Monsieur Mbow, vous n’êtes plus à présenter au sein de la diaspora sénégalaise aux Etats-Unis. Nul n’ignore que la diaspora contribue considérablement au développement socioéconomique du Sénégal
Effectivement, j’ai vécu pendant plusieurs années aux Etats-Unis. Je ne vais pas avoir la prétention de dire à combien s’élève la contribution des sénégalais aux Etats-Unis ; mais je puis vous affirmer qu’elle est considérable. Nous connaissons aujourd’hui les bienfaits que la diaspora en général, surtout celle des Sénégalais en particulier peut apporter a leur pays d’origine, des exemples montrent aujourd’hui ce que la diaspora peut apporter. Prenons comme exemple la diaspora chinoise ou indienne, de nombreuses études ont montré que ce sont elles, qui ont dynamisé le décollage de la Chine, devenue aujourd'hui la deuxième puissance économique mondiale en attendant mieux, et le développement continu pour la plus grande démocratie du monde.
Alors le Sénégal vient d’élire un nouveau Président de la République. Qu’est ce que vous comptez effectivement faire dans le cadre d’une collaboration avec ce nouveau régime ?
Après avoir rappelé rapidement les problèmes entre la diaspora et l'État Sénégalais de manière générale depuis 1960, nous essayerons de voir ce que ce nouveau régime peut faire concrètement pour sa diaspora, puis nous nous intéresserons particulièrement sur les mesures concrètes que peut prendre le gouvernement pour développer la création de PME, tout en évoquant ce que la diaspora peut faire elle-même de son côté pour favoriser ces créations. Enfin nous conclurons en expliquant la frilosité des investisseurs privés, tout en constatant des motifs d'optimisme pour un avenir meilleur. Avec l’équivalent de 650 milliards de FCFA transférés par an, le Sénégal fait partie des pays qui reçoivent le plus d’argent de ses ressortissants installés à l’étranger. Il est le quatrième pays d’Afrique noire qui bénéficiaire le plus de transferts d’argent de ses migrants. Ces transferts contribuent largement a l’entretien des familles et à diminuer significativement la pauvreté au sein des ménages qui en bénéficient (jusqu’à 34%).
Que pouvez-vous justement faire de cette manne financière ?
Je crois qu’il est important d’engager une réflexion pour une meilleure valorisation de l’argent des migrants dans l’économie nationale avec une insistance sur la bonne gouvernance de notre pays. Autrement, cette manne financière ira rejoindre tous les milliards perdus sur le chemin déjà cinquantenaire du sous-développement endémique.
Sur une question aussi importante pour notre économie nationale, les Sénégalais de l’Extérieur doivent mobiliser toutes les potentialités professionnelles dont elles regorgent pour faire des propositions crédibles et pertinentes au service du développement durable. Selon vous qu’elles sont les facteurs bloquants ?
Les facteurs bloquants auxquels les Sénégalais de l'extérieur sont confrontés au Sénégal sont invariablement :
la corruption généralisée compromettant la moindre démarche administrative,
l'indifférence voire le mépris opposés, même pour les cas urgents,
les tracasseries administratives, etc.
Comment faire pour lever ces blocages ?
Faire de la diaspora un vrai levier pour le développement du pays d'origine suppose une vraie politique. Au lieu de critiquer (même s'il faut le faire pour d'autres raisons) et de diaboliser les mesures prises par certains pays européens vis-à-vis de l'immigration, il faut d'abord s’autocritique. La diaspora peut aider l'État Sénégalais et le Président Macky Sall à réorganiser l’économie nationale. Cela fait partie des ambitions affichées par la diaspora, étant entendu que personne n'ignore les nombreux dysfonctionnements de l'administration précédente, dénoncés de manière récurrente par les opérateurs économiques et les investisseurs étrangers, dysfonctionnements qui affectent dangereusement le climat des affaires et influent négativement sur le « risque pays ». La diaspora dans sa diversité devrait pouvoir apporter, en lieu et place des institutions financières internationales, son expertise pour accompagner l'État Sénégalais dans sa quête de modernité et de crédibilité.
Qu’est ce que l’Etat doit faire effectivement ?
Un pays de forte tradition migratoire avec une population d'émigrés estimée à près de 2,5 millions de personnes, réparties sur tous les continents. Il s'agit de mettre en œuvre des échanges, axés sur la création de structures socio-économiques fonctionnelles (banques, habitations, entreprises), pour faciliter, promouvoir et protéger les investissements générés par les Sénégalais de l'étranger. Mais encore faudrait faire l'état des lieux, de prendre en compte les préoccupations des Sénégalais de l'étranger, d'œuvrer à leur implication effective à la politique nationale de développement économique, sociale et culturelle, devrait constituer l'une des priorités du gouvernement.
