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Chapitre 8:Fin de cavale pour les trois meurtriers


« Toute l’intelligence du bonhomme est sans doute dans cette capacité qu’il a de jouer des évènements pour se jouer des hommes et créer atour de lui, suffisamment d’embrouilles afin de toujours demeurer l’élément essentiel ».


Rédigé par leral.net le Dimanche 14 Septembre 2008 à 21:50 | | 0 commentaire(s)|

Dès son arrestation, Clédor Sène a été présenté comme un jeune homme redoutablement intelligent. Mais de l’intelligence, lui et ses compagnons en ont beaucoup manqué dans cette journée du lundi 18 mai 1993, quand ils décident de quitter le Sénégal, à bord du véhicule qui a servi à commettre le crime, alors que son signalement avait été donné à toutes les polices et la gendarmerie sénégalaises.

Clédor Sène et Pape Ibrahima Diakhaté arrivent en début de soirée à la frontière sénégalo-gambienne. Ils forcent le barrage en refusant de s’arrêter devant le poste de police sénégalaise pour effectuer les formalités de sortie du territoire.

A l’entrée du territoire gambien, Pape Ibrahima Diakhaté suggère à Clédor Sène de ne pas s’arrêter. Impossible ! Deux agents gambiens leur intiment l’ordre de s’arrêter. Clédor Sène, qui conduit le véhicule, est contraint de s’exécuter. Les deux agents lui demandent de descendre de la voiture et le conduisent à l’intérieur du poste. Et les difficultés commencent pour lui. Les policiers gambiens sont curieux de savoir pourquoi le citoyen sénégalais qu’il est, détenteur d’un permis de conduire sénégalais, entre en territoire gambien avec une voiture immatriculée en Gambie, sous le numéro G2A 6129. Mais Clédor est convaincu qu’il peut résoudre le problème en les soudoyant. Il leur demande la faveur de retourner à son véhicule pour y chercher son sac. « Tout va s’arranger », dit-il à Pape Ibrahima Diakhaté qui est encore dans la voiture. Oh que non !

Quand Clédor Sène regagne le poste de police, deux officiers gambiens demandent qu’on le retienne. Ils avaient déjà reçu l’avis de recherche lancé contre Clédor Sène. Lui, l’ignore. Au même moment, trois policiers sénégalais, en civil font pénètrent dans le poste. Pape Ibrahima Diakhaté, flaire les difficultés à venir et parvient à s’échapper. Il sort de la voiture et s’enfuit.

Clédor Sène, « le cerveau », vient de se faire arrêter. Le gouvernement du Sénégal fait publier un communiqué dans les colonnes du « Soleil » du 19 mai 1993, où il est fait mention de « l’arrestation de Clédor Sène et de Pape Ibrahima Diakhaté ». En vérité, seul Clédor Sène est arrêté. Deux inexactitudes concernent Pape Ibrahima Diakhaté. Le communiqué annonce son arrestation et précise qu’il « fait partie des éléments qui ont posé les bombes à Dakar, en 1988, mais qu’il s’était réfugié en France, au moment où ses complices ont été arrêtés ». Pape Ibrahima Diakhaté n’a jamais été en France.

Le mercredi 20 mai 1993, Assane Diop, le troisième homme arrive en Gambie, par des moyens plus discrets. Pour l’heure, il est plus chanceux que Clédor Sène. « Comme si, dans cette affaire, tous devaient passer par le Gambie ». Pour Assane Diop, Banjul n’est qu’une étape vers sa destination finale : les Etats-Unis. Mais ce long et périlleux voyage nécessite un changement d’identité pour échapper aux mailles de toutes les polices. Assane Diop croyait avoir « assuré » ses arrières. En arrivant en Gambie, il est muni d’une solide recommandation, qui lui ouvre très rapidement les portes des services de l’émigration. Un officier de police qui s’est rendu en Gambie, à l’époque affirme : « nous avions la certitude sans pouvoir établir de façon formelle, la matérialité de l’allégation que c’est Samuel Sarr qui a mis en relation, Assane Diop et un officier de l’émigration gambienne, pour établir au fugitif, une fausse identité, à partir de laquelle on lui a ensuite confectionné un passeport ».

