La Douane est passée à l’acte dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Baobab Investment, du nom de la société qui a disparu avec 3 milliards de Tva non remboursée. Avant-hier mercredi, les Enquêtes douanières, qui ont déclenché une procédure avaient convoqué le directeur général d’Attijari. Mais en lieu et place, c’est le directeur juridique qui a fait le déplacement aux Enquêtes. Un faux-bond qui n’a pas trop plu aux soldats de l’économie, qui ont émis un mandat d’amener communiqué aux gendarmes travaillant avec eux. C’est muni de ce mandat que ces derniers se sont rendus à la Direction générale d’Attijari pour ramener le directeur général. Le « boss » de la première banque a vite fait de déclencher un lobbying monstre, avant que des autorités ne demandent aux douaniers de mettre la pédale douce. Mais s’ils espéraient envoyer un signal fort, les douaniers ont vraisemblablement réussi leur coup.
Attijari accepte de payer la Tva, mais…
Hier, une rencontre s’est tenue entre les responsables d’Attijari et les Enquêtes douanières. Selon des sources autorisées, la banque a accepté de payer le Tva, mais a contesté le montant initial et négocie particulièrement sur les droits. Tout au moins, l’important est qu’une solution a été trouvée pour sauver les intérêts de chaque partie. Les discussions se poursuivent pour fixer un montant d’accord partie.Comme tout investisseur, Baobab Investment avait bénéficié du régime de suspension de la Tva qu’il s’était engagé à payer trois ans après son installation. L’échéance est arrivée à terme en 2008 et entre temps, Baobab qui devait construire des hôtels sur la Corniche et au Cap Manuel, a importé prés de 8 milliards de F Cfa en matériel. Mais à la date échue, la Douane, comme le Fisc qui court aussi derrière 3 milliards de francs, n’ont pas vu l’ombre d’un sou.
Quand la Douane avait déclenché une procédure judiciaire auprès du Tribunal, sa demande de saisie des titres fonciers de Baobab avait été rejetée. Plus tard, on fera comprendre aux douaniers que Baobab est en liquidation, ce qui empêchait toute poursuite. Mais contre toute attente, Attijari à qui Baobab devait aussi de l’argent a été autorisée par le Tribunal à acheter les titres fonciers à hauteur de 7 milliards de F Cfa. Aujourd’hui, la banque a fini de muter en son nom les titres fonciers. La logique veut que dans ces genres de procédure, celui qui achète les actifs prenne aussi sur lui le passif. C’est fort de cela que la Douane veut qu’Attijari lui paye les 3 milliards de F Cfa, maintenant qu’elle a fait main basse sur les titres fonciers. Il faut dire qu’avec les pénalités, on peut légalement, selon le calcul douanier, chiffrer aujourd’hui ce montant à 33 milliards de F Cfa, en multipliant la Tva initiale par dix.
C. M. G
Manœuvres au cœur de l’affaire Grimaldi
Quelque part, il semble que l’excellent travail de la nouvelle équipe douanière, qui s’est traduite par un excédent de 11 milliards de F Cfa sur les objectifs fixés, dérange. La preuve par les manœuvres en cours dans ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Grimaldi, du nom de la Société maritime de renom. Cette entreprise avait un de ses bateaux tombé en panne à son arrivée à Dakar. Les douaniers avaient reçu une information selon laquelle des containers non manifestés étaient à bord du bateau. Mais avant qu’ils ne procèdent aux vérifications, le bateau avait repris le large. Les Enquêtes douanières avaient convoqué le responsable de Grimaldi, avant que les chargés de l’affaire ne lui réclament la somme de 13 milliards de F Cfa. Un montant pour le moins faramineux et exagéré fixé sur on ne sait quelle base !
Grimaldi avait néanmoins proposé 100 millions de F Cfa et les négociations se poursuivaient. Surtout qu’il ne s’agit que d’une simple contravention, puisqu’aucune infraction ne peut être notée ici. Mais voilà qu’un bulletin de renseignements (les douaniers peuvent en écrire au même titre que les policiers, les gendarmes, les militaires…) a été envoyé aux autorités, et selon lequel certaines autorités douanières protégeraient Grimaldi. Archi-faux. Dans cette affaire, les enjeux sont énormes.
Grimaldi contribue considérablement au chiffre d’affaires du Port de Dakar à travers le transbordement. Et si par exemple à cause des tracasseries elle quittait le Sénégal, ce serait une perte incommensurable. C’est fort de tous ces enjeux que les autorités douanières privilégient une solution juste, qui arrangerait toutes les deux parties. Mais apparemment, certaines personnes tapies dans l’ombre tentent de semer le doute chez les autorités et ce n’est pas la première fois qu’elles s’essayent à de pareilles manœuvres malsaines.
CMG
LASQUOTIDIEN.INFO