Les opportunités d'investissement au Sénégal (on ignore où elles sont et pour qui ? Est-ce-à-dire qu'un entrepreneur ne peut pas choisir son secteur d'activités ?
La problématique de la mobilisation des fonds de la diaspora pour le financement du développement, un accord doit être signé avec une banque devant permettre aux Sénégalais de faire venir leur argent à moindre frais. Je vous donne l’exemple de la Tanzanie qui a illustré un exemple : Pour un transfert de 2500€, les frais ne seraient que de 10€, dont 2€ pour l'État Tanzanienne. Ces fonds que l’état récupérera seront investit dans l'adoption d'une politique d'acquisition de la propriété foncière et du logement pour la diaspora.
Pourquoi la création d'entreprises ?
La création d'entreprise est sans nul doute le chemin de retour le plus difficile. Au Sénégal, la plupart des entreprises privées du secteur formel sont des représentations de multinationales étrangères. Cela présente des avantages pour les Sénégalais en termes de sécurité, mais de nombreux inconvénients, car la valeur ajoutée repart à l'étranger. En effet, contrairement aux investissements directs étrangers (IDE), les profits réalisés par les entrepreneurs de la diaspora ne sortent pas du pays, mais restent au Sénégal, où ils peuvent être réinvestis dans des banques ou dépensés au profit de l'économie locale. Le secteur privé local formel est peu développé, il n'y a pas de transfert de technologie, pas de production technologique (on n'invente rien, pourtant les Sénégalais ont de l'imagination) et pas d'énergie. Le problème essentiel est que les gens n'ont pas d'emplois, qui sont devenus une denrée rare, à tel point que certains ont même du mal à vouloir partager avec la diaspora, parce qu'ils raisonnent en termes d'emplois publics, et pensent que ceux-ci vont phagocyter tous ces emplois. En aidant à la création d'entreprises, et en exploitant judicieusement les moyens financiers et humains de sa diaspora, le Sénégal résoudrait de manière considérable ses problèmes de développement. Ces moyens peuvent à n'en point douter contribuer à réduire l'assistance et les aides diverses qui proviennent des pays riches et qui sont sources d'endettement. Fort de cela, le Sénégal gagnerait à attirer au maximum l'épargne de la diaspora. Cette épargne peut être orientée vers des investissements productifs créateurs de valeurs ajoutées. En cela, le gouvernement doit prendre des mesures incitatives qui favorisent l'apport des contributions diverses de la diaspora. Il faut copier ce qui marche (benchmarketing), et non le combattre. Un exemple célèbre de ce type d'entrepreneur : le milliardaire soudanais, membre de la diaspora anglaise, Mo Ibrahim qui a fondé la compagnie de téléphonie mobile Celtel, devenue depuis l'une des plus grandes entreprises africaines.
Comment l'État peut-il susciter la création d'emplois par la diaspora ?
Pour les entrepreneurs proprement dit, la création d'un interlocuteur unique pour ces entreprises au sein dudit ministère, serait une initiative intéressante à louer. Cela permettrait de simplifier l'enregistrement et la réglementation relative aux entreprises au Sénégal. Accorder aux PME des allègements fiscaux liés à la création d'emplois de longue durée, l'investissement dans des technologies propres etc. Cela pourrait même aller jusqu'à l'exonération complète jusqu'à ce que son activité génère de la richesse, surtout dans la mesure où il crée de l'emploi de longue durée, car il faut avoir en ligne de mire ce qui est important : créer des emplois ou engraisser une fonction publique improductive ?
Comment se fera le financement
On a vu précédemment que les transferts financiers sont souvent des dépenses de consommation (environ 10% va vers l'immobilier), et 7% vers l'investissement. Quand cela arrive, c'est surtout vers les secteurs de l'économie sociale, la santé et l'éducation. Quant aux banques, avant de prêter de l'argent, elles exigent des garanties que la plupart des immigrés n'ont pas. Bien sur, il est toujours possible pour l'État de créer un Fonds spécial (avec défiscalisation des placements d'argent de la diaspora par exemple) ou des caisses de crédit auxquels les entrepreneurs de la diaspora auraient accès dans leur pays d'accueil pour monter des PME au Sénégal. Mais laissons les entrepreneurs être des entrepreneurs, de préférence sans interférence de l'État.