Il y a une certitude qui a très rapidement établie. Assane Diop a obtenu un nouvel acte de naissance délivré sous le numéro 0224 du 5 mars 1960. A partir de cette pièce, Assan Joob, le néogambien, homme d’affaires, résidant au 18, Allen Street à Banjul et dont les nouveaux parents sont Babacar et Aminata Ceesay, obtient un passeport, établi le 28 mai 1993, sous le numéro 164609. Un passeport ordinaire, établi en « procédure d’urgence ». C’est la mention que les policiers sénégalais qui ont suivi sa trace, ont trouvée sur le dossier de l’intéressé. Un dossier traité avec une extrême diligence par les services de l’émigration gambienne.



Les policiers sénégalais affirment aujourd’hui : « un officier du nom de Famara Alou Sarr a aidé Assane Diop a obtenir les pièces frauduleuses, pour pouvoir changer d’identité. La partie gambienne n’avait pas voulu collaborer sur cette affaire pour démasquer le faussaire. Il y avait un intérêt à identifier le faussaire, car cette découverte nous aurait permis d’établir la connexion avec de gros suspects à Dakar ».

En tout état de cause, Assane Diop dispose désormais d’un vrai passeport et nourrit l’ambition d’aller aux Etats-Unis. Mais il n’a pas les moyens de s’y rendre. Il rédige alors une lettre, adressée à « Madame ». Nous avons interrogé deux avocats qui ont lu cette lettre. Ils expliquent que Assane Diop s’adresse à une dame, dont le nom n’a jamais été mentionné. Il lui écrit :

« De la part du militaire. Je vous envoie ma sœur qui est porteuse de cette présente à mes lieux et place. Vous pouvez l’accorder la même confiance que moi. Je ne peux pas quitter mon refuge pour venir vers vous, cause pour laquelle je l’envoie vers vous, mais avec la plus grande discrétion. Elle ignore tout sauf que je suis traqué par des gens ignorants.
Je suis très déçu par les gosses qui se font prendre pour des conneries et aussi par le fait qu’ils racontent n’importe quoi. Vraiment c’est un manque de courage pour moi.
Actuellement, j’ai réussi à décrocher un passeport international et un permis international. Et tout ce qui me reste à faire c’est de chercher le visa et d’acheter le billet pour la Belgique ou l’Italie ou l’Angleterre ou les Usa, mais il me manque cet somme qui est le visa et le billet. C’est pour ça que j’ai fait ce contact pour que vous m’aider à résoudre ce problème afin de ne pas être pris, parce que actuellement je suis très recherché ici mais ils ne peuvent pas m’avoir parce que je suis inconnu des ordinateurs et du fichier de la Daf.
Ils avaient même pris mon frère qui me ressemble beaucoup et qui a le même prénom que moi et aussi qui ont le même père et la même mère. Et grâce aux témoignages de ses compagnons pêcheurs avec lesquels ils étaient en mer lors des faits, il retrouve la liberté.
Je veux être libre pour l’assaut final s’il y aura. »

D’assaut final, il n’ y en aura point. Heureusement pour le pays ! Sinon sur lui-même. Assane est arrêté par la police malgré les assurances qu’il donne dans sa correspondance adressée, depuis Banjul à cette mystérieuse « Madame ». Qui se cache derrière ce titre ? L’accusation avait soutenu que cette lettre était destinée à Madame Viviane Wade. Lui prétend que c’est sa femme. Le Procureur de la République, auprès du tribunal régional hors classe de Dakar lui rétorque :

