendant les jours de fête et sont prêtes à contracter des dettes pour ravir la vedette à d’autres, moins motivées. C’est ainsi, qu’après la fête, l'un dans l'autre, un sentiment de lassitude et de regret occupe les esprits des fêtardes, qui ont vidé leurs comptes. Elles vivent souvent des lendemains pénibles. Mais elles se disent  toujours prêtes néanmoins, à reprendre le même investissement à l’occasion d’autres fêtes.
 
 
O WADE Leral






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