Effectivement, j’ai vécu pendant plusieurs années aux Etats-Unis. Je ne vais pas avoir la prétention de dire à combien s’élève la contribution des sénégalais aux Etats-Unis ; mais je puis vous affirmer qu’elle est considérable. Nous connaissons aujourd’hui les bienfaits que la diaspora en général, surtout celle des Sénégalais en particulier peut apporter a leur pays d’origine, des exemples montrent aujourd’hui ce que la diaspora peut apporter. Prenons comme exemple la diaspora chinoise ou indienne, de nombreuses études ont montré que ce sont elles, qui ont dynamisé le décollage de la Chine, devenue aujourd'hui la deuxième puissance économique mondiale en attendant mieux, et le développement continu pour la plus grande démocratie du monde.
Alors le Sénégal vient d’élire un nouveau Président de la République. Qu’est ce que vous comptez effectivement faire dans le cadre d’une collaboration avec ce nouveau régime ?
Après avoir rappelé rapidement les problèmes entre la diaspora et l'État Sénégalais de manière générale depuis 1960, nous essayerons de voir ce que ce nouveau régime peut faire concrètement pour sa diaspora, puis nous nous intéresserons particulièrement sur les mesures concrètes que peut prendre le gouvernement pour développer la création de PME, tout en évoquant ce que la diaspora peut faire elle-même de son côté pour favoriser ces créations. Enfin nous conclurons en expliquant la frilosité des investisseurs privés, tout en constatant des motifs d'optimisme pour un avenir meilleur. Avec l’équivalent de 650 milliards de FCFA transférés par an, le Sénégal fait partie des pays qui reçoivent le plus d’argent de ses ressortissants installés à l’étranger. Il est le quatrième pays d’Afrique noire qui bénéficiaire le plus de transferts d’argent de ses migrants. Ces transferts contribuent largement a l’entretien des familles et à diminuer significativement la pauvreté au sein des ménages qui en bénéficient (jusqu’à 34%).
Que pouvez-vous justement faire de cette manne financière ?
Je crois qu’il est important d’engager une réflexion pour une meilleure valorisation de l’argent des migrants dans l’économie nationale avec une insistance sur la bonne gouvernance de notre pays. Autrement, cette manne financière ira rejoindre tous les milliards perdus sur le chemin déjà cinquantenaire du sous-développement endémique.
Sur une question aussi importante pour notre économie nationale, les Sénégalais de l’Extérieur doivent mobiliser toutes les potentialités professionnelles dont elles regorgent pour faire des propositions crédibles et pertinentes au service du développement durable. Selon vous qu’elles sont les facteurs bloquants ?
Les facteurs bloquants auxquels les Sénégalais de l'extérieur sont confrontés au Sénégal sont invariablement :
la corruption généralisée compromettant la moindre démarche administrative,
l'indifférence voire le mépris opposés, même pour les cas urgents,
les tracasseries administratives, etc.
Comment faire pour lever ces blocages ?
Faire de la diaspora un vrai levier pour le développement du pays d'origine suppose une vraie politique. Au lieu de critiquer (même s'il faut le faire pour d'autres raisons) et de diaboliser les mesures prises par certains pays européens vis-à-vis de l'immigration, il faut d'abord s’autocritique. La diaspora peut aider l'État Sénégalais et le Président Macky Sall à réorganiser l’économie nationale. Cela fait partie des ambitions affichées par la diaspora, étant entendu que personne n'ignore les nombreux dysfonctionnements de l'administration précédente, dénoncés de manière récurrente par les opérateurs économiques et les investisseurs étrangers, dysfonctionnements qui affectent dangereusement le climat des affaires et influent négativement sur le « risque pays ». La diaspora dans sa diversité devrait pouvoir apporter, en lieu et place des institutions financières internationales, son expertise pour accompagner l'État Sénégalais dans sa quête de modernité et de crédibilité.
Qu’est ce que l’Etat doit faire effectivement ?
Un pays de forte tradition migratoire avec une population d'émigrés estimée à près de 2,5 millions de personnes, réparties sur tous les continents. Il s'agit de mettre en œuvre des échanges, axés sur la création de structures socio-économiques fonctionnelles (banques, habitations, entreprises), pour faciliter, promouvoir et protéger les investissements générés par les Sénégalais de l'étranger. Mais encore faudrait faire l'état des lieux, de prendre en compte les préoccupations des Sénégalais de l'étranger, d'œuvrer à leur implication effective à la politique nationale de développement économique, sociale et culturelle, devrait constituer l'une des priorités du gouvernement.