« Vous mentez, vous ne pouvez pas vous adressez à votre épouse en de tels termes et avec une telle distance. Le mensonge est évident. Vous savez comme moi qu’ici au Sénégal nous avons l’habitude de nous adresser aux femmes européennes en usant de l’expression Madame. C’est à Madame Wade que vous avez adressé cette lettre. Avoue-le»

Les juges de la chambre d’accusation écartent cet élément matériel que l’accusation retient contre l’épouse de Me Wade. Rien dans cette lettre, soutiennent ces juges n’indiquent que la correspondance lui est destinée La Chambre d’accusation n’avait pas retenu cet élément matériel contre l’épouse de Me Abdoulaye Wade, au motif qu’elle aurait pu être adressée à Madame Ousmane Ngom, car, argumente-t-elle, Assane Diop était au service des époux Ngom.

Aujourd’hui, Pape Ibrahima Diakhaté se dit certain que cette lettre est destinée à Madame Wade : « le militaire, c’est ainsi que Madame Wade nommait Assane Diop. »

Cette lettre a été saisie sur Assane Diop, par les policiers qui l’ont arrêté en Gambie, le 14 juin 1993.

En fait, Assane Diop n’a été « affecté » chez les Ngom qu’au moment où Oumane Ngom avait été mandaté pour représenter le candidat Wade au sein de la commission nationale de recensement des votes à l’élection de février 1993. A partir du 23 février 1993, il devient son garde du corps. Au domicile des époux Ngom, il prenait place dans la guérite située à l’entrée de la maison. C’est depuis cette date que les membres de la famille Wade l’appelle « le militaire ». Une expression qu’il utilise en commençant sa lettre qui est restée sans destinataire officiellement connue.

Assane Diop et son frère portent le même nom et leur ressemblance physique est impressionnante. A Bargny où ils vivent, Assane Diop, impliqué dans l’affaire Me Sèye répond au nom de Assane Diop « Ndiorou », tandis que son frère répond à Assane Diop « Ndoye ».

Le séjour de Assane Diop « Ndiorou » prend fin en Gambie le 14 juin 1993. Les policiers sénégalais sont aujourd’hui formels pour dire qu’il y avait une relation suivie entre les responsables du Pds et certains leaders du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (Mfdc), auprès de qui avaient été introduits Clédor Sène et sa bande. Les policiers en veulent pour preuve, cette autre lettre trouvée sur Assane Diop et dans laquelle il sollicite le soutien et l’aide de Nkrumah Sané, pour qu’il puisse fuir en France.

Après son arrestation Assane Diop est transféré de Banjul à Dakar, en même temps que René Diédhiou qui a été relâché plus tard.

Un officier de police, ancien membre de l’équipe d’enquêteurs sur l’ »affaire Sèye » déclare à ce propos : « Nous avions appris que la bande de Clédor Sène et quatre dirigeants de la rébellion en Casamance avaient eu une réunion avec les responsables du Pds pendant les mois de janvier, février et mars 1993. Toutes ces réunions étaient destinées à étudier les modalités d’une collaboration pour l’acquisition d’armes de guerre… ».

La police nationale a pu établir avec certitude une piste gambienne pour acquérir de telles armes. Elle a pu reconstituer, quelques mois après l’arrestation de Assane Diop


Le 23 septembre 1993, la Division des investigations criminelles (Dic) envoie une équipe d’enquête, dirigée par l’Officier de police principal Pape Lamine Konté. Cette équipe dispose d’une délégation judiciaire du juge d’instruction, en charge du dossier, Cheikh Tidiane Diakhaté. La mission reconstitue les différents séjours que Clédor Sène et Assane Diop y ont effectués.

La Gambie elle, ne veut absolument pas être citée dans cette affaire criminelle. Pourtant, la réalité est là, toute crue. Le véhicule qui a servi à commettre le crime a été acheté dans ce pays. L’équipe de l’officier Konté est envoyée en Gambie pour y « mener toutes investigations utiles à la manifestation de la vérité, notamment sur les contacts d’Assane Diop, pour l’acquisition d’armes à partir du territoire gambien ».