Les opportunités d'investissement au Sénégal (on ignore où elles sont et pour qui ? Est-ce-à-dire qu'un entrepreneur ne peut pas choisir son secteur d'activités ?
La problématique de la mobilisation des fonds de la diaspora pour le financement du développement, un accord doit être signé avec une banque devant permettre aux Sénégalais de faire venir leur argent à moindre frais. Je vous donne l’exemple de la Tanzanie qui a illustré un exemple : Pour un transfert de 2500€, les frais ne seraient que de 10€, dont 2€ pour l'État Tanzanienne. Ces fonds que l’état récupérera seront investit dans l'adoption d'une politique d'acquisition de la propriété foncière et du logement pour la diaspora.
Pourquoi la création d'entreprises ?
La création d'entreprise est sans nul doute le chemin de retour le plus difficile. Au Sénégal, la plupart des entreprises privées du secteur formel sont des représentations de multinationales étrangères. Cela présente des avantages pour les Sénégalais en termes de sécurité, mais de nombreux inconvénients, car la valeur ajoutée repart à l'étranger. En effet, contrairement aux investissements directs étrangers (IDE), les profits réalisés par les entrepreneurs de la diaspora ne sortent pas du pays, mais restent au Sénégal, où ils peuvent être réinvestis dans des banques ou dépensés au profit de l'économie locale. Le secteur privé local formel est peu développé, il n'y a pas de transfert de technologie, pas de production technologique (on n'invente rien, pourtant les Sénégalais ont de l'imagination) et pas d'énergie. Le problème essentiel est que les gens n'ont pas d'emplois, qui sont devenus une denrée rare, à tel point que certains ont même du mal à vouloir partager avec la diaspora, parce qu'ils raisonnent en termes d'emplois publics, et pensent que ceux-ci vont phagocyter tous ces emplois. En aidant à la création d'entreprises, et en exploitant judicieusement les moyens financiers et humains de sa diaspora, le Sénégal résoudrait de manière considérable ses problèmes de développement. Ces moyens peuvent à n'en point douter contribuer à réduire l'assistance et les aides diverses qui proviennent des pays riches et qui sont sources d'endettement. Fort de cela, le Sénégal gagnerait à attirer au maximum l'épargne de la diaspora. Cette épargne peut être orientée vers des investissements productifs créateurs de valeurs ajoutées. En cela, le gouvernement doit prendre des mesures incitatives qui favorisent l'apport des contributions diverses de la diaspora. Il faut copier ce qui marche (benchmarketing), et non le combattre. Un exemple célèbre de ce type d'entrepreneur : le milliardaire soudanais, membre de la diaspora anglaise, Mo Ibrahim qui a fondé la compagnie de téléphonie mobile Celtel, devenue depuis l'une des plus grandes entreprises africaines.
Comment l'État peut-il susciter la création d'emplois par la diaspora ?
Pour les entrepreneurs proprement dit, la création d'un interlocuteur unique pour ces entreprises au sein dudit ministère, serait une initiative intéressante à louer. Cela permettrait de simplifier l'enregistrement et la réglementation relative aux entreprises au Sénégal. Accorder aux PME des allègements fiscaux liés à la création d'emplois de longue durée, l'investissement dans des technologies propres etc. Cela pourrait même aller jusqu'à l'exonération complète jusqu'à ce que son activité génère de la richesse, surtout dans la mesure où il crée de l'emploi de longue durée, car il faut avoir en ligne de mire ce qui est important : créer des emplois ou engraisser une fonction publique improductive ?
Comment se fera le financement
On a vu précédemment que les transferts financiers sont souvent des dépenses de consommation (environ 10% va vers l'immobilier), et 7% vers l'investissement. Quand cela arrive, c'est surtout vers les secteurs de l'économie sociale, la santé et l'éducation. Quant aux banques, avant de prêter de l'argent, elles exigent des garanties que la plupart des immigrés n'ont pas. Bien sur, il est toujours possible pour l'État de créer un Fonds spécial (avec défiscalisation des placements d'argent de la diaspora par exemple) ou des caisses de crédit auxquels les entrepreneurs de la diaspora auraient accès dans leur pays d'accueil pour monter des PME au Sénégal. Mais laissons les entrepreneurs être des entrepreneurs, de préférence sans interférence de l'État.