La partie gambienne consent à accueillir, dans les meilleures conditions, la mission sénégalaise séjournant sur son territoire. Les Sénégalais sont assistés par une équipe locale dirigée par le Commandant Sam Osei Cocker, coordonnateur de la « Criminal Investigations Division ». Ce dernier leur affecte l’officier de police Habibou Mbaye, chef de la Brigade criminelle, l’inspecteur de police Mamadou Korta et le caporal Mam Biram Job.

L’équipe sénégalaise, aidée par les Gambiens, retrouve les contacts de Assane Diop. Le premier est Asan Njie alias « Badu Ndaw ». Il est le guide de Assane Diop et c’est lui qui l’introduit auprès des marchands d’armes, notamment auprès de Mamady Bara, à Sérékunda, plus précisément à Tellending. Mamady Bara est trafiquant de drogue et d’armes, connu indiquent les éléments de la police sénégalaise. Voila le compte rendu fait à la hiérarchie:

« Nous avons établi de façon certaine, que Mamady Bara a négocié avec Assane Diop, l’achat d’une douzaine d’armes automatiques. Le marché n’a pas été conclu finalement par des raisons liées à des difficultés de paiement. Quand nous avons rendu visite à Mamady Bara, il a nié avoir rencontré Assane Diop »

Pourtant, malgré ses dénégations, les indications obtenues par les policiers mentionnent que Mamady Bara avait mis en relation Assane Diop, avec un autre vendeur d’armes : Jatta Sarr qui lui a proposé des pistolets 7 mm 65, alors qu’Assane Diop cherchait des 9 mm.

Assane Diop et son guide Badu Ndaw, ne sont pas encore au bout de leurs peines. Leur recherche d’armes automatiques semble vaine. Loin de se décourager, ils poursuivent leur marathon dans Banjul et sa banlieue. Ils entrent en contact avec Balla Moussa Diarra, dit « Guirigara. » Ce dernier leur a été recommandé par un nommé Pa Abdou Diagne, un commerçant d’origine sénégalaise, établi au marché de Banjul.


En fait, « Guirigara » est un armurier bien connu. Il officie légalement à Banjul, au 35 Welligton Street. Il préfère recevoir Assane Diop à son domicile de Fajara, situé dans la zone résidentielle de Bakau, après que Pa Abdou Diagne a arrangé un rendez-vous. Mais là aussi, Assane Diop ne trouve pas ce qu’il recherche. « Guirigara » lui indique l’adresse d’un homme auprès de qui il peut trouver des armes automatiques. Cet homme vit à Kunta Wour, à 350 kilomètres de Banjul, dans la région de Maccarthy Island.

En réalité, Assane Diop ne s’y est jamais rendu. Pourtant, il avait, à cet effet, loué les services d’un chauffeur de taxi-brousse qui lui demandait de débourser la somme de 700 dalasis (équivalant à 25 000 F Cfa). Assane Diop renoncera, finalement, à son voyage. Il quitte alors la Gambie pour revenir au Sénégal. Nous sommes au début du mois d’avril 1993. Peu avant l’ouverture de la campagne pour les législatives.

Toutefois, la police reste convaincue que Assane Diop a finalement acheté auprès de « Guirigara » au moins deux pistolets qui ont pu servir dans le crime perpétré sur la personne de Me Babacar Sèye. Les policiers gambiens aussi le croient, d’autant plus que lors de la perquisition effectuée dans son magasin de Wellington Street, une quantité importante de cartouches 9mm avait été découverte, alors que dans sa déposition, « Guirigara » soutenait qu’il n’avait pas ce type d’armes.


Les policiers arrivés à Banjul, en septembre bien après l’arrestation du meurtrier ont longuement interrogé l’un des contacts de l’assassin. Le procès verbal d’audition établi en présence des policiers gambiens contient des révélations intéressantes pour les enquêteurs sénégalais. Assane Njie, alias Babou Ndao né le 14 octobre 1961 à Banjul est coopératif :

« Assane Diop m’a abordé, sans pour autant me connaître auparavant. D’emblée, il nous m’a posé la question de savoir où il pourrait trouver un pistolet automatique. Je lui ai fait comprendre que je ne m’étais jamais intéressé à ce genre de commerce. Cependant j’étais disposé à l’aider pour trouver l’objet recherché en ville. C’est ainsi qu’en ma compagnie il a pris contact avec plusieurs personnes susceptibles de lui trouver l’arme. Il s’agissait d’un certain Bara commerçant à Sérékunda. Par la suite Assane Diop a été mis en contact avec un certain Baye Ousmane qui habite le quartier London. Je ne peux pas dire si Assane a trouvé ce qu’il cherchait ou non. Il a quitté Banjul pendant cinq jours. Il est ensuite revenu. »

En fait, Babou Ndao est encore allé plus loin dans sa déposition. Il affirme avoir été informé par Assane Diop que son voyage a été décidé avec Abdoulaye Wade et rendu possible grâce à son soutien. Le Pds l’avait chargé d’acquérir des armes en Gambie en vue de conduire au Sénégal des actions insurrectionnelle. Badou Ndao explique :

« Je signale que lors de son séjour Assane Diop m’a dit qu’il voulait acquérir vingt pistolets automatiques. Il devait, disait-il, s’occuper de la formation de vingt militants du Pds dans le domaine militaire, en vue des élections de son pays. L’intéressé m’a déclaré être un ancien militaire. Assane Diop m’avait manifesté son désir d’obtenir un passeport gambien. Cependant, je lui avais fait comprendre que je ne pouvais pas lui être utile dans ce domaine. Dans ses prospections pour l’achat d’armes, Assane Diop, par le biais de By Ousmane avait pris contact avec le nommé Saka Diothé qui habite à Sérékunda. Ce dernier lui avait proposé en ma présence un pistolet à gaz. Sur ce point, je précise que Assane Diop s’y connaît parfaitement, pour l’avoir démonté. Et ce jour là, il tenait coûte que coûte à obtenir ses armes. Mieux, il avait déclaré que si son parti le Pds ne gagnait pas les élections beaucoup de sang serait versé au Sénégal. C’est tout ce que j’ai à déclarer. »

Assane Diop semble décidé à engager l’épreuve de force contre l’Etat du Sénégal. Il ne change pas d’idées ni d’avis sur la question, même après l’assassinat du juge Sèye et sachant toutes les polices du pays sont lancées à ses trousses. Depuis son exil gambien, il confirme ses intentions dans une correspondance adressée le 15 juin 1993 à Nkrumah, membre de la direction politique du Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (Mfdc). Assane Diop lui attribue le titre de colonel dans sa correspondance et s’adresse à Nkrumah dans un style déférent et très affectueux en l’appelant au secours. Il écrit :

« Vous avez appris ces temps-ci, colonel, que mon ami Clédor Sène et moi-même sommes impliqués dans l’affaire du vice-président du Constitutionnel Babacar Sèye. Je suis activement recherché par la police mais je remercie Dieu de ne m’avoir pas laissé aux mains des autorités sénégalaises. Je me trouve hors du Sénégal. (…) Je compte retourner d’un jour à l’autre mais avec des moyens solides, parce que je veux avoir un front au nord et à l’est du pays avant de faire un assaut sur la base de Thiès, je pourrais alors faire face à Dakar sans problèmes. Il faut que je quitte ce trou et trouver des contacts dans certains pays qui me mettent en relation avec des marchands d’armes et qui peuvent nous soutenir. Actuellement, j’ai un ami et collègue Samuel Sarr qui est basé en France. Mais j’ai pas son adresse ni son numéro de téléphone, sinon j’allais pas faire 72 heures à Banjul. En attendant, je vous laisse mon adresse…. (….) Je compte recevoir ton coup de file pour qu’on puisse mieux parler sur mon cas. J’ai réussi à décrocher un passeport international, une autre carte d’identité et un permis de conduire international mais il me reste un billet et le visa. Cause pour laquelle j’ai envoyé à Dakar pour régler ce problème. Il n’est pas sûr de rester trop longtemps en gambie. »

Ni Nkrumah, encore moins la mystérieuse « Madame », ne volent au secours du fugitif traqué. Il est arrêté et extaradé. Ses rêves fantasques s’envolent. Ses fréquents séjours en Gambie ne lui ont rien rapporté dans la préparation de son mouvement insurrectonnel. Lors de son dernier séjour dans ce pays avant le meurtre commis sur Babacar Sèye, Assane Diop serait rentré au Sénégal, avec un 7,65 mm que lui aurait été vendu son premier contact en Gambie, Asan Njie.
Les armes ayant servi à commettre le crime sont introuvables. Pape Ibrahima Diakhaté affirme lui, que Assane Diop portait sur lui au moment des faits, un 9 mm et un 7. 65mm. En vérité certaines de ces armes font partie d’un lot de douze pistolets achetés en territoire sénégalsi par Ameth Guèye

Assane Diop est finalement arrêté en Gambie, le 14 juin 1993. Il passe quatre jours entre les mains des gendarmes de la brigade de la rue de Thiong. Le 17 juin 1993, il est présenté au juge d’instruction. Ce même jour, Habib Thiam, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale, lit son discours de politique générale. Puis il annonce l’arrestation d’un deuxième suspect, parmi les trois personnes considérées comme étant les meurtriers de Me Babacar Sèye.

Assane Diop a été arrêté en Ganbie par une équipe de la Brigade mobile de sécurité (Bms), basée au poste frontière de Karang. Celle-ci était à l’époque dirigée par un brillant officier de police du nom de Ndiassé Guèye. Un execellent policier selon les propres appréciations de ses chefs. Il est marié à une femme d’origine gmabienne. L’officier a depuis lors quitté la police nationale pour suivre le chemin de l’immigration.
Après son arrestation à Banjul, Assane a été conduit de nuit à Kaolack pour être remis à l’équipe régionale de la Direction Sécurité d’Etat intervenant sous le commandement de l’officier Gamou Niang. C’est une des unités placées sous le commandement de cet officier qui s’est rendue à Farafégné, ce lundi 18 mai, pour y procéder à l’arrestation de Clédor Sène.
Transféré à Dakar Assane Diop a été remis aux gendarmes qui l’ont gardé, pour l’intérroger en outrepassant les limites autorisées par les règles de procédure pénale dans le cas où un juge a lancé un mandat d’arrêt contre un fugitif arrêté. Alors qu’Assane Diop est encore retenu par les gendarmes qui tardent à le présenter au juge, Le Premier ministre annonce aux députés qui l’écoutent prononcer son dsicours de politique générale l’arrestation d’un deuxxième meurtrier.

Il précise au moment de son annonce : « je détiens un document… » En fait, il s’agit de cette fameuse lettre saisie au moment de son arrestation sur Assane Diop et qui est adressée à « Madame ». La destinataire anonyme est supposée être Viviane Wade, selon le point de vue des enquêteurs et de l’accusation et du point de vue aussi du Premier ministre même s’il ne le dit pas.

L’extradition de Assane Diop de la Gambie vers le Sénégal est datée du 16 juin 1993, alors qu’elle a eu lieu le 14. Les gendarmes ont antidaté les faits pour régulariser la procédure vis-à-vis du juge d’instruction.

A cette date, deux des trois meurtriers de Me Babacar Sèye sont arrêtés. Seul Pape Ibrahima Diakhaté est encore en liberté.






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